Petit cours de rattrapage.Papageno a écrit :Ho ! J’ai de la chance, comme je ne sais heureusement pas de quoi ils parlent – j’évite le risque de partager de ton avis. Je peux rester dans une innocente neutralité, OufJ’aurais sans doute écrit: "Oh mais c'est moins que ça".
The Cramps, groupe formé au milieu des années 70, a concocté pendant trois décennies une musique constituée d'un mélange de rockabilly, de garage et de psychédélique, que l'on a généralement étiquetée "psychobilly". Pour que le mélange prenne vraiment, il était aussi de bon ton de saupoudrer ladite musique de thèmes généralement réprouvés par la bien-pensance et la moral majority, comme la drogue, le sexe en général et le "déviant" en particulier (travestisme, sm, fétichisme, sodomie-de-poussins-morts, etc), le mauvais goût sous toutes ses formes artistiques, les séries B, Z, le gore, et tout ce qui donne envie aux coincés de se pincer le nez, de brandir leur bible ou de mater en cachette

Un genre où l'image, le look, et les paroles sont aussi importantes que la musique, puisqu'il s'agit de multiplier les manières de déranger.
Au cinéma, ça a donné John Waters. En photographie, ça a donné Joel-Peter Witkin.
Le résultat brille généralement plus par son ton foutraquement provocateur que par sa qualité musicale... Mais, dans cette débauche volontairement décadente, au-delà de l'envie puérile de crever son acné à la gueule des vioques, de montrer son zizi ou sa foune sur scène et, d'une manière générale, de faire tout ce qui est interdit histoire de se faire mousser, il y avait parfois quelques groupes qui sortaient du lot. Parce que la musique tenait la route, mine de rien, et avait su puiser dans ce qui s'était fait de mieux dans le genre 30 ans plus tôt, pour se l'approprier et le détourner. Au point qu'on peut parle parfois aujourd'hui de "neo-psychobilly" pour désigner certains groupes qui reprennent le flambeau.
Pour faire court, c'est une grand déballage qui ferait se rencontrer Brownings, Romero, Murnau, Viene, Russ Meyer, des loups-garous érotomanes, des savants fous scatophiles, des infirmières vicieuses qui aiment faire l'amour à des zombies turgescents, des cirques lugubres sous la lune, des femmes de 50 pieds de haut, des robots araignées mutants radioactifs, et beaucoup de boules puantes et d'amplis à lampes. Très, très mauvais genre. Très, très "freaks".
Parmi les précurseurs de ce genre, comment de pas citer l'inénarrable Screamin' Jay Hawkins et sa version vaudou de I put a spell on you ou de son célèbrissime Constipation Blues.
Quelques exemples valent mieux qu'un long discours, surtout pour un genre aussi éminemment visuel. Plus près de nous, parmi ceux qui perpétuent ce rock n' roll poil à gratter cher aux Cramps, je citerai :
Electric Six pour leur Abraham Lincoln très... cuir;
les Graveyard Farmers et leur sexy serial killeuse (qui sont, à ma connaissance, ce qui se fait de plus proche des Cramps actuellement);
Rob Zombie et son horror show revival sous acide;
Siobhan Fahey et sa sulfureuse version de "She's lost control" (des Joy Division);
Et comment ne pas citer aussi le synthétiseur génial Marilyn Manson qui a su réunir presque tous les ingrédients dans son clip "mOBSCENE" ?
Bref, que des choses beurk caca dégoutantes, à ne surtout pas montrer aux enfants.
En deux mots : mauvais goût !
(PS : au regard des références citées dessus, pas étonnant que dans trois des clips listés, on ait fait appel à une certaine Dita Von Teese, icône fétichiste qui est pour beaucoup dans le revival de la pin up retro, et qui est la meilleure réincarnation du style Betty Page. Eric avait d'ailleurs fait le parallèle dès son premier post sur le sujet. La boucle est bouclée...)