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Fritz Leiber

Posté : jeu. août 12, 2010 6:41 am
par Omnibus
J'aime beaucoup Fritz Leiber et je vais mal en parler, mes incomplètes lectures remontant à trop loin.

On connait surtout Leiber comme auteur des aventures de Fafhrd et du Souricier Gris, narrées dans le cycle des épées, couple de héros plus ou moins recommandables qui s'activent dans le monde de Nehwon. Si je ne m'abuse, le terme "sword and sorcery" a été suggéré par Leiber pour désigner ces textes qui sont en général exactement cela : des aventures où les deux compères affrontent des forces maléfiques à la pointe de l'épée, volent le trésor et vont le dépenser en picolant (en gros hein).

Le cycle des épées a inspiré pas mal de monde. On peut par exemple sentir son influence dans le jeu Donjons et Dragons (dont le supplément Lankhmar a été ma première rencontre avec Leiber), chez Eddings (Silk et le Souricier se ressemblent physiquement, ont les même tics), chez Pratchett (on rencontre Fafhrd et le Souricier dans les toutes premières pages des annales du Disque-Monde, la Mort de Pratchett doit beaucoup à celle de Leiber, Ankh-Morpork à Lankhmar, il y en probablement d'autres).

Cette descendance fait en sorte que le lecteur qui tétine de la fantasy depuis le berceau risque de trouver Leiber un peu convenu, voire pas très intéressant. En plus, Newhon est manifestement un gros bac à sable permettant à l'auteur de faire jaillir de nulle part la géographie qui l'arrange bien. Je n'y ai pas senti un grand souci de minutieuse construction, celle-là même que semble tant priser l'amateur de fantasy.

Personnellement, et conscient que ça ne casse pas vraiment trois pattes à un canard, j'aime bien les aventures de Fafhrd et du Souricier, surtout parce que c'est assez amusant et parfois un peu triste. J'en lis une de temps en temps, pour échapper à la lassitude, et j'y trouve mon compte.

Je recommande. Ah et si certains ont besoin d'une motivation, il y a une scène lesbienne SM totalement complaisante dans un des volumes. Voilà ça c'est fait.

Malgré toute l'affection que j'ai pour ce travail, je suis un peu tristounet que l'arbre cache la forêt et que Leiber ne soit trop souvent que le papa du sword and sorcery. Leiber est un auteur très versatile dont les écrits sont souvent meilleurs que ce qu'on trouve dans le cycle des épées.

Le vagabond est un roman de SF traitant de l'apparition d'un vaisseau monde de taille gigantesque au voisinage de la Terre. Je m'y suis passablement ennuyé et n'ai pu me résoudre à l'achever. Leiber a obtenu le prix Hugo pour ce roman, il est à craindre que je sois passé complètement à côté.

Demain les loups est un recueil de quatre nouvelles qui mettent en scène des futurs possibles. Je ne m'en rappelle pas grand chose, sinon une scène de strip-tease assez glauque, mais j'en garde une bonne impression.

Les oeufs d'argent est un court roman humoristique mettant en vedette des auteurs dont le métier consiste essentiellement à prendre des poses, les romans étant écrits par des machines perfectionnées qui brodent sans fin des variations autour des mêmes thèmes. Et un jour, tout ce petit monde décide de défoncer les machines et d'écrire pour de vrai, ce qui s'avère un peu plus dur que prévu. C'est un roman qualifié de mineur par Stan Barrets dans son encyclopédie mais qui m'a beaucoup fait rire, même si une grande partie des références a du échapper à mon attention.

Notre-dame-des-Ténèbres est un roman fantastique très plaisant, qui situe San Francisco au coeur de l'intrigue. Même qu'on pourrait parler de fantasy urbaine, parce que todoroviennement parlant, ce n'est pas très fantastique. J'en ai entendu parler la première fois dans le cadre d'une campagne de Unknown Armies et, pour les gens qui connaissent, l'ambiance est relativement similaire quoique bien moins gore.

À propos de fantastique, le recueil les lubies lunatiques de Fritz Leiber présente une jolie brochette de nouvelles accompagnées d'une préface sympathique de Dorémieux qui évoque la tentative de créer un fantastique plus en phase avec le monde moderne, plus urbain en fait. Excellente impression, bien que je ne me souvienne que de peu de textes : fantômes de fumées, le porteur de folies, la fille aux yeux avides. Il y a dans ces textes une ambiguïté de bon ton et une absence appréciable des débordements sanglants qu'on rencontre parfois dans le fantastique moderne.

Le grand jeu du temps est apparemment un bon roman, pour lequel Leiber a également reçu le Hugo, et dont je parlerai avec plaisir en bien dès que j'aurais mis la main dessus. En attendant, il y a les racines du passé, un recueil de nouvelles qui prennent place dans le même univers, donc je garde encore un bon souvenir. Il s'y trouve en particulier une jolie nouvelle sur l'univers du théâtre, que Leiber connaissait apparemment bien.

Un des traits qui participent probablement à mon affection pour Leiber est un humour omniprésent, un espèce de regard ironique sur ce qu'il est en train d'écrire que je trouve très agréable.

Si vous le trouvez, dépoussiérez et lisez-le.

Posté : jeu. août 12, 2010 9:30 am
par Fabien Lyraud
Il y a une nouvelle qui est pas mal. En 1939 un joueur d'échec dans ses rêves joue à un jeu étrange avec une entité extra terrestre ou assimilée. Et ce qui est en jeu n'est ni plus ni moins le sort de la planète.

Posté : jeu. août 12, 2010 9:51 am
par rmd
Un excellent bouquin passé inaperçu en france : "un spectre hante le texas", où un colon lunaire équipé d'un exosquelette débarque chez les rednecks.

Posté : jeu. août 12, 2010 9:58 am
par Seb
Son recueil de nouvelles est tout à fait recommandable. Je l'ai lu il y a fort longtemps mais j'en garde une très bonne impression.

Posté : jeu. août 12, 2010 10:40 am
par Lensman
rmd a écrit :Un excellent bouquin passé inaperçu en france : "un spectre hante le texas", où un colon lunaire équipé d'un exosquelette débarque chez les rednecks.
Inaperçu? Je suppose que tu plaisantes, c'est mon Leiber préféré!
Il a d'abord été publié en feuilleton dans Galaxie (avec des dessins marrants) avant d'être édité en volume (au moins deux éditions).
Oncle Joe

Posté : jeu. août 12, 2010 10:52 am
par bormandg
J'ai découvert Leiber avec A l'aube des ténèbres et la liste des textes que j'ai aimés remplirait le fil. Mais on ne peut pas oublier de citer Le Vagabond, que j'ai failli racheter (en V.O.) hier à San Francisco.Ou les deux volumes de Guerre dans le temps (que j'avais lue, heureusement, en feuilleton dans Galaxie, c'est quand même mieux que au Masque SF).
Je citerai aussi Notre Dame des ténèbres que les Ghostbusters ont certainement lue.
La Grande machine est un autre classique.
Mais je crois que c'est la nouvelle "Si les mythes m'étaient contés" (Fiction 118 et Grande anthologie-Histoires de guerres futures qui m'a le plus impressionné, à sa manière heureusement uchronique....

Posté : jeu. août 12, 2010 10:54 am
par Lensman
bormandg a écrit :J'ai découvert Leiber avec A l'aube des ténèbres et la liste des textes que j'ai aimés remplirait le fil. Mais on ne peut pas oublier de citer Le Vagabond, que j'ai failli racheter (en V.O.) hier à San Francisco.
Quand je pense qu'à l'époque, Le Vagabond faisait figure de gros livre...
Oncle Joe

Posté : jeu. août 12, 2010 11:45 am
par Mors Ultima Ratio
Lensman a écrit :
bormandg a écrit :J'ai découvert Leiber avec A l'aube des ténèbres et la liste des textes que j'ai aimés remplirait le fil. Mais on ne peut pas oublier de citer Le Vagabond, que j'ai failli racheter (en V.O.) hier à San Francisco.
Quand je pense qu'à l'époque, Le Vagabond faisait figure de gros livre...
Oncle Joe
Ce n'est pas un roman avec une femme chat multicolore sur la couverture (en VF) ?

Posté : jeu. août 12, 2010 12:54 pm
par Omnibus
C'est bien ça.

Posté : jeu. août 12, 2010 1:06 pm
par Mors Ultima Ratio
Bon sang, je n'ai pas touché à ce truc depuis plus de vingt ans...

Posté : jeu. août 12, 2010 1:10 pm
par Stéphane
Ah ouais...

Image

Posté : jeu. août 12, 2010 4:04 pm
par Soslan
C'est un brin zoophile comme couverture non ?

Posté : jeu. août 12, 2010 4:26 pm
par Omnibus
Il ne faut pas s'arrêter à ça. Le roman l'est beaucoup plus.

Leiber a décrit quelques relations sexuelles atypiques, notamment dans le cycle des épées.

Posté : jeu. août 12, 2010 7:36 pm
par Hoêl
Lensman a écrit :
bormandg a écrit :J'ai découvert Leiber avec A l'aube des ténèbres et la liste des textes que j'ai aimés remplirait le fil. Mais on ne peut pas oublier de citer Le Vagabond, que j'ai failli racheter (en V.O.) hier à San Francisco.
Quand je pense qu'à l'époque, Le Vagabond faisait figure de gros livre...
Oncle Joe
Ouais !!!
Une amie de mes grand-tantes m'avait à l'époque offert le bouquin que je voudrais dans la librairie du coin et je l'avai choisi parce que c(était le plus gros bouquin de S.F. en rayon ! Cen'est qu'en le lisant que l'ado que j'étais découvrit qu'en plus , c'était achte érotique ( AAAHHH ! la générale étrangleuse , la balançoire des étoiles... et puis , quand même , l'E.T. féline et féroce... que de souvenirs émus !).

Posté : jeu. août 12, 2010 7:56 pm
par Seb
Arf ! J'ai justement cette édition totalement psychédélique dans ma bibliothèque. Un régal pour les yeux.