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Horreur et effroi : personne n'a encore lancé de thread sur le grand Ted !
Il a pourtant eu les honneurs d'un omnibus, avec ses deux grands romans, une poignée de nouvelles et un inédit Argyll.
Bien sûr, cette médaille a un revers : l'absence a priori définitive d'une intégrale en français des nouvelles de Sturgeon, et de la plupart de ses recueils, tels L'homme qui a perdu la mer ou les deux superbes anthos de Dorémieux, parues à l'époque chez Casterman.

Argyll est une lecture passionnante, où Sturgeon nous explique par le menu le calvaire que fut la cohabitation avec son beau-père. On évoque souvent au détour d'une ligne dans sa biographie cette relation tumultueuse, mais le lire est tout autre chose.
Tout d'abord parce que ce texte était destiné à son psychothérapeute, et que l'auteur ne s'y autocensure pas.
Mais surtout parce qu'il permet de lire d'un regard neuf un chef-d'oeuvre comme Cristal qui songe.

Vous l'aurez compris, Sturgeon fait pour moi partie des incontournables qui, avec Daniel Keyes, ont donné à la sf l'émotion qui manquait souvent à l'écurie Campbell.

Bon ben, je ne peux qu'abonder dans ton sens Olivier. Sturgeon est un très grand et rendons grâce à Omnibus d'avoir publié un volume sur cet excellent auteur !

désolé je peux pas m'en empêcher.
le jeu de mot du titre, il est fait expres ?

Bien vu !

Olivier a écrit :Horreur et effroi : personne n'a encore lancé de thread sur le grand Ted !

Je dois avouer que la lecture de "Cristal qui songe" ne m'a pas convaincue. Pourtant, j'ai adoré le début, je trouvais l'ambiance et les personnages extraordinaires. Et puis vers la moitié du livre, j'ai eu l'impression de passer d'un coup à une mauvaise série B. Enfin pas mauvaise, mais banale. Ça virait à l'affrontement classique, sans intérêt à mes yeux, avec pas mal de ficelles. Ou alors, c'est juste que cette partie du livre a vieilli et que certains aspects qui n'étaient pas des clichés à l'époque en sont devenus aujourd'hui. Toujours est-il que j'ai eu l'impression de tomber de haut, tellement le début m'avait bluffée.

Je l'ai relu peu de temps auparavant, et je partage vraiment ton impression. Une fin qui me fait penser à Comprends de Ted Chiang (beaucoup plus réussi d'ailleurs), ou à Scanners de Cronenberg, y compris pour le coté un peu kitsch.

Les plus qu'humains est bien meilleur, mais l'excellence de Sturgeon reste dans ses nouvelles : les deux recueils parus chez Casterman, ainsi que L'homme qui a perdu la mer et Le professeur et l'ours en peluche (paru aussi sous le titre Les enfants de Sturgeon), ainsi que son Livre d'or restent pour moi le meilleur de cet auteur. Je partage donc absolument l'avis de Barrets, quand il dit que Sturgeon vaut surtout pour ses nouvelles.

Olivier a écrit :Je partage donc absolument l'avis de Barrets, quand il dit que Sturgeon vaut surtout pour ses nouvelles.

Aha ? Voilà un argument auquel je ne peux qu'être sensible.

Je suis en train de lire Cristal qui songe, depuis le temps que j'entends parler de ce bouquin, il était temps

Le début me plait beaucoup. J'aime bien le ton détaché et humoristique, ainsi que le personnage de l'enfant Horty.

J'en dirai plus quand je l'aurai terminé.

Tiens j'avais oublié de faire ma critique de Cristal qui songe. C'est un peu loin maintenant, mais j'avais bien aimé.
Il me semble quand même que j'avais trouvé que le bouquin n'était pas de qualité égale tout au long, quelques passages plus creux, et la fin ne m'avait pas vraiment marquée.
La qualité de ce roman réside dans la description des personnages essentiellement.

Et je revenais dans ce topic justement pour parler d'un autre roman de Sturgeon que je viens de lire : Les plus qu'humains.

Même qualité de description des personnages, et ce même plaisir à découvrir une histoire un peu tordue, dont on se demande où l'auteur a trouvé une idée comme ça.
J'aime bien ce côté très fantaisiste, au sens de l'auteur qui s'embarque dans un truc qui semble compliqué, qui part dans tous les sens, et finalement retombe sur ses pattes en reliant le tout à la fin.
J'ai été un peu paumée à un moment, je ne comprenais plus rien, mais la qualité d'écriture et toujours les personnages font que ça donne quand même envie de continuer, même si on a l'impression de perdre le fil.
C'est probablement un bouquin que je relirai, avec déjà l'histoire en tête, j'y verrai peut-être d'autres choses intéressantes qui m'ont échappé en première lecture, parce que j'étais trop occupée à essayer de comprendre et de faire un lien entre toutes ces histoires et ces personnages.

En tout cas, j'ai trouvé ça très bon, et très original.

J'avais commencé à me procurer l'intégrale des nouvelles en édition US, puis j'ai pris tellement de retard dans la lecture que j'ai laissé tomber. Je regrette, car c'est vraiment un auteur de premier plan de l'âge classique.
Pour l'anecdote pipole : Sturgeon était proche de la contre-culture californienne et connaissait bien David Crosby. A un moment donné, il fut question qu'il écrive un roman de SF post-apocalyptique inspiré de la chanson "Wooden Ships". Je crois bien que le Cros a préfacé un des volumes de l'intégrale citée plus haut...
JDB

oui, le volume 6 (Baby is three), le seul qui me manque.

Voilà encore un auteur SF qui est passé à travers les mailles de mon filet. Cristal qui songe, les plus qu'humain, est-ce que c'est encore lisible aujourd'hui?

comme avec tout auteur, des scories (par exemple le trop didactique Venus plus X) mais une écriture plutôt poétique (même si le mot peut paraitre excessif) qui a longtemps tranché avec le reste de la production de son époque.

Un attention portée à l'empathie et l'acceptation des différences font que le discours de Sturgeon reste rare et audible de nos jours.

Un nouvelliste hors pair avec quelques petits bijoux ciselés, parfois féroces ou simplement brillants mais toujours humains.

marc a écrit :Voilà encore un auteur SF qui est passé à travers les mailles de mon filet. Cristal qui songe, les plus qu'humain, est-ce que c'est encore lisible aujourd'hui?

Oui.

ne pas rater effectivement des nouvelles comme :

- la soucoupe de solitude (Mélanie on dirait du Carson McCullers)
- L'homme qui a perdu la mer
- le professeur et l'ours en peluche
- sculpture lente