Tu n'es pas assez explicite, là.Pendant ce temps là, à Vera Cruz ...
La suggestion vs l'explicite
Modérateurs : Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m
Assez d'accord là-dessus, d'autant que comme je le disais dans l'autre fil, ça a contribué à renforcer certains préjugés tenaces sur l'oeuvre de Virginie Despentes qui mérite beaucoup mieux que ça.Nébal a écrit :Et là, pour une fois, j'avoue me retrouver davantage dans le camp "puritain" : j'ai trouvé dommage que le film - qui a par ailleurs quelques moments intéressants - souffre d'une esthétique de porno et des innombrables clichés qui vont avec, quand il avait bien plus à raconter. A jouer à fond la carte du choc et de la provoc' à dix balles, les gens n'en ont finalement retenu que ça, et c'est quand même dommage ; parce que m'est avis que le roman de Virginie Despentes - dans lequel, dans mon souvenir, et en dépit du titre, le sexe ne tenait pas une place si importante que ça, et en tout cas pas si outrancière - méritait mieux. Bref, là, l'explicite n'a visé à rien d'autre qu'à choquer le bourgeois ; et il a réussi : regardez-moi... Il obéissait donc à une fonction, c'est indéniable. Mais a-t-il servi l'oeuvre ? Je ne crois pas.
+1 sur ce coup-là aussi. Ni dans ses romans, que j'ai tous lus, ni dans ses interviews, elle ne me fait l'effet de quelqu'un de cynique. Au contraire, je sens une vraie sincérité dans le propos. Après, le film ne m'avait pas trop convaincue, mais c'est une autre histoire.Mais je ne suis pas persuadé que le cynisme soit la seule ni même la principale motivation de Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi.
Et par rapport à la question des scènes nécessaires ou pas à un récit, il y a justement dans son dernier roman une scène d'amour vraiment magnifique, plutôt pudique pour le coup, qui joue davantage sur le ressenti que sur le purement descriptif, et qui m'a semblé vraiment indispensable au récit, de par la façon dont on sent la narratrice totalement bouleversée par l'expérience.
Cher Oncle, très cher Oncle, j'ai l'audace de penser que tu es passé à côté d'Eyes Wide Shut comme d'autres sont passés à côté de 2001 en son temps. Rien de grave, mais selon le vieux principe que tu as toi-même souvent conseillé d'appliquer à de jeunes lecteurs, l'admiration que tu peux avoir pour le Kubrick de 2001 devrait te suggérer que c'est toi qui as très probablement loupé quelque chose dans Eyes Wide Shut, plutôt que de supposer d'emblée que c'est Kubrick qui s'est planté.Lensman a écrit :Mais on est loin du grotesque involontaire de Eyes Wide Shut. Finalement, je rétrograderais bien presque Eyes Wide Shut au niveau du navet, comme toi. C'est à peine un nanard.
Il y a évidemment un grotesque volontaire dans Eyes Wide Shut (je pense à la scène où la fille du loueur de costumes est surprise avec des Chinois) qui fait écho à celui des autres grands films de Kubrick (très présent dans Lolita, notamment — autre grand film sur le désir). À d'autres moments, on est proche de Shining car de toute façon, ce n'est pas un film sur la réalité ni même sur la perception de la réalité, c'est un film sur l'imaginaire, à la fois dans ce qu'il peut avoir de dérangeant et dans ce qu'il peut avoir de stéréotypé. Le grotesque se loge dans l'un et dans l'autre, si tu m'autorises cette formule qui faudrait toutefois éviter de citer hors contexte…
« Je dis rarement, malheureusement, des choses exactes. » (Georges Limbour)