Sur les falaises de marbre d'Ernst Jünger

[Soslan]

Vous avez peut-être remarqué qu'il est à la mode dans la critique fandomique de rechercher des oeuvres pouvant se rattacher aux genres de l'imaginaire parmi les grands classiques des collections de littérature générale.
Pour la fantasy, j'ai relevé un exemple sur Noosfere ce critique assimlilant à la fantasy Salammbô de Flaubert. n'ayant pas, à ma grande honte, (encore) lu ce chef-d'oeuvre; je ne discuterai pas de la pertinence de cette affirmation;

Sur les falaises de marbres d'Ernst Jünger, ce grand chef-d'oeuvre de la littérature allemande, pourrait être considéré comme une fantasy borderline. On peut aussi bien renoncer à une vaine classification et admettre que nous sommes définitivement façe à ces oeuvres atypiques qui défient non seulemnt les limites mais la notion même de genre.

Donc, ce roman nous présente un pays imaginaire, la Marina, difficile à situer dans l'espace et dans le temps, d'autant plus que les références historiques et géographiques y sont présentes (ce que l'auteur utilise avec une subtilité peu commune).
Le narrateur nous raconte l'implosion de ce pays heureux (mais non utopique, l'auteur se montrant assez anti-utopiste), la montée de la barbarie sous l'influence néfaste d'un seigneur appelé le Grand Forestier.
Paru en 1939, ce roman a été considéré comme une métaphore de la montée du nazisme (l'auteur étant nationaliste mais anti-nazi). Mais il est très difficile de faire correspondre les éléments du roman avec des éléments historiques, et il est certain que nous n'avons pas affaire à une allégorie (pas une Ferme des animaux bis, donc).
Le sens du récit tend plutôt vers l'universel et l'intemporel, et est à interpréter à l'aune des grands mythes, qui racontent la lutte de l'ordre éternel contre le chaos (où se préfigure la philosophie de Mircea Eliade).

Dans tout les cas, c'est un roman à lire absolument, autant pour sa profondeur que pour l'inimitable prose poétique d'Ernst Jünger.

[M le maudit]

On peut aussi bien renoncer à une vaine classification et admettre que nous sommes définitivement façe à ces oeuvres atypiques qui défient non seulement les limites mais la notion même de genre.

pourquoi renoncer à la classification alors qu'il existe un mot pour ces oeuvres ?

On dit un livre mauméjeannien.

[Lensman]

On peut aussi bien renoncer à une vaine classification et admettre que nous sommes définitivement façe à ces oeuvres atypiques qui défient non seulemnt les limites mais la notion même de genre.

On peut aussi voir tous ces trucs atypiques comme un genre en soi: le genre atypique.
Je dis ça, parce qu'on ne compte plus les critiques où on nous explique qu'un texte est atypique. Autant en tirer les conclusions qui s'imposent..
Oncle Joe

[Papageno]

De toute façon, des qu'un texte plait, alors il est atypique, - forcement
Dire qu'un texte typique nous plait, ça fait ringard ! On a pas des têtes a lire des trucs typiques !


Cela dit , je n'ai pa lu "Sur les falaises de marbre" mais, de Junger, j'ai lu "Heliopolis"
et c'était pas mal - dans mon souvenir du moins - (parce Junger joue bien le jeu de la SF, contrairement à d'autres "Grand" auteurs).
c'est le seul que j'ai lu de lui !

[Lensman]

De toute façon, des qu'un texte plait, alors il est atypique, - forcement
Dire qu'un texte typique nous plait, ça fait ringard ! On a pas des têtes a lire des trucs typiques !


Cela dit , je n'ai pa lu "Sur les falaises de marbre" mais, de Junger, j'ai lu "Heliopolis"
et c'était pas mal - dans mon souvenir du moins - (parce Junger joue bien le jeu de la SF, contrairement à d'autres "Grand" auteurs).
c'est le seul que j'ai lu de lui !

D'accord sur "Heliopolis", c'est pas mal. Pas non plus extraordinaire.
Oncle Joe

[Papageno]

Pas non plus extraordinaire.

Oui, peut-être pas parfait, mais quand même très bon, avec un ton suffisamment diffèrent des textes de la SF classique, pour piquer ma curiosité.
D'ailleurs, quand je l'ai lu (vers 1980 je crois), je ne savait pas trop ou le situer - Je crois que je le prenait pour un récit de SF intéressant certes, mais pour un récit isolé de la littérature allemande.
Ce n'est que plus tard, quand j'ai lu le beau roman de Franz Werfel ("L'étoile de ceux qui ne sont pas nés") que Gerard Klein, dans un passionnant texte d'introduction, a mis les points sur les i en expliquant que le roman de Werfel ainsi que celui de Jünger appartenaient en fait a une tradition allemande de romans utopiques proche de la Science-fiction.
Ce fut pour moi, une réelle surprise car que j'ignorai tout de cette tradition!