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L'inquiétude des (vieux) SFans...
Posté : ven. nov. 06, 2009 3:05 pm
par GillesDumay
Gilles, tu a raison, les amateurs (enfin certains – les vieux - les purs et durs) ont peur !
Ce qu’ils redoutent (a tort, je te crois sur parole)
Ce n’est pas qu’on publie Pychon ET Egan
C’est qu’on publie Pychon mais PAS Egan
et si ils ont tort , eh bien tant mieux !
Pas la peine de s'agacer pour ça, on verra bien !
Hier je discutais avec Olivier Girard de la mise en place de
Océanique, le troisième recueil de l'intégrale raisonnée des nouvelles de Greg Egan.
Je ne doute pas qu'au final Olivier Girard récupérera ses billes, mais le moins qu'on puisse dire c'est que la mise en place en question EST misérable. Cela veut dire que les libraires n'y croient pas (à tort, j'en suis convaincu) et donc que les acheteurs potentiels ne se sont pas suffisamment manifesté.
Le problème actuel et qui ne peut que s'amplifier avec le livre électronique, c'est que faute de lecteurs de vraie SF les traductions du genre de celle prise en exemple vont devenir réellement impossible à financer.
Je ne peux plus, au jour d'aujourd'hui, me lancer dans une telle aventure et si Olivier sent qu'il se trouve "en danger" dans une "mauvaise passe" il ne fera plus lui aussi le pari.
On peut chercher de nouveaux lecteurs dans l'océan Bragelonne (ce que cherche à faire ledit éditeur avec un dispositif titre+cover tel que
Black Man) ou on peut essayer d'aller les chercher ailleurs (appelez ça la littérature générale si ça vous chante, mais c'est pas si simple que ça). Je ne m'en suis jamais caché, c'est cette seconde stratégie que je privilégie.
GD
Posté : ven. nov. 06, 2009 3:13 pm
par Roland C. Wagner
Juste une remarque qui ne remet pas en cause ce que tu dis :
Aller chercher les lecteurs ailleurs, c'est le boulot de l'éditeur.
الكاتب يكتب
Posté : ven. nov. 06, 2009 3:15 pm
par GillesDumay
Roland C. Wagner a écrit :Juste une remarque qui ne remet pas en cause ce que tu dis :
Aller chercher les lecteurs ailleurs, c'est le boulot de l'éditeur.
Oui, c'est pour ça que je disais tantôt un truc du genre : à TROP mélanger "théorie littéraire" et "force de ventes" on passe à côté du sujet (là, en l'occurence, il y en a deux).
GD
Posté : ven. nov. 06, 2009 4:16 pm
par marypop
point de vue de lecteur (pas si) lambda.
La place de la SF en rayon a CLAIREMENT diminué au cours des 10 dernières années.
La rotation des titres est de plus en plus rapide sur les têtes de gondoles.
La multiplication des maisons d'édition de genre fait que beaucoup de parutions ne sont pas disponibles partout.
Je parle là des "grandes surfaces culturelles"
En conséquence, le lecteur que je suis va fourbir ses armes pour trouver quand même sa came : librairies spécialisés (je n'ai pas de chiffres mais j'ai l'impression que ce phénomène marche quand même drôlement bien justement au cours des 10 dernières années comme par hasard) achats en lignes, achats compulsifs à Nantes, etc.
Résultat : la grande surface du livre vend encore moins et réduit son rayon.
C'est un cercle vicieux complexe, mais qui a effectivement comme conséquence que tu n'arrives pas à mettre ton bouquin en rayon et donc à terme on en vend moins.
Parce que le lecteur moyen qui lui arrive dans le rayon quand même il achète fort justement plus facilement BlackMan. Ce bouquin (que j'ai beaucoup apprécié du reste) je l'ai justement acheté dans ces conditions : la seule nouveauté sympa au milieu d'une étagère de fantaniaiseries. Et quand je vois des mois après tous les trucs supers qui sont sortis mais n'ont jamais atteint ladite étagère ça me fait bondir.
Et bref, pour le moment je dirais qu'ils ont des raisons d'avoir peur qu'on publie Pychon mais pas egan.
Posté : ven. nov. 06, 2009 5:33 pm
par Lensman
GillesDumay a écrit :Roland C. Wagner a écrit :Juste une remarque qui ne remet pas en cause ce que tu dis :
Aller chercher les lecteurs ailleurs, c'est le boulot de l'éditeur.
Oui, c'est pour ça que je disais tantôt un truc du genre : à TROP mélanger "théorie littéraire" et "force de ventes" on passe à côté du sujet (là, en l'occurence, il y en a deux).
GD
Est-ce que ça vaudrait la peine de tenter de donner à un bouquin d'Egan un look "non SF" pour essayer de le vendre comme de la littérature non estampillée SF?
Si ça ne vaut pas la peine, je ne vois pas ce qu'il est possible de faire. Si le public ne veut pas lire ce genre de choses, il ne le lira pas... C'est un peu une lapalissade.
Tu penses qu'il y a des gens, cachés dans le public, qui n'ont pas repéré Egan, et qui pourtant seraient susceptibles de l'apprécier, grâce une stratégie adéquate?
Oncle Joe
Posté : ven. nov. 06, 2009 5:59 pm
par Erion
Oh, j'en reviens toujours à mes étudiants (la 20aine, amateurs de SF cinéma/jeu vidéo/bd).
Ils lisent (4 à 5 romans par an)
De tout (sauf la littérature générale, uniquement de la littérature de genre).
Et ne connaissent de la SF que Dune, Hyperion, Asimov, Card (Barjavel et Bradbury aussi, mais à l'école).
Ils ne savent PAS ce qui se publie. Principalement ils lisent ce qu'on leur prête, ce que leurs copains leur ont dit de lire.
Ils ne lisent pas Le Monde (ni aucun quotidien), ils ne regardent pas souvent la télé, ils n'écoutent la radio que quand elle est musicale, et lisent des magazines (jeux vidéo, informatique).
Quand bien même Egan les intéresserait, ils ne savent pas que ça existe, personne ne va leur dire que ça existe. Pourquoi l'achèteraient-ils ? Alors que dans le même temps, la bd, le cinéma, les jeux vidéos dépensent énormément d'argent pour faire connaître leurs productions.
Alors le coup du "grand public", perso, ça me fait marrer. Quand on arrive pas à se faire connaître du public spécialisé qui aime et veut lire de la SF (et qui l'associe aux tropes les plus évidents. Quand j'ai commencé mon cours cette année, un étudiant m'a dit : "je voudrais que vous parliez des robots et des ordinateurs !"), comment prétendre atteindre le grand public ?
Enfin bon, bonne chance, même si je doute, je préfère qu'un éditeur entreprenne une démarche précise et y mette les moyens, plutôt que rien.
Posté : ven. nov. 06, 2009 6:07 pm
par marypop
Lensman a écrit :
Tu penses qu'il y a des gens, cachés dans le public, qui n'ont pas repéré Egan, et qui pourtant seraient susceptibles de l'apprécier, grâce une stratégie adéquate?
Oui pour la partie 1 (voir message d'Olivier)
J'ai "pire" au boulot.
J'ai des collègues qui achètent et lisent de la SF en VO en se renseignant sur des forums ou autres et qui ne connaissent rien de ce qui se publie en VF.
Quelque part ça fait mal quelqu'un qui te dit "ah tu as vu Hal Duncan !!!! Le mec génial qui a écrit Velum !" et que derrière cette personne ne connaît même pas l'existence de Catherine dufour (mais ne t'inquiètes pas katioucha, j'oeuvre activement pour qu'il se les fasse offrir à Noël)
J'en ai d'autres d'un age plus certain, qui ont lu de la SF "classique" il y a 15 ou 20 ans, et qui sont noyés sous ce qui se publie aujourd'hui et oui, aimeraient Egan.
Pour la partie 2 (stratégie adéquate) c'est un tout autre sujet hélas ...
Posté : ven. nov. 06, 2009 10:03 pm
par jeandive
Egan est-il un bon exemple ?
est-il representatif d'un état général ? il faudrait d'autres exemples , des chiffres de ventes etc
je ne lis plus trop la sf d'aujourd'hui et ne connait plus trop les auteurs , mais Egan n'est-il pas un auteur un peu " difficile " d'accés ? : aurait-on la meme chose avec une edition raisonnée des nouvelles d'un équivalent -frank herbert ( je sais c'est vieux et cliché mais c'est le 1er nom qui me vient , basique ) ?
je veux dire: n'y a -t-il pas des auteurs d'aujourd'hui peut etre moins " hardus" que Egan mais de grande qualité pour autant , et qui serait suceptibles de " vendre" ?
Egan n'est-il pas une cause perdue et si un auteur ne " prend pas " , meme génial , est-ce dramatique , du moment que d'autres " prennent " par ailleurs ? Ne passe-t-on pas a coté de certains auteurs ( mais je suppose que cela se saurait s'ils existaient ?) en essayant a tout pris de " caser" certains autres ? Pour Egan , qd on lit les articles sur lui venant de " specialistes " , de Critiques etc et quand on lit les reactions des lecteurs ( pas tous evidement ) on a l'impression un peu d'un " forçage " , je ne sais les chiffres de ventes , et j'imagine qu'ils sont correct pour lui vu le nombre de titres quand meme parus en francais mais depuis le temps , si les lecteurs n'en veulent pas , on peut continuer sa croisade mais il ne faut pas se plaindre des résultats a ce moment là ( encore une fois dans une logique de cout , puisqu'aujourd'hui -plus qu'avant ? cela semble vital : il faut dire que ce n'est pas tant la Sf qui est en perte de lecteurs mais la litterature en générale me semble-t-il , et ce n'est pas illogique : autrefois pas d'internet , moins de télé , mois de jeux video etc etc : autre débat ! )
apres , s'il n'y a pas d'autres auteurs a proposer....
cela dit , quand on voit que benford ne vend plus et que le dernier titre du " centre galactique" n'a pas été traduit par ailleurs et demain car cela serait trop cher pour des ventes qui seraient nulles , au vu de celle des precedents titres de la série ....
Posté : ven. nov. 06, 2009 10:18 pm
par Virprudens
jeandive a écrit :Egan n'est-il pas un auteur un peu " difficile " d'accés ?
Nope.
C'est de la SF. C'est métaphysique. C'est vertigineux.
"Je suis celui qui survit" (L'assassin infini)
(Et hop, 10 balles dans le jukebox)
Posté : ven. nov. 06, 2009 10:22 pm
par Lensman
Virprudens a écrit :
Nope.
C'est de la SF. C'est métaphysique.
C'est foutu. On va plus en vendre un...
Oncle Joe
Posté : ven. nov. 06, 2009 10:24 pm
par dracosolis

on en vendait en sf ?
on me dit rien à moi
Posté : ven. nov. 06, 2009 11:17 pm
par MF
jeandive a écrit :Egan est-il un bon exemple ?
Non et oui.
C'est la pointe.
A la fois la science, la métaphysique et la poésie.
A la fois le texte et le récit.
A la fois le littérateur et le conteur.
Donc, non. C'est le mauvais exemple. Invendable.
C'est la proue.
Il ouvre des voies.
Il défriche des champs de possibles.
Il tend des fils de chaîne sur lesquels d'autres entrecroiseront des fils de trame, découvrant les motifs.
Donc oui. C'est un bon exemple. Il est indispensable.
Posté : ven. nov. 06, 2009 11:21 pm
par Lensman
MF a écrit :jeandive a écrit :Egan est-il un bon exemple ?
Non et oui.
C'est la pointe.
A la fois la science, la métaphysique et la poésie.
A la fois le texte et le récit.
A la fois le littérateur et le conteur.
Donc, non. C'est le mauvais exemple. Invendable.
C'est la proue.
Il ouvre des voies.
Il défriche des champs de possibles.
Il tend des fils de chaîne sur lesquels d'autres entrecroiseront des fils de trame, découvrant les motifs.
Donc oui. C'est un bon exemple. Il est indispensable.
Tu ne serais pas un disciple d'Esope?
Oncle Joe
Posté : ven. nov. 06, 2009 11:28 pm
par MF
Lensman a écrit :Tu ne serais pas un disciple d'Esope?
Touchez ma bosse, Monseigneur...
Posté : ven. nov. 06, 2009 11:53 pm
par Papageno
Est-ce que ça vaudrait la peine de tenter de donner à un bouquin d'Egan un look "non SF" pour essayer de le vendre comme de la littérature non estampillée SF?
Ouais, tient, dans une collection d'essai, intermédiaire entre vulgarisation scientifique et essai philosophique - du genre de ce qui ce fait chez Flammarion ou au Seuil (ou de ce qui se faisait, je ne sais plus si cela existe encore) et hop, entre deux bouquins ardus - on leurs fourgue un petit moment de détente, un Egan

Apres tout, pour des lecteurs qui lisent "Les grand débat de la Théorie quantique" de Franco Selleri, Egan, cela doit être dans leurs cordes !
Et puis il fut un temps ou les même les éditions Dunod avait publié un roman de Fred Hoyle - alors !