marc a écrit : D"accord avec toi, la SF vit une crise d'identité. Pourquoi tant de personnes ont basculées vers la fantasy? Je pense qu'ils recherchent tout simplement l'aventure et le dépaysement.
Oulà, faudrait y réfléchir plus avant. Ca me semble plus complexe que ça comme réflexion. Je ne sais pas si vraiment la montée de fantasy est corrélée avec la "crise" de la SF (si crise il y a vraiment).
marc a écrit :
Tous les lecteurs de SF ne s'intéressent pas uniquement à ce qui se passe dans le monde ou ce qui va nous arriver demain, mais préfèrent tout simplement lire un bon bouquin pour se distraire. Personnellement si j'ai envie de me poser des questions sur le monde et de quoi sera fait demain, ce n'est pas de la SF que je lis, mais un livre de philosophie ou une revue de vulgarisation scientifique.
Je ne dis pas le contraire. disons que c'est aussi une des particularités de la science-fiction de se questionner sur le monde et la société. Mais la SF est multiple. On y trouve de nombreux thèmes, de nombreuses formes... Il y en a pour tous les goûts. Et évidement que la philo, les sciences ou le reste s'interrogent aussi sur le monde. Heureusement
marc a écrit : Je pense que ce n'est pas toujours à la SF de poser des questions. Parfois on lui demande simplement de nous divertir.
Je pense au contraire que c'est aussi à la SF de nous poser des questions. En plus de nous divertir... D'où ma déception lorsque j'ai le sentiment qu'elle le fait un peu moins.
Eric a écrit :
Oui mais est-ce que le rôle de la SF est vraiment de parler du quotidien à ce point ?
Et pourquoi pas ?
Pour moi la SF n'a pas de "rôle". Il y a des auteurs qui s'emparent de sujets avec des intrigues qui se passent dans le futur. Mais la SF est multiple. C'est aussi ce qui fait son charme. Elle peut aussi parler du quotidien, des sentiments, de l'actualité, de la pauvreté, de la misère, d'internet, de la malbouffe, de la publicité, de la télé...
Dans ce que tu citais en références, evidemment, ce qui est interessants, c'est la puissance et la portée des sujets. Mais par exemple la nouvelle Le Monde tous droits réservés de Claude Ecken (dans le recueil du même nom) évoque parfaitement le journalisme et ses risques de dérives actuelles. De la même manière que la nouvelle de Catherine Dufour dans Bifrost 42 parle bien de la manipulation éventuelle des gens par les industries pharmacetiques. Je pense aussi à Nancy Kress et à Danse aérienne (Le Bélial) qui évoque la danse et les dérives possibles à cause des nouvelles possibilités de la médecine ou Les hommes dénaturés de cette même Kress (Flammarion) qui évoque les problèmes d'adoptions... Et à bien y réfléchir, finalement, j'ai une bonne cargaison de titres qui me viennent à l'esprit.
Ils n'ont pas l'ampleur du questionnement des titres dont tu parles mais ils posent des questions quand même assez passionnantes (enfin je trouve

)
Sur le reste, on est du même bois. Evidemment je suis d'accord avec toi. J'aime quand la SF traite des causes et pas simplement des conséquences. Mais elle peut aussi servir de système d'alarme. J'appércie aussi ces nouvelles et romans qui mettent en lumière un point de notre société sans forcément réfléchir au global.
Eric a écrit : L'épiphénomène, lui, n'est, d'un point de vue fictionnel, qu'un élément de décor.
Pas complètement d'accord donc. L'épiphénomène peut aussi être un bon sujet. J'en veux pour preuve un autre exemple La vitesse de l'obscurité d'Elisabeth Moon qui traite d'un sujet bien actuel : le handicap mental et la manière éventuellement de soigner les gens. Tiens, voilà un roman de SF qui a changé ma vision de voir les choses. Tout du moins l'autisme.
Eric a écrit :
Lorsque Brunner parle de la surpopulation ou du complexe militaro-industriel dans les années 70, ce n'est pas un sujet d'une actualité brûlante.
Moué, pas tout à fait d'accord là dessus. Faudrait revenir sur le contexte des années 70.
Eric a écrit :
Moi ce qui m'intéresse c'est quand les auteurs s'interrogent sur d'autres aspects de notre société, des aspects qui ne sont généralement que marginaux, ou en gestation et qu'ils tentent de le confronter à une logique du réel. Là comme ça, je pense au "néocommunalisme", tel qu'il est présenté par Sterling dans Gros Temps, mais aussi par Roland dans la Saison de la Sorcière. Ce sont deux approches qui s'interrogent clairement sur notre modèle social. Pollen de Noon, nous renvoie aussi aux limites du communautarisme cette fois, et nous interroge sur une société qui préfère fuir dans le rêve. Les Diables Blancs de McCauley, réveille les vieux démons de l'homme jouant à Dieu, mais l'intègre à une réflexion sur le néo-colonialisme, et l'avenir des pays émergents. Sans parler d'auteurs comme Vinge, qui, avec sa Singularité a amorcé un débat qui se poursuit par romans interposés, et je vous renvoie encore une fois à Stross.
J'ai juste l'impression que cette interrogation est moins présente dans les sorties actuelles. Mais attention, ce n'est qu'une impression, je peux me tromper, je n'ai pas tout lu. Et à moins de faire des stats, ça ne restera qu'une impression.
Maintenant, si on additionne les références que tu as cité + les miennes, et sans doute d'autres, je me dis que finalement, il y a encore pas mal de romans qui nous posent des questions. Ou tout du moins qui nous font réfléchir. Bon, je persiste à penser qu'ils sont minoritaires dans la production globale et que ce n'est pas la tendance du moment malgré tout un tas de sujets à traités.
Eric a écrit :
Maintenant, que la production de SF "intelligente" soit en baisse, c'est à mon avis essentiellement une question de point de vue. Baisse-t-elle réellement, ou bien est-elle masquée par la production d'une littérature de l'imaginaire trustée par une fantasy pléthorique, stéréotypée et chiante à crever ?
C'est effectivement un problème de point de vue. Par contre pas sûr que ce soit la faute à la fantasy. L'influence de la SF sur la Fantasy et vice versa est une question à mon sens assez complexe. Ce ne sont pas forcément les mêmes auteurs, les mêmes lecteurs et les mêmes attentes. Ce qui est sûr, c'est que la production de SF (en quantité) est toujours aujourd'hui assez importante. Si on additionne le Bélial, Denoël, Bragelonne, Fleuve Noir, Robert Laffont, Mnémos, L'Atalante et les autres, ça laisse encore pas mal d'éditeurs qui sortent régulièrement des nouveautés en SF. Même si c'est aussi vrai qu'ils font quasiment tous aussi de la fantasy
