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Le livre numérique, suite du débat

Posté : ven. mai 07, 2010 7:14 am
par jerome
Plusieurs infos sur le livre électronique.

- D'abord un chiffre : Denoël a vendu un seul exemplaire en numérique Encore une chose... de Colfer. Il coute 15,20 € en PDF, 16,20 € en EPUB, 18.05 en papier. Le record c'est deux exemplaires vendus...
Je vous invite à lire les commentaires. C'est ici

- Le gouvernement annonce une loi pour 2010 dans une interview de Nicolas Georges, directeur adjoint du livre et de la lecture, au Ministère de la Culture et de Communication publiée sur le site Actualitte.

"Avez-vous des échéances pour l’adoption d’une loi sur le livre numérique ?
Si on ne fait pas la loi en 2010, on ne la fera jamais. Notre calendrier interministériel et interprofessionnel est d’avoir une ébauche de texte d’ici la fin du premier semestre 2010. Une ébauche de texte signifie, en amont, avoir effectué tout le travail de définition des risques, des possibilités, des contraintes juridiques. [NdR : fin juin, selon toute vraisemblance]

La loi en tant que telle est simple : il s’agira d'un texte court, en complément de la loi de 1981 qui resterait intacte. Mais les sujets sont relativement lourds. Par exemple, la question de la territorialité de cette loi, qui, par définition, ne pourra s’appliquer qu’en France. Avec les phénomènes de délocalisation dus au numérique, comment peut-on imposer aux acteurs étrangers de respecter la loi française sur le prix unique ? C’est complexe. Il faut un texte particulier, qui permette de la souplesse et permette des ajustements si besoin. On donne aussi du temps au marché pour commencer à se constituer. L'avis que nous avions sollicité de l'Autorité de la concurrence est important à cet égard.
"

- Et puis une pétition d'auteurs et d'illustrateurs a été lancée sur internet. Ils s'inquiètent de leurs rémunérations.

Voici le texte de la pétition :
Les écrivains et illustrateurs de livres reprennent à leur compte et soutiennent la pétition des auteurs de Bande Dessinée

La "révolution numérique" du livre se passe ici et maintenant, à marche forcée, et sans les auteurs.

Les auteurs ne peuvent que se réjouir de voir leurs éditeurs s?être enfin engagés sérieusement dans cette révolution et, pour certains secteurs du livre, de les voir répondre par des offres licites aux seules propositions actuelles qui sont celles des pirates du Net. Mais les auteurs déplorent que les initiatives éditoriales partent dans tous les sens -imposent leur cadre- sans plus aucun cadre légal adapté et protecteur des auteurs.

? Comment et sur quoi seront rémunérés les auteurs ? De quoi vont-ils vivre ?
Quels seront les circuits et systèmes d?exploitation des livres numériques ? Qui seront les vrais commerçants de ce marché numérique qui reste à construire ?
Comment l'éditeur va-t-il adapter au numérique les usages établis de l?exploitation permanente et suivie qui sont au coeur de son métier : vente active, promotion, disponibilité permanente du « produit » ?
Pourquoi les auteurs devraient-ils céder leurs droits numériques leur vie durant et même 70 ans après leur mort ?

Au lieu d'ouvrir le débat, le SNE et chaque éditeur essaient d'imposer sa règle et ses conditions.

Mais les auteurs ont maintenant bien compris que si le livre numérique est vendu deux ou trois fois moins cher que son équivalent papier, si la TVA appliquée au livre numérique (19,6 %) est presque quatre fois plus élevée que celle applicable au livre papier (5,5 %), même si leurs éditeurs leur proposent un pourcentage identique pour le livre numérique que pour le livre papier, mécaniquement cela entraîne une baisse très importante de leur rémunération.

Nous pouvons légitimement nous demander si les éditeurs ne nous considèrent pas, ainsi que nos droits d'auteur, comme de simples variables d'ajustement dans l'économie du livre numérique. Sans les œuvres des auteurs, ce "marché en devenir" ne serait rien, pourtant il se construit sans qu'ils soient entendus.

Nous voulons des réponses sérieuses et argumentées aux questions que nous nous posons.

Nous voulons que la cession des droits numériques fasse l'objet d'un contrat distinct du contrat d'édition principal.

Nous voulons que la cession des droits numériques soit limitée précisément dans le temps afin d'être réellement adaptable et renégociable, au fur et à mesure, de l'évolution des modes de diffusion numérique.

Nous voulons que toute adaptation numérique des livres soit soumise à la validation des auteurs et que ceux-ci soient cosignataires de toute cession à un tiers des droits numériques.

Les écrivains et illustrateurs de livres refusent d'autoriser « en blanc » l'exploitation de leurs œuvres dans un format numérique. Ils appellent les pouvoirs publics à organiser un groupe de travail représentant tous les éditeurs et tous les auteurs de livres.

Gardons nos droits numériques pour faire entendre notre voix.

Ce texte est co-rédigé et soutenu par les organisations professionnelles suivantes :
SNAC Syndicat national des auteurs et des compositeurs, SCAM Société civile des auteurs multimedia, Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, Cose Calcre, Union des Écrivains, EAT Écrivains associés du théâtre, ATLF Association des traducteurs littéraires de France, UGS Union guilde des scénaristes, UNPI Union nationale des peintres et illustrateurs, SAIF Société des auteurs des arts visuels et de l'image fixe, SELF Syndicat des écrivains de langue française

Contact coordination : Snac, 80 rue Taitbout, 75009 Paris, Tél. : 01.48.74.96.30, snac.fr@wanadoo.fr

Posté : ven. mai 07, 2010 9:32 am
par LDavoust
Comme le dit Gilles Dumay en commentaires:
En se braquant sur le piratage, auteurs / éditeurs / agents ne font que lui dérouler le tapis rouge.
Je crains qu'on ne retienne pas davantage la leçon apprise à la dure par la musique et le film. :(

Posté : ven. mai 07, 2010 10:28 am
par rmd
Z'etes négatifs, je vous rappelle que christine albanel s'occupe du livre numérique, ca ne peut donc que bien se passer.

Re: Le livre numérique, suite du débat

Posté : ven. mai 07, 2010 10:57 am
par Eons
jerome a écrit :- D'abord un chiffre : Denoël a vendu un seul exemplaire en numérique Encore une chose... de Colfer. Il coute 15,20 € en PDF, 16,20 € en EPUB, 18.05 en papier. Le record c'est deux exemplaires vendus...
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Des e-books avec DRM quasiment au même prix que le papier, c'était couru d'avance !

Posté : ven. mai 07, 2010 11:22 am
par LDavoust
@rmd: en plus de cumuler chez Orange. Non, vraiment, l'avenir français en matière de nouvelles technologies est assuré, y a pas à dire.

Posté : ven. mai 07, 2010 11:50 am
par Don Lorenjy
Gilles en commentaire a écrit :Mais bon, tout ça est appelé à changer, il faut suivre les évolutions, être prudent quand on est auteur, etc.
Être prudent, je pense, c'est notamment demander de sortir du contrat l'exploitation/cession des droits numériques en précisant qu'ils feront l'objet d'un autre contrat.

Posté : lun. mai 10, 2010 11:35 am
par Onirian
Des e-books avec DRM quasiment au même prix que le papier, c'était couru d'avance !
Absolument ^^.
De toute manière pour moi, que ce soit pour de la musique ou des livres, DRM signifie que je vais avoir des em*** pour utiliser ce que j'ai acheté donc c'est non, ou alors à un prix de "location", comme dans les bibliothèques, mais là, économiquement, c'est intenable.


Ceci étant, du haut de mon monde merveilleux, magique et naïf, je me pose une question sur le prix des livres numériques justement.

Quand un éditeur (sérieux) traite un livre, entre le premier manuscrit et l'impression, il y a tout un travail qui est fait (et qui mérite évidement rémunération).
Pour les livres numériques la seule chose qui change par rapport à du papier, c'est l'impression proprement dite. Pourquoi est-ce que la différence de prix entre le papier et le numérique n'est pas "juste", cette part là (l'impression et le stockage des livres) qui ne revient plus à l'éditeur, dans la mesure ou il ne doit plus supporter ce cout ?
Normalement, personne ne doit perdre d'argent, c'est juste un cout qui disparait et qui donc doit être enlevé du prix final que paye le client.

Ca me semble être... juste du bon sens. J'ai faux quelque part ?

Posté : lun. mai 10, 2010 11:40 am
par Sybille
Onirian a écrit :Quand un éditeur (sérieux) traite un livre, entre le premier manuscrit et l'impression, il y a tout un travail qui est fait (et qui mérite évidement rémunération).
Pour les livres numériques la seule chose qui change par rapport à du papier, c'est l'impression proprement dite. Pourquoi est-ce que la différence de prix entre le papier et le numérique n'est pas "juste", cette part là (l'impression et le stockage des livres) qui ne revient plus à l'éditeur, dans la mesure ou il ne doit plus supporter ce cout ?
Normalement, personne ne doit perdre d'argent, c'est juste un cout qui disparait et qui donc doit être enlevé du prix final que paye le client.

Ca me semble être... juste du bon sens. J'ai faux quelque part ?
Il faut aussi prendre en compte le mode de diffusion (diffuseur, distributeur, libraire).
Perso, en attendant de trouver le manuscrit qui lancera l'aventure numérique pour CitronMeringue, je continue de regarder comment tout cela évolue, même s'il reste pas mal de questions, notamment sur le format.
Mais je sais que le coût du papier, la marge du libraire... sont importantes sur un livre-papier donc je suis persuadée que le livre numérique représente une belle économie pour le lecteur.

Posté : lun. mai 10, 2010 11:40 am
par Le_navire

Posté : lun. mai 10, 2010 12:02 pm
par Erion
Sybille a écrit : Il faut aussi prendre en compte le mode de diffusion (diffuseur, distributeur, libraire).
Perso, en attendant de trouver le manuscrit qui lancera l'aventure numérique pour CitronMeringue, je continue de regarder comment tout cela évolue, même s'il reste pas mal de questions, notamment sur le format.
Mais je sais que le coût du papier, la marge du libraire... sont importantes sur un livre-papier donc je suis persuadée que le livre numérique représente une belle économie pour le lecteur.
Je ne retrouve pas le lien, mais j'ai lu une réflexion intéressante sur la question du "poche numérique".
En effet, si on vend un livre numérique à 14 euros, son équivalent grand format à 20 euros et un livre de poche papier à... 9 euros, on a un problème dans la chaîne du livre.

Est-ce que cela signifie la fin du poche ? Comment va s'opérer la chronologie des supports ?
En musique, sur iTunes, avec l'abandon des DRM, on a vu l'arrivée de prix qui changent avec le temps. Comment ça va se passer pour le livre numérique ?

Bref, y'a encore de la place pour la réflexion.

Posté : lun. mai 10, 2010 11:58 pm
par Erion
Et on continue avec l'iPad et l'édition numérique ;
http://lulublog.com/2010/04/03/lulu-on-the-ipad/

Le site d'auto-édition lulu.com a mis au point un accord avec l'ibookstore pour pouvoir y présenter les titres des ses auteurs.

Posté : mar. mai 11, 2010 7:52 am
par Don Lorenjy
Erion a écrit :
Est-ce que cela signifie la fin du poche ? Comment va s'opérer la chronologie des supports ?
En musique, sur iTunes, avec l'abandon des DRM, on a vu l'arrivée de prix qui changent avec le temps. Comment ça va se passer pour le livre numérique ?

Bref, y'a encore de la place pour la réflexion.
On va avoir un problème avec le prix unique du livre, non ?
Ou alors il faudra limiter la règle au livre physique.
Ou encore défendre l'idée qu'un livre numérique peut avoir plusieurs versions, et donc plusieurs prix.

Ce qui permettrait d'avoir un échelonnement du prix comme pour les DVD. On est pressé, on paye cher (et on a des bonus, par exemple). On attend 6 mois ou un an et on paye moins cher un fichier moins étoffé.

Posté : mer. mai 12, 2010 1:24 pm
par GillesDumay
Don Lorenjy a écrit :On va avoir un problème avec le prix unique du livre, non ?
En fait non (si j'ai bien compris ce qu'on m'a expliqué).

A est à 22 brouzoufs en grand format (dans toutes les enseignes de France, avec une remise maxi de 5%)
A est à 7,20 brouzoufs en poche
C'est exactement le même texte
A sera à XX brouzoufs en numérique, c'est XX qui ne doit pas changer d'une enseigne à l'autre.Le prix de la version numérique de A doit être le même partout.

Maintenant les versions epub et PDF sont a des prix différents, puisque ce sont deux exploitations différentes (avec codes-article différents) du même texte A. Dans un futur très proche A risque d'être commercialisés sous dix formes différents à dix prix différents, mais la version epub de A sera partout au même prix (hors remise légale).

GD

Posté : mer. mai 12, 2010 1:42 pm
par Lensman
GillesDumay a écrit :
Don Lorenjy a écrit :On va avoir un problème avec le prix unique du livre, non ?
En fait non (si j'ai bien compris ce qu'on m'a expliqué).

A est à 22 brouzoufs en grand format (dans toutes les enseignes de France, avec une remise maxi de 5%)
A est à 7,20 brouzoufs en poche
C'est exactement le même texte
A sera à XX brouzoufs en numérique, c'est XX qui ne doit pas changer d'une enseigne à l'autre.Le prix de la version numérique de A doit être le même partout.

Maintenant les versions epub et PDF sont a des prix différents, puisque ce sont deux exploitations différentes (avec codes-article différents) du même texte A. Dans un futur très proche A risque d'être commercialisés sous dix formes différents à dix prix différents, mais la version epub de A sera partout au même prix (hors remise légale).

GD
Je me demande ce que cela va donner sur le marché de l'occasion... le concept devient complexe...

Oncle Joe

Posté : mer. mai 12, 2010 2:21 pm
par Don Lorenjy
GillesDumay a écrit : A sera à XX brouzoufs en numérique, c'est XX qui ne doit pas changer d'une enseigne à l'autre.Le prix de la version numérique de A doit être le même partout.

GD
Ce qui ne répond pas à la question : quid de la possibilité de changer le prix d'une version numérique de A 6 mois après sa sortie ?
Interdite par la loi du prix unique ?
Ou rendue possible par le fait qu'on change le "produit" (bonus, malus...), de même qu'à texte identique un "produit" gd format n'est pas le même qu'un "produit" poche ?