SF et Fantasy en Russie
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SF et Fantasy en Russie
Salut,
Il y a quelques mois, j'avais la remarque que dans les librairies russes, on trouvait deux fois plus de livres de SF et de Fantasy que de Polar. Aussitôt, Orcusnf m'était tombé dessus en me réclamant des évaluations plus précises.
Eh bien je reviens de Russie et j'ai donc pris quelques mesures.
D'abord chez Dom Knigi, grosse librairie de la rue Arbat à Moscou. Résultat: 20 mètres d'étagères consacrées à la SF et la Fantasy. En contant 6 rayons par étagères, ça 120 mètres linéaires de livres de notre genre préféré.
Le Polar (Detectivi) n'occupe que neuf mètres d'étagères, soit 54 mètres (en fait un peu moins, certains rayons étaient vides).
Autre sondage dans une petite libraire, cette fois-ci à Pouchkino, en grande banlieue de Moscou. Résultat: deux étagères pleines de SF et de Fantasy, contre deux tiers d'étagères pour le Polar.
Autres éléments: la revue de Boris Strougatski, Polden XXI vek (j'en ai profité pour l'acheter, évidemment), est tirée à 20000 exemplaires! Mieux encore, pendant mes deux semaines de présence sur place, il y a eu de la publicité à la télé (toutes chaînes sauf Kultura qui n'a pas de pub) pour le numéro de juillet! J'en ai bavé!
Bref, les gars, en France, nous sommes nuls.
A+
Patrice
Il y a quelques mois, j'avais la remarque que dans les librairies russes, on trouvait deux fois plus de livres de SF et de Fantasy que de Polar. Aussitôt, Orcusnf m'était tombé dessus en me réclamant des évaluations plus précises.
Eh bien je reviens de Russie et j'ai donc pris quelques mesures.
D'abord chez Dom Knigi, grosse librairie de la rue Arbat à Moscou. Résultat: 20 mètres d'étagères consacrées à la SF et la Fantasy. En contant 6 rayons par étagères, ça 120 mètres linéaires de livres de notre genre préféré.
Le Polar (Detectivi) n'occupe que neuf mètres d'étagères, soit 54 mètres (en fait un peu moins, certains rayons étaient vides).
Autre sondage dans une petite libraire, cette fois-ci à Pouchkino, en grande banlieue de Moscou. Résultat: deux étagères pleines de SF et de Fantasy, contre deux tiers d'étagères pour le Polar.
Autres éléments: la revue de Boris Strougatski, Polden XXI vek (j'en ai profité pour l'acheter, évidemment), est tirée à 20000 exemplaires! Mieux encore, pendant mes deux semaines de présence sur place, il y a eu de la publicité à la télé (toutes chaînes sauf Kultura qui n'a pas de pub) pour le numéro de juillet! J'en ai bavé!
Bref, les gars, en France, nous sommes nuls.
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Patrice
- crazy guide
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forcément, c'est ma faute...patrice a écrit :Aussitôt, Orcusnf m'était tombé dessus en me réclamant des évaluations plus précises.
http://www.fantastinet.com l'actualité de la littérature de l'imaginaire
Salut,
Mais si le Polar est très bien accepté en film et série TV, apparemment ça ne passe pas très bien en littérature, en dehors d'Akounine qui fait du Polar historique, et de Dontsova, qui fait du policier léger, limite comique.
Les Russes n'ont aucun intérêt pour le roman noir, très populaire chez nous, et c'est sans doute du fait que leur quotidien n'est déjà pas très rose... Les policiers véreux, les assassinats crapuleux, ils connaissent ça très bien... au quotidien.
Alors il y a peut-être un besoin d'évasion on ne peut plus basique.
En SF et Fantasy, si on trouve toujours abondamment quelques grands anciens comme Kir Boulytchev et surtout les Strougatski (avec l'édition critique intégrale de leurs oeuvres en 12 ou 13 volumes, je ne sais plus), chez les modernes, ceux qui l'emportent sont des gens comme Nik Perumov ou Semionova, qui font une littérature (de Fantasy essentiellement) correcte, mais qui passerait très bien chez Bragelonne par exemple. Des auteurs plus ambitieux comme les Oldie, Dyachenko ou Rybakov sont tout de suite moins présents.
A+
Patrice
J'avoue que d'un premier abord comme ça, c'est difficile à expliquer. Il y a pourtant en Russie une chaîne de TV intégralement consacrée au Polar, et elle n'a pas réellement d'équivalent pour la SF.Une explication pour cet engouement russe?
Mais si le Polar est très bien accepté en film et série TV, apparemment ça ne passe pas très bien en littérature, en dehors d'Akounine qui fait du Polar historique, et de Dontsova, qui fait du policier léger, limite comique.
Les Russes n'ont aucun intérêt pour le roman noir, très populaire chez nous, et c'est sans doute du fait que leur quotidien n'est déjà pas très rose... Les policiers véreux, les assassinats crapuleux, ils connaissent ça très bien... au quotidien.
Alors il y a peut-être un besoin d'évasion on ne peut plus basique.
En SF et Fantasy, si on trouve toujours abondamment quelques grands anciens comme Kir Boulytchev et surtout les Strougatski (avec l'édition critique intégrale de leurs oeuvres en 12 ou 13 volumes, je ne sais plus), chez les modernes, ceux qui l'emportent sont des gens comme Nik Perumov ou Semionova, qui font une littérature (de Fantasy essentiellement) correcte, mais qui passerait très bien chez Bragelonne par exemple. Des auteurs plus ambitieux comme les Oldie, Dyachenko ou Rybakov sont tout de suite moins présents.
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Patrice
- bormandg
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Je réponds en me rappelant ce qui avait été dit à Bellaing à l'occasion de la venue d'auteurs ukrainiensSillage a écrit :Patrice, toute proportion gardée du à la taille du pays, y a-t-il beaucoup d'auteurs russes ou font-ils beaucoup de traduction ?
1 Il s'agit des tirages des auteurs russes (ou ukrainiens, en Ukraine)
2 Les tirages sont (au minimum) à 6 chiffres (un tirage de 100000 dénote un échec commercial))

"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Salut,
Le pays a une population en gros trois fois plus grande que celle de la France, dont un bon paquet est encore rurale (malgré le petit père des peuples, qui n'a pourtant reculé devant aucun effort pour exterminer les paysans). Donc si l'on avait une situation semblable à celle de la France, les revues devraient tirer à 3000 exemplaires à tout cassé. Or là, 20000. Et les moyens de faire de la pub à la télé...
Il y a beaucoup de traduction de l'américain, mais ça n'est pas pour autant un raz de marée. Et les auteurs du cru font les meilleures ventes (à l'exception d'Harry Potter... pardon, Garri Potter).
Loukyanenko et Perumov ne doivent sans plus avoir aucun soucis à se faire pour leur retraite.
Sur les livres eux-mêmes, le pire est qu'il y a très peu de poche. Les livres sont par ailleurs reliés (et non brochés) et souvent avec signet. C'est du luxe, même si le papier est léger. Pourtant, le prix de vente moyen est de 250/300 roubles (environ 6,8 / 8,15 €). La revue Polden XXI vek coûte elle seulement 30 roubles (moins de 1€), mais elle est limite pulp, en format poche. Autant dire que là-bas, nous étions très riches (d'où les 35 kg de bouquins que nous avons ramené...).
A+
Patrice
Le pays a une population en gros trois fois plus grande que celle de la France, dont un bon paquet est encore rurale (malgré le petit père des peuples, qui n'a pourtant reculé devant aucun effort pour exterminer les paysans). Donc si l'on avait une situation semblable à celle de la France, les revues devraient tirer à 3000 exemplaires à tout cassé. Or là, 20000. Et les moyens de faire de la pub à la télé...
Il y a beaucoup de traduction de l'américain, mais ça n'est pas pour autant un raz de marée. Et les auteurs du cru font les meilleures ventes (à l'exception d'Harry Potter... pardon, Garri Potter).
Loukyanenko et Perumov ne doivent sans plus avoir aucun soucis à se faire pour leur retraite.
Sur les livres eux-mêmes, le pire est qu'il y a très peu de poche. Les livres sont par ailleurs reliés (et non brochés) et souvent avec signet. C'est du luxe, même si le papier est léger. Pourtant, le prix de vente moyen est de 250/300 roubles (environ 6,8 / 8,15 €). La revue Polden XXI vek coûte elle seulement 30 roubles (moins de 1€), mais elle est limite pulp, en format poche. Autant dire que là-bas, nous étions très riches (d'où les 35 kg de bouquins que nous avons ramené...).
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Patrice
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J'ai cru comprendre qu'à l'époque soviétique la littérature policière était interdite. Tandis que la SF se développait pas mal avec les Strugaski, Kazantev, Effremov et quelques autres. Peut être est ce pour cela que la SF a ce succès.
Bienvenu chez Pulp Factory :
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Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com
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Double problème: d'une part écrire en Russe signifie s'attaquer à un marché large, mais très occupé par des auteurs qui maîtrisent les attentes du lecteur russe. Pas du tout gagné d'avance.crazy guide a écrit :Moralité pour ceux qui voudraient écrire en anglais pour envahir le marché américain (j'y avais pensé aussi ) : Apprenez plutôt le Russe
D'autre part, et comme l'a fait remarquer Frank Roger à Copenhague, écrire en anglais n'assure pas du tout l'accès au marché américain, mais en revanche permet d'accéder à presque tous les marchés nationaux du reste du monde, car les éditeurs locaux ont des traducteurs qui lisent et traduisent l'anglais, et ne s'intéressent qu'aux récits reçus en anglais.
En conséquence, à moins d'avoir déjà des contacts en Russie, continuez à utiliser l'anglais comme langue d'accès aux marchés étrangers. Cela marche même, a fait remarquer Frank, pour un auteur belge flamand qui vise le marché hollandais! ou pour un français qui viserait les marchés africains.

Une exception: pour l'Amérique du Sud, le castillan est utile et efficace. Mais vu la taille des éditeurs papier de ce continent...

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