La lettre d'un libraire contre Gallimard
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La lettre d'un libraire contre Gallimard
C'est ici
"Je dois le répéter ici : si j'ai des difficultés à payer à échéance certaines sommes que je dois à mes fournisseurs ce n'est pas dû à de la mauvaise volonté (Je serais bien plus tranquille si je pouvais payer rubis sur l'ongle !) mais à un ensemble de conditions qui pèsent sur l'exercice de ce métier, parmi lesquelles la marge commerciale trop faible.
Aujourd'hui, je ne serai sans doute pas confronté à de telles difficultés, si j'avais eu, en guise de remise, la même que celle consentie d'entrée de jeu à des hypers ne faisant aucun effort de travail qualitatif. Mais, malgré une belle « charte » signée entre éditeurs et syndicat des libraires, c'est toujours le quantitatif qui prime dans le calcul des remises alors qu'en toute logique ce devrait être le qualitatif, c'est-à-dire le travail du libraire valorisant celui de l'éditeur surtout et y compris dans ce qu'il produit de moins prévendu."
"Je dois le répéter ici : si j'ai des difficultés à payer à échéance certaines sommes que je dois à mes fournisseurs ce n'est pas dû à de la mauvaise volonté (Je serais bien plus tranquille si je pouvais payer rubis sur l'ongle !) mais à un ensemble de conditions qui pèsent sur l'exercice de ce métier, parmi lesquelles la marge commerciale trop faible.
Aujourd'hui, je ne serai sans doute pas confronté à de telles difficultés, si j'avais eu, en guise de remise, la même que celle consentie d'entrée de jeu à des hypers ne faisant aucun effort de travail qualitatif. Mais, malgré une belle « charte » signée entre éditeurs et syndicat des libraires, c'est toujours le quantitatif qui prime dans le calcul des remises alors qu'en toute logique ce devrait être le qualitatif, c'est-à-dire le travail du libraire valorisant celui de l'éditeur surtout et y compris dans ce qu'il produit de moins prévendu."
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley
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- crazy guide
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Re: La lettre d'un libraire contre Gallimard
jerome a écrit :
Aujourd'hui, je ne serai sans doute pas confronté à de telles difficultés, si j'avais eu, en guise de remise, la même que celle consentie d'entrée de jeu à des hypers ne faisant aucun effort de travail qualitatif. Mais, malgré une belle « charte » signée entre éditeurs et syndicat des libraires, c'est toujours le quantitatif qui prime dans le calcul des remises alors qu'en toute logique ce devrait être le qualitatif, c'est-à-dire le travail du libraire valorisant celui de l'éditeur surtout et y compris dans ce qu'il produit de moins prévendu.[/i]"
En toute logique ? Quelle logique ? La logique économique dit exactement l'inverse (même si c'est triste)
cf. loi Lang, article 2
Par dérogation aux dispositions de l'article 37 (1°) (1) de la loi n° 73-1193 du 27 décembre 1973 modifiée, les conditions de vente établies par l'éditeur ou l'importateur, en appliquant un barème d'écart sur le prix de vente au public hors taxes, prennent en compte la qualité des services rendus par les détaillants en faveur de la diffusion du livre. Les remises correspondantes doivent être supérieures à celles résultant de l'importance des quantités acquises par les détaillants.
- bormandg
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Re: La lettre d'un libraire contre Gallimard
Je connais des tas de justifications économiques qui contredisent ton assertion; entre autre le fait que 10000 libraires acheteurs d'un livre qui passent à deux grace à de meilleurs conditions, ça fait plus qu'un acheteur de 100 livres qui passe à 200.crazy guide a écrit :jerome a écrit :
Aujourd'hui, je ne serai sans doute pas confronté à de telles difficultés, si j'avais eu, en guise de remise, la même que celle consentie d'entrée de jeu à des hypers ne faisant aucun effort de travail qualitatif. Mais, malgré une belle « charte » signée entre éditeurs et syndicat des libraires, c'est toujours le quantitatif qui prime dans le calcul des remises alors qu'en toute logique ce devrait être le qualitatif, c'est-à-dire le travail du libraire valorisant celui de l'éditeur surtout et y compris dans ce qu'il produit de moins prévendu.[/i]"
En toute logique ? Quelle logique ? La logique économique dit exactement l'inverse (même si c'est triste)
D'autre part l'explication de Sand par la loi Lang correspond à une autre logique, celle qui devrait intervenir dans le cas de produits culturels.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Re: La lettre d'un libraire contre Gallimard
C'est la même logique (il n'y en a qu'une...), sauf que, dans un cas, on applique la logique dans le but de de vendre des produits en ne considérant pas leur statut culturel comme nécessitant l'application de règles particulières, et dans l'autre, en considérant leur statut culturel comme nécessitant l'application de règles particulières.bormandg a écrit :Je connais des tas de justifications économiques qui contredisent ton assertion; entre autre le fait que 10000 libraires acheteurs d'un livre qui passent à deux grace à de meilleurs conditions, ça fait plus qu'un acheteur de 100 livres qui passe à 200.crazy guide a écrit :jerome a écrit :
Aujourd'hui, je ne serai sans doute pas confronté à de telles difficultés, si j'avais eu, en guise de remise, la même que celle consentie d'entrée de jeu à des hypers ne faisant aucun effort de travail qualitatif. Mais, malgré une belle « charte » signée entre éditeurs et syndicat des libraires, c'est toujours le quantitatif qui prime dans le calcul des remises alors qu'en toute logique ce devrait être le qualitatif, c'est-à-dire le travail du libraire valorisant celui de l'éditeur surtout et y compris dans ce qu'il produit de moins prévendu.[/i]"
En toute logique ? Quelle logique ? La logique économique dit exactement l'inverse (même si c'est triste)
D'autre part l'explication de Sand par la loi Lang correspond à une autre logique, celle qui devrait intervenir dans le cas de produits culturels.
Ce n'est pas la logique qui est différente, ce sont les données de départ.
Oncle Joe
- bormandg
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Re: La lettre d'un libraire contre Gallimard
Non, ce n'est pas "la même logique", même si la "logique économique" et la "logique culturelle" sont des branches de "LA" logique, c.a.d. de la théorie générale de la réflexion.Lensman a écrit : C'est la même logique (il n'y en a qu'une...), sauf que, dans un cas, on applique la logique dans le but de de vendre des produits en ne considérant pas leur statut culturel comme nécessitant l'application de règles particulières, et dans l'autre, en considérant leur statut culturel comme nécessitant l'application de règles particulières.
Ce n'est pas la logique qui est différente, ce sont les données de départ.
Oncle Joe
C'est comme si tu disais que l'anglais et le français sont la même langue, puisque la notion de langage est universelle.
Quant à ta remarque sur les points de départ, elle s'appliquerait plutôt à ma manière de reprendre le raisonnement économique.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Je pense que tu n'as vraiment aucune idée de ce qu'il reste quand tout a été payé. De plus de "35% à...", euh... ah ah ah ?Sybille a écrit : "la marge commerciale trop faible" : à ma connaissance, elle est de 35 à 40 % et je trouve cela bien suffisant, surtout quand on sait qu'il y a un système de retours.
Quand une épicerie ne vend pas un produit, il part à la poubelle. Le libraire, lui, peut retourner les invendus (dans certaines conditions, OK).
- crazy guide
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Au temps pour moi. Je ne connaissais pas cette particularité légale liée aux produits culturels.Sand a écrit :cf. loi Lang, article 2
Par dérogation aux dispositions de l'article 37 (1°) (1) de la loi n° 73-1193 du 27 décembre 1973 modifiée, les conditions de vente établies par l'éditeur ou l'importateur, en appliquant un barème d'écart sur le prix de vente au public hors taxes, prennent en compte la qualité des services rendus par les détaillants en faveur de la diffusion du livre. Les remises correspondantes doivent être supérieures à celles résultant de l'importance des quantités acquises par les détaillants.
Mais au fait (troll ?) : C'est quoi la "qualité" dans le contexte culturel ? parce que la quantité je vois bien. Il suffit de compter. Mais pour ce qui est de qualifier la qualité d'une offre culturelle j'ai plus de mal.
On considère souvent (à tort?) que le fait d'avoir moins de choix est gage de qualité (c'est la cas aussi dans l'alimentaire etc.) mais suffit-il réellement d'avoir moins de titres en rayons pour que ceux-ci soient meilleurs. Et puis, meilleurs par rapport à quoi ? à qui ? selon quels critères ?
Sybille a écrit :Je ne comprends pas bien l'intérêt de publier ce genre de lettre sans travail journalistique à l'appui pour expliquer le contexte.
Quand je lis "Depuis 19 ans, m'accommodant de très faibles revenus et faisant face à toutes sortes de difficultés", je me demande surtout pourquoi faire un travail mal payé pendant 19 ans ?![]()
Ben, sans contexte, déjà, "faibles revenus" et "déficitaire" ne veulent pas dire (du tout) la même chose.Sybille a écrit :Raisons pour lesquelles je ne comprends pas ce genre de coup de gueule sans explications : est-ce que ce libraire a été plus mal traité qu'un autre ? A-t-il eu raison de maintenir un commerce ouvert s'il était déficitaire ? etc.
Ensuite, si tu veux vraiment comprendre, il va falloir un peu sortir. Des personnes qui continuent d'exercer leur métier malgré des payes de merdes, il y en a... pfiouuuuuuuuu ! Celle-ci, visiblement, tient vraiment à rester dans sa librairie. Je ne vois rien de choquant, plutôt une attitude courageuse.
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Ta connaissance n'inclut apparemment pas les petits libraires, qui souvent doivent se contenter de 30% (dont il faut déjà déduire les frais de livraison qui sont souvent au moins en partie pour la pomme du libraire). Et s'il y a des invendus, les frais de retour viennent aussi grever la marge des ventes.Sybille a écrit :"la marge commerciale trop faible" : à ma connaissance, elle est de 35 à 40 %
En fait, la loi Lang oblige les distributeurs à accorder une remise plus importante aux petits libraires qui rendent un service à leur clientèle qu'aux grandes surfaces qui ne font que de la mise en rayon.
Loi clairement bafouée vu qu'il n'y a jamais de sanction appliquée (et, il me sembble, aucune prévue dans ladite loi. Faut que je vérifie.)
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr
Re: La lettre d'un libraire contre Gallimard
Je ne suis pas d'accord avec ton analogie. Pour moi, c'est bien "LA" logique qui permet de faire fonctionner "les" logiques culturelles et économiques. Alors que "LE" langage (ce que tu appelles "la notion de langage"), je ne vois pas comment il fait fonctionner l'anglais et le français.bormandg a écrit :Non, ce n'est pas "la même logique", même si la "logique économique" et la "logique culturelle" sont des branches de "LA" logique, c.a.d. de la théorie générale de la réflexion.Lensman a écrit : C'est la même logique (il n'y en a qu'une...), sauf que, dans un cas, on applique la logique dans le but de de vendre des produits en ne considérant pas leur statut culturel comme nécessitant l'application de règles particulières, et dans l'autre, en considérant leur statut culturel comme nécessitant l'application de règles particulières.
Ce n'est pas la logique qui est différente, ce sont les données de départ.
Oncle Joe
C'est comme si tu disais que l'anglais et le français sont la même langue, puisque la notion de langage est universelle.
Quant à ta remarque sur les points de départ, elle s'appliquerait plutôt à ma manière de reprendre le raisonnement économique.
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Joseph a raison : la logique est la même, ce sont les prémisses qui diffèrent.
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr