Lensman a écrit :
Avec un problème: si tu veux voter pour un député qui est opposé au nucléaire, par exemple, tu n'as que le choix de voter pour le parti écologique. Je ne vois pas pourquoi dans les autres partis, il semble obligatoire de se plier à cette option. Il ne semble pas exister de clivage, au sein des autres partis, ce qui est tout de même problématique, et réduit l'intérêt du débat.
Oncle Joe
Ta remarque est juste. Tu soulignes toute la limite d'une démocratie représentative.
Essayons de raisonner.
Premier point : la représentation. Tu évoques le sujet du nucléaire, mais bien d'autres sujets peuvent devenir "clivants" (choix sociaux, économiques, etc.) et il est assez peu probable que dans une élection législative, tu trouves le candidat qui porte exactement (donc qui représente) ton choix d'idées sur des sujets que tu as établi comme étant décisifs à tes yeux. L'élu représentant est-il le strict mandataire de tes idées ?
Par exemple, sur des sujets que tu estimes décisifs - disons qu'il y en a 5 et nommons-les A, B, C, D, E. Désignons 0 pour oui et 1 pour non. Ton choix, à un moment donné (et le jour du vote), est :
A1, B0, C0, D1, E1. Que fais-tu si aucun candidat ne correspond à ce choix ? Choisis-tu celui qui s'en approche le plus ? Choisis-tu en fonction de pondérations ? Fais-tu intervenir d'autres critères (personnalité du candidat, appartenance politique, âge, sexe, nez sur la figure, etc.) ? Exemple par l'absurde, si le candidat qui t'est le plus opposé politiquement correspond le mieux à ton choix / sujets clivants : A1, B0, C0, D1, E, voteras-tu pour lui ?
Ou bien le vote est-il autre chose qu'une mandature d'idées ?
Second point : combien de sujet peuvent-ils être traités par une réponse binaire 0/1 ? Tu pars de deux positions sur une idée A : pro A et anti A. Est-ce que toute réflexion se résume à ce choix ? Les positions intermédiaires doivent-elles être disqualifiées du fait d'un exercice démocratique (un référendum, par exemple ) ?
Là, c'est la question de la démocratie directe qui est posée. Peut-on résumer les choix et les orientations d'un pays par des questions très simples ? Dans ce cas, qui décide desquelles et de leur formulation ?
Troisième point. Soyons logique : plus un courant de pensées est idéologiquement uniforme, plus l'identification électeur/sympathisant et élu/représentant est simple et facile. Faut-il alors privilégier les partis et courants de pensées formant un "bloc" idéologique ?
Là apparaît le sujet de la maturité démocratique. Plus un corps d'idées est "jeune" (moins il s'est confronté à la réalité), plus il est univoque et simple. Plus il vieillit (et se confronte à des choix), plus il paraît brumeux et moins ses limites paraissent évidentes. Cela veut-il dire que la démocratie est condamnée à revenir régulièrement à une forme d'idéologie jeune et compacte pour se ressourcer ou que les idées politiques doivent se radicaliser régulièrement pour refaire sens ?
Allez, en guise de digestif. Je ne peux m'empêcher de pousser la logique de la suggestion que tu fais (il devrait y avoir un clivage sur le nucléaire à l'intérieur de chaque parti). Pour une bonne symétrie, il devrait alors y avoir des pro-nucléaires dans le parti écologiste.
Navré de te répondre par des questionnements, mais en général, je les préfère aux réponses... et plus encore aux réponses toutes faites de ceux qui "savent" ce qui est bon, ce qui est juste et ce qui est beau. Et dont la principale idée est de "m'apprendre" ce qu'ils savent.
Norbert M.