La suggestion vs l'explicite

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bormandg
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Message par bormandg » dim. nov. 07, 2010 9:53 pm

Florent a écrit :Bon pas de panique, on va créer un fil sur Buffy...
Auquel ni toi, ni moi, ne renrons visite. :wink:
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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Eric
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Re: La suggestion vs l'explicite

Message par Eric » dim. nov. 07, 2010 11:55 pm

Sybille a écrit : Si tu veux que le lecteur trouve ton héros sympatoche, c'est raté s'il fait un truc qui choque.
Ah mais justement, c'est là que ça commence à être intéressant de jouer.

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Florent
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Message par Florent » lun. nov. 08, 2010 7:54 am

Ca dépend. En ce moment je finis Dehors les chiens les infidèles. Les "héros" se comportent comme des ordures, mais pourtant ils ne sont pas antipathiques, car l'auteur parvient à les humaniser et à expliquer leurs motivations.

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Sybille
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Re: La suggestion vs l'explicite

Message par Sybille » lun. nov. 08, 2010 8:21 am

Eric a écrit :
Sybille a écrit : Si tu veux que le lecteur trouve ton héros sympatoche, c'est raté s'il fait un truc qui choque.
Ah mais justement, c'est là que ça commence à être intéressant de jouer.
Ben, pas forcément.

Autre chose à laquelle je pensais en prenant mon petit déj' : les fins des histoires. Quand la fin est suggérée, le champ des possibles devient infini, chaque lecteur peut se réinventer la suite des aventures des héros.
En fait, je me disais que j'aimais à la fois la nouvelle et à la fois le suggéré car les deux vont bien ensemble : sur une courte distance, tu poses des éléments pour que le lecteur invente son histoire.
'fin, perso, hormis dans mes nouvelles à chute, j'aime bien ne pas écrire de fin. J'ai des lecteurs que ça agace, mais on ne peut pas satisfaire tout le monde :wink:

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Lensman
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Message par Lensman » lun. nov. 08, 2010 8:46 am

Un truc qui continue à me suprendre, c'est que beaucoup d'écrivains n'écrivent pas la fin d'un roman en premier. Si j'était écrivain, c'est ce que je ferais, pour que le lecteur termine sur un truc super travaillé, dont il va se souvenir. C'est fou le nombre de bouquins qui se terminent en queue de poisson...
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Julien d'Hem
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Message par Julien d'Hem » lun. nov. 08, 2010 8:59 am

Sybille a écrit :Buffy, saison 6, épisode musical
Le rideau tombe sur Buffy et Spike qui s'embrassent passionnément.
Les épisodes suivants sont super réussis.
Oui certes, mais ces épisodes sont super réussis parce que Spike et Buffy ne s'aiment pas, ou du moins pas encore...
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Re: La suggestion vs l'explicite

Message par Mélanie » lun. nov. 08, 2010 9:19 am

Eric a écrit :
Sybille a écrit : Si tu veux que le lecteur trouve ton héros sympatoche, c'est raté s'il fait un truc qui choque.
Ah mais justement, c'est là que ça commence à être intéressant de jouer.
Assez d'accord là-dessus. En tant que lectrice, je préfère un raté de ce genre plutôt qu'un personnage trop lisse auquel tout le monde est censé s'attacher (et qui en règle générale va être celui que je trouverai immédiatement antipathique). Alors que justement, le personnage qui fait quelque chose qui va surprendre ou même choquer le lecteur a beaucoup plus de chances de marquer les esprits.
(Et puis bon, Dexter, quoi. C'est un des personnages les plus attachants que j'aie vus dans une série récente. Et c'est pas spécialement le moins choquant.)

Sinon, pour en revenir à Buffy, sur l'usure de la vie de couple et ce genre de choses, il y a un peu de ça dans la relation Xander/Anya, non ? Voir l'épisode musical et les suivants.

(Nébal, connaissant tes goûts, je suis à peu près sûre que tu accrocherais à Buffy si tu t'y plongeais vraiment. C'est une série beaucoup plus riche et complexe qu'il n'y paraît au premier abord - et juste une des meilleures que j'aie vues depuis des années.)

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Message par Florent » lun. nov. 08, 2010 9:22 am

Lensman a écrit :Un truc qui continue à me suprendre, c'est que beaucoup d'écrivains n'écrivent pas la fin d'un roman en premier. Si j'était écrivain, c'est ce que je ferais, pour que le lecteur termine sur un truc super travaillé, dont il va se souvenir. C'est fou le nombre de bouquins qui se terminent en queue de poisson...
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Moi ça m'ennuierait de commencer par la fin. Ca donne le sentiment d'avoir à faire du remplissage pour arriver à cette fin. J'aurais l'impression d'être en travaux forcé. Je préfère commencer une histoire sans savoir comment elle va finir.

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Nébal
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Re: La suggestion vs l'explicite

Message par Nébal » lun. nov. 08, 2010 9:27 am

Mélanie a écrit :(Nébal, connaissant tes goûts, je suis à peu près sûre que tu accrocherais à Buffy si tu t'y plongeais vraiment. C'est une série beaucoup plus riche et complexe qu'il n'y paraît au premier abord - et juste une des meilleures que j'aie vues depuis des années.)
J'avoue être d'une mauvaise foi atroce en la matière, et être considérablement bouffé par mes préjugés. Mais avec la meilleure vol... en dépit de tous mes eff... Bon, bref, j'ai jamais pu tenir un épisode entier.

Cela dit, je maintiens qu'on pourrait sans doute trouver, au moins, d'autres exemples, histoire d'élargir un peu le champ et de permettre à d'autres interlocuteurs non buffyphages d'intervenir... Bon, j'ai suggéré Sade, apparemment, ça ne passe pas... Mais ça doit se trouver...

Et évidemment d'accord sur les personnages.

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Mélanie
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Message par Mélanie » lun. nov. 08, 2010 9:28 am

Florent a écrit :
Lensman a écrit :Un truc qui continue à me suprendre, c'est que beaucoup d'écrivains n'écrivent pas la fin d'un roman en premier. Si j'était écrivain, c'est ce que je ferais, pour que le lecteur termine sur un truc super travaillé, dont il va se souvenir. C'est fou le nombre de bouquins qui se terminent en queue de poisson...
Oncle Joe
Moi ça m'ennuierait de commencer par la fin. Ca donne le sentiment d'avoir à faire du remplissage pour arriver à cette fin. J'aurais l'impression d'être en travaux forcé. Je préfère commencer une histoire sans savoir comment elle va finir.
Personnellement, j'ai la tendance inverse : j'ai besoin de connaître la fin pour savoir vers quoi tend le récit, ça oriente quasiment le choix de chaque scène et chaque phrase en filigrane. Mais du coup, je ne verrais pas trop l'intérêt de l'écrire à l'avance, c'est plus intéressant de parcourir le même trajet que les personnages en temps réel (si je puis dire) pour avoir le même vécu derrière soi au moment de rédiger cette fin. Je ne sais pas si je suis très claire. Et ça rejoint ce que vous disiez sur la tension sexuelle dans un récit : pour moi, ça ajoute clairement quelque chose d'avoir le dénouement en tête tout du long, c'est ce qui crée une certaine tension dans le récit.

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Re: La suggestion vs l'explicite

Message par Mélanie » lun. nov. 08, 2010 9:31 am

Nébal a écrit :J'avoue être d'une mauvaise foi atroce en la matière, et être considérablement bouffé par mes préjugés. Mais avec la meilleure vol... en dépit de tous mes eff... Bon, bref, j'ai jamais pu tenir un épisode entier.
C'était pareil pour moi jusqu'à ce que je me laisse convaincre de retenter le coup, et ce que j'ai découvert alors m'a vraiment scotchée. Le hic, c'est que c'est une série qui supporte mal d'être vue un épisode à la fois hors du contexte de chaque saison, où il y a toujours un arc très travaillé et une évolution progressive des personnages.
Cela dit, je maintiens qu'on pourrait sans doute trouver, au moins, d'autres exemples, histoire d'élargir un peu le champ et de permettre à d'autres interlocuteurs non buffyphages d'intervenir... Bon, j'ai suggéré Sade, apparemment, ça ne passe pas... Mais ça doit se trouver...
Je ne peux pas t'aider pour Sade, ça manque à ma culture. Mais effectivement, ça doit se trouver.

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Message par Lensman » lun. nov. 08, 2010 9:32 am

Florent a écrit :
Lensman a écrit :Un truc qui continue à me suprendre, c'est que beaucoup d'écrivains n'écrivent pas la fin d'un roman en premier. Si j'était écrivain, c'est ce que je ferais, pour que le lecteur termine sur un truc super travaillé, dont il va se souvenir. C'est fou le nombre de bouquins qui se terminent en queue de poisson...
Oncle Joe
Moi ça m'ennuierait de commencer par la fin. Ca donne le sentiment d'avoir à faire du remplissage pour arriver à cette fin. J'aurais l'impression d'être en travaux forcé. Je préfère commencer une histoire sans savoir comment elle va finir.
Ma réflexion est une réflexion de lecteur, qui s'imagine que la conception d'un roman, c'est comme celle d'un avion ou d'une locomotive, où tout doit être anticipé depuis le début, pour que ça fonctionne... mais je constate qu'effectivement, assez souvent, ce n'est pas comme cela que ça se passe.

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Modifié en dernier par Lensman le lun. nov. 08, 2010 9:54 am, modifié 1 fois.

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Message par Florent » lun. nov. 08, 2010 9:34 am

Mélanie a écrit :
Florent a écrit :
Lensman a écrit :Un truc qui continue à me suprendre, c'est que beaucoup d'écrivains n'écrivent pas la fin d'un roman en premier. Si j'était écrivain, c'est ce que je ferais, pour que le lecteur termine sur un truc super travaillé, dont il va se souvenir. C'est fou le nombre de bouquins qui se terminent en queue de poisson...
Oncle Joe
Moi ça m'ennuierait de commencer par la fin. Ca donne le sentiment d'avoir à faire du remplissage pour arriver à cette fin. J'aurais l'impression d'être en travaux forcé. Je préfère commencer une histoire sans savoir comment elle va finir.
Personnellement, j'ai la tendance inverse : j'ai besoin de connaître la fin pour savoir vers quoi tend le récit, ça oriente quasiment le choix de chaque scène et chaque phrase en filigrane. Mais du coup, je ne verrais pas trop l'intérêt de l'écrire à l'avance, c'est plus intéressant de parcourir le même trajet que les personnages en temps réel (si je puis dire) pour avoir le même vécu derrière soi au moment de rédiger cette fin. Je ne sais pas si je suis très claire.
Si si. Mais si on suit la logique jusqu'au bout, les personnages ne savent pas comment ça va finir, donc difficile d'exprimer leur ressenti en sachant comment tout va finir. Pour citer un exemple qui te parlera (non, pas Buffy), je suis sûr que S. King n'avait pas une foutue idée de ce qui allait se passer en écrivant Le Pistolero. Et d'ailleurs, il l'a "réécrit" après avoir publié le dernier bouquin de la saga, pour gagner en cohérence.

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Message par Florent » lun. nov. 08, 2010 9:36 am

Lensman a écrit :
Florent a écrit :
Lensman a écrit :Un truc qui continue à me suprendre, c'est que beaucoup d'écrivains n'écrivent pas la fin d'un roman en premier. Si j'était écrivain, c'est ce que je ferais, pour que le lecteur termine sur un truc super travaillé, dont il va se souvenir. C'est fou le nombre de bouquins qui se terminent en queue de poisson...
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Moi ça m'ennuierait de commencer par la fin. Ca donne le sentiment d'avoir à faire du remplissage pour arriver à cette fin. J'aurais l'impression d'être en travaux forcé. Je préfère commencer une histoire sans savoir comment elle va finir.
Ma réflexion est une réflexion de lecteur, qui s'imagine que la conception d'un roman, c'est comme celel d'un avion ou d'une locomiotive, où tout doit être anticipé depuis le début, pour que ça fonctionne... mais je constate qu'effectivement, assez souvent, ce n'est pas comme cela que ça se passe.

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Disons qu'en art, il y a une partie technique indispensable, mais aussi une partie de n'importe quoi indispensable aussi :lol: Quand tu lis Lovecraft,c'est très technique, très carré, mais il y a toujours un moment où il lâche la rampe et part dans des délires totalement barrés, même pour notre époque. Et sans eux, son oeuvre ne serait pas aussi impérissable.

(Et moi j'aime bien Buffy, hein)

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Message par Mélanie » lun. nov. 08, 2010 9:48 am

Florent a écrit :Si si. Mais si on suit la logique jusqu'au bout, les personnages ne savent pas comment ça va finir, donc difficile d'exprimer leur ressenti en sachant comment tout va finir. Pour citer un exemple qui te parlera (non, pas Buffy), je suis sûr que S. King n'avait pas une foutue idée de ce qui allait se passer en écrivant Le Pistolero. Et d'ailleurs, il l'a "réécrit" après avoir publié le dernier bouquin de la saga, pour gagner en cohérence.
C'est peut-être pour ça que j'adhère moyennement au Pistolero, j'ai trop l'impression de voir l'auteur improviser au fil des pages sans savoir où il va.
Pour le coup, je parlais moins du ressenti des personnages que de l'ambiance qu'on essaie de poser et qui est pour moi (et pas forcément pour tout le monde, donc) totalement indissociable de la fin. En tant que lectrice, j'aime aussi savoir que le bouquin que je suis en train de lire tend vers une direction bien particulière que je découvre au fur et à mesure (raison pour laquelle, d'ailleurs, je m'éclate bien à traduire Brandon Sanderson qui est extrêmement doué à ce jeu-là : chaque détail est là pour une raison, et quand tout se met enfin en place, c'est assez jubilatoire).

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