Page 2 sur 3

Posté : mer. oct. 16, 2013 3:32 pm
par marc
Eric a écrit :
marc a écrit :Si je comprends bien, un livre mal écrit peut être traduit et devenir un bon livre.
Non. Ça ce serait de la réécriture et ce n'est pas le boulot du traducteur (même si certains auteurs classiques de la SF ont largement bénéficié de traduction que l'on pourra, au mieux, qualifier de bienveillantes). Cela dit, ça peut, à l'occasion, être une demande de l'éditeur d'améliorer un peu la sauce, mais d'ordinaire, comme le disais Eons, ça se bornera à éliminer les erreurs de la VO quand le travail d'édition n'a pas été bien fait.

En revanche, un bon traducteur peut sauver les meubles.
Okay Eric. Cela me rassure car j'ai fait le choix de ne lire que les versions traduites en français, et pas les originaux.
On sait que la taille d'un livre diffère entre la version originale et sa traduction française. Est-ce une contrainte pour le traducteur? Ou bien traduit-il sans se soucier de la taille du livre?

Posté : mer. oct. 16, 2013 3:35 pm
par Herbefol
Non, je n'ai pas lu les deux. Mais j'ai eu droit à quelques extraits, choisis, de la VO et ce n'est tout simplement pas écrit en anglais, du moins un anglais correct. Il est assez probable que la traductrice a dû améliorer un peu le texte, ne serait ce qu'en respectant un minimum la grammaire française. Je me dis d'ailleurs que la traductrice a dû souffrir sur ce bouquin.

Posté : mer. oct. 16, 2013 5:45 pm
par bormandg
Herbefol a écrit :Non, je n'ai pas lu les deux. Mais j'ai eu droit à quelques extraits, choisis, de la VO et ce n'est tout simplement pas écrit en anglais, du moins un anglais correct. Il est assez probable que la traductrice a dû améliorer un peu le texte, ne serait ce qu'en respectant un minimum la grammaire française. Je me dis d'ailleurs que la traductrice a dû souffrir sur ce bouquin.
Pourquoi l'aurait-elle dû? Les lecteurs français de ce livre ne doivent pas être plus exigeants que les anglais, tu sais?

Posté : mer. oct. 16, 2013 5:51 pm
par Herbefol
bormandg a écrit :
Herbefol a écrit :Non, je n'ai pas lu les deux. Mais j'ai eu droit à quelques extraits, choisis, de la VO et ce n'est tout simplement pas écrit en anglais, du moins un anglais correct. Il est assez probable que la traductrice a dû améliorer un peu le texte, ne serait ce qu'en respectant un minimum la grammaire française. Je me dis d'ailleurs que la traductrice a dû souffrir sur ce bouquin.
Pourquoi l'aurait-elle dû? Les lecteurs français de ce livre ne doivent pas être plus exigeants que les anglais, tu sais?
Parce que c'est pas facile d'écrire mal quand tu as bien appris la grammaire ? :P
Ou parce qu'elle a un minimum de conscience professionnelle ?

Posté : mer. oct. 16, 2013 5:51 pm
par bormandg
marc a écrit : On sait que la taille d'un livre diffère entre la version originale et sa traduction française. Est-ce une contrainte pour le traducteur? Ou bien traduit-il sans se soucier de la taille du livre?
A part les changements de taille "standard", le fait que la traduction est en moyenne un peu plus longue que le texte d'origine, tu poses l'autre problème des contraintes éventuellement liées au format d'édition, qui peuvent imposer des coupures, ou exceptionnellement des délayages. Si on cherche une traduction "fidèle", je pense que la taille du résultat n'est pas prise comme une contrainte: l'éditeur fera avec la longueur obtenue. Mais si l'éditeur français prétend imposer la taille finale, la traduction sera donc affectée....

Posté : mer. oct. 16, 2013 5:54 pm
par bormandg
Herbefol a écrit :
bormandg a écrit :
Herbefol a écrit :Non, je n'ai pas lu les deux. Mais j'ai eu droit à quelques extraits, choisis, de la VO et ce n'est tout simplement pas écrit en anglais, du moins un anglais correct. Il est assez probable que la traductrice a dû améliorer un peu le texte, ne serait ce qu'en respectant un minimum la grammaire française. Je me dis d'ailleurs que la traductrice a dû souffrir sur ce bouquin.
Pourquoi l'aurait-elle dû? Les lecteurs français de ce livre ne doivent pas être plus exigeants que les anglais, tu sais?
Parce que c'est pas facile d'écrire mal quand tu as bien appris la grammaire ? :P
Ou parce qu'elle a un minimum de conscience professionnelle ?
Oui, il y a des traducteurs concernés. Gageons que ce ne sont pas toujours ceux que les éditeurs qui veulent vendre à des lecteurs non exigeants et ne pas payer trop cher la traduction embaucheront dans un tel cas... :twisted:

Posté : mer. oct. 16, 2013 6:11 pm
par PierrePaul
marc a écrit :On sait que la taille d'un livre diffère entre la version originale et sa traduction française. Est-ce une contrainte pour le traducteur? Ou bien traduit-il sans se soucier de la taille du livre?
Il y a longtemps eu la contrainte, notamment au sein du groupe Gallimard (à la "Série noire" et au "Rayon fantastique" et chez "Présence du futur"), de se conformer à une taille standard, 250 pages, en gros -- ça figurait en toutes lettres dans les contrats de traduction. C'est pour ça qu'il manquait, comme l'indiquait récemment le retraducteur d'un Jim Thompson chez Rivages, 24% du texte dans l'édition SN... Pour ça aussi que même des classiques comme la série de Fondation présentaient des coupures. Pour ça encore que certains gros PdF laissés plus ou moins intégraux, comme Un cantique pour Leibowicz (350 pages)... portaient un numéro double (le 46-47 pour la toute première édition, dans son cas). Quand les directeurs "historiques" de la SN et de PdF, Marcel Duhamel et Robert Kanters, s'en sont allés, ces conneries ont cessé peu à peu. La pratique a resurgi au Fleuve, sur les collections jdr (Lancedragon, Royaumes oubliés), ce qui fait aujourd'hui du pain béni pour Bragelonne qui ressort les versions intégrales.

Posté : mer. oct. 16, 2013 8:26 pm
par marc
Je ne faisais pas nécessairement référence aux textes coupés dans le passé, mais plutôt au fait qu'un texte de 100 pages en anglais fera systématiquement plus de de pages en français. Il y a toute la richesse du vocabulaire qui rend les textes plus longs. Mais est-ce une contrainte?

Posté : mer. oct. 16, 2013 9:26 pm
par PierrePaul
Bien sûr que non. Simple effet mécanique des différences lexicales entre l'anglais et le français. (Par ailleurs, certains traducteurs, comme certains écrivains, sont plus bavards que d'autres.)

Posté : mar. oct. 22, 2013 7:30 am
par Eric
Pierre-Paul le dit très bien, certains traducteurs sont plus économes que d'autres, mais en gros, on considère qu'une trad est 20% plus longue que l'original et ce n'est plus vraiment une contrainte.
PierrePaul a écrit :La pratique a resurgi au Fleuve, sur les collections jdr (Lancedragon, Royaumes oubliés), ce qui fait aujourd'hui du pain béni pour Bragelonne qui ressort les versions intégrales.
Et là, c'était presque plus par lucidité éditoriale qu'autre chose. Ces licences étant largement médiocres et n'étant, pour les groupes qui les publiaient, que des cash-machines, on se souciait assez peu de respecter l'intégrité du texte. À dire vrai, les coupes étaient même laissées à la discrétion du traducteur sur des critères purement personnels.

Posté : mar. oct. 22, 2013 8:10 am
par bormandg
Eric a écrit :Pierre-Paul le dit très bien, certains traducteurs sont plus économes que d'autres, mais en gros, on considère qu'une trad est 20% plus longue que l'original et ce n'est plus vraiment une contrainte.
PierrePaul a écrit :La pratique a resurgi au Fleuve, sur les collections jdr (Lancedragon, Royaumes oubliés), ce qui fait aujourd'hui du pain béni pour Bragelonne qui ressort les versions intégrales.
Et là, c'était presque plus par lucidité éditoriale qu'autre chose. Ces licences étant largement médiocres et n'étant, pour les groupes qui les publiaient, que des cash-machines, on se souciait assez peu de respecter l'intégrité du texte. À dire vrai, les coupes étaient même laissées à la discrétion du traducteur sur des critères purement personnels.
Ah le mépris du défenseur de la "vraie" SF! Et la largeur de médiocrité (dimension mesurée dans quel espace?) s'étendait-elle aux textes signés d'auteurs connus qui avaient besoin de revenus que ne leur fournissent pas leurs livres et qui, un jour, se verront reprocher les adaptations faites par les traducteurs sur des titres publiés sous leur nom?
Sérieusement, même si ces textes sans valeur spéculative éganienne pouvaient, pour le public visé, gagner à être très adaptés et reformatés, le moins aurait été, comme on fait pour certaines autres séries, de les publier sous nom collectif avec la mention "adapté d'un texte de..." que sous le nom de l'auteur original. Ceci est, après tout, un autre problème que celui de la "bonne" traduction. Nul ne prétend appliquer les critères de traduction aux Harry Dickson de John Flanders, pourquoi prétendre méler ces séries à une discussion sur la traduction?

Posté : ven. oct. 25, 2013 10:32 pm
par Eric
Il n'y avait pas d'autre jugement de valeur qu'implicite dans mes propos. Le fait est que ces séries n'étaient que des sources de revenus pour les éditeurs qui les publiaient et, en conséquence, elles ne se voyaient accordés qu'un travail éditorial minimal.

Et puis, soyons honnêtes, les auteurs connus qui panouillaient dans ses licences, ne se foulaient pas trop non plus.

Posté : sam. oct. 26, 2013 12:42 pm
par marc
Dans quelle mesure un auteur étranger peut intervenir sur une traduction ?
Exemple, un auteur anglo-saxon apprend que son livre va être traduit et édité en France.
Il connait le français, mais ne veux pas traduire son propre livre. Peut-il influencer la traduction?
PierrePaul a écrit :Bien sûr que non. Simple effet mécanique des différences lexicales entre l'anglais et le français. (Par ailleurs, certains traducteurs, comme certains écrivains, sont plus bavards que d'autres.)
Je me disais que cela devait tourner autour de 20 pourcents de textes en plus.
C'est bon de savoir qu'il y a des traducteurs qui sont plus bavards ! :)

Posté : sam. oct. 26, 2013 2:35 pm
par PierrePaul
Il peut. C'est souvent assez mal vu par l'éditeur français... Enfin, tout dépend de la manière dont l'auteur en question intervient. Ursula Le Guin a lu ma traduction du Dit d'Aka, je le sais. Ma modestie légendaire m'interdit de révéler ce qu'elle en a dit. ;)

Posté : mer. oct. 30, 2013 12:51 am
par Eric
En fait, peu d'auteurs anglo-saxons maîtrisent assez bien notre langue pour avoir un avis autre que purement consultatif.

Silverberg, par exemple, le lit juste assez bien pour se faire une idée de la qualité de la trad, mais pas beaucoup plus. Pierre-Paul, tu confirmes ?

Il y a des auteurs qui aident. Morrow par exemple se débrouille bien en français et ça m'est arrivé de coincer sur une abréviation maritime et, en désespoir de cause, je lui ai demandé (en anglais) ce qu'il avait voulu dire et il m'a très gentiment répondu en français.

Et puis il y a les auteurs (pas mal, en fait) qui s'en foutent et ne s'intéressent qu'au chèque de droits d'auteurs et aux éventuelles invitations dans des festivals en France. Une position qui, somme toute, se respecte.