Mais comment font-ils ?
Posté : dim. janv. 21, 2007 6:07 pm
Vous vous le demandiez ?
Et bien voilà !
Et bien voilà !
Le très puissant et très sombre ordre mondial secret des critiques littéraires a évidemment lancé une fatouah sur la tête de cet immonde traître à sa race !Miles Kington : Masterclass : Comment écrire une chronique littéraire ?
Grosso modo, c'est comme écrire un roman, sauf qu'au lieur d'entretenir le lecteur de vos personnages, le truc, c'est de parler de VOUS.
Aujourd'hui, un critique en vue vous révèle ses secrets de cuisine.
Salut tout le monde.
Aujourd'hui, je vais vous dire comment rédiger une chronique littéraire.
Je suis toujours étonné du nombre de personnes que je rencontre et qui n'ont jamais écrit de critique littéraire, ou qui, s'ils l'ont fait n'ont pas pleinement conscience de l'avoir fait.
Ce n'est pas la même chose avec un roman.
Bien-sûr, vous avez déjà tous écrit un livre.
Pour certains, vous avez même déjà été publiés et chroniqués.
Vous êtes donc tous parfaitement au fait de ce qu'est l'art de la fiction, à savoir : parler au lecteurs de vos personnages.
Alors qu'en est-il de la critique littéraire ?
Et bien c'est à peu près la même chose, excepté qu'au lieu de parler de vos personnages, vous parlez de vous.
Je vous entend déjà protester et dire qu'écrire une critique, c'est avant tout parler du livre chroniqué et de son auteur.
Allez ! S'il vous plaît, ne soyons pas naïfs.
Lorsque vous vous asseyez à votre bureau pour critiquer un roman, vous avez principalement 5 choses à dire.
a) Comment il s'intègre dans l'œuvre de l'auteur (ex : "Pour quelque obscures raisons, elle a abandonné les études des rapports familiaux qui avaient jusqu'ici fait son succès...")
b) A quel point son travail vous rappelle celui d'autres auteurs, généralement meilleurs (ex : "Clairement nous croisons ici dans les même eaux que Zadie Smith, avec peut-ête un soupçon de Martin Amis...")
c) Combien le livre aurait été différent si il avait été écrit par vous (ex : "On peut raisonnablement s'interroger sur la nécessité d'utiliser 3 narrateurs...")
d) Ce qui ne va pas avec la couverture (ex : "L'illustration de la couverture aurait été parfaite pour un roman sur Venise. Dommage parce que ce livre est sensé être une étude psychologique sur l'art...")
e) Combien, en dépit de tout ce que vous venez de dire, ce livre vaut le coup (ex : "Cependant, en dépit de tout ce que je viens de dire, ce livre vaut le détour...")
A première vue, on pourrait croire que vous parlez du livre.
Faux !
Vous parlez de vous.
Ce que vous dites en fait, c'est :
a) Que vous avez consciencieusement lu les autres livres de l'auteur.
b) Que vous avez lu des livres d'autres auteurs aussi.
c) Que vous êtes un meilleur auteur que celui dont vous parlez.
d) Ainsi qu'un meilleur illustrateur
e) Mais que vous êtes d'un naturel magnanime.
Evelyn Waugh a dit un jour que la règle d'or en mantière de critique, c'est de ne jamais descendre un livre que vous n'avez pas lu. Règle aujourd'hui largement démodée, voire utopique. Aucun cirtique n'a le temps de lire entièrement. Pas pour le prix qu'il est payé. Le truc, en fait, c'est de donner l'impression que vous avez lu le livre jusqu'au bout.
Ça peut facilement être fait en citant des extraits tirés des derniers chapitres. Et en relevant un erreur.
Comme ça :
"Le travail de préparation n'est plus ce qu'il était, et de nombreuses erreurs se sont glissées dans le livre.
Ainsi la bataille de Lépantes, à bien eu lieu en 1571 et non en 1471, comme l'auteur aurait voulu nous le faire croire."
Évidemment, cela implique de trouver une erreur. Cela dit, si vous n'en trouvez pas, pas de problème, fabriquez-en une. Je connais un critique qui avait écrit "Le deuxième prénom de Jerome K.Jerome était, bien entendu, Klapka, et non Kafka", une bonne vingtaine de fois avant de se faire pincer.