Esthétique du lâcher-prise par Fabrice Colin
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Esthétique du lâcher-prise par Fabrice Colin
Fabrice Colin a signé un édito sur le Cafard pour expliquer que bon la SF, c'est pas trop son truc.
Tout cela se lit ici.
Je vous mets le début :
"« Non mais sans déc’, a insisté le grand blond mystérieux en me payant mon café : écris un machin pour le Cafard », et la formulation résolument kafkaïenne de cette injonction a achevé de réveiller en moi le vieux caprice acide qui me rongeait depuis des lustres, celui d’évoquer la disparition de la SF et, par ce biais, la jouissance un peu française et début-de-siècle que d’aucuns éprouvent à décréter en permanence (sans doute par peur d’y croire vraiment) la mort des systèmes et des concepts : le futur n’existe plus, le livre va mourir, l’univers se rétracte, et nous dans tout ça ? Soyons honnêtes : toute étayée qu’elle soit d’intuitions surpuissantes ou d’arguments irréfutables, cette lourde tendance m’interpelle surtout, ces temps-ci, en ce qu’elle s’accompagne au sein du fandom d’une dynamique de glorification quasi systématique des acteurs du milieu, outrances sémantiques à l’appui.
(...)
Au sein de Notre Club, en revanche, le sérieux prédomine : tel auteur est « à couper le souffle », tel éditeur est baptisé Dieu, tel roman est « inoubliable », telle nouvelle sera encore lue dans cinquante ans ou devrait être étudiée dans les écoles, il ne s’agit plus d’aimer les livres mais de les adorer, « génial » ou « fabuleux » sont devenus des adjectifs d’une tristesse banale, le désir d’immortalité n’est pas loin, celui de transcendance nous étouffe déjà. On aura beau jeu, après cela, de fustiger encore la préface de Serge Lehman à son anthologie Retour sur l’horizon, qui présente la science-fiction comme le refuge ultime de la métaphysique. Pourquoi le nier ? Quand on comprend qu’on va crever, on cherche un sens à ce qu’on a vécu. Faute de quoi on crée des dieux.."
Tout cela se lit ici.
Je vous mets le début :
"« Non mais sans déc’, a insisté le grand blond mystérieux en me payant mon café : écris un machin pour le Cafard », et la formulation résolument kafkaïenne de cette injonction a achevé de réveiller en moi le vieux caprice acide qui me rongeait depuis des lustres, celui d’évoquer la disparition de la SF et, par ce biais, la jouissance un peu française et début-de-siècle que d’aucuns éprouvent à décréter en permanence (sans doute par peur d’y croire vraiment) la mort des systèmes et des concepts : le futur n’existe plus, le livre va mourir, l’univers se rétracte, et nous dans tout ça ? Soyons honnêtes : toute étayée qu’elle soit d’intuitions surpuissantes ou d’arguments irréfutables, cette lourde tendance m’interpelle surtout, ces temps-ci, en ce qu’elle s’accompagne au sein du fandom d’une dynamique de glorification quasi systématique des acteurs du milieu, outrances sémantiques à l’appui.
(...)
Au sein de Notre Club, en revanche, le sérieux prédomine : tel auteur est « à couper le souffle », tel éditeur est baptisé Dieu, tel roman est « inoubliable », telle nouvelle sera encore lue dans cinquante ans ou devrait être étudiée dans les écoles, il ne s’agit plus d’aimer les livres mais de les adorer, « génial » ou « fabuleux » sont devenus des adjectifs d’une tristesse banale, le désir d’immortalité n’est pas loin, celui de transcendance nous étouffe déjà. On aura beau jeu, après cela, de fustiger encore la préface de Serge Lehman à son anthologie Retour sur l’horizon, qui présente la science-fiction comme le refuge ultime de la métaphysique. Pourquoi le nier ? Quand on comprend qu’on va crever, on cherche un sens à ce qu’on a vécu. Faute de quoi on crée des dieux.."
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley
Re: Esthétique du lâcher-prise par Fabrice Colin
Ou alors on peut se torcher jusqu'à ce que la fin vienne...ou alors , on peut chercher un remède à la mort ...ah , non , merde ! ça , c'est de la S.F....Quand on comprend qu’on va crever, on cherche un sens à ce qu’on a vécu. Faute de quoi on crée des dieux
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"
Re: Esthétique du lâcher-prise par Fabrice Colin
Si tu passes un pacte avec le diable, c'est du fantastique, attention...Hoêl a écrit :Ou alors on peut se torcher jusqu'à ce que la fin vienne...ou alors , on peut chercher un remède à la mort ...ah , non , merde ! ça , c'est de la S.F....Quand on comprend qu’on va crever, on cherche un sens à ce qu’on a vécu. Faute de quoi on crée des dieux
Oncle Joe
Re: Esthétique du lâcher-prise par Fabrice Colin
T'as raison , moi , j'en tiens pour la solution de Spinrad dans Carcinoma Angels !Lensman a écrit :Si tu passes un pacte avec le diable, c'est du fantastique, attention...Hoêl a écrit :Ou alors on peut se torcher jusqu'à ce que la fin vienne...ou alors , on peut chercher un remède à la mort ...ah , non , merde ! ça , c'est de la S.F....Quand on comprend qu’on va crever, on cherche un sens à ce qu’on a vécu. Faute de quoi on crée des dieux
Oncle Joe
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Pas inintéressant son point de vue. Et cela se retrouve dans tout un tas de niveaux hors de la littérature. J'ai déjà vu, vécu, ce genre de chose dans le mieux musical punk ultra-indépendant où il y'a une identité très forte et une histoire qui se protège et perdure avec les années. C'est parfois épanouissant. Mais cela peut devenir également sectaire et on sent alors enfermé dans une boîte plutôt étroite (mmh on dirais un scénario de SF tiens!). En fonction de ses sentiments du moments, ou de ce que l'on cherche... on y trouve son "home sweet home", ou une abîme idiote sans intérêt.
Cela dit si Fabrice Colin se met à écrire du HarukiMurakami, je suis preneur! :D
Cela dit si Fabrice Colin se met à écrire du HarukiMurakami, je suis preneur! :D
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en plus ya eu blasphème contre aevv!Lensman a écrit :Moi, je vois que les jeunes ne respectent plus les vieux oncles. Platon avait raison, quel monde pourri!
Oncle Joe
http://www.fantastinet.com l'actualité de la littérature de l'imaginaire
« Avant toutes choses, n’oubliez pas cet adage :orcusnf a écrit :en plus ya eu blasphème contre aevv!Lensman a écrit :Moi, je vois que les jeunes ne respectent plus les vieux oncles. Platon avait raison, quel monde pourri!
Oncle Joe
“Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants,
Lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles,
Lorsque les Maîtres tremblent devant les élèves et préfèrent les flatter,
Lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne voient plus au-dessus d’eux
L’autorité de rien ni de personne, alors, en toute jeunesse et en toute beauté, c’est le début de la tyrannie.” »
Chacun se reconnaîtra!
Oncle Joe
PS: notez bien le "en toute jeunesse et en toute beauté"... Quel roublard, ce Platon!
C'est dans La république de Platon et c'est affiché dans ma classe ...avec en sus : "Dans ces conditions , dans mes classes et pendant mes cours , il ne saurait y avoir qu'une autorité : la mienne !"Lensman a écrit :« Avant toutes choses, n’oubliez pas cet adage :orcusnf a écrit :en plus ya eu blasphème contre aevv!Lensman a écrit :Moi, je vois que les jeunes ne respectent plus les vieux oncles. Platon avait raison, quel monde pourri!
Oncle Joe
“Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants,
Lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles,
Lorsque les Maîtres tremblent devant les élèves et préfèrent les flatter,
Lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne voient plus au-dessus d’eux
L’autorité de rien ni de personne, alors, en toute jeunesse et en toute beauté, c’est le début de la tyrannie.” »
Chacun se reconnaîtra!
Oncle Joe
PS: notez bien le "en toute jeunesse et en toute beauté"... Quel roublard, ce Platon!
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"