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Je dois dire que j'ai un peu tendance à le penser (et je suis prof... de maths, tu me diras..). C'est pour ça que je pense qu'il faut maintenir une distinction claire entre ce que l'on essaie (je dis : essaie) d'apprendre aux gosses, et leur monde culturel à eux. Je ne dis pas qu'il ne faut ménager aucune passerelle, ce serait grotesque, mais je dis qu'il faut maintenir des distances.Florent a écrit :Là où je suis bien d'accord, c'est que l'école a le don de dégoûter l'élève des choses qu'il aurait peut-être trouvé passionnantes en les découvrant pas lui-même. On parle de littérature mais c'est aussi le cas pour l'Histoire. Il y a des types qui se constituent une culture énorme en jouant à des jeux de rôles par exemple, et qui partait en courant quand, à l'école, le prof abordait les mêmes thèmes que leurs jeux. Je suis sûr que si Lovecraft était enseigné au lycée, plus personne ne voudrait le lire
Et surtout, ça pourrait leur donner une idée négative de la religion... (enfin, sauf à ceux qui aiment les bastons...)Argemmios a écrit :On saute du coq à l'âne, on zappe des époques complètes (ex faut plus parler des croisades, ça pourrait blesser les élèves musulmans. Et faut plus parler des guerres de religions, ça pourrait inciter les enfants à la haine, etc. bullshit !).
C'est même pire que ça : on les force à aller à l'école, à faire leurs devoirs, à aller en récré et à la cantine à des heures déterminées.Cibylline a écrit :J'aime bien l'idée qu'il faudrait forcer un autre être humainFlorent a écrit :Ce que je peux dire, pour travailler dans une école primaire, et pour gérer la bibliothèque, c'est que les gamins cherchent le bouquin le plus facile d'accès, le GROS album avec de GROSSES images et le moins de texte possible, alors qu'ils sont aptes à lire un roman (peut-être pas Notre Dame de Paris, mais un livre jeunesse par exemple). Et si tu ne les force pas, aucun d'entre eux, ou peut-être un ou deux, ne prendra jamais de roman. Par contre, l'album avec la taupe qui s'est fait chier sur la tête a énormément de succès (bon en même temps c'est moi qui l'ai acheté je ne peux m'en prendre qu'à moi-même).
Avoue que c'est une ambiguité très difficile à lever: le français n'est pas seulement une langue qui sert à transmettre des informations ou à écrire des trucs, il est aussi une culture. D'ailleurs, vois les discussions (passionnées!) sur la notion de style. Il n'y pas une manière d'écrire qui serait la bonne (ça se saurait !), les critères n'arrêtent pas d'évoluer avec la culture. et il est très difficile d'enseigner quelque chose qui bouge tout le temps.Cibylline a écrit : Or le cours de français est ambigu : c'est à la fois un cours de langue (grammaire, orthographe...) et un cours de culture.
Et, à mes yeux, ça craint.
C'est très déstabilisant, parfois angoissant.Oph a écrit :Soit dit en passant, le livre de la petite taupe est génial de bout en bout.
J'avoue quand même que ça me désole un peu d'avoir un gamin de bientôt huit ans qui, à grandir dans une maison pleine de bouquins, n'a pas envie de lire pour autant, et qui a encore du mal à ânonner deux paires de phrases à la suite. Ce n'est pas faute de l'aider, de l'encourager, de le reprendre... Ce n'est juste pas son trip.
À son âge, j'avais fait une razzia dans les Bibliothèque Rose et Bibliothèque Verte de mes grands cousins, et je les ingurgitais vitesse grand V.
Lui, il s'éclate à faire de tête des opérations mathématiques qui ne sont pas encore à son programme, mais il sait à peine lire.
Deux mondes différents.
