Brussolo

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Stéphane
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Brussolo

Message par Stéphane » mar. avr. 15, 2008 6:22 pm

Sur un autre sujet, Bull me demandait :
Bull a écrit :/HS 1/
Stephane, par curiosité personnelle tu as lu ou relu du Brussolo récemment ?
Ou tu l'a aimé (beaucoup) plus jeune et tu le défends par principe ?
/HS 1/
Comme je ne lis (vraiment) de la science-fiction que depuis environ 6 ans, tout ce que j'ai lu de Brussolo, c'est depuis assez peu. En tout, j'ai lu une douzaine de ses romans.
Mais j'ai lu du Brussolo dernièrement (Sommeil de sang il y a quelques semaines).

Déjà, Brussolo est inimitable (enfin si, peut-être, mais en tout cas il a un style particulier, tout le monde en conviendra). Quand je ne sais pas quoi acheté, que je ne veux pas prendre de risque, il y a quelques auteurs vers lesquels je me tourne et Brussolo en fait partie (d'autant plus qu'il y a toujours quelques-uns de ses romans dans les rayons des librairies). Il ne me déçoit jamais. Peut-être parce que je sais à quoi m'attendre aussi.

A quoi m'attends-je donc ?
Je ne m'attends pas à lire un chef-d'œuvre (je ne mettrais aucun Brussolo dans mes incontournables).
Je m'attends à plonger dans l'univers sinistre, morbide et angoissant de Brussolo. Souvent, l'histoire n'est pas extraordinaire. Il utilise presque à chaque fois les mêmes éléments (villages isolés, ch'tits nenfants diaboliques, rumeurs et légendes qui courent et qui se révèlent parfois véridiques - les pires en général -, héroïnes à tendance perverses, voire sado-masochistes...). Si c'est de la SF, c'est une planète à l'environnement extrêmement hostile, auquel les habitants se sont adaptés au prix d'une partie (au moins) de leur humanité (physique et/ou mentale).
Les héros de Brussolo sont toujours bons (malgré leurs travers, surtout si ce sont des femmes), ils essaient d'aider les autres, souvent au mépris de leur propre santé physique et mentale. Ils ne s'en sortent pas souvent, et c'est normal (vous survivriez, vous, pourchassés par le Docteur Squelette, transformés en loup-garou ou échoués sur la planète des ouragans ?).

Je crois que je donne l'impression que les lecteurs de Brussolo ont un grain. Pourtant je ne crois pas que ce soit mon cas (tous ceux qui sont fous affirment le contraire, mais je suis réellement sain de corps et d'esprit, en tout au moins autant que la plupart des actusfien(ne)s). D'ailleurs, il y a des fois où je suis rebuté par des scènes (un peu mal à l'aise en lisant Boulevard des banquises)
En ouvrant un Brussolo et en commençant ma lecture je m'attends donc à être dépaysé, à frémir en même temps que le personnage principal lorsqu'il sera confronté à la population locale bizarre au milieu de laquelle il vient de débarquer, aux légendes effrayantes, aux événements fantastiques qui vont survenir.

C'est un de ces auteurs qui gardent la même qualité d'écriture, quels que soient les romans (pas une très grande qualité, mais ce n'est pas une fois bon, une fois mauvais amha).
J'aime Brussolo parce que ses romans ne m'ennuient pas et me fascinent. En plus ils sont courts, ce qui fait que la qualité est concentré :).
C'est complètement subjectif quoi !
Je comprends donc parfaitement qu'on puisse ne pas aimer Brussolo. Ça ne m'empêche pas de réagir et de le défendre quand Bouse Bleuâtre intervient à son sujet.

Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » mar. avr. 15, 2008 7:05 pm

Brussolo écrit de la littérature d'image. Il transforme ses images mentales en concepts. Il le revendique d'ailleurs. C'est pour cela que c'est un auteurs qui peut déranger. Il peut donner l'impression de mettre la charrue avant les boeufs, mais finalement c'est ce qui donne une couleur unique à ses ouvrages.
Les images mentales de Brussolo ne sont jamais banales et presque toujours dérangeantes. On a l'impression de découvrir l'univers d'un grand malade. Et finalement son univers est assez unique parce que personnel. Et personnel parce qu'il doit beaucoup aux images mentales de l'auteur.
Je suppose que si Roland n'aime pas beaucoup Brussolo c'est certainement parce que c'est un auteur qui part des images pour aller aux idées et que Roland défend surtout l'attitude inverse qu'il juge seule canonique pour un auteur de SF. (Ce n'est pas beau l'intégrisme, Roland). Au final on a un univers là où chez d'autres ce n'est pas le propos. Il ne faut pas oublier que la SF qu'elle soit littérature d'idée ou littérature d'image est avant tout littérature d'univers et Brussolo remplit parfaitement ce contrat là.
C'est que André François Ruaud appellerait un petit maître.
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Message par Bouse Bleuâtre » mar. avr. 15, 2008 7:18 pm

Fabien Lyraud a écrit :Je suppose que si Roland n'aime pas beaucoup Brussolo c'est certainement parce que c'est un auteur qui part des images pour aller aux idées
Non, c'est juste parce qu'il me file la gerbe. :mrgreen:
Fabien Lyraud a écrit :et que Roland défend surtout l'attitude inverse qu'il juge seule canonique pour un auteur de SF.
Je me demande où tu es allé chercher ça. :shock:

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Bull
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Message par Bull » mar. avr. 15, 2008 7:22 pm

Brussolo est le seul auteur a m'avoir presque convaincu de ne plus lire de la SF.

A la fin des années 1980 j'avais écumé pas mal de la SF anglo-saxonne, notamment autour de l'Âge-d'Or. Et je me suis dit, "quid de la SF française ?".

J'ai donc acheté le Grand Prix de la SF Française 1988 (je crois), "Opération serrures carnivores" de Brussolo.

La plus grosse daube cosmique que j'ai jamais tenu entre mes mains. Et c'est quelqu'un qui a lu 200 PR qui vous l'affirme.

Là, je n'ai pas trop le temps de développer, mais en gros, Brussolo pour moi c'est Gerard de Villiers en SF

Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » mar. avr. 15, 2008 7:23 pm

Dans un autre topic tu défendais ll'opinion que la SF était une littérature d'idée et vu la manière dont tu l'exprimais on aurait pu croire que c'était la seule manière d'envisager le genre.
J'ai la faiblesse de croire qu'il y en a d'autres.
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Message par Bouse Bleuâtre » mar. avr. 15, 2008 7:46 pm

Fabien Lyraud a écrit :Dans un autre topic tu défendais ll'opinion que la SF était une littérature d'idée et vu la manière dont tu l'exprimais on aurait pu croire que c'était la seule manière d'envisager le genre.
Très, très, très brièvement :

Le processus de création est si compliqué, et si spécifique à chaque auteur, que toute généralisation est dangereuse. Néanmoins, il me semble que la plupart des auteurs de science-fiction jonglent entre les deux approches que tu décris — de l'idée à l'image et de l'image à l'idée. Il arrive aussi des fois que les deux ne fassent qu'un, mais jamais chez Brubru qui demeure au niveau de l'image et de sa déclinaison.

Il me semble que comparer « Sur la planète des tempêtes » de Cordwainer Smith avec La planète des ouragans peut être intéressant dans ce contexte.

Un indice : il y en a un qui franchit la ligne et pas l'autre.

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Eons
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Message par Eons » mer. avr. 16, 2008 7:59 am

Bull a écrit :La plus grosse daube cosmique que j'ai jamais tenu entre mes mains. Et c'est quelqu'un qui a lu 200 PR qui vous l'affirme.
Tu sais que tu en as lu plus que moi, là ?

Côté Brussolo, je trouve qu'il écrit à la manière "cadavre exquis".

Autrement dit, il y a une idée de départ, d'autres idées en route, et des éléments pourtant partis pour durer et qui modifient le cours de l'histoire à un moment n'existent plus deux chapitres plus loin.

En d'autre termes, ça part en couille en permanence.

Et ça, j'aime pas.
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Message par orcusnf » mer. avr. 16, 2008 10:08 am

Honnêtement, Brussolo n'est pas pire qu'une grande partie des tâcherons du fleuve noir, il a même parfois ses bons moments. Je me rappelle de quelques bouquins pas mauvais du tout, notamment quelques uns parus dans l'omnibus dont j'ai oublié le nom. C'est très imagé ( comme le souligne si bien fabien et roland) , l'imaginaire est totalement débridé et au fond, c'est assez marrant, même quand ces gore. ( me rappellerai toujours les armures en boite de conserve de "crache béton"). Néanmoins, je peux reprocher un truc à Brubru, c'est quand même sa paresse intellectuelle. l'un de ses peggy sue est son "crache béton" sans les scènes violentes ou érotiques ! Le même, exactement, et vu que je ne connais pas toute son oeuvre, on peut penser que ce n'est pas le seul bouquin réutilisé à des fins mercantiles douteuses.
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Epikt
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Message par Epikt » mer. avr. 16, 2008 11:59 am

Brussolo c'est über-roxatif !
Enfin, je vais pas en rajouter non plus, je souscris assez à ce que peut dire Stéphane (sauf qu'il a écrit des chefs d'oeuvre, Le Syndrome du scaphandrier par exemple)(sauf aussi qu'il est loin d'être constant dans la qualité, y a vraiment à boire et à manger).
Sinon, pas surpris (j'aurais du parier, il nous le cite à chaque fois !) que Bull nous parle de Opération serrures carnivores (grand moment ce bouquin) : si Bull a l'esprit oldschool qui lui permet de se taper 200 Perry Rhodan il n'a pas l'esprit bisseux indispensable pour lire ce genre de roman totalement nawak (pas très bon, même à 14 ans je m'en suis rendu compte, mais que voulez vous ? le catcheur manchot qui défonce le fourgon à grands coups de boule ou le prêtre qui utilise les pages en métal de sa bible comme de shuriken je trouve ça énormeuh). Car en fin de compte Brussolo est très bis comme écrivain, tout est dans l'exubérance et le dépassement du too much.
Non, c'est juste parce qu'il me file la gerbe.
Justement, plus que l'aspect purement littéraire, ta vindicte contre Brussolo ne serait-elle pas dut à sa direction de PdF (avoue, tu voulais le poste pour toi !), au fait qu'en tant qu'écrivain il ait délaissé la SF pour des genres plus rentables, voir même à des raisons un peu beaucoup personnelles ? :roll:
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Message par Eons » mer. avr. 16, 2008 12:04 pm

Epikt a écrit :
Non, c'est juste parce qu'il me file la gerbe.
Justement, plus que l'aspect purement littéraire, ta vindicte contre Brussolo ne serait-elle pas dut à sa direction de PdF
Faut savoir aussi qu'il a pratiquement flingué la collection en l'utilisant pour se publier lui-même, tant ouvertement que sous pseudonymes.
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Message par Epikt » mer. avr. 16, 2008 12:07 pm

Kitty Doom et David Morlok ? Oui, je suis au courant.
Mais c'est pas ça qui plombe une collection (Gilles Dumay à bien publié Resident Evil sous pseudo dans sa propre collection, c'est pas ça qui remet en cause ses qualités d'éditeur).

(edit : quand à ceux publiés sous son vrai nom, il sont globalement d'un bon niveau)
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Je n’ai qu’à décider, et je peux aller où je veux... Ailleurs, n’importe où.
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Bouse Bleuâtre

Message par Bouse Bleuâtre » mer. avr. 16, 2008 12:09 pm

Epikt a écrit :Justement, plus que l'aspect purement littéraire, ta vindicte contre Brussolo ne serait-elle pas dut à sa direction de PdF
:lol: :lol: :lol:

Bien au contraire. Je me souviens d'une lettre qui m'a fait gagner 20 000 francs.
Epikt a écrit :(avoue, tu voulais le poste pour toi !)
Oh non, surtout pas. Seul Gilles Dumay était capable de se dépêtrer d'un tel merdier.
Epikt a écrit :au fait qu'en tant qu'écrivain il ait délaissé la SF pour des genres plus rentables
J'avoue que le mépris qu'il a affiché à diverses reprises pour le genre qui lui a permis de sortir de l'obscurité me débecte un chouïa. Mais chacun est libre de mordre la main qui l'a nourri.
Epikt a écrit :voir même à des raisons un peu beaucoup personnelles ? :roll:
Je ne le connais pas personnellement.

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Message par Eric » mer. avr. 16, 2008 12:48 pm

Epikt a écrit :)(sauf aussi qu'il est loin d'être constant dans la qualité, y a vraiment à boire et à manger).
Ben faut dire qu'avec ce qu'il débitait. Je ne sais plus qui m'a raconté qu'à un déj du lundi il se retrouve avec Andrevon (ou Curval, je ne sais plus), qui lance, pour déconner une idée de roman assez improbable. Et entre deux bouchées de bolognaise, Brussolo lui demande si il va l'utiliser et si non, est-ce qu'il verrait un inconvénient à ce que, lui, le fasse. Andrevon lui lâche l'idée, et 10 jours plus tard, il en avait pondu un roman (je ne sais plus lequel).

Pour moi Brussolo c'est un peu comme (attention, j'abuse), Dick période Clan de la Lune Alphane : un pisse-copies de quai de gare qui a l'immense bonne fotune d'être servi par un imaginaire tellement barré et tellement personnel, que ça suffit à le singulariser.

Mais c'est vrai que, comme le dit Eons, Brussolo ne structure pas, il rajoute par couches et des fois ça marche, des fois c'est indgeste.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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Message par kibu » mer. avr. 16, 2008 2:32 pm

+1
(sans en rajouter des couches)
A l'envers, à l'endroit

Ô Dingos, ô châteaux

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Epikt
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Message par Epikt » mer. avr. 16, 2008 3:14 pm

Bouse Bleuâtre a écrit :Bien au contraire. Je me souviens d'une lettre qui m'a fait gagner 20 000 francs.
Oh tu sais ! t'aurais bien pu demander 40 000 et cette radasse t'en donner que la moitié parce ça commence à bien faire c'est vrai quoi, et s'en suit un duel à mort auquel il refuse de se présenter d'où tu le traites de petite bite et que lui s'en fout parce qu'il est plus riche que toi (maintenant tu sais où sont passés les 20 000 restant).

Eric a écrit :Je ne sais plus qui m'a raconté qu'à un déj du lundi il se retrouve avec Andrevon (ou Curval, je ne sais plus), qui lance, pour déconner une idée de roman assez improbable. Et entre deux bouchées de bolognaise, Brussolo lui demande si il va l'utiliser et si non, est-ce qu'il verrait un inconvénient à ce que, lui, le fasse. Andrevon lui lâche l'idée, et 10 jours plus tard, il en avait pondu un roman (je ne sais plus lequel).
Je ne me souviens plus non plus qui racontait ça (si on parle bien de la même discussion où on était tous les deux parmi d'autres, inauguration du salon du livre pour autant que je m'en souvienne) mais elle (car c'est une "elle") faisait allusion au Syndrome du scaphandrier.
« Je m’en fiche. Dans ma tête je peux aller où je veux. C’est moi qui décide.
Je n’ai qu’à décider, et je peux aller où je veux... Ailleurs, n’importe où.
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