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est-ce que la dépolitisation de la vie publique...
Posté : dim. nov. 27, 2011 10:57 am
par dracosolis
...est-ce que la dépolitisation de la vie publique est la cause de la (quasi) disparition de la SF politiquement engagée ?
question amusante posée par notre MF national.
Posté : dim. nov. 27, 2011 11:00 am
par dracosolis
J'aimerais déjà qu'on me prouve la disparition de la SF engagée.
parce que j'ai le sentiment que la mienne (au hasard) l'est, de même que celle de Rô, sans que pour autant nous écrivions ni lui (ni surtout moi) des pamphlets politiques
Prenons Yal, il n'est pas mort, et il s'engage toujours (admettons que ses thrillers ne sont pas SF mais baste)
En gros, à quelle dose d'engagement dans un livre doit on considérer que la SF s'engage ?
Posté : dim. nov. 27, 2011 11:10 am
par Erion
"dépolitisation de la vie publique" ????
ah bon ?
Posté : dim. nov. 27, 2011 11:12 am
par dracosolis
donc moi je m'élève contre "disparition sf engagée"
toi contre
"dépolitisation vie publique"
Houston, nous avons un problème de définition^^
Posté : dim. nov. 27, 2011 11:17 am
par silramil
Perso je relie ça à l'évolution des thèmes de la SF, qui doit autant aux influences de la société qu'à une histoire littéraire interne.
Donc histoire littéraire, à distinguer de l'histoire du cinéma, par exemple. Noter que de très nombreux films de SF récents ont un argument (éventuellement prétexte) politique/social. Voir le récent Time Out (In Time, en anglais), ou Repo men. La liste pourrait être longue.
Pour revenir à l'histoire littéraire, il y a eu une fébrilité politique en SF française pendant les 70s, sans même parler de la SF politique, qui n'a eu moins d'existence qu'elle n'a fait de bruit. Cet intérêt pour la politique/ systèmes de société, etc. a pris la forme d'une dénonciation tous azimuts : le schéma classique de cette époque est de montrer des héros pris au piège d'une société problématique, qui cherchent à la détruire ou à s'en échapper.
Pas vraiment de message, au passage.
Ensuite, il y a eu évolution des thèmes littéraires, et on s'est éloigné de ce schéma qui avait fait son temps. Les années 80 ont vu cette thématique se noyer dans une surenchère d'ultraviolence, avec encore moins de message. Les années 90, avec le retour à l'espace, à un optimisme mâtiné de cyberpunk un peu plus sombre, me semblent plus tournées vers le plaisir d'imaginer des futurs habitables. Ensuite, on entre dans un paradigme plus diffus, où on fait des pas de côté par rapport à la réalité, c'est un peu tôt pour juger.
Pour autant, la dimension politique est présente dans de nombreux textes à toutes les époques. Faut se souvenir que c'est de la fiction, donc il n'y a pas vraiment de thèse très nette, mais on peut tirer un ensemble de valeurs politiques et morales générales de textes de nombreux auteurs, en plus de ceux cités par draco, comme Bordage, Wintrebert, Genefort, Dufour, Ligny.
Posté : dim. nov. 27, 2011 11:17 am
par Erion
Ben, je ne sais pas à quoi fait référence ce terme. On peut évoquer le recul de l'engagement partisan (ok), la fin des idéologies mobilisatrices (ok), mais la dépolitisation de la vie publique... J'ai plutôt l'impression qu'avec le président Sarkozy, on a une mégapolitisation de la vie publique, vu que le moindre fait divers devient un enjeu politique.
Posté : dim. nov. 27, 2011 11:18 am
par silramil
Bon, ben tout va bien, alors.
Posté : dim. nov. 27, 2011 11:25 am
par dracosolis
silramil a écrit :Bon, ben tout va bien, alors.
tu es taquin mais je souscris à plus de "bruit" dans les années 70
peut-être qu'il n'y a pas de sentiment de besoin de revenir sur des trucs déjà dit et qui font figure de transatlantiques pour ne pas dire de bateaux :
dénonciation du colonialisme ancienne manière par exemple (que reprennent pourtant quasiment en 'état -- et pour servir d'autres fins-- des films -- nuls-- tels qu'avatar)
(faisons confiance aux ricains pour s'emparer d'un sujet quand il n'a plus rien de révolutionnaire)
(ou pour s'arranger afin qu'il cesse de l'être)
je crois que la société dans laquelle nous sommes est malgré tout en train de muter politiquement :
je veux dire que lentement mais sûrement les "nantis de Georges" sont en train de récupérer les privilèges perdus en 1945 quand de Gaulle les a pris à la gorge et qu'ils n'avaient pas vraiment intérêt à la ramener (acquis sociaux post 45 grignotés un par un, démantèlement programmé des services publics non régaliens au profit du privé au point que des livres tels que Going Postal vont finir par devenir de vrais brulants sujets en France)
et une partie de la SF (là je songe à Yal, Wintrebert , à l'exclusion de genefort, Rô et ligny) qui est toute occupée à se battre pour le droit des individus à être eux-mêmes (je parle des théories du genre par exemple) ne se collète peut-être pas avec cette partie du problème qui est global, communautaire et non individuel
Posté : dim. nov. 27, 2011 11:36 am
par Roland C. Wagner
dracosolis a écrit :J'aimerais déjà qu'on me prouve la disparition de la SF engagée.
parce que j'ai le sentiment que la mienne (au hasard) l'est, de même que celle de Rô, sans que pour autant nous écrivions ni lui (ni surtout moi) des pamphlets politiques
Sauf que j'ai vu passer deux fois en une semaine le terme « pamphlet (politique) » appliqué à deux de mes bouquins.
La première fois, c'était quelqu'un à qui l'on avait conseillé
La saison de la Sorcière et qui, après avoir googlelisé, avait l'impression que c'était un pamphlet. La personne le disait en toute innocence, je ne m'en suis pas mêlé, à quoi bon ?
La deuxième date d'hier, vous la connaissez, c'était au sujet de
Rêves de Gloire. I s'agissait d'une attaque
ad hominem, j'ai foncé dans le tas.
Alors je vous pose la question : qu'est-ce qu'il faut faire pour que ses textes ne soient pas ainsi qualifiés quand on écrit de la fiction spéculative en prise sur le réel ?
Posté : dim. nov. 27, 2011 11:40 am
par dracosolis
Roland C. Wagner a écrit :
Alors je vous pose la question : qu'est-ce qu'il faut faire pour que ses textes ne soient pas ainsi qualifiés quand on écrit de la fiction spéculative en prise sur le réel ?
ma puce, tu ne peux pas empêcher les gens de mal lire, et c'est pas grave et même c'est leur droit
(dont je t'accorde qu'ils abusent)
même si tu écrivais en grosses lettres gothiques à côté du titre "100 pour 100 pamphlet free" je ne suis pas convaincue que ça marche.
Et puis baste
tu as une position politique (voire plusieurs) dans ce bouquin : je te cite "c'est un livre sur l'organisation aussi"
le fait que certains ânes bâtés ne voient pas la nuance entre un roman et un essai n'est pas si grave au regard de cela, la prise position politique identifiée
et puis ça prouve que la littérature fout encore la trouille ^^
Posté : dim. nov. 27, 2011 12:08 pm
par Erion
Pour en revenir à la "dépolitisation de la vie publique", j'aurais plutôt tendance à dire que le moindre engagement vient justement de l'extension du politique à tous les domaines de la vie.
Récemment, je lis une info sur des chercheurs ayant inventé une lentille oculaire capable d'afficher des pixels (enfin, un seul pour l'instant) le tout étant relié à un émetteur. Imaginez donc votre écran de smartphone affichant des données dans votre champ visuel.
Je regarde les commentaires, et c'était une suite de ratiocinations, sur le fait que "pendant ce temps là, des gens meurent de faim", "que cela va nous empêcher de penser", "que c'est la fin de la civilisation" (sic).
Bref, uniquement un traitement politique de la découverte, aucun commentaire pour envisager un usage, exploiter le potentiel du truc, etc.
Je veux bien qu'on s'interroge sur l'impact social d'une telle invention, mais pas au point de supprimer tout le reste, tout ce qui n'a pas d'implication politique.
Par conséquent, le domaine du politique ayant enflé démesurément (plus on le critique, plus on critique l'incapacité des politiques à agir, plus on demande à ce qu'il gère tout depuis le moindre fait divers jusqu'à la vie familiale et intime), le discours politique "engagé" perd de sa vigueur. A force de dénoncer tout, on finit par ne dénoncer rien. Tout se met sur le même plan.
Il me semble qu'il y a plutôt un problème de hiérarchisation, de structuration qu'un problème de mobilisation.
Le mouvement des indignés en France est symptomatique. Il y a une vraie envie de mobilisation politique, mais aucune direction, aucune structuration. On refuse les partis politiques, mais on ne sait pas trop pour quoi en faire.
Posté : dim. nov. 27, 2011 12:09 pm
par Anne
Dépolitisation due à un excès de parole populaire...
C'est moi ou nous sommes dans l'ère de la populace? Les débats que je lis (politiques et littéraires, puisque c'est le sujet) tiennent plus du comptoir au café du commerce que de l'analyse.
Le problème est peut-être aussi une question de récepteur qui devient émetteur et qu'on prend du coup bêtement pour un "faiseur" de tendances et d'opinions.
Posté : dim. nov. 27, 2011 12:10 pm
par MF
dracosolis a écrit :J'aimerais déjà qu'on me prouve la disparition de la SF engagée.
tu le sais que tu as, sciemment ou pas, supprimé "
(quasi)" -ça tu pouvais- et "
politiquement" -ça tu pouvais pas- ?
Posté : dim. nov. 27, 2011 12:13 pm
par Anne
Grande spécialité de Draco qui est trop de son époque et marche par mots clés....
Posté : dim. nov. 27, 2011 12:13 pm
par dracosolis
MF a écrit :dracosolis a écrit :J'aimerais déjà qu'on me prouve la disparition de la SF engagée.
tu le sais que tu as, sciemment ou pas, supprimé "
(quasi)" -ça tu pouvais- et "
politiquement" -ça tu pouvais pas- ?
quasi j'ai vu^^
et puis je me suis dit que non ça irait quand même
"politiquement" j'ai supprimé où ?
edit :
vu !
ouais c'est juste que pour moi, engagé et politiquement engagé c'est la même
on s'engage dans quoi si pas politiquement ?