Ai-je prétendu qu’il n’y avait pas de tension entre liberté et égalité ? Je ne prétends pas construire une « utopie réalisable » en une page sur un forum… je me contente de répondre lorsque des propos me donnent la berlue. Et je reconnais bien volontiers que la réalisation de principes théoriques implique compromis, aménagements.
Comme l’indique bormandg, l’anarchisme n’implique pas toujours le refus du principe même de l’autorité. L’un des « slogans » de la FA est par ex. « L’anarchisme, c’est l’ordre moins le pouvoir ». Ce que l’on pourrait sans doute aussi traduire par « la coordination sans l’autorité (et les hiérarchies) confisquée, héritée, etc. ».
A «
La légitimité de l'exercice de l'autorité variant selon les sociétés et les époques, il y a toujours une partie de la population qui trouvera ça légitime et d'autres non... » des anarchistes pourraient répondre que « la » population n’existe pas, c'est-à-dire ne préexiste pas à l’Etat. Et l’utopie anarchiste impliquant évidemment la dissolution de l’Etat, et pour chaque individu et collectif la liberté de se lier et de se délier (il n’y a pas une population, mais des sujets qui s’associent, se dissocient) la question de l’assentiment et de la légitimité est (théoriquement…) résolue.
Dans toutes mes réponses j’ai inclus des éléments tantôt communistes, tantôt libertaires, sans souci de synthèse car ce n’est pas ici mon objet. L’un des principaux courants de l’anarchisme (celui dont je me sens le plus proche) se nomme cependant le « communisme libertaire » (ne pas rire).
Sur l’aspect arbitraire de l’autorité, il me semble y avoir confusion entre deux acceptions : 1) une société/culture donnée dans son ensemble est arbitraire (Lisore), mais les types d’autorités, de domination, de hiérarchies qui s’y exercent trouvent leur sens, nécessité et légitimité dans ce système (j’approuve, d’un point de vue descriptif). 2) L’autorité est par nature arbitraire et distribuée au hasard (crazy guide : "L'autorité est, par nature, arbitraire, puisque fruit du hasard"). Ce qui est totalement faux (bon, je ne vais pas refaire un siècle de sociologie en un paragraphe…), de même que l’idéologie du don, et étonnant de la part de quelqu’un qui rappelle l’importance des héritages culturels.
il faudrait donc des lois qui interdisent à certains d'avoir plus de charisme, plus d'ascendant sur les autres, plus de leadership.
Vaut-il mieux des dispositions discutées, débattues, controversées (sous forme de lois ou autres), ou des régularités sociales non dites, qui laissent croire en la liberté tout en assignant des places aux individus, et réciproquement ?
Pour nuancer l’idée du déclassement structurel des classes moyennes (à distinguer de la peur du déclassement), écouter par exemple ceci :
http://www.franceculture.fr/emission-la ... 2012-01-14
Tu es au courant qu'entre riches et pauvres, il y a ce que l'on appelle communément la classe moyenne, n'est-ce pas ? (certes, c'est une catégorie en péril, mais elle existe) Qu'il y a des nuances en tout et partout ? Que le monde n'est pas binaire ? Parce que j'ai des doutes, à te lire. (et je ne relèverai pas l'insulte politique aussi gratuite que dénuée de subtilité)
L’insulte n’est pas caractérisée dès lors qu’il y a simple énonciation d’un fait. L’une des stratégies électorales de la droite consiste à élargir le plus possible la définition de « la » classe moyenne, y opposer les autres (« les assistés ») tout en dénonçant la ponction de l’Etat, et de prendre i
n fine des mesures qui profitent aux degrés supérieurs de la hiérarchie, incluant une part mineure des classes moyennes. Ce faisant on oublie que les classes moyennes sont aussi un espace de transit, d’élévation sociale (je ne nie pas l’existence de la mobilité sociale dans notre société, je conteste la légitimité des positions et inégalités associées ; autrement dit je vomis le principe d’égalité des chances (qui participe de l’idéologie du don), cache-sexe méritocratique des inégalités bien réelles (elles, contrairement à l’égalité des chances), qui n’est en fait qu’une croyance en l’égalité des chances d’être inégaux ; foi qui résume bien l’ambivalence ces classes moyennes (« idéal-typiques »), à la fois croyance en l’universel (l’égalité, le mérite, la République) et défense des mécanismes de leur reproduction), et qu’une partie des enfants des classes populaires ayant connu une ascension sociale paieront à leur tour pour les """"assistés""" de demain (thèse de l’économiste interviewé ci-dessus).
On offre de face la vérité à son égal : on la laisse entrevoir de profil à son maître.
(Chamfort, Eloge de La Fontaine)