Erion a écrit :Lensman a écrit :
Je ré-insiste par ailleurs sur l'extrême difficulté de vraiment en faire quelque chose, MEME à supposer que ce soit une expression de la volonté divine. Alors, quand, en plus, on ne croit pas (comme moi, par exemple) que c'est une expression de la volonté divine, ça relativise furieusement l' intérêt de s'acharner à en extraire des règles de vie… Enfin, je dis ça pour moi…
Et c'est pour ça que je disais qu'on ne peut pas lire la Bible QUE comme une fiction. C'est une lecture possible, mais on ne peut la réduire à ça. D'autre part, le texte lui-même définit des règles de vie qui sont distinctes du récit légendaire (pour faire simple). C'est pour ça que j'évoquais le code civil, parce que cela s'en approche furieusement. "Tu ne tueras point" ne demande pas que l'on croit en Dieu, et c'est une règle de vie. On peut aussi reprendre l'exemple de la loi du talion, qui induit une proportionnalité de la peine par rapport à la faute, et ainsi de suite.
Ce qui fait que le texte est suivi, c'est qu'il soude la communauté, qu'il fait le lien non seulement entre les membres vivants, mais entre les générations passées et présentes. Passé la Genèse, le texte parle essentiellement du peuple juif, de son histoire en tant que groupe, à la différence des mythes grecs qui ne parlent que de héros inatteignables.
C'est pourquoi, à mes yeux, on ne peut pas faire du réductionnisme. Si la Bible a eu un impact plus grand que les mythes grecs, ce n'est pas seulement parce qu'il y a un Dieu en lequel croire (surtout un Dieu qui ne s'exprime pas directement, mais uniquement à travers des individus), mais parce que ce texte fonde la communauté, en lui parlant de sa vie concrète et en lui donnant une direction. C'est pour ça que je parlais de la Constitution, on est dans un objet du même ordre.
Je suis tout à fait d'accord. Mais il me semble extrêmement important de distinguer deux attitudes :
(a) L'approche à avoir si on considère que la Bible est la pierre de touche d'une religion révélée à laquelle on croit, au sens fort de croire (c'est la volonté divine, quand bien même elle n'est pas commode à déchiffrer, et c'est là que se trouve la volonté de Dieu);
(b) L'approche à avoir si l'on n'est pas croyant.
La (a) est extraordinairement exigeante, et je suis toujours impressionné (je ne dis pas forcément admiratif, mais impressionné) par les personnes qui sont croyantes et pensent vraiment qu'il faut se référer à ce texte non pas seulement parce qu'il indique des attitudes de vies qui seraient raisonnables, ou parce qu'il reflète l'héritage de longues traditions, ou parce qu'il donne des réponses, comment dire ?, socio-philosophiques (comment vivre en société, dans l'équilibre, dans la justice), MAIS parce que, PAR DESSUS TOUT, il est l'expression (pas simple à bien comprendre) de la volonté divine.
Dans l'attitude (a), la Bible ne peut pas être prise comme une fiction, même quand il y a de la bastion ou des histoires de fesses. Ce serait irrespectueux (et je ne ne plaisante même pas, enfin, si peu…). Quand les écrivains, ou cinéastes, etc, croyants, décident d'utiliser la Bible comme inspiration ludique, avec usage de la parodie, ils doivent le faire avec la plus grande prudence, et faire ressortir qu'ils sont croyants, même s'ils se permettent de faire du pastiche ou de la parodie : ils ont un devoir vis à vis d'eux-mêmes, et vis à vis des autres (respecter leurs coreligionnaires, ne pas donner une image négative au mécréants, lesquels sont potentiellement sauvables).
En revanche, pour les (b), tout est possible. La seule limite pourrait être: "bon, je ne vais pas trop me foutre de la Bible en la ridiculisant, parce que ça va faire de la peine à (un type gentil se dit ça…) ou ça va beaucoup énerver (un type prudent se dit ça…) certains des gens qui sont croyants". On peut se dire cela, mais rien n'empêche, non plus, de ne pas avoir ces scrupules ou cette prudence. rien n'y oblige, hormis l'idée que l'on se fait de la paix sociale (si on est entouré de croyants). On peut même rentrer dans le lard (hurrah!) et se dire que cal leur fera du bien de leur dire qu'ils croient à des conneries.
Pour moi, la Bible est une fiction, au sens que effectivement, je ne peux pas accorde le statut de fait à ce qui est écrit dedans, quand bien même il y aurait des choses "vraies" (historiquement parlant) dedans. Elle ne peut pas être autre chose qu'une fiction, puisque je ne peux pas adhérer à une croyance en un dieu.
bien sûr, je peux prendre la Bible pour un mix due trucs très vaguement historiques, de trucs entièrement imaginés (quand Dieu intervient), de document philosophique, etc. Mais c'est profondément une fiction, qui n'a que ce statut: encore une fois, même s'il y a des trucs vrais dedans, je m'en fou, car ce n'est là que je vais chercher où est le "vrai", et ou est le "faux". Seul le croyant peut faire cela. Cela ne peut pas être ma référence du "vrai" ou du "faux", même si je peux évidemment être en accord, éventuellement, avec la vue que porte la bible sur tel aspect éthique, moral ou social. Mais d'accord ou pas d'accord, ce n'est là que j'irai cherche ma référence au prétexte que ce serait une donné divine. En revanche, si j'étais croyant, et bien, même si je n'étais pas d'accord, je DEVRAIS me plier à ce qui serait dit dans la Bible (à condition de bien comprendre!), et si je ne le faisais pas, ce serait, effectivement, mal, et j'en paierais les conséquence, face à la volonté divine (et pas SEULEMENT face à la société ou à moi-même!)
Si cela ne change pas fondamentalement la donnée du problème (croyant:non croyant), alors, c'est que vraiment, je ne comprends rien de rien à ce qu'est une religion révélée! (remarque, c'est bien possible!)
(Voilà ! à la télé, à l'instant, une émission catholique parle de Révélation, du Désir de Dieu, de Sacrements… voilà des concepts que je comprends, mais qui me sont pourtant étrangers, que je ne peux pas appliquer. )
Bon, en route vers la documentation, car je vois que le ciel reste presque bleu…
Oncle Joe