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Le numéro 56 de Bifrost consacre un dossier à Jean-Marc Ligny avec une très longue interview.

Voici un petit extrait :
Tu as déclaré avoir choisi la S-F parce "...qu'elle était la forme littéraire qui offrait la meilleure description du monde réel. (...). La seule littérature qui permette de décoder notre société actuelle. Avec le polar dans une certaine mesure"
Jean-Marc Ligny : Pour moi la S-F est la littérature qui parle du présent, qui s'intéresse aux sociétés : c'est en cela la littérature du XXe siècle. Soit elle imagine comment la nôtre peut évoluer, soit elle en imagine d'autres. Dans la mesure où les auteurs ont cette démarche, ils sont forcément obligés de savoir comment celle où ils vivent fonctionne et de s'intéresser à notre monde dans sa globalité, avec le recul que permet l'approche S-F, c'est-à-dire en se situant ailleurs ou dans le futur. Le polar est aussi une littérature sociale mais par le petit bout de la lorgnette. Il zoome sur un domaine quelconque et ne décrit pas la société dans son ensemble, on est censé déjà la connaître. On s'intéresse à un milieu et la critique sociale, s'il y en a une, vient de l'étude de ce milieu. La S-F est une littérature plus globale. C'est un regard, un état d'esprit. Tu peux ajouter de l'aventure, du polar, du thriller, de l'amour, du psychologique, tout ce que tu veux, la S-F peut tout englober. Elle est plus qu'un genre littéraire : une autre vision du monde."

jerome a écrit : C'est un regard, un état d'esprit."
[/i]

Voilà!
Oncle Joe

En lisant ca, il m'est venu a l'esprit que finalement la SF etait a la litterature generale, ce que les experiences de pensees sont a la physique theorique.

Lensman a écrit :

jerome a écrit : C'est un regard, un état d'esprit."
[/i]

Voilà!
Oncle Joe

LET ME SHOW YOU THE WORLD IN MY EYES (depeche mode)

Pourquoi un (seul) regard ? Pourquoi pas d'autres regards ?
Ligny parle de l'écrivain sans doute et de son regard à lui.
Heureusement qu'il n'y a pas qu'un seul état d'esprit en SF ? Un même écrivain qui écrirait tout ce qui est produit en S-F (help Borges...) !
Qui disait qu'il était difficile de définir la S-F ?
La définition de M. Ligny n'y coupe pas.

Le plus important n'est-il pas le lecteur ?
Sans lui la S-F n'existe pas.
L'écrivain n'est qu'une option, une vision de l'esprit du lecteur...

Est-ce qu'on a le même état d'esprit en lisant/écrivant Perry Rhodan ou le Maître du Haut Château ?

Il y a bien des ouvrages pour lesquels on serait prêt à se faire brûler pour les sauver de l'oubli ?

Où est la bonne S-F ? Et la mauvaise S-F ?...
Et ce qu'on voudrait qu'elle soit tout le temps...

Parle-t-on de la S-F qui se vend ou de la S-F qui se vend moins ou ne se vend pas ?
De Transformer ou de The Box ?

Tout un pan de la littérature dite de S-F est lu/regardé par des gens qui n'ont pas ce regard dont Ligny parle.
Les même qui lisent à foison de la fantasy...

Est-ce que la S-F est une littérature qui ouvre l'esprit ?
La "bonne" est avant tout une littérature pour ceux qui ont l'esprit ouvert.
Elle n'est "lisible" que par ceux qui peuvent faire l'effort de s'y projeter (futur, uchronie, dystopie...).
Elle est perdue pour ceux qui ne peuvent pas s'y projeter.

Gardez votre regard, M. Ligny.
Il fait partie de ceux que l'on veut voir.

LET ME SHOW YOU THE WORLD IN MY EYES (depeche mode)

P.S. : La S-F c'est le monde en questions... sans réponse...

DPoldonski a écrit :Est-ce qu'on a le même état d'esprit en lisant/écrivant Perry Rhodan ou le Maître du Haut Château ?

Pour mon cas personnel, à treize-quatorze ans, la réponse est oui.

Roland C. Wagner a écrit :

DPoldonski a écrit :Est-ce qu'on a le même état d'esprit en lisant/écrivant Perry Rhodan ou le Maître du Haut Château ?

Pour mon cas personnel, à treize-quatorze ans, la réponse est oui.

Oui aussi.
Et les deux sont à chier.

Virprudens a écrit :Et les deux sont à chier.

WARNING ! WARNING ! TROLL INSIDE !

Salut,

Non pourquoi? Il n'a pas tout à fait tort.
Les deux sont écrits avec les pieds. Par contre, ils ne procurent pas le même vertige.

A+

Patrice

Patrice a écrit :Les deux sont écrits avec les pieds.

J'en conclus que tu as lu Dick en VO ?

Salut,

Disons que j'ai essaye Le Maître du Haut Château. Ca m'a vite fatigué.
La nouvelle est par excellence le format dickien.

A+

Patrice

DPoldonski a écrit : Est-ce que la S-F est une littérature qui ouvre l'esprit ?

Oui

DPoldonski a écrit :Est-ce qu'on a le même état d'esprit en lisant/écrivant Perry Rhodan ou le Maître du Haut Château ?

État d'esprit, je dirais oui aussi. Mais l'ouverture d'esprit, c'est une autre histoire et chaque texte lu y participe (pour les lecteurs qui sont d'accord avec ce principe, bien entendu), avec le degré que son auteur a choisi.
Et je ne crois pas que Jean-Marc soit le seul écrivain de SF à dire ce genre de choses.

Pour les littéraires pur jus comme moi , il est clair qu'elle peut ouvrir l'esprit sur les univers scientifiques qui , sans elle , seraient restés lettre-morte .
Sans rire , la plupart de ma culture scientifique vient de la S.F.
Mais il n'y a pas que ça , sur un autre fil , Sand disait être passionnée par l'altérité , et là , je dis YES ! il n'y a pas d'autre genre qui ofrre à ce point la possibilité d'imaginer l'autre dans tous ses états .
C'est peut-être cela qui chagrine tant d'entre nous ces derniers temps , que la S.F. soit (comme le reste de la littérature) plus égocentrique , moins excentrique ...

Hoêl a écrit :C'est peut-être cela qui chagrine tant d'entre nous ces derniers temps , que la S.F. soit (comme le reste de la littérature) plus égocentrique , moins excentrique ...

Faudrait pas exagérer non plus. L'égocentrisme est plutôt du côté des auteurs borderline.

Quant à l'excentricité, ben franchement je ne vois pas ce qui te fait dire ça.

J'opposais excentique à égocentrique , c'est-à-dire que je trouve de moins en moins de Space Op. , d'E.T. , etc... à me mettre sous la dent .
Bêtement , je me suis pris à espèrer en apprenant que la conquête de Mars était relancée ou qu'on avait découvert l'existence des naines brunes manifestement plus proches de notre système , je pensais que cela allait relancer l'intérêt des lecteurs et des écrivains pour l'espace , eh bien non , que dalle , je suis stupéfait qu'on ne cesse de citer V. Vinge pour sa théorie de la Singularité alors qu'il est surtout l'auteur d'un fabuleux planet op. , Un feu sur l'abîme où justement le travail sur l'altérité était fabuleux .
Je n'ai rien contre les univers intérieurs ou virtuels mais j'aimerais bien trouver un peu plus souvent de la came exotique qui a si longtemps fait mon bonheur .