Lensman a écrit :Erion a écrit : On parle du boulot réel entre éditeur et auteur. L'éditeur peut très bien savoir mieux que l'auteur ce qu'il faut faire, et seul l'auteur décide. Il arrive que l'auteur, se sentant investi du pouvoir des dieux, refuse toute suggestion de l'éditeur et que le résultat soit merdique, ou excellent. Ca se décide pas, a priori.
L'éditeur, c'est pas juste un correcteur orthographique perfectionné, ce n'est pas qu'un imprimeur non plus. Je connais des auteurs qui se sont fait engueuler par leur éditeur parce qu'ils écrivaient en-deça de leurs capacités.
Certes, si l'éditeur dit "ajoute une scène de cul, Coco, parce que ça fait vendre, c'est comme ça !", c'est un peu bizarre. C'est plutôt de ce cas de figure dont on parlait, du côté "argument automatique". en principe, si l'éditeur veut une scène de plus, il argumentent avec l'auteur, en lui expliquant pourquoi ça lui paraît mieux faire fonctionner son texte... enfin, je suppose que c'est comme ça...
Ce qui m'étonnait, c'était l'idée qu'un éditeur demande comme ça l'ajout "automatique" d'une scène de cul, comme ingrédient absolument indispensable dans un roman qui ne porte pas la mention "loi de 1949 sur les publication destinées à la jeunesse"...
(Bon, pour la BD, je n'y comprend plus rien, il y a des scènes de cul partout, maintenant...)
Oncle Joe
+1 avec Orion, encore.
Ne confondons pas deux choses : la demande de modification d'un texte pour des raisons bassement commerciales ("rajoute du sexe/violence/critiques antisarkozy, etc., coco, parce que ça fait vendre") et la demande de modification pour que l'histoire s'exprime à plein, parce qu'elle apparaît en l'état comme déséquilibrée aux yeux de l'éditeur, censé être un lecteur averti. Le déséquilibre est souvent "y'a trop de ..." mais il peut être aussi, (et ça arrive plus souvent qu'on le croit), un sentiment de manque : là, tu n'en dis pas assez, ça manque d'épaisseur, tu renâcles devant l'obstacle et ton ellipse n'est qu'un cache-misère. Donc l'éditeur demande parfois : cette scène en creux, que tu évites, j'aimerais que tu l'écrives. Elle n'est pas nécessairement gratuite, au contraire.
De même, quand Kathy Reich écrit un bouquin, c'est du police procedural, raconté du point de vue du médecin légiste, ce qu'elle est dans la vraie vie. Idem pour les bouquins de Cornwell. Tous les détails y sont, c'est le pacte de lecture et c'est comme ça. Le but n'est pas d'en faire trop, mais de donner un compte-rendu fidèle de la réalité. Après, on aime ou pas.
Idem, dans un autre genre, avec "La vie sexuelle de Catherine M". L'accumulation, dans ce qu'elle peut avoir d'ennuyeuse, fait partie du projet littéraire. On n'est pas obligé d'aimer ça, mais c'est cohérent d'un point de vue éditorial.
Quand un auteur décide d'écrire une histoire dont il ne maitrise pas l'ensemble des contextes, il n'est pas nécessairement le mieux placé pour savoir ce qui est nécessaire et ce qui manque. Le travail de gestion de l'information est terriblement compliqué et le regard des autres béta-lecteurs, avec au premier rang l'éditeur, permet parfois de se rendre compte qu'on s'est planté.
Pour la petite histoire, je suis en train de recommencer pour la quatrième fois une nouvelle. J'ai fait l'erreur de croire que c'était une nouvelle et que je pourrais exprimer ce que je voulais dire en vingt pages. Il m'en faudra sans doute soixante. J'ai donc jeté trois versions précédentes, non satisfaisantes, et je réécris tout. Et, oui, il y aura une scène de cul. Détaillée. Qui m'apparaît désormais comme nécessaire.