Factuellement, tu as raison, mais ce n'est pas la philosophie du fanzine.Cibylline a écrit :
C'est le cas des petits éditeurs, ils ne sont pas rentables et sont loin de payés des employés...
Dans le cas de l'édition professionnelle (y compris le petit éditeur), le but est d'avoir une affaire qui tourne (le fait de ne pas pouvoir y arriver, hélas, est un autre problème). Il FAUDRAIT que ce soit rentable.
Dans le cas du fanzine, c'est sans gravité. Les défauts n'ont pas la même importance: le fanzine est fait uniquement pour amuser ceux qui le font (quand je dis "amuser", c'est au sens large, il y a des jeux graves). On publie les textes et les dessins des copains et copines, parce que ce sont des copains et des copines qui partagent la même passion, MEME si on sait que ce n'est pas terrible (bien sûr, il y a tout de même des limites, encore que quand tu vois certains fanzines, tu constates que les bornes franchies, il n'y a plus de limite...)
Un fanzine, c'est un truc de copains (parfois un truc solitaire, d'ailleurs). On ne publie pas les gens qui ne sont pas des copains, avec lesquels on n'a pas d'atomes crochus (le fanzinat, c'est passionnel, au sens sentimental du terme), alors que dans l'édition professionnelle, c'est parfaitement légitime (je ne dis nullement que c'est agréable).
Le fanzine est totalement libre: ses seules limites sont celles des délires de ceux qui y participent. Pour le meilleurs et, soyons justes, le plus souvent pour le pire... Mais c'est bien.
Alors, bien sûr, et c'est heureux, il y a plus que des passerelles entre ces deux mondes. Des pros comme Gérard Klein, Jacques Chambon (il nous manque bien, celui-là), Gilles Dumay, Pascal Godbillon (le dictateur de Folio SF), etc, etc, ont participé à des fanzines, et parfois continuent à y participer. Ecrivains, directeurs de collection, traducteurs, essayistes, illustrateurs, dessinateurs (tiens, Caza, ou Guillaume Sorel, par exemple).
Et je t'accorde bien volontiers qu'une partie de l' "esprit fanzine" peut souffler sur certaines publications pro, par exemple, dans un revue remarquable comme "Bifrost". Mais une partie seulement. Il y a des limites à ne pas franchir: si c'est trop un truc de copains, ça ne marchera pas, il faut penser au public, aux relations avec les autres professionnels, c'est la clé absolue du professionnalisme, et ça n'a rien de facile. "Bifrost" a suffisamment de grandes qualités pour que ses gènes fanzinesques ( le gène de la déconnade type cour de récréation, dans son cas) ne soient nullement dominants.
Nous coupons les cheveux en quatre, ou plutôt nous sommes sur des frontières subtiles et mouvantes. Mais ce n'est pas parce qu'elles sont subtiles et mouvantes qu'elles n'existent pas.
Oncle Joe