Eric a écrit :Florent a écrit :
Et pour reprendre ton exemple, que je suis assez fou pour prendre au sérieux...
Faut pas ! Mais plus sérieusement, ce dont tu parlais avec cette histoire de twist final, c'est clairement l'héritage de Poe et de ses Histoires Extraordinaires. Je comprends que ça puisse lasser, mais à bien y songer, n'est-ce pas un peu la même chose avec les roman. En plus long bien entendu ?
Comme le disais Mélanie, la nouvelle est un exercice à part entière. Pas du tout un mini-roman. L'écriture en est très condensé, chaque phrase, chaque détail doit être peaufiné et servir à la fois l'intrigue et l'exposition. C'est aussi une remarquable école du non-dit et de la suggestion. C'est une plongée immédiate dans un univers, sinon, c'est raté.
Mais ça peut aussi être une occasion de simplement faire une peinture impressionniste, sans réel but dans l'histoire. Je pense à Kate Koja, par exemple, qui fait ça (trop) souvent. Juste quelques pages pour humer une ambiance. C'est un exercice qui serait vain en format roman.
Ca n'est pas tellement que ça me lasse, c'est surtout que j'ai besoin de croire à ce qu'on me raconte. Et quand on arrive au twist final, je me dis "Ah d'accord, tout ça, c'était uniquement pour être au service de la petite phrase qui tue à la fin". A la rigueur, je préfère une nouvelle sans révélation finale qui tue, mais qui se termine comme elle doit se terminer.
D'ailleurs, sur des appels à textes, j'ai déjà eu des réponses du genre "votre nouvelle est bien écrite, mais il n"y a pas de chute", comme si c'était vraiment le truc indispensable, qu'on se foutait des personnages ou de l'ambiance au profit d'une révélation parachutée à la fin...
Enfin bon, là je dérive carrément, mais voilà : pour moi, une nouvelle n'a d'intérêt que si elle s'inscrit dans un tout propre à un auteur, plutôt que des petites nouvelles indépendantes (je pense à Dick ou à Lovecraft). Tiens comme je suis maso : c'est pour ça que je n'accroche pas aux nouvelles de Matheson, une suite de nouvelles indépendantes entièrement construites autour d'une révélation finale tape-à-l'oeil mais sans justification.
« J’ai un projet, devenir fou. »
Charles Bukowski