Page 1 sur 1

Un article sur Jimmy Guieu

Posté : jeu. oct. 01, 2009 7:44 am
par jerome
Richard D.Nolane a mis en ligne sur son blog, Le monde du Fleuve (Noir), un article intitulé : JIMMY GUIEU : itinéraire d'un franc-tireur de l'Ufologie et de la SF en France.

Voici le début :
Adulé par les uns, honni par d’autres, Jimmy Guieu ne laisse personne indifférent même plus de quatre ans après sa mort. Et alors que ses confrères de la période « classique » de la collection « Anticipation » du Fleuve Noir sont tous aujourd’hui plus ou moins oubliés, sauf les Kurt Steiner, Stefan Wul et Gilles d’Argyre/Gérard Klein qui ont poursuivi une carrière ailleurs, Jimmy Guieu, lui est toujours présent en librairie…
Je fais partie de cette légion de lecteurs qui sont « tombés » un jour ou l’autre dans Jimmy Guieu au cours de leur jeunesse, comme Obélix l’avait fait en son temps dans la potion magique. Mieux, j’ai eu la chance de le fréquenter ensuite durant 25 ans et nous avons longtemps travaillé pour les mêmes éditeurs. Notre passion commune pour le paranormal et les ovnis a été le vrai ciment de cette relation et m’a permis de rencontrer souvent ces fans des romans de Jimmy Guieu qui se moquent éperdument du reste de la SF. Des lecteurs ignorés par les spécialistes du genre mais qui ont été les véritables artisans du succès de l’auteur en lui offrant un public plus large que celui de la SF populaire.
Pour eux, Jimmy Guieu n’est pas un écrivain de SF mais un auteur qui utilise le biais de la SF pour parler des ovnis et autres mystères excitants pour l’imagination. Et sa disparition a été vécue comme un vrai drame par beaucoup.

DE L’ALCHIMIE À LA SCIENCE FICTION

Né le 19 mars 1926 à Aix-en-Provence de parents commerçants, Henri René Guieu s’intéresse dès l’adolescence à l’alchimie et à l’occultisme. Après l’occupation de la Zone Libre en 1942, lui et ses amis du lycée choisissent le camp de la résistance. Arrêté par la Gestapo lors de la rafle à Aix du 20 novembre 1943, il est transféré à la prison des Beaumettes d’où il est libéré en février 1944 en même temps que Henri Malacrida, future figure de la Résistance en Provence. Sur ce, il quitte la région pour s’engager dans un maquis de Vendée jusqu’en 1945. La fin de la guerre le voit, rentrer au pays avec pour toute fortune, suivant son expression, « une canadienne et 1000 francs ».
Il reprend alors pour quelque temps, sans grand résultat, ses études puis se retrouve démarcheur à domicile pour placer des contrats d’assurance. Dans le même temps, son intérêt pour l’étrange s’accroit, notamment avec l’apparition des « soucoupes volantes » en 1947 aux Etats-Unis et dont la presse française se fait régulièrement l’écho.
Un peu plus tard, sans doute poussé par les timides débuts de la SF en France, il rédige un manuscrit intitulé « Le mystère de l’anneau de clé », reposant sur le principe alchimique d’une étroite correspondance entre le macrocosme et le microcosme. Il l’envoie au Fleuve Noir dès l’apparition des premiers titres de la collection « Anticipation » à l’automne 1951. Il choisit d’accoler à son nom son surnom d’enfance de « Jimmy » plutôt que de conserver son prénom usuel de Henri.
L’affaire est promptement traitée par le Fleuve Noir qui cherche des auteurs et le roman, rebaptisé Le pionnier de l’atome, paraît dès début janvier 1952. Jimmy Guieu enchaine immédiatement avec une autre honnête production, Au-delà de l’infini, puis avec trois autres romans mettant à nouveau en scène le personnage de Jerry Barclay. Les deux premiers sont affligeants mais le troisième, L’univers vivant, sauve un peu la mise par son idée centrale jouant sur les imbrications d’univers.
Sous le nom de Claude Rostaing, Jimmy Guieu écrit à cette même époque deux romans policiers pour la populaire collection «La Loupe» des Éditions Jacquier à Lyon, Habanita n'y est pour rien (#17, 1952) et Prisonnières des sadiques (#33, 1954). Guère réussis, surtout le second, ils n'auront pas de descendance dans l'oeuvre de Jimmy Guieu...
À la mi-1953, donc, Jimmy Guieu a le plus grand mal à rivaliser avec Jean-Gaston Vandel (alias Paul Kenny) et Vargo Statten (pseudonyme de John Russell Fearn), les deux autres auteurs de la collection, Richard-Bessière s’étant momentanément mis en congé de celle-ci. Seul petit motif de satisfaction, il vient d’enregistrer l'achat de ses deux premières traductions par des éditeurs étrangers : Terrore sul mundo (Hantise sur le monde) qui sera publié dans le #21 de la revue italienne Urania et O universo vivo (L’univers vivant), qui sera le #5 de « Argonauta », une collection de SF portugaise destinée au marché brésilien. Mais, ce que personne ne sait, à commencer par le principal intéressé lui-même, c’est que l’heure du Grand Virage qui va modeler toute la carrière a sonné.