Sybille a écrit :Aldaran a écrit :Sybille a écrit :C'est super simpliste comme raisonnement : les livres qu'on n'aime pas sont forcément ceux qu'on ne comprend pas ?
Personnellement, je considère que, si le critique a une audience, c'est qu'il a, au fil du temps, démontré la pertinence de ses analyses. Raison pour laquelle ses lecteurs le considèrent comme un prescripteur recevable.
A raisonnement simpliste, raisonnement simpliste et demi, j'ai envie de dire...
Quid des livres qu'on aurait aimé sans les avoir compris davantage ?
A priori, si tu te lances dans l'exercice, c'est que tu peux expliquer pourquoi tu as aimé. Sinon, n'étant pas un décortiqueur, je ne vois pas bien ce que tu viens faire sur la scène.
Quant à la taille de l'audience, que ce soit pour les critiques ou n'importe quoi d'autre d'ailleurs, elle n'a jamais prouvé quoi que ce soit et n'a jamais été un gage de qualité. Pourquoi en irait-il autrement pour les critiques que pour les reste ?
Je n'ai jamais parlé de taille : je dis que ton audience est formée de ceux qui te considèrent comme prescripteur. A leurs yeux, puisqu'ils t'ont choisi, tu es forcément légitime.
Je pense que beaucoup de critiques oublient qu'ils peuvent se planter. Qu'ils soient persuadés d'avoir fait l'analyse la plus juste est normal, tout le monde est comme ça. Mais garder à l'esprit qu'on a peut-être loupé un truc et écrire sa critique sans l'oublier en changera forcément le ton général (et poussera même le critique à pousser plus loin son analyse).
Ca, c'est juste de l'intelligence : une personne intelligente sait qu'elle peut toujours se tromper et a toujours cela en tête quand elle fait n'importe quoi.
L'intelligence n'est pas répandue de façon universelle et il en faut pour tous les goûts et tous les esprits.
(Parce que "tout le monde est comme ça" ne s'applique qu'aux sots.)
Ce qui me frappe, en réalité, dans toutes ces discussions, c'est qu'on semble oublier la liberté d'expression. Liberté de parler en bien ou en mal, de nos amis ou de nos ennemis, au public qui a envie de nous entendre.
Cette liberté, elle est fondamentale à mes yeux.
Quand, on est bien d'accord, elle ne justifie pas des insultes, des mensonges ou de la haine.
Un auteur est a priori une personne qui a réfléchi aux mécanismes à l'oeuvre en littérature. Cela ne le porte pas obligatoirement vers l'exercice de la critique, mais le lien reste assez naturel.
Du coup, je reste sur le c... qu'on puisse argumenter, au seul prétexte de susceptibilités un tantinet froissées, que des personnes qui aiment l'écriture au point de s'y adonner ne seraient pas légitimes pour en parler.
Le raisonnement que tu trouvais simpliste est : "si tu n'aimes pas, c'est que tu n'as pas compris". Raisonnement auquel s'ajoute le suivant (je pense) : "que tu aimes n'implique pas que tu aies davantage compris". Bien entendu, "si tu te lances dans l'exercice" de la critique, c'est que tu es capable d'expliquer ton avis, dans un cas comme dans l'autre. Mais cette explication ne rend pas forcément ta critique plus pertinente.
Il se trouve que, après en avoir lu pendant des années, les critiques positives sont toujours plus sérieusement argumentées que les négatives qui présentent un caractère bien plus violent, et qui semblent fidèles à l'adage "si je cogne très fort le premier, l'autre sera incapable de riposter" (mais c'est un avis très personnel, bien que maintes fois vérifié).
D'accord, tu ne parlais pas de la taille de l'audience. Il demeure que la présence d'une audience n'indique rien sur la qualité d'un critique ou de qui que ce soit d'autre. Les razzies, pour prendre un exemple de notre microcosme, quoi qu'en pensent tous ceux qui les lisent, sont très suivis. Mais les responsables des razzies sont les premiers à avouer que c'est nawak. Que conclure ?
Pour ce qui est du décorticage, le sujet mériterait une discussion à lui seul. Les auteurs n'adressent pas exclusivement leurs romans à des licenciés en lettres modernes capables d'analyser leur technique d'écriture et patin couffin. Pourtant, je pense que
tous les lecteurs sont légitimes sur cette fameuse "scène" dont tu parles.
Ce qui me gêne, dans tes arguments (ici et sur bien d'autres sujets), c'est qu'il y aurait des personnes
capables donc ayant légitimement le droit de l'ouvrir et d'autres,
incapables, qui feraient mieux de la fermer. Je trouve ça terriblement prétentieux. Et je serais prêt à parier que c'est ce genre d'attitude qui empêche bon nombre de lecteurs de donner leur avis sur ce forum ou d'autres.
Je ne crois pas que la liberté d'expression soit oubliée par qui que ce soit, surtout sur ce forum où les modérateurs estiment qu'il est bon de laisser dire les choses. Mais il semblerait néanmoins que certaines "catégories" d'intervenants s'octroient davantage de liberté de dire selon leur "statut". A moins d'être aveugle, je n'ai vu ni insulte, ni haine, ni mensonge dans les interventions de Kibu mais les réactions à son message m'ont semblées, elles, légitimes.
La liberté d'expression appartiendrait à celui qui s'en empare le premier ?
Pour finir, je suis tout à fait d'accord avec toi : un auteur est tout à fait en droit de dire ce qu'il pense d'autres romans, qu'il les ait aimés ou non. J'en avais discuté chez Scylla avec Jeanne et nous ne sommes pas tombés d'accord. Qu'elle estime qu'elle n'a pas "le droit" de critiquer le roman d'un "collègue" ne relève de rien d'autre que de la liberté d'expression. C'est son choix. On peut ne pas être d'accord avec elle.