Fans don't take themselves too seriously

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Roland C. Wagner
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Fans don't take themselves too seriously

Message par Roland C. Wagner » lun. août 03, 2009 10:12 am

Roz Kaveney a publié dans le Guardian un article où elle compare fandom et religion.

Extraits :
Both religion and fandom are characterised by strength of feeling. Both are to a significant degree inhabited by the emotionally needy: and it goes without saying that both have a significant body of sacred writings and a vast amount of commentary thereon. So why is there a clear distinction between religious belief and the fandoms that cluster round various television shows, films and books?

[…]

The other supreme merit of fandoms is that, as a general rule, they do not take themselves too seriously. Even when they do, as with the true believers who interpret subtle nuances of dialogue as coded messages about the passionate love affairs between actors, the damage done is slight.
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Sand
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Re: Fans don't take themselves too seriously

Message par Sand » lun. août 03, 2009 10:15 am

Roland C. Wagner a écrit :The other supreme merit of fandoms is that, as a general rule, they do not take themselves too seriously.
mouahahahahaha !

Askaris
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Message par Askaris » mar. août 04, 2009 11:16 am

Comparaison n'est pas raison, mais ce parallèle a le mérite de poser la question de la réception des oeuvres et de leur public.

La critique, qu'elle soit académique ou journalistique, se plaît à catégoriser, étiquetter, discriminer, gratifier ou stigmatiser les écrits qu'elle reçoit. Tel est son rôle de "médiateur" culturel, et c'est bien ainsi. C'est un rôle que peut également tenir votre libraire préféré, le conservateur d'une bibliothèque ou un forum de lecteurs...

Pardon pour ces banalités, mais elles illustrent le fait que l'activité "critique" se cantonne de moins en moins aux colonnes respectables de nos revues spécialisées. Cette "démocratisation" relative de l'activité critique met également en lumière une réalité qu'on aurait tort de mésestimer, à savoir que la vie des idées, loin se se borner à ceux qui ont un talent d'écriture, se perpétue dans l'obscurité du grand public et de ses lectures. En d'autres termes, à côté de l'histoire du livre, il existe toute une histoire de la lecture non moins capitale. Et c'est l'un des grands mérites du net d'avoir entrouvert l'activité longtemps souterraine des lecteurs et de leurs réseaux ...

C'est en cela que le parallèle avec le discours religieux ou idéologique (nos religions séculières) peut trouver un sens. La science-fiction en tant qu'activité spéculative s'est très tôt constituée en petite société avec ses rites collectifs, ses médias, ses obscurités langagières. Que serait Robert Howard sans l'activisme de ses lecteurs ? Que serait l'âge d'or sans les Futurians ? La remarque vaut également pour le fantastique et la fantasy où le rôle des Inklings ou des lecteurs de Lovecraft n'est plus à démontrer.

On a put dire qu'il existait autant de marxismes que de marxistes, et ce n'est sans doute pas un hasard si on employe souvent à l'égard des mouvances radicales les termes de "chapelle"ou de "secte", chacune défendant bec et ongles son "dogme" à coup de bannisements, d'"excommunications" et de "schismes"...Pourtant, à l'instar des communautés religieuses, ces groupes adhèrent globalement aux mêmes corpus fondateurs, ils vénèrent les mêmes figures mythologiques... C'est donc bien évidemment dans l'interprétation des mêmes textes que se situe l'origine des dissensions...

Le "fandom" est-il si différent ? Il serait amusant de conduire un petit comparatif de quelques communautés de fans comme les trekkies/trekkiens, les fans de SW, Dune ou LOTR... Et pour ce que j'en sais, il ne manque pas de points de comparaison, en particulier dans le vocabulaire crypto-religieux qui s'y manifeste : Canon, Apocryphe, Crypto-révisionnisme, Talifan ...
La définition d'un corpus de texte commun à tous, le degré d'estime qu'il faut accorder à ses variantes, les trames chronologiques et l'importance respective des figures ou des thèmes qui sont abordés, sont autant de prétexte à scissions et querelles ("feuds").

Tout cela pourrait sembler dérisoire, mais si on y pense bien, ce n'est guère plus étrange que de se battre au sujet de la transubstantiation, le socialisme réel, les rôles respectifs de la catharsis et de la projection ou le sexe des anges... Et à l'inverse de certains congrès terminés en pugilats, de soviets conclus en camps de rééducation ou de synodes célébrés par des autodafés, les conventions en SF n'ont jamais fait de victimes...

Le ridicule est là où on veut bien le voir. D'une certaine façon, s'interroger sur la condition humaine, sa liberté, son avenir peut sembler vain et même sordide quand les passions humaines ajoutent à la dispute la violence et le crime. Les communautés de sci-fistes n'échappent pas à certains travers intolérants et inutilement polémiques. Mais, d'un autre côté, il n'est peut être pas si absurde que des gens se déchirent sur des idées auxquelles ils tiennent.

Littérature d'idées, la SF (que certains appellent 'Speculative Fiction") partage avec le religieux, le politique ou la psychanalyse une même capacité à soulever les enthousiasmes, les énergies et les querelles. Qui se souvient encore des rixes violentes qui dans l'Athènes classique ou l'Alexandrie hellénistique voyaient se battre comme des voyous des écoles philosophiques rivales ? L'intolérance est un trait bien humain. Elle est le pendant du "dogme" et de la volonté hystérique d'imposer sa lecture aux autres. Là encore une étude sociologique des forums serait très éclairante à propos des dispositifs de pouvoir qui s'y exercent (le 1% rule, la théorie du 1/10/89%, les lois de Metcalfe et Benford).

Mais, pour conclure, je voudrais retenir le bon côté de cette activité si souvent décriée et mal connue. Je l'ai dit, certains auteurs doivent à l'activité de leurs fans d'avoir trouvé une audience inespérée. Le "fan labor", comme toute activité de pastiche, manifeste très concrètement le rapport que nous éprouvons tous à l'égard de certaines oeuvres de SF. Qui n'a jamais annoté ses lectures, tenté de maîtriser le foisonnement du vocabulaire, de la toponymie ou des personnages ? Qui n'a jamais élaboré de "carte mentale", de chronologie ou cherché à visualiser les scènes qu'il a rencontré au cours de sa lecture ?

Cette activité interprétative qui lie le lecteur à l'auteur et qu'Umberto Eco appelait "encyclopédie" se trouve exacerbée en SF où le contrat de lecture suppose que le lecteur accepte à l'avance ("suspension of disbelieve") le décalage que le récit opère avec la réalité vécue et connue du lecteur. Lire un livre de SF suppose donc une implication particulière du lecteur appelé au fil des pages à constituer sa propre "xéno-cyclopédie", et ce faisant restituer de l'intelligibilité dans un discours qui ne cesse de briser nos repères (Saint-Gelais/ Langlet).

Activité informelle pour la plupart des lecteurs, cette construction xéno-cyclopédique trouve dans le fandom un espace de cristallisation collective, de partage, d'approfondissement et bien sûr d'affrontement. Mais on aurait bien tort de réduire cet univers à du pastiche infantile. Les variations sur Cthulhu ou Fondation sont le fruit d'un fandom particulièrement inventif. La Concordance des Seigneurs de l'Instrumentalité ou la Dune Encyclopedia n'ont pas à rougir non plus. Et comme le soulignait A.Besson quid de l'immense continent vidéo-ludique dont l'importance économique, l'originalité de la syntaxe graphique et l'influence culturelle ne sont plus à démontrer ?

Peut-on continuer à penser la SF comme un univers littéraire coupé de son imaginaire graphique, cinéma et ludique ? Faut-il toujours en revenir aux schémas éculés de l'École de Francfort dénonçant la marchandise, l'illégitimité du fétiche, de la copie, de la mimésis ?
Je pense qu'une histoire intermédiale de la SF, attentive à toutes ses manifestations médiatiques, à sa sociologie comme à son histoire purement littéraire, à sa périphérie asiatique comme à son poumon américain, à ses créateurs comme à ses lecteurs est encore à écrire (en français du moins). On s'apercevrait alors du rôle fédérateur de la SF et de sa place au sein de la culture contemporaine. À la fois objet de consommation et trésor de rares initiés, ouvert à la duplication de masse et aux infinies interprétations des individus, la culture SF échappe aux schématismes convenus. C'est sans doute le signe de son importance ...

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mar. août 04, 2009 11:27 am

Askaris a écrit :On s'apercevrait alors du rôle fédérateur de la SF et de sa place au sein de la culture contemporaine. À la fois objet de consommation et trésor de rares initiés, ouvert à la duplication de masse et aux infinies interprétations des individus, la culture SF échappe aux schématismes convenus. C'est sans doute le signe de son importance ...
Mais non, voyons : la SF est morte, tout le monde le sait bien.
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Lensman
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Message par Lensman » mar. août 04, 2009 12:09 pm

Askaris a écrit : On s'apercevrait alors du rôle fédérateur de la SF et de sa place au sein de la culture contemporaine. À la fois objet de consommation et trésor de rares initiés, ouvert à la duplication de masse et aux infinies interprétations des individus, la culture SF échappe aux schématismes convenus. C'est sans doute le signe de son importance ...
Je suppose que c'est là, le moment où les fans ne se prennent pas trop au sérieux? Ou alors, je n'ai encore rien compris...
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Askaris
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Message par Askaris » mar. août 04, 2009 12:26 pm

Je ne vois pas pourquoi il faudrait toujours en revenir à la sphère littéraire à l'exclusion de tout le reste. La bande-dessinée, le cinéma et même l'imagerie vidéoludique méritent d'être pris au sérieux. Et qu'on me pardonne si je n'assimile pas la SF au chiffre de vente des quelques maisons d'édition qui -avec courage- distribuent ce "genre" en France. Je suis triste pour elles, mais je ne mesure pas l'importance d'une subculture telle que la SF à cette aune. Ceci dit avec tout le respect que je dois -en tant que lecteur vorace- à cette profession.

PS: qu'on ne me reproche pas a contrario de vouloir dissoudre la spécificité de la littérature dans un "salmigondis" intermédial , comme il m'a été reproché ailleurs. J'ai assez lu de narratologues de tous poils pour ne pas mésestimer la valeur particulière de cette littérature.

Mais au risque de déplaire, je pense qu'il est absurde de réduire la SF à un média en ignorant la vitalité des autres. C'est comme vouloir étudier l'histoire culturelle du thème du "Paradis" en se contentant des quelques allusions de l'Ancien et du Nouveau Testament...Le Paradis c'est aussi la poésie de Dante, les danses de Bosch, les putti du Parmesan, la musique de Fauré, les provocations de Baudelaire, le Miraj des soufis, le souffle de Milton ou l'imagerie kitsch de Cecil B. De Mille...

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Sand
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Message par Sand » mar. août 04, 2009 12:41 pm

Qui n'a jamais annoté ses lectures, tenté de maîtriser le foisonnement du vocabulaire, de la toponymie ou des personnages ? Qui n'a jamais élaboré de "carte mentale", de chronologie ou cherché à visualiser les scènes qu'il a rencontré au cours de sa lecture ?
Moi.
Et je dois pas être la seule.
Lensman a écrit :
Askaris a écrit : On s'apercevrait alors du rôle fédérateur de la SF et de sa place au sein de la culture contemporaine. À la fois objet de consommation et trésor de rares initiés, ouvert à la duplication de masse et aux infinies interprétations des individus, la culture SF échappe aux schématismes convenus. C'est sans doute le signe de son importance ...
Je suppose que c'est là, le moment où les fans ne se prennent pas trop au sérieux? Ou alors, je n'ai encore rien compris...
Oncle Joe
Mouahahahahahah !
Je ne vois pas pourquoi il faudrait toujours en revenir à la sphère littéraire à l'exclusion de tout le reste.
Moi non plus. Mais je ne vois pas pourquoi tu évoques le sujet non plus, donc bon, je vois pas grand chose, on dirait bien...

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Message par Roland C. Wagner » mar. août 04, 2009 12:41 pm

Askaris a écrit :je pense qu'il est absurde de réduire la SF à un média en ignorant la vitalité des autres.
Pareil.

Quoique la littérature soit sans doute le moteur intellectuel du genre.
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Askaris
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Message par Askaris » mar. août 04, 2009 12:52 pm

Sand a écrit :
Qui n'a jamais annoté ses lectures, tenté de maîtriser le foisonnement du vocabulaire, de la toponymie ou des personnages ? Qui n'a jamais élaboré de "carte mentale", de chronologie ou cherché à visualiser les scènes qu'il a rencontré au cours de sa lecture ?
Moi.
Et je dois pas être la seule.
Il faut un sacré aplomb pour croire que son expérience personnelle est représentative des pratiques de toute une communauté. Moi, je n'ai pas cette prétention. Je préfère baser mes dires sur l'expérience d'un groupe ou sur ce que me rapportent les rares sociologues s'étant penché sur la SF...Si, si ça existe et j'en conseille la lecture. Ça évitera à certains et certaines un nombrilisme frileux et assez fermé aux idées des autres. :roll:

CitronMeringue

Message par CitronMeringue » mar. août 04, 2009 12:54 pm

Sand a écrit :
Qui n'a jamais annoté ses lectures, tenté de maîtriser le foisonnement du vocabulaire, de la toponymie ou des personnages ? Qui n'a jamais élaboré de "carte mentale", de chronologie ou cherché à visualiser les scènes qu'il a rencontré au cours de sa lecture ?
Moi.
+1
*n'a pas lu le monstrueux pavé un peu plus haut*

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M le maudit
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Message par M le maudit » mar. août 04, 2009 12:58 pm

CitronMeringue a écrit :
Sand a écrit :
Qui n'a jamais annoté ses lectures, tenté de maîtriser le foisonnement du vocabulaire, de la toponymie ou des personnages ? Qui n'a jamais élaboré de "carte mentale", de chronologie ou cherché à visualiser les scènes qu'il a rencontré au cours de sa lecture ?
Moi.
+1
*n'a pas lu le monstrueux pavé un peu plus haut*
+1 et pour les annotations, et pour le gros pavé du haut
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Askaris
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Message par Askaris » mar. août 04, 2009 12:58 pm

CitronMeringue a écrit :
Sand a écrit :
Qui n'a jamais annoté ses lectures, tenté de maîtriser le foisonnement du vocabulaire, de la toponymie ou des personnages ? Qui n'a jamais élaboré de "carte mentale", de chronologie ou cherché à visualiser les scènes qu'il a rencontré au cours de sa lecture ?
Moi.
+1
*n'a pas lu le monstrueux pavé un peu plus haut*
Très constructif tout ça. Je sens que je ne vais pas rester très longtemps ici. Je ne voudrais pas faire perdre leur temps à des interlocuteurs qui ne prennent pas la peine de discuter mes idées. J'imagine qu'ils sont pressés (mais de quoi ?)... Tant pis :?

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Virprudens
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Message par Virprudens » mar. août 04, 2009 1:02 pm

N'empêche que je sais toujours pas si c'est dans les conventions Star Trek ou Star Wars que ça nique le plus.

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Message par Sand » mar. août 04, 2009 1:04 pm

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Message par gutboy » mar. août 04, 2009 1:12 pm

Virprudens a écrit :N'empêche que je sais toujours pas si c'est dans les conventions Star Trek ou Star Wars que ça nique le plus.
Si j'ai bien compris, c'est en réalité dans les conventions Fantasy qu'on croise le plus de nymphettes à moitié nues.
Listen now. Whoever you are, with these eyes of yours that move themselves along this line of text; whoever, wherever, whenever. If you can read this sentence, this one fragile sentence, it means you're alive. (Jeff Noon - Falling out of cars)

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