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par Gérard Klein » ven. janv. 25, 2013 1:19 am
J'ai aussi beaucoup réfléchi à la dimension temporelle qui donne à certains le vertige.
Pas tellement à moi.
Cent ans, ça fait quatre ou cinq générations.
Cent mille ans, ça en fait donc quatre mille ou cinq mille, six mille si on y tient.
Ce n'est pas si énorme. Allons jusqu'à vingt mille. Si la structure du génome est stable dans sa diversité d'allèles, ça tient bien la route.
Inversement, la variété extrême des races de chiens, supposées interfécondes, a été produite en trois ou quatre siècles, pour l'essentiel par des éleveurs britanniques.
Et il n' a fallu que quelques dizaines d'années, parfois moins, pour que des populations d'oiseaux changent de couleur, suite à la pollution.
J'ai utilisé jusqu'ici une ironie bien innocente dans l'espoir vain de faire bouger Pontiac.
Maintenant, je lui demande, tout en respectant sa ou ses croyances, ceci.
Pourquoi attache-t-il plus de poids ou de foi, à quelques pages d'un texte assez obscur, peut-être écrit à l'origine dans une langue que plus personne n'est certain de comprendre, l'hébreu archaïque, et traduit ensuite dans le meilleur des cas dans l'hébreu des premiers siècles, puis en grec, puis en latin, puis dans un grand nombre de langues vulgaires dont le Français (et j'en ai dans cette langue au moins trois traductions à peine compatibles), texte qui se contredit parfois par exemple en parlant d'un Dieu au singulier et de Dieux au pluriel, dont les racines semblent bien mésopotamiennes et peut-être en partie égyptiennes, texte sans doute respectable tel qu'il nous a été légué,
mais donc pourquoi lui attache-t-il plus de poids qu'aux efforts de milliers ou de dizaines de milliers d'humains exceptionnels qui ont confronté des observations, des théories et des expériences depuis que la science moderne existe, soit quatre à six siècles, et qui ont adopté le principe de la démocratie critique: ni la tradition, ni la majorité n'ont raison, mais celui qui parvient à convaincre ses pairs et qui, ce faisant, accepte que sa propre proposition soit renversée par une autre ultérieure.
La force des sciences, c'est de ne jamais s'arrêter à une vérité. C'est d'être toujours en chemin même si cela prend souvent du temps d'en changer.
Je respecte, à la condition qu'elles ne soient pas intrinsèquement perverses (pour reprendre l'expression d'un pontife), les religions qui sont de loin les institutions les plus durables de l'espèce humaine (avec les langues et les cultures mais sont-ce des institutions?) et qui s'efforcent de la canaliser. Mais elles ne peuvent pas prétendre nous dire que ce que nous constatons au prix d'immenses efforts n'est pas acceptable, contre toute évidence.
Si l'on veut contester les "vérités" scientifiques, c'est sur leur terrain qu'il faut se placer. C'est un droit assurément, mais il y a un prix à payer. Apprendre.
Mon immortalité est provisoire.