Le forum d'ActuSF.com

Pidop

J'ai bien conscience que mon post n'a peut-ête pas vraiment sa place ici mais je ne vois pas vraiment vers qui d'autre me tourner. Je me place un peu dans la lignée "Où publier...?" ou plutôt en amont.

J'ai envie d'écrire. Des histoires de S-F et de Fantasy, parce que, pour moi, elles nous permettent de nous évader, de rêver (même si elles peuvent se baser sur de vrais problèmes de société et/ou proposer de vraies réflexions de fond) et que je trouve ça fondamental.
En fait, c'est plus qu'une envie, puisque que j'écris déjà, et que j'ai envoyé quelques rares nouvelles dans des périodes de délire total où je les pensais abouties ou du moins présentables. Or force est de constater que non, ce n'était pas le cas. Je ne critique absolument pas les refus que j'ai eus, qui étaient tout à fait justifiés, je m'en rends compte à présent.

Mais ces quelques refus ont eu pour effet de me rendre incapable d'envoyer la moindre nouvelle à l'heure actuelle. Car même si ce que j'écris me plait, et que mon cercle de connaissance partage un avis plutôt positif, je finis toujours par bloquer. Est-ce que mon histoire n'est pas trop bateau? est-ce que mon style n'est pas tout pourri? est-ce que je ne vais pas faire perdre son temps à un éditeur déjà bien occupé en lui présentant un travail... nul, et que mes amis ont dit trouver sympa, parce qu'ils me connaissent et qu'ils veulent me faire plaisir?
Et j'en viens à retravailler pour la 50e fois les mêmes nouvelles, à changer trois virgules et deux mots, avec toujours cette angoisse que rien ne sera jamais assez bien pour mériter une publication.
Je suis morte de trouille. Pas d'un refus, parce que je suis parfaitement consciente qu'il faut en passer par là, sauf rares exceptions de génies littéraires. Mais d'un manque d'explications qui ne me permettrait pas de progresser.
Je sais bien que l'attitude la plus raisonnable ce serait d'envoyer et de voir, et de continuer et de persévérer... mais comment ne pas tourner en rond? comment ne pas retomber dans les mêmes erreurs qui rendent un texte impubliable? comment arriver à faire vivre des moments de bonheur à de potentiels lecteurs sans conseils, sans avis, sans évolutions?

Alors voilà, je me dis que peut-être certains d'entre vous connaissent-ils des structures où des échanges seraient possibles, ou ont connus des peurs semblables aux miennes... peut-être que vous pouvez m'aider... ou pas... bref, je vous demande conseil, parce que je me fais parfois l'impression d'être un poisson d'eau douce, lâché dans l'océan, à qui on répète qu'il peut aller où il veut, que le monde est vaste, mais qui ne sait pas trop vers où placer le premier coup de nageoire.

Merci, en tout cas, d'avoir pris le temps de me lire.

PS: Je suis de Lyon. Je précise juste pour le cas où... les cercles parisiens/bretons/... sont sans doute très très bien, mais la SNCF n'a pas encore exprimé la volonté de me sponsoriser. Ils sont mesquins, parfois.

C'est très intéressant ce que tu dis...
Je croyais être le seul dans ce cas, mais nous sommes au moins deux

Quoique je n'ai jamais vraiment osé envoyer mes écrits à un éditeur (sauf une nouvelle à Actusf).

Je ne sais pas s'il existe des structures pour aider les écrivains "débutants". Sinon, il y a peut-être moyen de monter quelque chose à plusieurs pour s'échanger nos impressions réciproques sur nos écrits ? Un genre d'atelier d'écriture virtuel ?

Salut,

Le Club Présence d'Esprit propose des ateliers d'écriture plutôt actifs. Il faudrait que vous voyiez auprès d'eux.

Vous pouvez aussi essayer l'analyseur de texte de Jean-Claude Dunyach. Attention, c'est pour Mactintosh OS 9 maximum (à quand une version windows ou Mac OS X, Jean-Claude? ). C'est un bon outil d'analyse statistique qui permet notamment de supprimer les répétitions.

A+

Patrice

Déjà Vesper, tu as la bonne démarche, à savoir persévérer dans tes envois, quitte à manger du refus, et ne pas se laisser décourager.

Bon, d'une manière générale, les potes ne sont pas les meilleurs juges. D'abord rarement ils osent te dire vraiment ce qu'ils pensent, et d'autre part, leur ressenti puet être intéressant, mais c'est souvent d'avis plus techniques que tu as besoin. C'est d'ailleurs ce que font les auteurs pros ou semi-pros, qui souvent, en fonction de leurs affinités, se font lire leurs textes, et attendent de leur confrères un regard purement technique.

Dans cette optique, effectivement les ateliers d'écrutures sont une bonne idée. Les jugements sont dénués d'affect, et chacun s'y confronte à ses propres difficultés mais vécues par les autres. Jérôme pourra peut-être te donner des coordonnées sur Lyon, mais pour les aspriants écrivains en région parisienne, Lionel le rédacteur en chef de Borderline en anime parfois. Il est exigeant et rigoureux, donc c'est parfait pour apprendre. Sur son site*, vous trouverez aussi quelques consignes de bon sens.

Ensuite, il y a quelques techniques de bases qu'il faut maîtriser. En ligne tu trouveras quelques liens intéressants qui vont surtout t'éviter de tomber dans les pièges classiques de l'écriture :

- L'excellent texte "Comment ne pas écrire des histoires"*, de Yves Meynard et qu'on trouve sur le site de la revue Solaris.

- Secrets de fabrication*, est un texte de Christophe Lambert qui est, là encore plein de sens.

- Jean-Claude Dunyach, encore lui, donne sur le sites de Galaxies, Quelques informations relatives à l'envoi de nouvelles...*, qu'il est toujours bons de garder à l'esprit.

- Et pour les lecteurs en anglais, l'hilarant A Workshop Lexicon* de Bruce Sterling donne, indirectement de précieuses indications.

Il y a en outre pas mal de bouquins écrit sur le sujet. J'en citerais deux :

- Comment écrire de la fantasy et de la science-fiction* de Orson Scott Card, récemment publié chez Bragelonne.

- La Dramaturgie de Yves Lavandier, qui est plus spécifiquement dédié à l'écriture pour le cinéma, mais regorge de tuyaux parfaitement applicables à la nouvelle, et notamment en ce qui concerne l'économie de moyens.

Enfin quelques conseils persos : Ne te prends pas la tête sur le style. Ça vient plus ou moins tout seul. Apprends à gérer le doute. Sans doute, pas de création. Et pour terminer, il faut savoir s'arrêter. C'est difficile, mais il faut toujours garder un minimum de recul, assez en tout cas pour dire "OK, c'est bon ! Ce texte est terminé !". A force de retravailler, il arrive un moment où on fini par défaire ce qu'on a fait, et revenir 40 ou 50 fois sur une nouvelle, c'est souvent mauvais signe.

Je reprend ici une liste de livres que j'ai ou qui me manque dans ma bibliothèque, qui sont orientés sur l'écriture.
Un topic sur l'écriture avait vu le jour sur Bragelonne, et j'avais déjà indiqué cette liste. Depuis lors, je l'ai complétée.

Quatre auteurs de SF/fantasy:
- Ecriture - Stephen King (poche)
- Comment écrire de la fantasy et de la science-fiction - Orson Scott Card (Bragelonne)
- Maitriser l'écriture de nouvelles - Damon Knight - (Ecrire aujourd'hui)
- Comment écrire des histoire - Elisabeth Vonarburg (Le griffon d'argile)

Ecriture:
- Le travail de l'écriture - Mathieu Gamard (Magnard)
- Je suis un écrivain - Gilbert Gallerne (Encrage)
- Technique d'écriture romanesque - Leon Surmelian (Ecrire aujourd'hui)
- Technique du récit et composition dramatique - Louis Timbal-Duclaux (Ecrire aujourd'hui)
- L'art de retravailler ses manuscrits - André Marquis (Ecrire aujourd'hui)
- Les italiques jubilatoires - Natalie Goldberg (Le souffle d'or)
- L'écriture du premier jet au chef d'oeuvre - Natalie Goldberg (Le souffle d'or)
- Ecrire : 350 techniques d'écriture créative - Faly Stachak (Eyrolles)
- Ecrire et être édité, guide pratique - Alain Berthelot (Ecrire aujourd'hui)
- J'écris mon premier roman - Louis Timbal-Duclaux (Ecrire aujourd'hui)
- Le travail du style littéraire - Louis Timbal-Duclaux (Ecrire aujourd'hui)
- Dictionnaire de l'écriture, des mots aux idées - U. Lacroix (Ecrire aujourd'hui)
- Le travail du romancier - Oakley Hall (Ecrire aujourd'hui)
- Ecrire des dialogues - Tom Chiarella (Ecrire aujourd'hui)
- Mécanismes des histoires romanesques Oakley Hall (Ecrire aujourd'hui)
- L'écrivain professionnel - Laurent Auduc (Ecrire aujourd'hui)
- Bien écrire de A à Z - Ted Oudan (Ecrire aujourd'hui)
- L'atelier d'écriture : éléments pour la rédaction du texte littéraire - Anne Roche Armand Colin)
- Le guide pratique de l'écrivain - Paul Desalmand (Leduc)
- Libérer son écriture et enrichir son style - Pascal Perrat (victoires)
- Savoir écrire un livre, un rapport, un mémoire - Charle Maccio (Chronique Sociale)
- Tout savoir sur les maisons d'édition - Victor Biuadjo (Ecrire aujourd'hui)

Policier
- Polar : mode d'emploi, manuel d'écriture criminelle - collectif (Encrage)
- Ecrire, guide pratique de l'écrivain avec exercices - Jean Guénot (?)
- J'écris mon premier polar - Louis Timbal-Duclaux (Ecrire aujourd'hui).

Scénario
- Ecrire un scénario - Michel Chion (Cahier du cinéma)
- Manuel pratique pour eEcrire un scénario de film - J.M. Roti (Top éditions)
- Ecrire son scénario - Maryse Léon-Garcia (Dixli - synopsis)
- Faire d'un bon scénario un scénario formidable - Linda Seger (Dixit)

Je pense qu'avec cette liste on a déjà suffisamment de références pour se faire aider dans l'écriture de nouvelles ou romans.
J'ajoute le site d'un éditeur spécialisé en écriture : http://www.ecrire-aujourdhui.com/

Bon... après, le truc c'est aussi d'oublier tout ça. Je veux dire par là de l'intégrer et de se lancer dans l'aventure, sans trop vouloir coller à la lettre.

Après, l'écriture est une matière artistique comme une autre, donc au final, c'est tout autant une affaire de sensibilité que de technique. On a facilement l'illusion que c'est une discipline plus accessible car à la différence de la musique ou de la peinture, nous maîtrisons tous plus ou moins bien les techniques de bases : écriture, grammaire, vocabulaire. Mais rien n'est plus faux.

C'est un art exigeant, ingrat et gratifiant tout à la fois et pour lequel on est taillé... ou pas. C'est un peu cruel à dire, mais il faut en être conscient. On peut ne pas avoir le sens des mots, tout comme certains n'ont pas et n'auront jamais l'oreille musicale ou l'œil du peintre. Et de même, qu'on peut être un esthète ou un mélomane averti, on peut être un lecteur érudit et sensible, mais ne pas être capable d'écrire une seule ligne potable.

C'est dur, mais c'est comme ça.

Attention, je ne dis pas que c'est ton cas. Je dis simplement qu'au delà de tout ce discours technique, il y a, avant tout, une dimension artistique qui est le présupposé de toute cette biblio/webographie.

...et sensible, mais ne pas être capable d'écrire une seule ligne potable.

Tout à fait, je suis exactement dans ce cas la, pratiquement incapable d’aligner deux phrases correctes. N’est pas écrivain qui veut!, le talent ça ne se décrète pas. C’est la vie! Comme disait Vonnegut.
Par contre le talent, c’est un condition nécessaire mais pas suffisante comme on dit en math, après il y a encore le travail!

Papageno a écrit :... après il y a encore le travail!

Rectificatif : Après il y a encore beaucoup de travail !

Eric a écrit :

Papageno a écrit :... après il y a encore le travail!

Rectificatif : Après il y a encore beaucoup de travail !

Je suis complètement d'accord et c'est bien pour cela que je me suis tournée vers vous. Savoir écrire ne suffit pas, et si, selon quelques retours, j'ose penser que cette condition ne me fait pas totalement défaut, j'avais énormément de mal à passer à l'étape suivante.

J'ai bien conscience que le fait de passer, repasser, rerere...repasser sur mes nouvelles n'est pas bon. C'est plus un moyen pour moi de retarder l'échéance de l'envoi, et surtout du côté laconique du refus.

Merci, donc, pour l'ensemble de ces références que je vais m'empresser de lire et les conseils que vous me donnez. Pour la peine, plein de poutoux à tout le monde.

Vesper a écrit :...plein de poutoux à tout le monde.

Jean-Claude ?

Vesper a écrit :J'ai bien conscience que le fait de passer, repasser, rerere...repasser sur mes nouvelles n'est pas bon. C'est plus un moyen pour moi de retarder l'échéance de l'envoi, et surtout du côté laconique du refus

Repasser sans cesse n'est pas conseillé. Après l'écriture d'un roman ou d'une nouvelle, il est préférable de se contenter d'un seul passage. Sans quoi on relira et on verra toujours des parties de textes qui ne conviennent plus.

Mmmoui...je ne pense pas qu'il y ait vraiment de règle sur le nombe de passages. Tout dépend aussi de ta manière d'écrire. Si tu brouillonnes ou pas, si tu es du genre à tout faire d'un jet pour ne pas oublier ce que tu as à dire, et qui travaille la forme après, ou si, au contraire, tu es le genre tailleur de pierre, qui reste dix minutes sur une phrase.

Le seul truc important, c'est de ne pas perdre de vue ce que tu voulais faire passer pour pouvoir te dire à un moment "OK, ça y est, je l'ai dit !".

Sinon, pour tous ses liens, on peut les multiplier à l'envie, il y en a des tonnes sur le net. Ça étonne parfois les gens, mais écrire une nouvelle ce n'est pas faire un tour de magie. On peut vous dire un million de fois comment faire, sans pour autant que ça vous permette d'en écrire une valable. Le mieux est d'en lire un ou deux bons, et de se lancer.

Salut,

En ce qui me concerne (même si mon avis a peu de valeur n'étant pas un pro), j'écris par petits bouts. des morceaux entiers viennent, tels quels: sur ceux là, en général, je n'ai jamais à revenir, j'en suis content d'emblée.
Ils viennent dans le plus complet désordre.
Ensuite, je créée les liens. C'est là qu'il y a du boulot, et c'est là que je sais que je suis le plus faible. Deux ou trois relectures (voire plus) sont nécessaire, et c'est souvent insufisant. On m'a souvent dit que ces passages là manquent d'épaisseur, l'aspect descriptif y étant perçu comme plus artificiel. Mais de moi-même, je n'arrive pas à procéder réellement à des lectures multiples: j'ai l'impression de connaître mon texte par coeur et ça me lasse assez vite.

A+

Patrice

J'oubliai: à mon travail, donc pour une revue d'histoire dont les articles sont rédigés par des universitaires, les articles font le plus souvent 2 voire 3 navettes (c'est allé jusqu'à entre les auteurs et moi (ou un autre membre de la rédaction). On bricole en permanence le style, les tournures de phrase, etc.
Comme quoi la rédaction d'un texte, même non littéraire demande beaucoup de travail.

A+

Patrice