Ta parole de prof a-t-elle un sens ou une valeur quelconque, du coup ? Continuez, tous les deux, ça devient passionnant.dracosolis a écrit :c'est à dire, si j'ai bien suivi : aucune ^^Erion a écrit :Ce qu'on dit, c'est que quand tu te contentes de dire "c'est bien/mal écrit", ça n'a pas plus de valeur que si c'était quelqu'un d'autre qui le disait.Le_navire a écrit : Non, ça, ce ne serait pas les respecter. Ce serait faire preuve de connerie élitiste. Pardon. (Et puis c'est fatiguant.)
Demain, je vais me pointer chez les jardiniers du coin, forte de mon expérience des trois pots de dragonniers que j'ai miraculeusement réussi à sauver de l'extinction et je vais expliquer comment on s'occupe des plantes vertes. Evidemment le brave jardinier professionnel, respectant mon avis, ne me dira certainement pas que les dragonniers, ça résiste au Blitz, et que si je traite mes ficus pareil, ils vont crever en trois mois si j'ai de la chance.
Ah pardon.
C'est pas pareil. On a pas le droit d'objectiver la Culture comme on peut objectiver la culture...
Ah et pendant que j'y pense, je vous fais une promesse solennelle : si demain, il est prouvé que Werber Chattam et consorts ont résolument créé une démarche intellectuelle autour de la littérature populaire, qu'ils ont déconstruit volontairement la littérature blanche pour créer quelque chose de nouveau, une démarche qui aura des conséquences et des influences majeures sur d'autres auteurs de premiers plan qui se réclameront d'eux et de leur travail, à l'instar de Monet, Picasso, ou même d'Yves Klein, tiens, j'irai à Canossa. Promis.
@MF : non, tu ne peux pas dire : Proust, c'est mal écrit.
Objectivement, Proust s'exprime dans un vocabulaire riche et grammaticalement raffiné. Il a un sens du rythme de la phrase qui lui est propre tout en étant lisible à haute voix par le premier venu des comédiens amateurs (je veux dire par là que même celui qui ne maîtrise pas sa diction à la perfection court peu de risque de s'emmêler les pinceaux dans la lecture, d'accrocher sur des segments de phrases parce que leur rythme tombe à plat). Sa construction des personnages est sans faille, tu ne les verras jamais agir d'une manière qui est en contradiction avec l'idée qu'il en a précédemment construite, ou alors il t'amène à la contradiction de manière à ce qu'elle te semble, dans les circonstances où elle se produit, parfaitement naturelle et compréhensible. Lorsqu'il ouvre une porte dans son récit, elle n'est jamais gratuite, elle est là pour faire sens, et être refermée, parfois dans le volume, parfois dans un autre, mais toute son oeuvre se tient et tu n'auras jamais l'impression qu'il t'a frustré d'une réponse. Si tu ne l'as pas vue, c'est que tu l'as loupée, et si tu relis, tu la trouves.
Pour celui qui aime (oui, là on est dans le subjectif) la langue de l'auteur, et qui n'éprouve pas d'ennui à la lecture d'un roman qui décrit une société plutôt que de raconter une histoire (autre choix subjectif) Proust est un régal. Pour celui qui n'aime ni l'un ni l'autre, ou qui ne se retrouve pas, dans sa subjectivité personnelle, dans l'un ou l'autre aspect de ses romans, alors oui, Proust est chiant comme la pluie. Mais ce n'est pas mal écrit.