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Posté : mar. févr. 02, 2010 11:33 pm
par bormandg
IFF a écrit : De manière générale, je ne conçois pas qu'on puisse donner son travail pour rien, même si on a pris du plaisir à le faire. Un défaut de l'aspirant écrivain, je trouve, proche de l'attitude du stagiaire ravi de bosser à l'oeil ou presque pour son magazine/chaîne de TV/radio/... préféré(e). Disons que ça peut être sympa. Un temps. Et encore.
Indépendamment du plaisir, il y a le problème du travail; Dans le cas des stagiaires le qualificatif est certainement approprié: ils ne font pas ce qu'ils veulent, mais ce qu'on leur demande de faire. Dans le cas de l'écrivain, sauf cas exceptionnel (travail sur commande, ou sur contrat), c'est beaucoup moins certain.
Maintenant, qu'après avoir fait une oeuvre, qui a demandé du temps et de l'effort même si personne, a priori, ne te l'a demandée ou imposée, que tu ne veuilles pas donner le fruit de ton effort pour rien, c'est autre chose, parfaitement compréhensible.

Posté : mar. févr. 02, 2010 11:38 pm
par IFF
"Comment se faire éditer chez XXX, spécial SFFF"

Déjà fait peut-être ?

Bon, si on élimine les maisons d'édition qui refusent les "manuscrits non sollicités", ça réduit la liste.

Posté : mar. févr. 02, 2010 11:56 pm
par Eric
D'accord avec ça, avec un bémol : Pelot, je crois, à qui on reprochait d'avoir trop publié, et surtout trop de choses différentes, d'où un manque de visibilité/une dilution de la "marque" Pelot, en particulier dans le champ marketing de la littérature blanche (aussi : trop connoté auteur de genres...).

Encore une fois, parler d'image de marque, de marketing et de marché est cohérent avec une analyse de l'écriture comme activité économique, s'inscrivant dans un marché, avec des produits, des clients, des stratégies de vente et d'image. Gestion, compta... aussi, le côté "je gère mon business". Tout ça, je ne l'avais pas fait, pas suffisamment, il y a quelques années, en créant une SARL de presse. Et wham! dans ma gueule.
Ce qui ne veut pas dire "je ne compte pas, c'est pas mon steak", car ceux avec qui tu travailleras (éditeurs, distributeurs, libraires, organisateurs de salons...) ne le font pas par philanthropie. Donc ta question est bien posée, il ne faut pas l'éviter, juste changer de casquette : un jour j'écris, je suis l'artiste fou les cheveux ébouriffés par le vent furieux de la création, le lendemain je négocie le contrat à tête reposée, sans hargne ni béni-oui-ouisme.
Je mets ta citation et celle de Don en parallèle, parce qu'elle amènent à une idée qui parfois déplaît quand elle exprimée aussi directement, c'est celle qu'une carrière littéraire, ça se pense et ça se gère.

Au temps donc pour la jolie image d'Epinal de l'art pour l'art, mais dès l'instant où tu envisages de vivre un temps soit peu de ta plume, où du moins d'acquérir assez de visibilité pour pouvoir continuer à être publier, tu dois envisager tes projets sur le long terme, savoir capitaliser tes idées, apprendre à t'écouter et sur un plan plus matériel, à savoir te mettre en valeur. Bref, il te faut aussi savoir savoir gérer ton image et tes projets.

Posté : mer. févr. 03, 2010 12:39 am
par IFF
bormandg a écrit : Indépendamment du plaisir, il y a le problème du travail; Dans le cas des stagiaires le qualificatif est certainement approprié: ils ne font pas ce qu'ils veulent, mais ce qu'on leur demande de faire. Dans le cas de l'écrivain, sauf cas exceptionnel (travail sur commande, ou sur contrat), c'est beaucoup moins certain.
Maintenant, qu'après avoir fait une oeuvre, qui a demandé du temps et de l'effort même si personne, a priori, ne te l'a demandée ou imposée, que tu ne veuilles pas donner le fruit de ton effort pour rien, c'est autre chose, parfaitement compréhensible.
Personne, en effet, ne force un aspirant écrivain à fournir un effort, à réaliser un travail qui, s'il est heureux, donnera une oeuvre. On peut très bien écrire pour soi, ses proches, sans envisager de monnayer ses textes. On peut aussi introduire dès le départ un objectif économique dans son activité d'écriture.

Un éditeur et un écrivain font partie d'un même système économique, soumis au mécanisme de l'offre et de la demande. L'écrivain rend publique son offre sur le marché, ie le produit de son travail (ses textes). Parallèlement l'éditeur fait savoir (avec un degré de précision variable) qu'il serait preneur de tel ou tel produit. Ensuite, la demande rencontre ou non l'offre (dans ce sens), mais on a bien affaire à deux agents économiques en interaction, pas à un quémandeur-écrivain et un pourvoyeur-éditeur. Sans livres, l'éditeur fait faillite. C'est d'ailleurs pour ça qu'il en passe commande. Et que l'écrivain peut se prévaloir d'un pouvoir. A lui de manier habilement ce levier d'Archimède.

Evidemment, personne n'a forcé les deux Steve à concevoir, faire fabriquer et distribuer l'Apple I dans quelques boutiques de Palo Alto. Pourtant il l'ont fait, y ont consacré du temps, des efforts, du travail. C'était leur oeuvre et personne, au départ, ne leur avait demandé quoi que ce fut. Et j'imagine qu'ils étaient fiers de leur oeuvre, de cette machine, malgré son look rustique. Mais ils ne l'ont pas remisée sur une étagère de leur garage. The american dream is not dead, Mr. Wagner.

Posté : mer. févr. 03, 2010 12:56 am
par IFF
Eric a écrit :
(...) une carrière littéraire, ça se pense et ça se gère.

Au temps donc pour la jolie image d'Epinal de l'art pour l'art, mais dès l'instant où tu envisages de vivre un temps soit peu de ta plume, où du moins d'acquérir assez de visibilité pour pouvoir continuer à être publier, tu dois envisager tes projets sur le long terme, savoir capitaliser tes idées, apprendre à t'écouter et sur un plan plus matériel, à savoir te mettre en valeur. Bref, il te faut aussi savoir savoir gérer ton image et tes projets.
Yep.

Pour les intéressés (et anglophones), feuilleter le Freelancer’s Survival Guide de Kristine Kathryn Rusch, déjà signalé sur ActuSF.

Posté : mer. févr. 03, 2010 7:28 am
par Roland C. Wagner
Eric a écrit :Au temps donc pour la jolie image d'Epinal de l'art pour l'art, mais dès l'instant où tu envisages de vivre un temps soit peu de ta plume, où du moins d'acquérir assez de visibilité pour pouvoir continuer à être publier, tu dois envisager tes projets sur le long terme, savoir capitaliser tes idées, apprendre à t'écouter et sur un plan plus matériel, à savoir te mettre en valeur. Bref, il te faut aussi savoir savoir gérer ton image et tes projets.
Ne mélange pas tout.

Bien sûr qu'il faut savoir gérer ses projets. Comme dans n'importe quel boulot. Et aussi faire attention aux sous. Pare que les sous, ça va, ça vient.

Par contre, l'image, c'est précisément ce dont on peut se passer dans ce métier.

Posté : mer. févr. 03, 2010 8:47 am
par Don Lorenjy
Roland C. Wagner a écrit : Par contre, l'image, c'est précisément ce dont on peut se passer dans ce métier.
Par réflexe, j'aurais dit "essaie donc de faire lire un bon manuscrit chez un éditeur si tu as une image de merde", mais venant de quelqu'un avec ton expérience, je me dis que tu dois avoir raison.

Donc je transpose : "essaie donc de faire lire un manuscrit de merde chez un éditeur si tu as une bonne image" et c'est vérifié, tu as raison. Une bonne image on s'en fout, ça rachète pas les bouses...

Posté : mer. févr. 03, 2010 9:12 pm
par IFF
Roland C. Wagner a écrit : Par contre, l'image, c'est précisément ce dont on peut se passer dans ce métier.
Je ne comprends pas. Un éditeur se fout totalement de l'image que tu as ? Imaginons que d'Ormesson écrive un texte de SF. Est-ce qu'il trouverait preneur au Bélial ? Chez Rivière Blanche ? Oksana, 1. D'Ormesson, 0.

Posté : mer. févr. 03, 2010 9:41 pm
par erispoe
/ HS /

Et pourquoi pas d'Ormesson ?
La gloire de l'empire (que je n'ai pas lu), ce n'est pas une sorte de fantasy uchronique ?

L' "image" d'auteur de littérature blanche serait un repoussoir pour les éditeurs de genre ?
Bragelonne a bien publié Maurice Druon et Folio SF a repris Un animal doué de raison, de Robert Merle.

Je ne suis pas sûr que les éditeurs de genre soient méfiants lorsqu'il s'agit de publier des oeuvres d'auteurs marqués "hors-genre" (encore que ce positionnement ne soit peut-être pas toujours si clair au moment où lesdits auteurs ont écrit les romans en question).

/ HS /

Posté : mer. févr. 03, 2010 9:45 pm
par bormandg
erispoe a écrit :Et pourquoi pas d'Ormesson ?
La gloire de l'empire (que je n'ai pas lu), ce n'est pas une sorte de fantasy uchronique ?
Une sorte, à laquelle il manque toutes les qualités qu'exigerait un éditeur de fantasy. C'est vrai que D'Ormesson, avec son image de "littérateur de talent mainstream' peut faire publier en tant que mainstream une bouse de fantasy.

Posté : mer. févr. 03, 2010 9:47 pm
par erispoe
Oups, Georges a répondu plus vite que je ne le pensais.
J'ai entre temps édité mon message pour préciser un peu ma pensée...

Posté : mer. févr. 03, 2010 10:53 pm
par bormandg
erispoe a écrit : L' "image" d'auteur de littérature blanche serait un repoussoir pour les éditeurs de genre ?
Bragelonne a bien publié Maurice Druon et Folio SF a repris Un animal doué de raison, de Robert Merle.

Je ne suis pas sûr que les éditeurs de genre soient méfiants lorsqu'il s'agit de publier des oeuvres d'auteurs marqués "hors-genre" (encore que ce positionnement ne soit peut-être pas toujours si clair au moment où lesdits auteurs ont écrit les romans en question).
/ HS /
J'ai très peur pour le Maurice Druon... si c'est le (auto-censuré) auquel je pense, ils auraient pu éviter.
Pour le Robert Merle, il supporte assez bien la comparaison avec les oeuvres publiées par les auteurs spécialisés. Mais là, c'est un titre qui a été accepté après appréciation, pas seulement au vu de l'image de l'auteur.
N'oublions pas que la SF revendique des oeuvres qui ont certainement été écrites "hors genre", à commencer par Frankenstein, Brave New World ou 1984.
Le débat pour savoir si La Route est ou non de la SF porte sur le problème de savoir s'il respecte les normes de qualité de la branche.

Posté : jeu. févr. 04, 2010 6:12 am
par dracosolis
le druon, ce sont les mémoires de zeus, j'avais adoré petite, mes gamins itou (j'entends mes élèves là)
en tout cas, il est à peu près sûr qu'un auteur qui se "disperse" (je mets les guillemets à dessein) dans plusieurs genres pose un problème (cf Brussolo qui n'a pas seulement écrit des conneries mais en a dites aussi, néanmoins, il reste un des grands de la sfff -- même ses polars ont quelque chose de barré profondément sfff --- on sent toujours que TOUT peut arriver dans un roman de ce mec, que la réalité ne tient qu'à un fil et supplie pour basculer, même en blanche -- genre "la maison de l'aigle")
d'abord pour les représ et distributeurs qui ne savent pas où le coller (ça ça les dérange, si si, ils adorent les étiquettes les distributeurs et les représ, encore plus que nous, et d'ailleurs... hum je me laisserai glisser sur ce terrain 8) )
ensuite pour les lecteurs:
le lecteur retrouve son auteur favori comme un vieil ami et lui demande souvent plus ou moins consciemment de pouvoir retrouver les émotions rencontrées dans le livre d'avant alors si on passe brutalement d'une plage de Normandie en pleine débacle et des fours crématoires à un dauphin américain sauvant la planète, ben il vaut mieux sortir en blanche et n'assumer rien ^^
(et s'appeler Merle)

Posté : jeu. févr. 04, 2010 9:12 am
par Transhumain
bormandg a écrit :
erispoe a écrit :Et pourquoi pas d'Ormesson ?
La gloire de l'empire (que je n'ai pas lu), ce n'est pas une sorte de fantasy uchronique ?
Une sorte, à laquelle il manque toutes les qualités qu'exigerait un éditeur de fantasy. C'est vrai que D'Ormesson, avec son image de "littérateur de talent mainstream' peut faire publier en tant que mainstream une bouse de fantasy.
Je doute que le public visé soit celui de Feist ou de Robin Hobb. Je doute fort que D'Ormesson ait écrit un roman de fantasy. Je doute tout aussi fort que les éditeurs de fantasy aient des exigences de qualité supérieures à celles de Gallimard.

Posté : ven. févr. 05, 2010 12:22 am
par IFF
erispoe a écrit :/ HS /

/ HS /
HS c'est pas grave, vu le sujet et son point sensible (parler d'argent n'attise pas les langues (!?)). Special big up à Eric, Don Lo et RCW qui ont joué le jeu.

Quant aux épousailles morganatiques de la littérature blanche et de la SFFFFFFFFFFFF, à leurs scènes de ménage régulières, bah... bof, finalement. Que chacun écrive ce qui le botte. Que chacun se revendique "écrivain de" si ça lui chante - ou écrivain sans particule ; ou auteur, écriveur, écrivaillon, pisse-copie, plumitif, prolétaire du Verbe...

Et si vous êtes perdu, faites comme le monsieur.

Image
Mon nom de moi il est Victor Hugoogle

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