Jean-Claude Dunyach a écrit :L'auteur devrait-il vivre de sa plume ?
Putain, c'est une question tellement mal posée qu'elle me fait sortir de ma réserve...
Balançons quelques scuds, pour commencer. On peut aussi poser la question comme ça, manière de provoquer:
- un auteur que je considère comme nul à chier doit-il vivre de sa plume ? Si non, qui choisit ? Un comité ? On s'inscrit où ?
Non. Ce sont les lecteurs qui doivent choisir. Encore faut-il qu'ils aient accès à toutes les œuvres.
Jean-Claude Dunyach a écrit : - la société doit-elle assumer le fait que quelqu'un décide de vivre de l'activité de son choix, même si cette activité n'est pas porteuse d'avantages ou de richesses ou d'intérêt pour le plus grand nombre ? Surtout s'il y a des choses à faire à côté, qui semblent plus utiles ?
Non. Par contre, une société digne de ce nom devrait permettre aux aspirants écrivains de tenter leur chance, avec tout ce que cela comporte. Qu'il y ait des choses plus utiles ou non à faire à côté me parait hors sujet parce que les priorités ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être de prime abord.
Jean-Claude Dunyach a écrit : Si quatre boulangeries ouvrent dans votre rue et que le pain et les gâteaux de l'une d'elle sont un peu moins bons que chez les voisins, cette boulangerie fera faillite. Aucune loi n'oblige les habitants de la rue à acheter leur pain là ou ailleurs.
Si elles ouvrent dans la même rue, parce qu'à trois pâtés de maison, beaucoup trouvent le pain tout de suite moins bon... Si elles vendent au même prix, car beaucoup de gens mangent de la merde parce que le Hard Discount est moins cher. Et beaucoup de gens lisent Chattam, Levy et Werber parce qu'on les trouve, eux, à la superette du coin. Comme BHL qu'on trouve toujours partout.
Jean-Claude Dunyach a écrit :Les artistes, et parmi eux les écrivains, sont en surnombre, de façon effarante. Dans tous les domaines, ou presque.
La faute à qui ? Aux éditeurs qui publient souvent n'importe quoi pour exister un peu plus ? Aux maisons de disques qui signent souvent n'importe qui pour que ça puisse se passer en musique de fond au supermarché ? A la Radio, qui s'est inféodée aux maisons de disques juste avant que la télé ne signe aussi le pacte avec le diable ? A la télévision qui, quand elle daigne proposer une émission littéraire, ne parle du livre que passées 23 heures ? A cette télé, encore, qui transforme d'un coup de baguette magique les poissonnières en chanteuses et les fils de bourgeois en philosophes de bas étage en criant haut et fort "Vous aussi, vous pouvez y arriver !" ? La faute au "toujours plus de nouveautés" au détriment, bien souvent, de la qualité ? Dans tous les domaines. La faute aux grandes surfaces qui, avec leur logique de sélection financière, font croire à leurs clients qu'ils peuvent se cultiver en faisant leurs courses ? On peut en trouver, des fautifs... *
Mais on ne m'enlèvera pas que le quidam qui aime bien lire, sans être passionné comme nous, qui travaille sans prendre le temps de déjeuner correctement, qui est tellement fatigué de sa journée de fou qu'il s'endort devant TF1 mais qui lit assidûment dès qu'il en a l'occasion, dans les transports, le week-end, dans la salle d'attente du toubib, eh bien ce quidam, somme toute bien sympathique, je ne crois pas qu'il puisse avoir en main les éléments qui lui permettraient de choisir le bon bouquin, ni donc le bon auteur. Alors qu'il en est parfaitement capable.
Ce qui me fait conclure par cet AMHA : "Un bon auteur devrait pouvoir vivre de sa plume, il y a assez de lecteurs aux goûts différents pour cela." Mais tant que la cupidité sera armée du marketing et que sa stratégie sera d'abrutir le consommateur ce sera très difficile.
*Vous noterez que je me retiens sur ces nombreux (pas tous, mais nombreux) profs de Français qui mériteraient bien de faire partie de cette catégorie avec une mention spéciale.