Lensman a écrit :Tiens, je ne crois pas du tout dévier du sujet, en demandant: est-ce que les mêmes
qui diraient "SW, c'est pas de la SF" diraient Avatar, c'est pas de la SF"?
Le témoignage d'un camarade qui dirait non à SW et oui à Av serait le bienvenu...
Je vais encore m'y coller...
J'aime
Star Wars, beaucoup moins
Avatar. Mais leurs rapports respectifs à la science
m'amène à qualifier le second de science-fiction, non le premier, dont elle est essentiellement
absente.
Avatar met en scène une scientifique (modérément crédible, mais c'est une autre
question), consciente de l'importance de la méthode scientifique (même si c'est pour
mieux la transgresser). D'autre part, sans y connaître grand chose, je devine un gros
travail de définition d'une faune et d'une flore (très réussie !) raisonnablement cohérentes.
Lensman a écrit :Je pose la question pour savoir si la raison profonde du rejet (chez certains) de Staw
Wars est le fait que ce soit à la fois "simpliste" et "populaire" (populaire au sens énorme
succès public, ce qui irait contre une image "valorisante " (aux yeux de qui ?) de la SF
(en tout cas au cinéma).
Je n'ai sur le cinéma qu'un point de vue de consommateur de base, qui ne s'est jamais
senti "valorisé" par son plaisir à voir tel ou tel film. J'ai en revanche souvent ressenti
une dé-valorisation — la nette impression d'être pris pour un con. Un exemple : j'ai
aimé
Gattaca (G-A-T-T-A-C-A), mais celui qui a collé un "bienvenue à" à ce titre
intelligent mérite des baffes. On n'est plus dans le simplisme, c'est du mépris pur et simple.
Pour autant, j'ai observé, plutôt de l'extérieur, deux mécanismes de valorisation : celle
des spécialistes plus ou moins universitaires (je pense par exemple à la récente thèse
de Daniel Tron sur la métalepse dans les adaptations de Dick et Gilliam...), que je ne
distingue pas vraiment des autres approches strictement littéraires, et qui ne concerne
qu'une infime minorité du public ; et les approches de type fanique, ciné-club et consorts,
avec la propension habituelle à valoriser le groupe (les "cinéphiles"), avec son jargon et
ses effets de mode, par rapport aux Béotiens. Si ça peut leur faire plaisir...
Je note d'ailleurs que le succès populaire n'est pas un critère de démarcation suffisant :
certains immenses succès font l'unanimité — je pense aux
Lumières de la ville, ou
au
Nom de la rose.
En-dehors des différents "spécialistes', il me semble qu'il faut chercher ailleurs les
raisons des positions très arrêtées que semble susciter
Star Wars. Je ne suis pas loin
de penser qu'elles sont directement liées, assez paradoxalement, au rapport de chacun
à la physique. Le mien est assez serein, j'espère, pour me permettre de profiter du
spectacle sans me poser trop de questions, ni réagir celles que je peux voir soulevées
ensuite. Si l'on me parle de la sonorisation des tirs de laser dans l'espace, je peux,
selon l'humeur, laisser courir ou jouer à imaginer des interprétations plus ou moins
sophistiquées, mais on n'aura pas plus de chances de me déstabiliser qu'avec des
jeux de points de vue, copernicien ou non, galiléen ou non.
Mais l'exemple du système solaire montre que les gens de formation scientifique
intermédiaire, conscients d'une difficulté mais n'ayant pas vraiment accompli leur
révolution galiléenne personnelle, sont souvent les plus prompts à se moquer durement
du moindre soupçon de vision pré-copernicienne du monde, au point que c'est devenu
un classique des "bêtisiers", etc. Je me demande donc si on n'a pas ici à l'œuvre un
mécanisme du même genre : la conscience qu'il y a des choses qu'on devrait sans
doute savoir sur l'espace, sans être sûr de les maîtriser tout à fait, pourrait bien induire
un raidissement sur des considérations anecdotiques, simplistes en première analyse,
pour mieux marquer une différence avec un public "populaire", sans prétention
scientifique aucune.