Le retour de la polémique.
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- Transhumain
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Bien évidemment, les critères idéologiques ne sont pas recevables, pour un document donné. Mais c'est plus compliqué. Une médiathèque s'inscrit sur un territoire et dessert une population. La politique documentaire doit en tenir compte. C'est une question d'équilibre, et d'adéquation à la fois aux missions générales et fondamentales des bibliothèques (telles qu'elles sont définies dans les grands textes nationaux et internationaux : Conseil Supérieur des bibliothèques, Unesco...), et à la réalité de la population desservie et des usagers. A ce titre, comme pour toute autre acquisition, le professionnel doit se demander : pourquoi ce livre ? Pour quel public ? Les critères établis par l'établissement et validés par les élus, sont-ils remplis ? Les médiathèques doivent répondre aux besoins, et encadrer les acquisitions - par des outils comme les chartes documentaires - de façon à éviter les dérives de tous bords : surreprésentation d'un courant politique, autocensure, etc. J'ai tout connu : élus qui veulent empêcher l'achat de romans à caractère trop sexuel, bibliothécaires anticléricaux en charge des acquisitions du fond religion, qui n'achètent que des livres très polémiques sur l'église, bibliothécaires qui n'achètent que des livres sur le judaïsme dans une ville très cosmopolite, bibliothécaires gauchistes ou réacs qui orientent les collections, etc.Thomas Geha a écrit :A moins que la médiathèque soit financée par l'Eglise Catholique, je ne vois aucune raison valable, non. Il me semble que la plupart des bibliothèques sont des lieux publics... enfin je dis peut-être des conneriesTranshumain a écrit :Hum. J'aime bien l'anticléricalisme, quand c'est Bunuel qui s'y adonne. Il faut du talent pour ça. Imaginez un mauvais roman pour ados qui montrerait un réseau d'ignobles rabbins ou d'horribles imams pédophiles, couverts par les plus hautes autorités. Comment réagiriez-vous ?... Seriez-vous choqués, alors, de voir une bibliothécaire, même un peu égarée comme celle-ci, s'interroger sur la pertinence de présenter de tels ouvrages dans la médiathèque d'une ville à forte population juive ou musulmane ?... ?peut-être que nous ne sommes plus dans un pays laïc qui pratique la séparation de l’Église et de l’État
Mais ça c'est AVANT l'achat. Normal de sélectionner, le porte-monnaie n'est pas sans fond. On peut discuter à l'envie les critères de sélection, le principe de sélectionner est normal.
Là c'est un cas où ça se passe APRES. (en simplifié, non pas une demande de ne pas mettre en rayon, mais de retirer des rayons.)
que j'approuve ou non ces choix, je peux comprendre le choix de privilégier certains achats par rapport à d'autres. Mais quand le choix est fait, c'est en rayon. Personne oblige à lire, personne ne devrait obliger à ne pas lire.
Là c'est un cas où ça se passe APRES. (en simplifié, non pas une demande de ne pas mettre en rayon, mais de retirer des rayons.)
que j'approuve ou non ces choix, je peux comprendre le choix de privilégier certains achats par rapport à d'autres. Mais quand le choix est fait, c'est en rayon. Personne oblige à lire, personne ne devrait obliger à ne pas lire.
Modifié en dernier par Sand le jeu. nov. 12, 2009 2:20 pm, modifié 2 fois.
à Lucie :
je pense que, au contraire, ça va donner aux auteurs l'envie de travailler avec moi
à Oncle Joe :
Bien sûr que je suis pervers, sinon je ne travaillerais pas en jeunesse
à Keff :
oui, les bouquins sont achetés et déjà exposés dans les médiathèques, et oui, les ados sont en train d'être mis au courant qu'on se fout de leur gueule.
Je le répète : la situation est explosive en ce moment dans le bassin de Rennes.
Enfin, un sursaut démocratique efficace, loin des pinaillages sur l'utilisation exacte du mot "censure" et autres "légitimités de l'Inspection académique"
je pense que, au contraire, ça va donner aux auteurs l'envie de travailler avec moi

à Oncle Joe :
Bien sûr que je suis pervers, sinon je ne travaillerais pas en jeunesse

à Keff :
oui, les bouquins sont achetés et déjà exposés dans les médiathèques, et oui, les ados sont en train d'être mis au courant qu'on se fout de leur gueule.
Je le répète : la situation est explosive en ce moment dans le bassin de Rennes.
Enfin, un sursaut démocratique efficace, loin des pinaillages sur l'utilisation exacte du mot "censure" et autres "légitimités de l'Inspection académique"
Elle est bonne celle-là. Les livres restant dans la sélection passent donc pour des trucs anodins enchantant les curetons. Merci. C'est vrai que je suis un grand enchanteur de curetons.nooKeff a écrit : Parce que les deux autres abordent des thèmes sales, parce que les livres avec des dragons et des princesses à sauver sont bien mieux à lire, surtout pour des ados au lycées ...
Keff.
Jérôme Noirez
- erispoe
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Pour l'instant, toujours aucune nouvelle info dans mon collège de la très proche périphérie rennaise... Notre documentaliste est absent, il est possible qu'il soit au courant. Je lui demanderai. Peux-tu m'indiquer l'adresse du site du co-organisateur ?nooKeff a écrit : Le livre n'a pas été écarté pour des raisons idéologique mais parce que le clergé, de peur de voir aborder le thème de la pédophilie au sein de l'église, dans les établissement privés, a fait pression sur l'académie.
(...).
Voici ce que met sur son site, un des co-organisateurs du prix :
En ce qui concerne une éventuelle pression de la direction de l'enseignement diocésain, elle est envisageable dans une académie où près d'un élève sur deux est scolarisé dans le privé...
Ouais, parce que si on commence à se préoccuper du sens exact des mots, où va-t-on ? On n'a qu'à simplifier, tiens : c'est la lutte du bien contre le mal. Je le précise à toutes fins utiles, même si c'est une évidence : je suis absolument contre l'exclusion de la sélection des deux titres incriminés. Mais ne tends pas à l'adversaire le bâton pour te faire battre. D'autant que l'efficacité du sursaut démocratique que tu invoques n'a pas encore été prouvée dans les faits.Denis a écrit : Enfin, un sursaut démocratique efficace, loin des pinaillages sur l'utilisation exacte du mot "censure" et autres "légitimités de l'Inspection académique"
Modifié en dernier par fabrice le jeu. nov. 12, 2009 2:34 pm, modifié 1 fois.
- Transhumain
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Je n'abomine rien ni personne, Denis. Je n'ai d'ailleurs pas rédigé de critique des Orphelins de Naja, que j'ai pourtant lu. Le problème est qu'on parle de censure à tort et à travers, alors que la réalité est généralement moins évidente. J'ai dit réserver mon jugement : ce qui signifie, est-il utile de le préciser, que ne connaissant pas les dessous de l'affaire (modalités d'organisation du Prix, modalités de retrait des deux livres incriminés), je ne prends pas position.Denis a écrit :Je vois que le Transhumain abomine toujours autant les romans de Nathalie Le Gendre. Après s'être rendu compte que Nathalie n'était nii Primo Levi ou Dostoïevski (voir sa critique de "49302" dans Galaxies 39), il découvre qu'elle n'est pas Bunuel. Quelle grande finesse critique !
Par exemple, je vois beaucoup de confusion ici. Peu importe le financement des médiathèques : si celles-ci ont acquis les livres de Nathalie et de Loïc, ni l'académie ni personne ne peut s'opposer à leur circulation dans le cadre habituel du service au public, sauf peut-être - et c'est là que s'arrête ma connaissance du dossier et des institutions de l'éducation nationale -dans le cadre scolaire : le Prix Ados émane-t-il de l'Inspection académique ? Rien n'empêche (sauf information contraire) les bibliothécaires rennais de prêter les deux livres aux jeunes usagers, dans le cadre du prêt individuel. En revanche, si l'Inspection interdit leur diffusion dans le cadre de partenariats entre les bibliothèques et les écoles, le prêter malgré tout aux collectivités (classes, CDI, etc.) relève de la faute professionnelle. Nous parlons d'un public particulier, les mineurs : le choix de ce qui rentre dans le cadre de la vie scolaire ne relève pas des éditeurs ou des élèves - qui peuvent cependant y être associés - mais de l'Education nationale. Dans cette affaire il y a manifestement dysfonctionnement : le retrait des livres du Prix Ados (est-il confirmé officiellement ?) aurait dû, le cas échéant, intervenir en amont. A ce stade, c'est plus stupide que choquant. Mais je le répète, tout dépend du fonctionnement du Prix. Pas facile de trouver des infos sur le net : quelqu'un peut-il nous résumer comment fonctionne précisément le Prix Ado ? Qui organise ? Dans quel cadre juridique ? Je crois avoir compris que l'école était partie prenante, mais pourriez-vous le confirmer ?
Les détails du montage, je n'ai pas.
En gros ce que j'ai compris (un des bouquins Navire a été finaliste) : le prix ado est tri-partite : association (dont des libraires), éduc nat, département.
On travaille donc entre libraires, profs, documentalistes, bibliothécaires et prescripteurs associatifs.
Tous les bouquins de l'année précédente sont éligibles, mais tous ne sont pas dispos dans toutes les médiathèques ou CDI. Une première sélection est faite sur les retours des mômes et ceux des intervenants : tous les livres de cette sélection sont accessibles et un deuxième tour de chauffe, limité aux retours des ados, fait une sélection resserrée de 10 ouvrages (celle dont on parle ici) qui seront cette fois-ci achetés par l'éducation nationale en plus grande quantité, de manière à ce que tous les mômes qui souhaitent les lire pour le choix final le puissent.
Par ailleurs ce prix est aujourd'hui le plus important de France, la participation énorme, y compris chez les gamins qui se retrouvent à plusieurs milliers à assister à la remise du prix. Tous les profs de français, les documentalistes de collège s'y retrouvent de facto associés à un moment ou à un autre.
Et le financement, partie département, partie educ nat, est plus que conséquent : il y a des petits fours et du champagne au conseil général, des auteurs et des éditeurs invités et reçus comme des princes (y compris dans le sens non monétaire du terme, d'ailleurs : les gens qui s'en occupent sont d'une immense gentillesse) une scène énorme avec des animations pour le jour-J, etc...
Voilà ce j'en connais...
En gros ce que j'ai compris (un des bouquins Navire a été finaliste) : le prix ado est tri-partite : association (dont des libraires), éduc nat, département.
On travaille donc entre libraires, profs, documentalistes, bibliothécaires et prescripteurs associatifs.
Tous les bouquins de l'année précédente sont éligibles, mais tous ne sont pas dispos dans toutes les médiathèques ou CDI. Une première sélection est faite sur les retours des mômes et ceux des intervenants : tous les livres de cette sélection sont accessibles et un deuxième tour de chauffe, limité aux retours des ados, fait une sélection resserrée de 10 ouvrages (celle dont on parle ici) qui seront cette fois-ci achetés par l'éducation nationale en plus grande quantité, de manière à ce que tous les mômes qui souhaitent les lire pour le choix final le puissent.
Par ailleurs ce prix est aujourd'hui le plus important de France, la participation énorme, y compris chez les gamins qui se retrouvent à plusieurs milliers à assister à la remise du prix. Tous les profs de français, les documentalistes de collège s'y retrouvent de facto associés à un moment ou à un autre.
Et le financement, partie département, partie educ nat, est plus que conséquent : il y a des petits fours et du champagne au conseil général, des auteurs et des éditeurs invités et reçus comme des princes (y compris dans le sens non monétaire du terme, d'ailleurs : les gens qui s'en occupent sont d'une immense gentillesse) une scène énorme avec des animations pour le jour-J, etc...
Voilà ce j'en connais...
Modifié en dernier par Le_navire le jeu. nov. 12, 2009 3:02 pm, modifié 1 fois.
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"
Denis a écrit :Transhumain et Fabrice, si vous n'existiez pas, il faudrait vous inventer
Pour pourrrir un débat et enterrer les choses essentielles vous êtes vraiment très forts.
On va dire que tu écris sur le coup de la colère (ce qui t'arrive souvent). En substance, Transhumain ne dit rien d'autre que : "attendons de savoir ce qui se passe exactement avant d'émettre un jugement définitif." Tout comme toi, tout comme moi, il est contre le principe de cette exclusion. Mais ça ne te suffit pas : il faudrait empoigner directement les fourches et les torches et galoper derechef au château sans même connaître le pourquoi du comment. Relax ! Tu permets qu'on laisse aux infos concrètes le temps d'arriver ?
Là, ça devient embarrassant.Denis a écrit :Je vous laisse dans votre sphère pseudo-littéraire.
Modifié en dernier par fabrice le jeu. nov. 12, 2009 3:00 pm, modifié 1 fois.
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