bormandg a écrit :Le_navire a écrit :Lensman a écrit :bormandg a écrit :Mais qu'est-ce que cette discussion fait dans un fil sur la SF jeunesse? J'hallucine.
![Shocked :shock:](./images/smilies/icon_eek.gif)
C'est l'âge idéal, au contraire ! On y croit encore, à cette fable du plaisir sexuel !
Oncle Joe
Georges, j'ai une gamine de 13 ans à la maison. Tu veux que je t'explique la teneur de nos conversations ?
Et Tonton, viens, faut que je t'explique un truc...
Bref: les jeunes n'ont rien à f... des règles de la littérature jeunesse. Figure-toi que je le savais. Après tout ça ne fait pas encore de 50 ans que j'en ai eu 10...
Il n'empêche que ces règles existent et servent à distinguer la "littérature jeunesse" de la littérature adulte, non? Et, donc, à interdire aux jeunes de la lire....
![Twisted Evil :twisted:](./images/smilies/icon_twisted.gif)
En fait c'est important ce que tu dis là, parce que le vrai débat sur la littérature jeunesse est bien là.
D'un côté, on a une partie, minoritaire, mais extrêmement active, des acteurs de la littérature jeunesse : bibliothécaires, documentalistes, éditeurs (on a au moins deux éditeurs majeurs en jeunesse qui sont clairement dans une démarche chrétienne), cercles de lecture et associations de parents - pour qui la littérature jeunesse est en effet définie par le contrôle qu'on peut exercer sur elle.
Depuis quelques années on assiste d'ailleurs à un mouvement de fond qui n'est pas anodin : la loi de 49 étant fortement floue on ne peut pas s'attaquer directement aux textes qui parlent de cul. Mais les éditeurs qui le font sont souvent des éditeurs qui défendent l'idée de présenter aux jeunes des textes polémiques et qui sont le reflet des tensions qui traversent la société, y compris dans la vie de tous les jours des gamins. Alors on réactive la censure, comme dans l'affaire Thierry Magnier, il y a trois ans. On s'attaque à l'éditeur, surtout pour l'affaiblir et lui faire entendre que son travail n'est pas apprécié des associations bien-pensantes et qu'on a les moyens de le faire rentrer dans le rang. Ou au moins de lui rendre la vie difficile.
Mais heureusement, ça reste *encore* (mais pour combien de temps) un mouvement qui n'est pas majoritaire. Pour tous les autres, la littérature jeunesse n'est pas un moyen de contrôler les jeunes esprits ou de les détourner de la littérature adulte.
Elle est là pour offrir, en alternance avec des lectures adultes qui restent fondamentales, des thématiques et des questionnements plus proches de ceux que les jeunes peuvent avoir, spécifiques à l'adolescence, dont, selon moi, le plus important est : comment puis-je devenir adulte, m'insérer dans la société sans me retrouver à la marge, mais sans perdre non plus l'enthousiasme de la jeunesse, l'envie de faire changer les choses, la possibilité de garder intacte ma différence ?
N'oublie pas que c'est le plus important pour un ado : l'insertion dans un groupe où tout le monde se ressemble, mais sans jamais ressembler à un groupe plus large (avec des niveaux d'exigence différents selon les mômes : au pire, on est au moins différents de la génération de nos parents)
La littérature adulte parle rarement de cette thématique là, parce que ceux qui écrivent, et ceux à qui ils s'adressent, le plus souvent, ont déjà franchi cette étape et appris à s'insérer, ou à revendiquer leur différence en assumant les conséquences de leur choix.
Offrir des livres aux jeunes qui s'inscrivent dans cette démarche, c'est aussi leur offrir des pistes de réflexion pour qu'ils puissent s'interroger sur leurs propres problématiques, leur propre place dans la société : pas celle qu'ils auront demain, quand ils seront adultes, mais celle qu'ils ont maintenant, et comment ils vont la prendre en charge pour continuer à grandir en gardant les yeux ouverts sur le monde.