Le microcosme, les forums et la critique

Modérateurs : Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » sam. sept. 24, 2011 4:05 pm

dracosolis a écrit :
Patrice a écrit :Salut Erion,

C'est ton choix, et celui de Jeanne. Mais c'est un tort. Vous pouvez être auteurs et honnêtes. Ce qui importe, ça n'est pas ce qu'est le critique (auteur, éditeur, prof, etc.), mais l'honnêteté avec laquelle il critique.
Qui pourrait prendre mal ce que vous pourriez dire d'un livre si c'est fait honnêtement?

A+

Patrice
ceux qui pensent d'office que si on en dit du bien c'est qu'on nous a sucé?
Pour les masochistes, ça peut être l'inverse (attention, cette phrase n'est pas si simple à interpréter).

Oncle Joe

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » sam. sept. 24, 2011 4:08 pm

Roland C. Wagner a écrit :
Anne a écrit :C'est pour ça qu'il vaut mieux garder l'ironie pour des sujets légers
Gné ?…
Pour des trucs sans enjeu, obsolètes, qui ne prêtent pas à conséquence, comme par exemple la méta.. houp!, pardon, je voulais dire la recette des œufs en salade.

Oncle Joe

Omnibus
Messages : 354
Enregistré le : mar. oct. 21, 2008 9:12 pm

Message par Omnibus » sam. sept. 24, 2011 4:16 pm

C'est marrant, je n'aurais pas évoqué cette fameuse discussion comme exemple de débat détaché considérations personnelles de part et d'autre.

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » sam. sept. 24, 2011 4:20 pm

Omnibus a écrit :C'est marrant, je n'aurais pas évoqué cette fameuse discussion comme exemple de débat détaché considérations personnelles de part et d'autre.
C'est parce que tu as mauvais esprit. On ne peut pas mener de discussion sérieuse sur la critique, l'honnêteté, l'éthique, etc, avec des gens qui ont mauvais esprit, c'est pénible!

Oncle Joe

Herbefol
Messages : 1642
Enregistré le : mer. févr. 08, 2006 9:16 pm

Message par Herbefol » sam. sept. 24, 2011 4:34 pm

Erion a écrit :Du coup, il vaut mieux parler des livres qu'on a aimé. Les conséquences d'une erreur de jugement sont moins graves.
Je trouve ça con comme façon de procéder. Si tous les critiques et chroniques s'y mettent on aura plus que des avis positifs. Et si Tartenpion ne dit rien sur le nouveau roman de Schmurtz, comment savoir si c'est parce qu'il l'a trouvé mauvais ou simplement parce qu'il ne l'a pas lu ? Quand aux conséquences en cas d'erreur de jugement sur un avis positif : du fric et du temps perdu pour le lecteur déçu qui aura suivi un avis positif qui n'aurait pas du l'être. Je ne vois pas en quoi c'est moins graves que d'avoir loupé un livre parce que les avis à son propos étaient négatifs à tort.
L'affaire Herbefol
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.

Avatar du membre
Erion
Messages : 5025
Enregistré le : sam. oct. 21, 2006 10:46 am

Message par Erion » sam. sept. 24, 2011 4:44 pm

Herbefol a écrit :
Erion a écrit : Quand aux conséquences en cas d'erreur de jugement sur un avis positif : du fric et du temps perdu pour le lecteur déçu qui aura suivi un avis positif qui n'aurait pas du l'être. Je ne vois pas en quoi c'est moins graves que d'avoir loupé un livre parce que les avis à son propos étaient négatifs à tort.
Parce que l'impact d'une mauvaise critique positive n'a comme conséquence qu'une récrimination contre le critique, (et seulement ensuite contre l'auteur, et encore, quand je lis les critiques d'Henri Bademoude sur des livres encensés partout, il en ressort que ce sont plutôt les critiques qu'il a dans le viseur, plutôt que les auteurs).
Si un critique dit qu'il ne faut absolument pas lire tel ou tel livre, ça ne laisse aucune chance au texte ou à l'auteur (le lecteur va pas vérifier si le critique a raison ou tort). Si le critique tresse des louanges sur un texte qui ne les mérite pas, le texte aura au moins eu sa chance auprès des lecteurs, et cela n'a comme conséquence que le fait que le critique est déconsidéré auprès du lecteur (qui lui reprochera son argent dépensé).

Si un critique se trompe en descendant un livre, le lecteur ne se fera jamais son avis par lui-même (vu que ses ressources sont limitées).
Cela ne signifie pas que si un critique fait des bonnes critiques d'ouvrages il n'engage pas sa responsabilité, mais au moins, il n'empêche pas la rencontre.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

Avatar du membre
Sybille
Messages : 1115
Enregistré le : sam. sept. 30, 2006 11:10 am

Message par Sybille » sam. sept. 24, 2011 4:49 pm

Erion a écrit :Parce que "l'oeil" d'un auteur sur le travail d'un autre auteur, est un oeil particulier. Il faut des conditions particulières.
Pour l'émission "Mauvais Genres" de France Culture, Angelier m'a demandé de participer à l'émission consacrée à "Rosée de feu" de Xavier Mauméjean. J'y étais présent en tant qu'expert, mais j'ai aussi donné mon avis sur le roman de Xavier. Il se trouve que j'ai sincèrement aimé ce roman, je ne me suis pas gêné pour le dire, mais le cadre était clair. Les rôles bien distribués.
(Et si je peux me permettre une remarque perfide - éloignez les jerricanes -, à l'époque personne ne m'a accusé de copinage envers Xavier. Comme quoi selon l'auteur qui est l'objet du copinage, les réactions ne sont pas les mêmes.)
Dans le cadre d'un forum comme actuSF, les rôles sont flous. On va critiquer un ouvrage de tel auteur qui lui aussi participe au forum, avant que son propre roman soit critiqué aussi par l'auteur en question. Et tout ce petit monde va se retrouver en salon et festival.
L'expérience montre que l'atmosphère par la suite, quand les gens se rencontrent in vivo, devient bien moins sympathique. A partir du moment où, entre auteurs, ce que fait l'autre n'a pas d'influence directe sur ce que l'on fait, où on peut apprécier l'individu mais pas forcément ce qu'il écrit (il y a des auteurs que j'adore en tant que personne, mais qui écrivent des trucs qui me tombent des mains), la solution prudente est de ne pas créer plus de tensions que nécessaires. Les égos des auteurs sont des choses fragiles, à manipuler avec précaution.
Déjà que les critiques les malmènent parfois sans vergogne, pas la peine d'en rajouter.
Erion a écrit :
Sybille a écrit :
Erion a écrit :C'est mathématique. Il y a des livres qu'on aime pas, parce qu'ils sont mauvais, des livres qu'on aime pas parce qu'on est pas le public visé, des livres qu'on aime pas parce qu'on les a pas compris (pour x raisons).
Du coup, il vaut mieux parler des livres qu'on a aimé. Les conséquences d'une erreur de jugement sont moins graves.
Parce que le critique n'a pas l'intelligence nécessaire pour estimer ce qu'il en est ?
Mouarf !
Du coup, il doit se taire parce qu'il a un risque, s'il est neuneu, de 33 % d'erreurs ? Et l'erreur serait "grave" ?
Oui. tu as compris. C'est exactement ça.
Ton argumentation, peu convaincante/recevable à mes yeux, ne fait que renforcer l'idée que j'ai que je ne vois absolument aucune raison qu'un auteur ne puisse être critique.
Ne pas créer de tensions ? Ne pas risquer l'erreur grave de blesser un égo fragile ? Mouarf !

Avatar du membre
Sybille
Messages : 1115
Enregistré le : sam. sept. 30, 2006 11:10 am

Message par Sybille » sam. sept. 24, 2011 5:05 pm

Aldaran a écrit :
Sybille a écrit :C'est super simpliste comme raisonnement : les livres qu'on n'aime pas sont forcément ceux qu'on ne comprend pas ?
Personnellement, je considère que, si le critique a une audience, c'est qu'il a, au fil du temps, démontré la pertinence de ses analyses. Raison pour laquelle ses lecteurs le considèrent comme un prescripteur recevable.
A raisonnement simpliste, raisonnement simpliste et demi, j'ai envie de dire...
Quid des livres qu'on aurait aimé sans les avoir compris davantage ?
A priori, si tu te lances dans l'exercice, c'est que tu peux expliquer pourquoi tu as aimé. Sinon, n'étant pas un décortiqueur, je ne vois pas bien ce que tu viens faire sur la scène.
Quant à la taille de l'audience, que ce soit pour les critiques ou n'importe quoi d'autre d'ailleurs, elle n'a jamais prouvé quoi que ce soit et n'a jamais été un gage de qualité. Pourquoi en irait-il autrement pour les critiques que pour les reste ?
Je n'ai jamais parlé de taille : je dis que ton audience est formée de ceux qui te considèrent comme prescripteur. A leurs yeux, puisqu'ils t'ont choisi, tu es forcément légitime.
Je pense que beaucoup de critiques oublient qu'ils peuvent se planter. Qu'ils soient persuadés d'avoir fait l'analyse la plus juste est normal, tout le monde est comme ça. Mais garder à l'esprit qu'on a peut-être loupé un truc et écrire sa critique sans l'oublier en changera forcément le ton général (et poussera même le critique à pousser plus loin son analyse).
Ca, c'est juste de l'intelligence : une personne intelligente sait qu'elle peut toujours se tromper et a toujours cela en tête quand elle fait n'importe quoi.
L'intelligence n'est pas répandue de façon universelle et il en faut pour tous les goûts et tous les esprits.
(Parce que "tout le monde est comme ça" ne s'applique qu'aux sots.)

Ce qui me frappe, en réalité, dans toutes ces discussions, c'est qu'on semble oublier la liberté d'expression. Liberté de parler en bien ou en mal, de nos amis ou de nos ennemis, au public qui a envie de nous entendre.
Cette liberté, elle est fondamentale à mes yeux.
Quand, on est bien d'accord, elle ne justifie pas des insultes, des mensonges ou de la haine.

Un auteur est a priori une personne qui a réfléchi aux mécanismes à l'oeuvre en littérature. Cela ne le porte pas obligatoirement vers l'exercice de la critique, mais le lien reste assez naturel.
Du coup, je reste sur le c... qu'on puisse argumenter, au seul prétexte de susceptibilités un tantinet froissées, que des personnes qui aiment l'écriture au point de s'y adonner ne seraient pas légitimes pour en parler.

Avatar du membre
Erion
Messages : 5025
Enregistré le : sam. oct. 21, 2006 10:46 am

Message par Erion » sam. sept. 24, 2011 5:40 pm

Sybille a écrit : Du coup, je reste sur le c... qu'on puisse argumenter, au seul prétexte de susceptibilités un tantinet froissées, que des personnes qui aiment l'écriture au point de s'y adonner ne seraient pas légitimes pour en parler.
C'est vrai que si on ne considère pas que derrière ceux qui écrivent, il y a des êtres humains, que chacun a un rapport particulier avec l'écriture, et que sauf à être empathe, on n'a aucune idée des réactions, alors en effet, on peut tout dire.

Bizarre, mais à te lire j'ai l'impression de vivre dans un monde parallèle où les Razzies n'existent pas et n'ont jamais existé. C'est pas comme si on avait pas en mémoire les réactions explosives que cela peut susciter quand des auteurs/éditeurs donnent leur avis sur la production d'autres auteurs/éditeurs.

Dans un monde parfait de personnes dépourvues du moindre sentiment, tu as raison. Le problème, c'est que ce monde n'existe pas. Et si, entre auteurs du monde de la SFF, les relations sont bien plus cordiales qu'entre auteurs et critiques, c'est en partie parce que chacun sait quelles limites il ne faut pas franchir. Encore une fois, ce n'est pas avoir un avis qui est un problème, c'est rendre public cet avis.

EDIT: et justement, c'est parce que l'auteur est censé avoir réfléchi sur le processus de création que son avis est d'une nature différente de celle du critique. Il n'a pas l'excuse de "c'est un frustré de n'avoir jamais publié".
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

Omnibus
Messages : 354
Enregistré le : mar. oct. 21, 2008 9:12 pm

Message par Omnibus » sam. sept. 24, 2011 5:54 pm

Cet edit est probablement la partie la plus savoureuse du message, ce qui n'est pas peu dire.

Avatar du membre
Sybille
Messages : 1115
Enregistré le : sam. sept. 30, 2006 11:10 am

Message par Sybille » sam. sept. 24, 2011 6:03 pm

Erion a écrit :
Sybille a écrit : Du coup, je reste sur le c... qu'on puisse argumenter, au seul prétexte de susceptibilités un tantinet froissées, que des personnes qui aiment l'écriture au point de s'y adonner ne seraient pas légitimes pour en parler.
C'est vrai que si on ne considère pas que derrière ceux qui écrivent, il y a des êtres humains, que chacun a un rapport particulier avec l'écriture, et que sauf à être empathe, on n'a aucune idée des réactions, alors en effet, on peut tout dire.

Bizarre, mais à te lire j'ai l'impression de vivre dans un monde parallèle où les Razzies n'existent pas et n'ont jamais existé. C'est pas comme si on avait pas en mémoire les réactions explosives que cela peut susciter quand des auteurs/éditeurs donnent leur avis sur la production d'autres auteurs/éditeurs.

Dans un monde parfait de personnes dépourvues du moindre sentiment, tu as raison. Le problème, c'est que ce monde n'existe pas. Et si, entre auteurs du monde de la SFF, les relations sont bien plus cordiales qu'entre auteurs et critiques, c'est en partie parce que chacun sait quelles limites il ne faut pas franchir. Encore une fois, ce n'est pas avoir un avis qui est un problème, c'est rendre public cet avis.

EDIT: et justement, c'est parce que l'auteur est censé avoir réfléchi sur le processus de création que son avis est d'une nature différente de celle du critique. Il n'a pas l'excuse de "c'est un frustré de n'avoir jamais publié".
Quand j'écris que ton argumentaire n'est pas DU TOUT recevable à mes yeux, c'est que je l'ai compris.

L'auteur a décidé de rendre publique son oeuvre et il est donc normal que les réactions à cette oeuvre soient publiques. Si ça le traumatise, c'est qu'un truc dans "public" lui a échappé.
On ne peut pas parler d'une oeuvre sérieusement si, d'emblée, on se met en tête que l'humain qui a voulu faire connaître sa prose est peut-être un timide mal dans sa peau. Corollaire : si on a des problèmes d’ego, il faut y songer sérieusement avant d'envoyer son manuscrit à un éditeur, ne serait-ce que pour encaisser les premiers refus.

Et justement parce que l'auteur n'est pas un frustré qui n'a jamais publié, il est a priori plus légitime (si ça veut dire quelque chose, je suis juste l'idée que tu lances).

(NB : Je parle de critiques honnêtes, qu'on soit bien d'accord, pas des frustrés qui descendent les autres pour se sentir plus grands. Je ne vois aucune raison pour que quelqu'un d'honnête se taise parce qu'un humain a voulu s'exposer aux regards sans accepter que cette exposition ne soit pas forcément de tout repos. D'autant qu'il est facile de publier sous pseudo et de fuir les forums et réseaux sociaux.)

Un petit édit quand même parce que, du coup, je me rends compte que, aux yeux d'Erion, les Vagabonds du Rêve sont une monstruosité : deux auteures qui font de l'édition ET de la chronique, une sorte de schizophrénie géante...
Ben, ouais, quand on lit ça, on se rend bien compte que la généralisation ne marche pas, que je ne vois pas bien quel souci ça pourrait faire... sinon contre nous-mêmes puisque, à force de passer du temps pour les Vagabonds, on oublie de prendre le temps de soumettre nos textes ici ou là :wink:

Avatar du membre
Erion
Messages : 5025
Enregistré le : sam. oct. 21, 2006 10:46 am

Message par Erion » sam. sept. 24, 2011 6:39 pm

Sybille a écrit : L'auteur a décidé de rendre publique son oeuvre et il est donc normal que les réactions à cette oeuvre soient publiques. Si ça le traumatise, c'est qu'un truc dans "public" lui a échappé.
Justement, parce que l'auteur sait ce que c'est qu'être publié, il sait à quel point certaines remarques apparemment anodines peuvent blesser. Par conséquent, il peut choisir de ne pas en rajouter inutilement. On a, quand même, dans le monde de la SFF, suffisamment d'exemples d'esclandres pour comprendre que certains auteurs peuvent, légitimement, décider de ne pas alimenter la machine à baffes.
Et, dans le monde de la littérature générale (le vrai beau monde de la littérature), les coups fourrés, vengeances, diatribes, anathèmes et autres dynamitages entre auteurs, ou par critiques interposés sont légion.
C'est pas comme si on ne savait pas ce qui se passait. C'est pas comme si on était pas prévenu de l'engrenage.
Il ne faut pas raisonner en posant "si la critique est honnête et sage", il faut raisonner en posant "et si la critique peut APPARAÎTRE malhonnête et de mauvaise foi". C'est comme le bien écrit/mal écrit, la perception de ce qu'est une critique honnête, ce n'est pas partagé par tout le monde.


Ben, ouais, quand on lit ça, on se rend bien compte que la généralisation ne marche pas, que je ne vois pas bien quel souci ça pourrait faire... sinon contre nous-mêmes puisque, à force de passer du temps pour les Vagabonds, on oublie de prendre le temps de soumettre nos textes ici ou là :wink:
Vaudrait mieux pas creuser dans ce sens, si tu ne veux pas t'énerver durant la discussion.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

Omnibus
Messages : 354
Enregistré le : mar. oct. 21, 2008 9:12 pm

Message par Omnibus » sam. sept. 24, 2011 6:47 pm

La distinction entre épargner des sensibilités et ne pas froisser des ego semble subtile.

Avatar du membre
Sybille
Messages : 1115
Enregistré le : sam. sept. 30, 2006 11:10 am

Message par Sybille » sam. sept. 24, 2011 6:49 pm

Erion a écrit :Il ne faut pas raisonner en posant "si la critique est honnête et sage", il faut raisonner en posant "et si la critique peut APPARAÎTRE malhonnête et de mauvaise foi". C'est comme le bien écrit/mal écrit, la perception de ce qu'est une critique honnête, ce n'est pas partagé par tout le monde.
On retombe au point où nous ne sommes PAS DU TOUT d'accord :lol:
Ben, ouais, quand on lit ça, on se rend bien compte que la généralisation ne marche pas, que je ne vois pas bien quel souci ça pourrait faire... sinon contre nous-mêmes puisque, à force de passer du temps pour les Vagabonds, on oublie de prendre le temps de soumettre nos textes ici ou là :wink:
Vaudrait mieux pas creuser dans ce sens, si tu ne veux pas t'énerver durant la discussion.
Pourquoi ? Parce que tu vas expliquer que, si nous sommes peu publiées, c'est que nous appartenons au lot des critiques frustrés de ne pas être publiés ou un truc du genre ?
Ne le prends pas mal, mais je ne vois pas bien ce qui pourrait m'énerver.
Comme je l'ai écrit plus haut, une attaque qui taperait là où ça fait mal suppose de connaître son interlocuteur... et nous ne nous connaissons pas du tout en dehors des lieux virtuels :wink:

Sérieux, je ne peux pas adopter une attitude (l'auteur peut être critique) et me débiner ensuite parce que tu me dis que ça va faire mal si on creuse. J'assume mes propos, même s'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et que je peux avoir pensé/penser dans l'avenir tout à fait différemment.
Modifié en dernier par Sybille le sam. sept. 24, 2011 9:28 pm, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Aldaran
Messages : 1911
Enregistré le : dim. sept. 23, 2007 10:25 am

Message par Aldaran » sam. sept. 24, 2011 6:49 pm

Sybille a écrit :
Aldaran a écrit :
Sybille a écrit :C'est super simpliste comme raisonnement : les livres qu'on n'aime pas sont forcément ceux qu'on ne comprend pas ?
Personnellement, je considère que, si le critique a une audience, c'est qu'il a, au fil du temps, démontré la pertinence de ses analyses. Raison pour laquelle ses lecteurs le considèrent comme un prescripteur recevable.
A raisonnement simpliste, raisonnement simpliste et demi, j'ai envie de dire...
Quid des livres qu'on aurait aimé sans les avoir compris davantage ?
A priori, si tu te lances dans l'exercice, c'est que tu peux expliquer pourquoi tu as aimé. Sinon, n'étant pas un décortiqueur, je ne vois pas bien ce que tu viens faire sur la scène.
Quant à la taille de l'audience, que ce soit pour les critiques ou n'importe quoi d'autre d'ailleurs, elle n'a jamais prouvé quoi que ce soit et n'a jamais été un gage de qualité. Pourquoi en irait-il autrement pour les critiques que pour les reste ?
Je n'ai jamais parlé de taille : je dis que ton audience est formée de ceux qui te considèrent comme prescripteur. A leurs yeux, puisqu'ils t'ont choisi, tu es forcément légitime.
Je pense que beaucoup de critiques oublient qu'ils peuvent se planter. Qu'ils soient persuadés d'avoir fait l'analyse la plus juste est normal, tout le monde est comme ça. Mais garder à l'esprit qu'on a peut-être loupé un truc et écrire sa critique sans l'oublier en changera forcément le ton général (et poussera même le critique à pousser plus loin son analyse).
Ca, c'est juste de l'intelligence : une personne intelligente sait qu'elle peut toujours se tromper et a toujours cela en tête quand elle fait n'importe quoi.
L'intelligence n'est pas répandue de façon universelle et il en faut pour tous les goûts et tous les esprits.
(Parce que "tout le monde est comme ça" ne s'applique qu'aux sots.)
Ce qui me frappe, en réalité, dans toutes ces discussions, c'est qu'on semble oublier la liberté d'expression. Liberté de parler en bien ou en mal, de nos amis ou de nos ennemis, au public qui a envie de nous entendre.
Cette liberté, elle est fondamentale à mes yeux.
Quand, on est bien d'accord, elle ne justifie pas des insultes, des mensonges ou de la haine.
Un auteur est a priori une personne qui a réfléchi aux mécanismes à l'oeuvre en littérature. Cela ne le porte pas obligatoirement vers l'exercice de la critique, mais le lien reste assez naturel.
Du coup, je reste sur le c... qu'on puisse argumenter, au seul prétexte de susceptibilités un tantinet froissées, que des personnes qui aiment l'écriture au point de s'y adonner ne seraient pas légitimes pour en parler.
Le raisonnement que tu trouvais simpliste est : "si tu n'aimes pas, c'est que tu n'as pas compris". Raisonnement auquel s'ajoute le suivant (je pense) : "que tu aimes n'implique pas que tu aies davantage compris". Bien entendu, "si tu te lances dans l'exercice" de la critique, c'est que tu es capable d'expliquer ton avis, dans un cas comme dans l'autre. Mais cette explication ne rend pas forcément ta critique plus pertinente.
Il se trouve que, après en avoir lu pendant des années, les critiques positives sont toujours plus sérieusement argumentées que les négatives qui présentent un caractère bien plus violent, et qui semblent fidèles à l'adage "si je cogne très fort le premier, l'autre sera incapable de riposter" (mais c'est un avis très personnel, bien que maintes fois vérifié).

D'accord, tu ne parlais pas de la taille de l'audience. Il demeure que la présence d'une audience n'indique rien sur la qualité d'un critique ou de qui que ce soit d'autre. Les razzies, pour prendre un exemple de notre microcosme, quoi qu'en pensent tous ceux qui les lisent, sont très suivis. Mais les responsables des razzies sont les premiers à avouer que c'est nawak. Que conclure ?

Pour ce qui est du décorticage, le sujet mériterait une discussion à lui seul. Les auteurs n'adressent pas exclusivement leurs romans à des licenciés en lettres modernes capables d'analyser leur technique d'écriture et patin couffin. Pourtant, je pense que tous les lecteurs sont légitimes sur cette fameuse "scène" dont tu parles.
Ce qui me gêne, dans tes arguments (ici et sur bien d'autres sujets), c'est qu'il y aurait des personnes capables donc ayant légitimement le droit de l'ouvrir et d'autres, incapables, qui feraient mieux de la fermer. Je trouve ça terriblement prétentieux. Et je serais prêt à parier que c'est ce genre d'attitude qui empêche bon nombre de lecteurs de donner leur avis sur ce forum ou d'autres.

Je ne crois pas que la liberté d'expression soit oubliée par qui que ce soit, surtout sur ce forum où les modérateurs estiment qu'il est bon de laisser dire les choses. Mais il semblerait néanmoins que certaines "catégories" d'intervenants s'octroient davantage de liberté de dire selon leur "statut". A moins d'être aveugle, je n'ai vu ni insulte, ni haine, ni mensonge dans les interventions de Kibu mais les réactions à son message m'ont semblées, elles, légitimes.
La liberté d'expression appartiendrait à celui qui s'en empare le premier ?

Pour finir, je suis tout à fait d'accord avec toi : un auteur est tout à fait en droit de dire ce qu'il pense d'autres romans, qu'il les ait aimés ou non. J'en avais discuté chez Scylla avec Jeanne et nous ne sommes pas tombés d'accord. Qu'elle estime qu'elle n'a pas "le droit" de critiquer le roman d'un "collègue" ne relève de rien d'autre que de la liberté d'expression. C'est son choix. On peut ne pas être d'accord avec elle.

Verrouillé

Retourner vers « Du fond de la salle (pour parler d'autre chose) »