Lensman a écrit :
Exprimé plus radicalement: si nous subissons une manipulation mentale, nous ne pouvons pas désigner la manipulation en question.
Je ne cherche pas à sous-estimer l'efficacité du marketing, mais ce n'est pas de la manipulation mentale.
Oncle Joe
Ne sous-estimons pas le fait que les personnes ayant le plus intérêt à présenter la publicité ou le marketing comme de la manipulation mentale, ce sont les publicitaires eux-mêmes. C'est un bon argument de vente que de dire "voyez, peu importe votre produit, j'arriverai à le fourguer avec des tours de passe-passe".
En réalité, les qualités intrinsèques des produits entrent énormément en ligne de compte.
Cela fait des dizaines d'années, en science politique, qu'on essaie de mesurer les effets des débats télévisés ou des sondages. Pour résumer grossièrement, l'effet ne joue pas sur plus de 5%. Les débats télévisés ont pour effet de renforcer les convictions, et les sondages ayant une marge d'erreur de + ou - 4%, leur effet est négligeable.
Le contentieux électoral a une approche de la propagande qui est cohérente à ce sujet. Les tracts de dernière minute, les propos douteux ou mensongers ou diffamants, font partie du contentieux au même titre que la fraude électorale.
Quelle est la jurisprudence en la matière ? On ne remet en cause les résultats électoraux QUE si l'écart est infime entre les candidats. C'est-à-dire que le juge électoral considère que toutes ces manipulations n'ont qu'un impact marginal sur les choix des électeurs.
Mon prof de droit électoral en avait conclu que si vous voulez frauder, il faut le faire en grand, pas se contenter de 10 ou 100 voix, mais directement 1000 ou 5000 voix (faut avoir les moyens).
En réalité, les campagnes se mènent sur les enjeux, sur la capacité des candidats à traiter les enjeux qui intéressent les électeurs, beaucoup plus que sur les petites manoeuvres. Et ça ne joue que sur une petite frange de l'électorat, pas sur la totalité.
Par conséquent, attribuer le succès d'une oeuvre, d'un produit, de tout ce qu'on veut, uniquement à de la manipulation mentale qui s'appellerait "marketing", c'est se tromper lourdement sur les ressorts d'un succès. Il faut que le produit soit "bon" pour qu'il se vende, et ça, le marketing n'y peut rien.
(et si je mets le qualificatif bon entre guillemets, c'est que c'est un sujet bien vaste et qui dépasse de loin le cadre de ce fil)