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Posté : mar. nov. 29, 2011 6:22 pm
par Roland C. Wagner
Au fait, tout ce que je peux répondre sur la question du « recyclage » et de l'éventuelle novation, c'est monkey see, monkey do.

Et monkey il se trompe, des fois.

Posté : mar. nov. 29, 2011 6:41 pm
par dracosolis
Heliot a écrit :Pour la Horde, je ne sais pas, effectivement, mais je peux répondre pour la Lune... : ce premier roman est le fruit d'à peu près vingt années de lectures diverses et entremêlées, débutées avec les feuilletonnistes du XIX° et passées par la SF contemporaine et le roman noir, avec un brin de récit humoristique... Brassez le tout, et voilà ce qu'on obtient ! Alors oui, Georges a raison, on parvient quand même à pondre quelque chose de suffisamment original, parfois, pour se démarquer d'une production à un moment donné. Mais je reste persuadé que même Mary Shelley avait une vague idée d'où son Frankenstein lui est venu. Attention, quand je défends cette thèse, loin de moi l'idée d'atténuer la portée de l'oeuvre ou de dénigrer le boulot de l'auteur (je ne suis pas maso !). Je pense sincèrement que les emprunts assumés et habilement détournés, recomposés, torturés... sont les briques dont on fait les ouvrages les plus originaux. Mais ça n'engage que moi, bien sûr !
prométhée ?


bon sans rire bien sûr, mais quand je pense plagiat inconscient je pense pas à ça en fait
et c'est pas ça qui m'empêche de lire en phase écriture

Posté : mar. nov. 29, 2011 6:59 pm
par bormandg
Roland C. Wagner a écrit :Tu analyses trop, camarade romancier. 8)

Sinon, Georges, je ne vois pas en quoi La Horde est une création nouvelle. Des bouquins numérotés à l'envers, il y en a un certain nombre, non ? Des bouquins avec des tonnes de néologismes, j'en vois encore plus. Des bouquins avec des vents violents, ben c'est pas neuf non plus, et Cordwainer Smith avait fait quelque chose bien plus à mon goût sur le sujet. Quant au truc de fond, c'est du Nietzsche, me rappelle plus quoi au juste, ou alors c'est l'éternel retour, enfin bon. Et l'apologie de l'effort, c'est pas neuf non plus, c'était déjà à la mode dans les années 1930.

Ah oui, y a les zigouigouis pour reconnaître les narrateurs parce que l'auteur il a pas été fichu de les individualiser suffisamment par sa seule écriture.

Là, je pouffe.
Bien, comme j'ai dit, des sources plus ou moins partielles on peut toujours en trouver. Après tout, si on y veut, n'importe quel livre est une combinaison plus, ou moins nouvelles de 26 lettres, de chiffres et de signes typographiques plus oumoins anciens...
N'empêche que je ne mettrai pas La Horde dans la catégorié "resucées de recettes usées".
Que tu remarques que Damasio a utilisé des zigouigouis pour individualiser les persos quand tu ne l'as pas jugé nécessaire dans Rêves de Gloire lorsque tu t'es confronté à la même idée plus ou moins ancienne qui n'est ni l'essentiel de Rêves, ni l'essentiel de la Horde... je ne vois pas pourquoi monter ce point en épingle. Et vous n'êtes pas en concurrence, que je sache...

Ceci étant et pour revenir à l'idée générale, à la réponse de Johan...
Même si, comme le sous-titre de Frankenstein le rappelle, l'idée n'est pas totalement indépendante de réflexions anciennes (Prométhée, mais aussi Galatée, Golem, etc...), elle constitue quand même un objet nouveau dans le corpus des idées littéraires.
On ne peut pas ramener une fois pour toutes l'ensemble des écrits nouveaux à la réutilisation d'un nombre limité (dix, je crois) de schémas. Ca va au delà de la seule "originalité de traitement" que s'accorde Johan.

Posté : mar. nov. 29, 2011 8:24 pm
par Roland C. Wagner
bormandg a écrit :Que tu remarques que Damasio a utilisé des zigouigouis pour individualiser les persos quand tu ne l'as pas jugé nécessaire dans Rêves de Gloire lorsque tu t'es confronté à la même idée plus ou moins ancienne qui n'est ni l'essentiel de Rêves, ni l'essentiel de la Horde... je ne vois pas pourquoi monter ce point en épingle. Et vous n'êtes pas en concurrence, que je sache...
Évidemment qu'on n'est pas en concurrence, on n'est pas des sportifs. Enfin pas moi, en tout cas.

Mettre des symboles au lieu, par exemple, des noms des narrateurs, ben je ne vois pas trop l'intérêt. C'est une affèterie dans un roman qui, à mon goût, en contient déjà bien assez.

Maintenant, dire que je n'ai pas « jugé nécessaire » de mettre des zigouigouis me paraît un brin à côté de la plaque. Je veux dire, je n'y ai même pas pensé, ça n'a jamais été une option que j'ai envisagée lors de la conception de la structure. Pas plus que de dater les scènes, en fait. Ou même de donner des noms aux narrateurs. Ou encore de numéroter les chapitres.

Ne me dis pas que ce n'est pas essentiel.

Posté : mar. nov. 29, 2011 8:37 pm
par bormandg
Roland C. Wagner a écrit : Maintenant, dire que je n'ai pas « jugé nécessaire » de mettre des zigouigouis me paraît un brin à côté de la plaque. Je veux dire, je n'y ai même pas pensé, ça n'a jamais été une option que j'ai envisagée lors de la conception de la structure. Pas plus que de dater les scènes, en fait. Ou même de donner des noms aux narrateurs. Ou encore de numéroter les chapitres.

Ne me dis pas que ce n'est pas essentiel.
C'est essentiel pour bien comprendre ta démarche. Qui aboutit à un roman précis. Pas à un autre roman qi arait été écrit par quelqu'un d'autre. Du coup, limiter cette part de construction à une simple façon de réarranger les idées comme semble le faire Johan est totalement faux à mon avis.

Posté : mar. nov. 29, 2011 9:14 pm
par Soslan
Pour revenir à la question initiale, pour laquelle je ne doute pas qu'il existe autant de réponses que d'auteurs, et à laquelle je n'aurais d'autre prétentions que d'apporter ma vision toute personnelle de scribouillards amateur.

Mon témoignage sera un peu biaisié, car je ne suis pas précisément en phase d'écriture en ce moment, mais plongé jusqu'au cou depuis presque deux ans dans cette maladie douloureuse et bien connue qu'est le vertige de la page blanche. Et si je n'attribuerais certes pas ce vertige tout entier à la lecture, je constate dans mon cas un effet pervers de déconcentration.
Dans l'espoir de combattre le vertige, j'ai décidé d'abandonner mon projet en cours, un roman mal parti auquel j'essaye de donner une cohérence depuis quelque trois ans et demi, pour tenter de commencer un nouveau chantier que j'espère mieux maitriser. Pour cela, j'ai l'embarras du choix entre deux projets qui me hantent depuis l'adolescence, l'un SF, l'autre fantasy, et que dans l'idéal j'aimerais écrire en alternance en priant mes dieux pour que des publications suivent.
Le problème qui me bloque dans l'écriture, et qui dépasse la question de la lecture, c'est d'être incapable de me concentrer sur un roman sans penser au suivant ou à un projet parallèle. Là, mon objectif fixé et d'enfin commencer mon cycle SF, mais je ne peux m'empêcher de penser au cycle fantasy en même temps, et ce problème est encore compliqué par le fait que si le cycle fantasy a plutôt une intrigue continue que j'envisage dans sa globalité, le cycle SF fonctionne davantage par romans autonomes qui se font concurrence entre eux dans ma p'tite tête (depuis quelques mois, impossible de penser à autre chose qu'au troisième roman qui vient seulement de s'intercaler depuis cette période, l'enfer).

Ce en quoi la lecture complique l'affaire, c'est quand elles touchent, comme en ce moment, à ma grande passion des mythes...ce qui m'encourage systématiquement à dévier vers l'un des deux projets qui occupe ma p'tite tête, celui qui relève de la fantasy mythique bourrée de références, avec une tentation très forte de caser un peu tout ce que je peux glaner dans mes lectures en matière de mythes et légendes. Donc, en ayant théoriquement opté pour le cycle SF, le fait qu'en ce moment je ne retrouve très progressivement le goût à la lecture que par les recueils de contes du monde de Flies France, vient compliquer un vieux problème de déconcentration, qui n'aurait cependant pas forcément besoin de ça pour me coller à la peau (sinon ce serait trop simple, en ce moment je serais en train d'écrire de la fantasy).

Posté : mar. nov. 29, 2011 10:29 pm
par malkus
Autant de réponses que d'auteurs, certainement, comme tu le dis...

Même chose pour une page blanche d'ailleurs, non ? Chacun la sienne, et chacun ses raisons.
Mais sans trancher définitivement quant à ce que tu en dis, j'ai comme l'impression que tu as posé les termes d'une équation où il n'est pas vraiment question d'en sortir ... maintenant ce n'est qu'une impression sur des mots, je ne sais pas comment ça se passe en ton for intérieur.
J'imagine que ce n'est pas si évident quand on y est confronté depuis un moment, mais les idées n'ont pas l'air de te manquer ...

Posté : mar. nov. 29, 2011 11:20 pm
par Soslan
malkus a écrit : J'imagine que ce n'est pas si évident quand on y est confronté depuis un moment, mais les idées n'ont pas l'air de te manquer ...
Je crois bien en effet, soit dit en toute modestie.
Mais je crois justement pouvoir témoigner, parce que j'imagine qu'il doit y avoir plein de personnes qui ne s'en douterait pas, que le vertige de la page blanche n'est pas forcément lié au manque d'idée.
Dans mon cas ce serait plutôt leur surabondance qui est désastreuse : ça demande de la gestion tout ça. D'ailleurs il doit y avoir un rapport avec le fait que mes rares textes qui ont eu un droit a un avis détaillé, deux courtes nouvelles, ont été jugé trop confus...faut pas imaginer ce qu'il en est des deux romans également proposés à éditeurs, qui eux ont tout simplement écopé de réponses-types :roll:

Posté : mar. nov. 29, 2011 11:38 pm
par dracosolis
tu as tenté la soluce carnet, Sos' ?
(je veux dire un carnet par projet.
(plus le manus en cours)
quand une idée d'un autre projet te surgit tu la notes sur le carnet idoine et tu te remets au boulot principal ensuite?

Posté : mar. nov. 29, 2011 11:47 pm
par bormandg
Je vois d'ici la grande clairière qui va apparaître en Amazonie pour fabriquer tous les carnets nécessaires. :wink:

Posté : mer. nov. 30, 2011 8:47 am
par malkus
Soslan a écrit :
malkus a écrit : J'imagine que ce n'est pas si évident quand on y est confronté depuis un moment, mais les idées n'ont pas l'air de te manquer ...
Je crois bien en effet, soit dit en toute modestie.
Mais je crois justement pouvoir témoigner, parce que j'imagine qu'il doit y avoir plein de personnes qui ne s'en douterait pas, que le vertige de la page blanche n'est pas forcément lié au manque d'idée.
Dans mon cas ce serait plutôt leur surabondance qui est désastreuse : ça demande de la gestion tout ça.
Ce n'est pas la première idée qui me venait à propos de la page blanche, effectivement je ne voyais pas ça comme ça. D'ailleurs je ne suis pas sûr de bien comprendre de quoi il s'agit dans ce cas là. (plutôt que de te servir un " je crois que je comprends" !)
Même si de mon point de vue, la surabondance d'idées, parfois c'est un peu comme ne pas en avoir du tout, ou bien s'empêcher de se fixer sur au moins l'une d'entre elles ...

Posté : mer. nov. 30, 2011 6:42 pm
par Soslan
dracosolis a écrit :tu as tenté la soluce carnet, Sos' ?
(je veux dire un carnet par projet.
(plus le manus en cours)
quand une idée d'un autre projet te surgit tu la notes sur le carnet idoine et tu te remets au boulot principal ensuite?
Oui mais je suis de ces scribouillards (et je sais que je ne suis pas le seul) qui n'utilisent que leur cerveau comme carnet. Et je suis incapable de faire autrement. Déjà ce ne sont pas de simples idées qui me viennent en tête, ou en tout cas chaque idée est suivi immédiatement de réarrangements d'intrigues pour la caser, de scènes revisitées voire inédites mais entière, de récitation de style dans ma tête comme si j'écrivais déjà.
Mes chevilles vont souffrir, mais je crois que mon cerveau va trop vite pour un carnet. Donc je garde l'ancienne méthode, qui a quand même réussi sur deux romans qui ont été achevé à une époque, même si je n'ai pu m'empêcher de les remettre en chantier.

Posté : mer. nov. 30, 2011 9:03 pm
par bormandg
Soslan a écrit :
dracosolis a écrit :tu as tenté la soluce carnet, Sos' ?
(je veux dire un carnet par projet.
(plus le manus en cours)
quand une idée d'un autre projet te surgit tu la notes sur le carnet idoine et tu te remets au boulot principal ensuite?
Oui mais je suis de ces scribouillards (et je sais que je ne suis pas le seul) qui n'utilisent que leur cerveau comme carnet.
Merci pour la forêt amazonienne...

Posté : jeu. déc. 01, 2011 2:36 pm
par Eric
Soslan a écrit :Le vertige de la page blanche n'est pas forcément lié au manque d'idée.
Dans mon cas ce serait plutôt leur surabondance qui est désastreuse
Dans ce cas là, il n'y a qu'une seule chose à faire : écrire.
Donne-toi de la matière et apprend à faire le tri.

Posté : jeu. déc. 01, 2011 2:53 pm
par bormandg
Eric a écrit :
Soslan a écrit :Le vertige de la page blanche n'est pas forcément lié au manque d'idée.
Dans mon cas ce serait plutôt leur surabondance qui est désastreuse
Dans ce cas là, il n'y a qu'une seule chose à faire : écrire.
Donne-toi de la matière et apprend à faire le tri.
Et si c'est pour répondre encore une fois que tu essayes de faire le tri de tête, eh bien dis toi que tu sais pourquoi tu n'es pas un écrivain. Moi non plus, d'ailleurs, pour la même raison. Entre autres. 8)