Est ce que lire de la SF change la vision qu'on a du monde

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Est ce que lire de la SF change la vision qu'on a du monde ?

Oui, pour tout
4
14%
Non, pas du tout
2
7%
Sur certains sujets
22
79%
 
Nombre total de votes : 28

Magda Dorner
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Est ce que lire de la SF change la vision qu'on a du monde

Message par Magda Dorner » mar. juil. 11, 2006 4:59 pm

Quelques auteurs de SF et autres répondent :
http://memetherapy.blogspot.com/2006/07 ... dview.html

Et vous ?

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Eric
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Message par Eric » mar. juil. 11, 2006 5:03 pm

Indéniablement. Evidemment, pas sur tout, seulement lorsqu'elle est à son meilleur. A ce moment-là, elle tire même vers le haut en jouant avec des concepts dont les implications nous échappent.

Quels sont ceux d'entre-vous qui ont été creuser un sujet abordé dans un roman de SF, ou qui ont cherché à en savoir plus sur ledit sujet pour ne pas dire de connerie en en parlant ?

Se faisant, alors, oui... elle change la vision qu'on a du monde.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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AK
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Message par AK » mar. juil. 11, 2006 8:28 pm

n'est ce pas le rôle de l'art en général d'amener à voir le monde différemment ?

A.K.
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jlavadou
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Message par jlavadou » mar. juil. 11, 2006 11:22 pm

Chuis d'accord avec AK.

Cela dit, je voyais des petits hommes verts avant de lire Martiens, go home. Donc on ne peut pas dire que ce livre ait changé ma vision du monde...

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marc
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Message par marc » mar. juil. 11, 2006 11:55 pm

Sur certains sujets, le fait de lire de la SF apporte un autre regard, une ouverture d'esprit que n'a peut-être pas quelqu'un qui n'en lit pas. On est habitué a ne pas avoir de préjugési en SF et on accepte plus de choses ou de situations que beaucoup d'autres personnes qui ne veulent pas de la SF.
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jerome
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Message par jerome » mer. juil. 12, 2006 6:48 am

marc a écrit : Sur certains sujets, le fait de lire de la SF apporte un autre regard, une ouverture d'esprit que n'a peut-être pas quelqu'un qui n'en lit pas. On est habitué a ne pas avoir de préjugés en SF et on accepte plus de choses ou de situations que beaucoup d'autres personnes qui ne veulent pas de la SF.
Moué. Je suis assez dubitatif. La SF a tendance a bousculer et à interroger le lecteur, d'accord. Mais veut bien réfléchir qui veut. Ca dépend pour moi essentiellement du lecteur.
Eric a écrit :Quels sont ceux d'entre-vous qui ont été creuser un sujet abordé dans un roman de SF, ou qui ont cherché à en savoir plus sur ledit sujet pour ne pas dire de connerie en en parlant ?
C'est ça. Les auteurs lancent les questions en l'air. A chacun ou non de chercher à en savoir plus... Mais je suis assez sceptique sur le pourcentage de gens qui vont aller gratter plus loin. Moi-même sur certains sujets j'ai pas été plus loin que le texte. Par contre sur les sujets qui m'interessent, j'ai intégré mes lectures à ma réflexion.

D'ailleurs, je trouve que la SF pose en ce moment de moins en moins de question sur le monde. L'heure est plus à l' "Aventure". c'est dommage alors qu'au contraire on en a plus que jamais besoin.
Jérôme
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Eric
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Message par Eric » mer. juil. 12, 2006 8:33 am

jerome a écrit :D'ailleurs, je trouve que la SF pose en ce moment de moins en moins de question sur le monde. L'heure est plus à l' "Aventure". c'est dommage alors qu'au contraire on en a plus que jamais besoin.
Est-ce que ce n'est pas plutôt une illusion d'optique ? On met facilement le doigt sur les questions soulevées dans les bouquins plus anciens, ou les classiques, mais a-t-on le recul, ou la culture du quotidien suffisante, pour repérer les questions que se posent les auteurs aujourd'hui ?

Question de lisibilité. Lorsque par exemple Charles Stross écrit un roman de fantasy comme Une Affaire de famille, il parle de l'ultralibéralisme, et règle ses comptes avec les libertariens. Des sujets dans lesquels, plus ou moins consciemment, nous sommes tellement immergés, qu'il est facile de ne plus les voir.

Je pense au contraire que la SF aujourd'hui, continue ses questionnements, même si elle vît probablement une crise d'identité majeure, ces domaines de prédilection ayant largement été intégrés à la culture mainstream. Mais beaucoup d'auteurs sont avant tout motivés par de profondes interrogations sur la société d'aujourd'hui.
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Message par jerome » mer. juil. 12, 2006 9:02 am

Eric a écrit : Est-ce que ce n'est pas plutôt une illusion d'optique ? On met facilement le doigt sur les questions soulevées dans les bouquins plus anciens, ou les classiques, mais a-t-on le recul, ou la culture du quotidien suffisante, pour repérer les questions que se posent les auteurs aujourd'hui ?
Pas faux. Tu as sans doute raison.
Eric a écrit : Question de lisibilité. Lorsque par exemple Charles Stross écrit un roman de fantasy comme Une Affaire de famille, il parle de l'ultralibéralisme, et règle ses comptes avec les libertariens. Des sujets dans lesquels, plus ou moins consciemment, nous sommes tellement immergés, qu'il est facile de ne plus les voir.
Oué OK. Mais sur l'ensemble des nouveautés, la proportion des bouquins poosant des questions et parlant d'aujourd'hui me semble un peu maigre. Mais je n'ai pas tout lu non plus.
Eric a écrit : Je pense au contraire que la SF aujourd'hui, continue ses questionnements, même si elle vît probablement une crise d'identité majeure, ces domaines de prédilection ayant largement été intégrés à la culture mainstream. Mais beaucoup d'auteurs sont avant tout motivés par de profondes interrogations sur la société d'aujourd'hui.
Disons que la période est un peu moins aux bouquins du calibre de Demain une oasis d'Ayerdhal ou de Jihad de Ligny. Effectivement, il y a toujours des questionnements. Mais peut-être que l'approche est moins directe. J'en veux pour preuve la collection Novella SF du Rocher qui pour l'heure manque d'estomac. Où sont les grandes thématiques de société dans les romans de SF à l'heure actuelle ? D'accord, on nous parle volontier de l'ultralibéralisme et éventuellement de la politique hégémonique américaine (et encore une fois, la proportion me semble faible sur l'ensemble de la production). Mais quid de la misère, de l'extrémisme, du mariage homo, du terrorisme, de l'Irak, des sans papiers, de la sécurité, de Marc Olivier Fogiel et du coup de boule de Zidane ?

Attention, je ne dis pas qu'il n'y a pas en SF des auteurs qui se sont emparés de ces sujets et qui s'en emparent encore. Je dis juste qu'ils ne sont vraiment pas nombreux et que cette fonction de questionnement de la SF sur le réel n'est pas, n'est plus (mais elle ne l'a peut-être jamais été), le moteur de la majorité des romans qui sont sortis ces derniers mois.

Et y'a franchement peu de romans qui ont changés ma vision du monde ces derniers mois. Mais encore une fois parce que le monde y était assez peu présent. Ou peut-être que je n'ai pas lu les bons trucs... Ou que j'ai grandi et que je suis plus exigeant par rapport à mes émois d'adolescents pour la politique fiction...
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Message par jlavadou » mer. juil. 12, 2006 10:56 am

Pour moi, le livre le plus récent que j'ai lu abordant des questions d'actualité est Utopiae 2005. Certes les nouvelles ne sont pas toutes récentes mais certaines sont très actuelles et traitent de sujet peu abordés d'habitude, que ce soit dans la littérature ou ailleurs. Je pense notamment à la première nouvelle, Baby Doll, sur la "lolatisation" des gamines dans les sociétés occidentales. On le constate mais personne ne dit rien...

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marc
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Message par marc » mer. juil. 12, 2006 11:46 am

Eric a écrit :Je pense au contraire que la SF aujourd'hui, continue ses questionnements, même si elle vît probablement une crise d'identité majeure, ces domaines de prédilection ayant largement été intégrés à la culture mainstream. Mais beaucoup d'auteurs sont avant tout motivés par de profondes interrogations sur la société d'aujourd'hui.
D"accord avec toi, la SF vit une crise d'identité. Pourquoi tant de personnes ont basculées vers la fantasy? Je pense qu'ils recherchent tout simplement l'aventure et le dépaysement.
Jerome a écrit :D'ailleurs, je trouve que la SF pose en ce moment de moins en moins de question sur le monde. L'heure est plus à l' "Aventure". c'est dommage alors qu'au contraire on en a plus que jamais besoin
Tous les lecteurs de SF ne s'intéressent pas uniquement à ce qui se passe dans le monde ou ce qui va nous arriver demain, mais préfèrent tout simplement lire un bon bouquin pour se distraire. Personnellement si j'ai envie de me poser des questions sur le monde et de quoi sera fait demain, ce n'est pas de la SF que je lis, mais un livre de philosophie ou une revue de vulgarisation scientifique.

Une de mes meilleures amies est animatrice télé et radio et présente une émission de philosophie depuis plusieurs années dans laquelle elle invite des écrivains, des penseurs ou des célébrités ayant écrit un livre. Elle ne lit jamais de SF, et pourtant une de ses préoccupations est de savoir de quoi demain sera fait. Je pense que ce n'est pas toujours à lla SF de poser des questions. Parfois on lui demande simplement de nous divertir.
Modifié en dernier par marc le mer. juil. 12, 2006 2:05 pm, modifié 1 fois.
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Eric
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Message par Eric » mer. juil. 12, 2006 12:00 pm

Oui mais est-ce que le rôle de la SF est vraiment de parler du quotidien à ce point ?

Lorsque Brunner parle de la surpopulation ou du complexe militaro-industriel dans les années 70, ce n'est pas un sujet d'une actualité brûlante. Tu cites Demain, une Oasis, mais c'est un roman épidermique, qui n'a pas vocation à élever le débat, simplement à faire état d'une réalité. Tu obtiens exactement le même résultat en lisant les livres de témoignage de n'importe ancien membre d'une ONG.

Moi ce qui m'intéresse c'est quand les auteurs s'interrogent sur d'autres aspects de notre société, des aspects qui ne sont généralement que marginaux, ou en gestation et qu'ils tentent de le confronter à une logique du réel. Là comme ça, je pense au "néocommunalisme", tel qu'il est présenté par Sterling dans Gros Temps, mais aussi par Roland dans la Saison de la Sorcière. Ce sont deux approches qui s'interrogent clairement sur notre modèle social. Pollen de Noon, nous renvoie aussi aux limites du communautarisme cette fois, et nous interroge sur une société qui préfère fuir dans le rêve. Les Diables Blancs de McCauley, réveille les vieux démons de l'homme jouant à Dieu, mais l'intègre à une réflexion sur le néo-colonialisme, et l'avenir des pays émergents. Sans parler d'auteurs comme Vinge, qui, avec sa Singularité a amorcé un débat qui se poursuit par romans interposés, et je vous renvoie encore une fois à Stross.

Lorsque tu parles de questions de société comme le mariage homo, la pauvreté, l'exclusion, tu as une vision journalistique, et tu traites l'épiphénomène. Ce que j'attends d'un auteur de SF, c'est qu'il traite des causes. L'épiphénomène, lui, n'est, d'un point de vue fictionnel, qu'un élément de décor.

Maintenant, que la production de SF "intelligente" soit en baisse, c'est à mon avis essentiellement une question de point de vue. Baisse-t-elle réellement, ou bien est-elle masquée par la production d'une littérature de l'imaginaire trustée par une fantasy pléthorique, stéréotypée et chiante à crever ?

[Et au passage je transfère ce thread là où il doit être : en remarques et impressions sur la SF]
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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Message par thomas » mer. juil. 12, 2006 12:38 pm

Pour ma part ce n'est pas au niveau socio-politique ou autre que la SF a pu changer en quelque sorte ma vision du monde, mais plutôt dans un sens métaphysique, à savoir le questionnement sur la réalité cher à Dick, mais qu'on retrouve également dans la Cité des permutants de Egan par exemple. Des remises en question vertigineuses qui valent bien quelques grammes de champignons magiques :wink: .

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Charlotte
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Message par Charlotte » mer. juil. 12, 2006 12:46 pm

Plutôt que de "changer ma vision du monde", chose assez radicale, les bouquins de SF, comme d'autres récits, essais, peintures, musique...., transforme en partie mon regard sur le monde, la société, les Beatles, Salomé (pas celle du forum, celle de St JB)...

jerome
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Message par jerome » mer. juil. 12, 2006 6:11 pm

marc a écrit : D"accord avec toi, la SF vit une crise d'identité. Pourquoi tant de personnes ont basculées vers la fantasy? Je pense qu'ils recherchent tout simplement l'aventure et le dépaysement.
Oulà, faudrait y réfléchir plus avant. Ca me semble plus complexe que ça comme réflexion. Je ne sais pas si vraiment la montée de fantasy est corrélée avec la "crise" de la SF (si crise il y a vraiment).
marc a écrit :
Tous les lecteurs de SF ne s'intéressent pas uniquement à ce qui se passe dans le monde ou ce qui va nous arriver demain, mais préfèrent tout simplement lire un bon bouquin pour se distraire. Personnellement si j'ai envie de me poser des questions sur le monde et de quoi sera fait demain, ce n'est pas de la SF que je lis, mais un livre de philosophie ou une revue de vulgarisation scientifique.
Je ne dis pas le contraire. disons que c'est aussi une des particularités de la science-fiction de se questionner sur le monde et la société. Mais la SF est multiple. On y trouve de nombreux thèmes, de nombreuses formes... Il y en a pour tous les goûts. Et évidement que la philo, les sciences ou le reste s'interrogent aussi sur le monde. Heureusement :-)
marc a écrit : Je pense que ce n'est pas toujours à la SF de poser des questions. Parfois on lui demande simplement de nous divertir.
Je pense au contraire que c'est aussi à la SF de nous poser des questions. En plus de nous divertir... D'où ma déception lorsque j'ai le sentiment qu'elle le fait un peu moins.
Eric a écrit : Oui mais est-ce que le rôle de la SF est vraiment de parler du quotidien à ce point ?
Et pourquoi pas ?

Pour moi la SF n'a pas de "rôle". Il y a des auteurs qui s'emparent de sujets avec des intrigues qui se passent dans le futur. Mais la SF est multiple. C'est aussi ce qui fait son charme. Elle peut aussi parler du quotidien, des sentiments, de l'actualité, de la pauvreté, de la misère, d'internet, de la malbouffe, de la publicité, de la télé...

Dans ce que tu citais en références, evidemment, ce qui est interessants, c'est la puissance et la portée des sujets. Mais par exemple la nouvelle Le Monde tous droits réservés de Claude Ecken (dans le recueil du même nom) évoque parfaitement le journalisme et ses risques de dérives actuelles. De la même manière que la nouvelle de Catherine Dufour dans Bifrost 42 parle bien de la manipulation éventuelle des gens par les industries pharmacetiques. Je pense aussi à Nancy Kress et à Danse aérienne (Le Bélial) qui évoque la danse et les dérives possibles à cause des nouvelles possibilités de la médecine ou Les hommes dénaturés de cette même Kress (Flammarion) qui évoque les problèmes d'adoptions... Et à bien y réfléchir, finalement, j'ai une bonne cargaison de titres qui me viennent à l'esprit.

Ils n'ont pas l'ampleur du questionnement des titres dont tu parles mais ils posent des questions quand même assez passionnantes (enfin je trouve :-))

Sur le reste, on est du même bois. Evidemment je suis d'accord avec toi. J'aime quand la SF traite des causes et pas simplement des conséquences. Mais elle peut aussi servir de système d'alarme. J'appércie aussi ces nouvelles et romans qui mettent en lumière un point de notre société sans forcément réfléchir au global.

Eric a écrit : L'épiphénomène, lui, n'est, d'un point de vue fictionnel, qu'un élément de décor.
Pas complètement d'accord donc. L'épiphénomène peut aussi être un bon sujet. J'en veux pour preuve un autre exemple La vitesse de l'obscurité d'Elisabeth Moon qui traite d'un sujet bien actuel : le handicap mental et la manière éventuellement de soigner les gens. Tiens, voilà un roman de SF qui a changé ma vision de voir les choses. Tout du moins l'autisme.
Eric a écrit : Lorsque Brunner parle de la surpopulation ou du complexe militaro-industriel dans les années 70, ce n'est pas un sujet d'une actualité brûlante.
Moué, pas tout à fait d'accord là dessus. Faudrait revenir sur le contexte des années 70.
Eric a écrit : Moi ce qui m'intéresse c'est quand les auteurs s'interrogent sur d'autres aspects de notre société, des aspects qui ne sont généralement que marginaux, ou en gestation et qu'ils tentent de le confronter à une logique du réel. Là comme ça, je pense au "néocommunalisme", tel qu'il est présenté par Sterling dans Gros Temps, mais aussi par Roland dans la Saison de la Sorcière. Ce sont deux approches qui s'interrogent clairement sur notre modèle social. Pollen de Noon, nous renvoie aussi aux limites du communautarisme cette fois, et nous interroge sur une société qui préfère fuir dans le rêve. Les Diables Blancs de McCauley, réveille les vieux démons de l'homme jouant à Dieu, mais l'intègre à une réflexion sur le néo-colonialisme, et l'avenir des pays émergents. Sans parler d'auteurs comme Vinge, qui, avec sa Singularité a amorcé un débat qui se poursuit par romans interposés, et je vous renvoie encore une fois à Stross.
J'ai juste l'impression que cette interrogation est moins présente dans les sorties actuelles. Mais attention, ce n'est qu'une impression, je peux me tromper, je n'ai pas tout lu. Et à moins de faire des stats, ça ne restera qu'une impression.

Maintenant, si on additionne les références que tu as cité + les miennes, et sans doute d'autres, je me dis que finalement, il y a encore pas mal de romans qui nous posent des questions. Ou tout du moins qui nous font réfléchir. Bon, je persiste à penser qu'ils sont minoritaires dans la production globale et que ce n'est pas la tendance du moment malgré tout un tas de sujets à traités.
Eric a écrit :
Maintenant, que la production de SF "intelligente" soit en baisse, c'est à mon avis essentiellement une question de point de vue. Baisse-t-elle réellement, ou bien est-elle masquée par la production d'une littérature de l'imaginaire trustée par une fantasy pléthorique, stéréotypée et chiante à crever ?
C'est effectivement un problème de point de vue. Par contre pas sûr que ce soit la faute à la fantasy. L'influence de la SF sur la Fantasy et vice versa est une question à mon sens assez complexe. Ce ne sont pas forcément les mêmes auteurs, les mêmes lecteurs et les mêmes attentes. Ce qui est sûr, c'est que la production de SF (en quantité) est toujours aujourd'hui assez importante. Si on additionne le Bélial, Denoël, Bragelonne, Fleuve Noir, Robert Laffont, Mnémos, L'Atalante et les autres, ça laisse encore pas mal d'éditeurs qui sortent régulièrement des nouveautés en SF. Même si c'est aussi vrai qu'ils font quasiment tous aussi de la fantasy :-)
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AK
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Message par AK » mer. juil. 12, 2006 8:36 pm

Sans vouloir m'immiscer dans votre débat viril, l'aspect "changer (ou transformer, adapter, s'interroger sur...) notre vision du monde" n'a pour moi pas grand chose à voir avec le traitement de sujets d'actualité. c'est l'aspect plutôt prospectif de la SF qui en traite - un aspect qui est en effet assez négligé ce temps-ci (mais bon allez dire ça à des gens qui n'aiment pas Egan...).
La SF (l'art), si elle peut avoir cet aspect prospectif comme intérêt secondaire (parmi d'autres), peut surtout avoir un impact sur notre intimité, notre relation aux mondes, nos relations avec les autres, notre manière d'envisager la vie, la mort, etc. C'est là que la SF (l'art) est vraiment intéressant à mes yeux. Dans son "rôle" de compagnon tout au long de notre vie. Dans le réceptacle / miroir qu'elle offre à notre vie pour nous amener à revoir nos choix, notre chemin, et notre foi.
Je trouve ça plus intéressant que de s'interroger sur la culture clandestine de poils pubiens en thaïlande.

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