La migration des chansons
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La migration des chansons
Frédéric Kaplan est un chercheur de 31 ans. Il travaille depuis 1997 au Sony Computer Science Laboratory de Paris. Ingénieur Télécom, diplômé de l’Ecole nationale supérieure des télécommunications, docteur en intelligence artificielle, il a été interviewé par Livres Hebdo (LH n° 648 du 2 juin 2006, propos recueillis par Daniel Garcia) à propos du livre électronique.
Mais ce que je vous ai recopié ci-dessous parle plutôt des lecteurs MP3, du WIFI et de chansons « intelligentes ».
« Des chercheurs Viktoria Institute de Göteborg, en Suède, ont ainsi travaillé sur des lecteurs MP3 équipés de connections WIFI ad hoc, qui permettent à ces lecteurs d’établir entre eux des connexions autonomes, sans qu’il soit besoin qu’un humain les active. La technologie est très simple : elle peut à court terme se répandre dans le grand public. Les chercheurs ont ensuite équipé des volontaires de ces lecteurs MP3, qui les ont utilisés comme s’il s’agissait de leur propre lecteur. A cette différence près que, ici, chaque chanson contenue dans le lecteur est à même d’évaluer à quel point elle est appréciée dans l’écologie de l’ensemble du lecteur – là encore, la technique est aujourd’hui assez simple : il suffit d’insuffler un peu d’intelligence artificielle dans le lecteur. Notre chanson est donc capable de savoir si elle est écoutée souvent, ou pas du tout. Capable, aussi, de détecter si elle est systématiquement zappée quand la liste de lecture arrive à elle, et donc d’en déduire qu’elle n’est pas « aimée » ou, à tout le moins, pas adaptée à son contexte d’utilisation. Maintenant, imaginons que deux porteurs de ces lecteurs (je dis deux, mais ça pourrait être cinq ou six) se croisent, dans un bus, par exemple. Les deux lecteurs vont entrer, d’eux-mêmes, en communication l’un avec l’autre et notre chanson, à partir de ce qu’elle sait de sa propre histoire, sera capable d’évaluer si elle ne serait pas potentiellement mieux dans l’écologie de l’autre lecteur MP3.
Les chercheurs du Viktoria Institute ont donné à chaque fichier la possibilité de sauter de lecteur en lecteur. Et c’est ce qu’ils font ! Notre chanson, si elle estime qu’elle serait mieux à sa place dans l’autre lecteur MP3, va quitter la machine qui l’hébergeait pour rejoindre celui-ci. A la descente du bus, nos deux voyageurs, sans avoir rien fait, et sans s’être aperçus de rien, n’auront plus, dans leur lecteur MP3 la même liste de lecture qu’au moment de monter dans le bus. Mais quand l’un des voyageurs s’apercevra du changement – par exemple, arrive dans son casque une chanson qu’il ne se souvient pas avoir chargé lui-même dans son lecteur -, il pourra, s’il le souhaite, savoir à quel moment cette chanson est entrée en sa possession, ou chez combien d’autres humains elle aura séjourné auparavant, car chaque fois qu’elle sautera d’un lecteur à un autre, toute chanson emportera bien sûr son histoire avec elle. »
Mais ce que je vous ai recopié ci-dessous parle plutôt des lecteurs MP3, du WIFI et de chansons « intelligentes ».
« Des chercheurs Viktoria Institute de Göteborg, en Suède, ont ainsi travaillé sur des lecteurs MP3 équipés de connections WIFI ad hoc, qui permettent à ces lecteurs d’établir entre eux des connexions autonomes, sans qu’il soit besoin qu’un humain les active. La technologie est très simple : elle peut à court terme se répandre dans le grand public. Les chercheurs ont ensuite équipé des volontaires de ces lecteurs MP3, qui les ont utilisés comme s’il s’agissait de leur propre lecteur. A cette différence près que, ici, chaque chanson contenue dans le lecteur est à même d’évaluer à quel point elle est appréciée dans l’écologie de l’ensemble du lecteur – là encore, la technique est aujourd’hui assez simple : il suffit d’insuffler un peu d’intelligence artificielle dans le lecteur. Notre chanson est donc capable de savoir si elle est écoutée souvent, ou pas du tout. Capable, aussi, de détecter si elle est systématiquement zappée quand la liste de lecture arrive à elle, et donc d’en déduire qu’elle n’est pas « aimée » ou, à tout le moins, pas adaptée à son contexte d’utilisation. Maintenant, imaginons que deux porteurs de ces lecteurs (je dis deux, mais ça pourrait être cinq ou six) se croisent, dans un bus, par exemple. Les deux lecteurs vont entrer, d’eux-mêmes, en communication l’un avec l’autre et notre chanson, à partir de ce qu’elle sait de sa propre histoire, sera capable d’évaluer si elle ne serait pas potentiellement mieux dans l’écologie de l’autre lecteur MP3.
Les chercheurs du Viktoria Institute ont donné à chaque fichier la possibilité de sauter de lecteur en lecteur. Et c’est ce qu’ils font ! Notre chanson, si elle estime qu’elle serait mieux à sa place dans l’autre lecteur MP3, va quitter la machine qui l’hébergeait pour rejoindre celui-ci. A la descente du bus, nos deux voyageurs, sans avoir rien fait, et sans s’être aperçus de rien, n’auront plus, dans leur lecteur MP3 la même liste de lecture qu’au moment de monter dans le bus. Mais quand l’un des voyageurs s’apercevra du changement – par exemple, arrive dans son casque une chanson qu’il ne se souvient pas avoir chargé lui-même dans son lecteur -, il pourra, s’il le souhaite, savoir à quel moment cette chanson est entrée en sa possession, ou chez combien d’autres humains elle aura séjourné auparavant, car chaque fois qu’elle sautera d’un lecteur à un autre, toute chanson emportera bien sûr son histoire avec elle. »
- Eric
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Marrant. bin une fois encore le terme intelligence artificielle est largement galvaudé, mais le principe est intéressant.
Ce qui confirme ce que je pense depuis longtemps. La radio musicale est un média qui est déjà mort, même si il ne le sait pas encore.
Ce qui confirme ce que je pense depuis longtemps. La radio musicale est un média qui est déjà mort, même si il ne le sait pas encore.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Alors ça c'est halucinant !!
Sauf que, imagine que tout le monde soit équipé : la liste changerai en permanence, et tu ne saurais plus où retrouver une chanson que tu n'écoute pas souvent mais que tu aimes bien quand même, car elle sera "partie voir ailleurs".
Il faudrait plutôt qu'elle se "copie" vers un autre lecteur. Bon, là, ça créerai d'autre problème sur la capacité du lecteur...
Et ne parlons pas des droits d'auteurs
potentiellement, toute la planète pourrait écouter une chanson, piratée par un seul utilisateur !!
Les producteurs vont devoir revendre porsche, bateau, rolex... dur...
Par contre, je n'ai pas vu ou entendu de propostion quant à la rémunération des artistes. L'idée de contourner les maisons de production est ou va devenir à court terme une réalité, mais il faudrait tout de même que les artistes puissent vivre de leur art. Des solutions de ce côté ?
Sauf que, imagine que tout le monde soit équipé : la liste changerai en permanence, et tu ne saurais plus où retrouver une chanson que tu n'écoute pas souvent mais que tu aimes bien quand même, car elle sera "partie voir ailleurs".
Il faudrait plutôt qu'elle se "copie" vers un autre lecteur. Bon, là, ça créerai d'autre problème sur la capacité du lecteur...
Et ne parlons pas des droits d'auteurs

Les producteurs vont devoir revendre porsche, bateau, rolex... dur...
Par contre, je n'ai pas vu ou entendu de propostion quant à la rémunération des artistes. L'idée de contourner les maisons de production est ou va devenir à court terme une réalité, mais il faudrait tout de même que les artistes puissent vivre de leur art. Des solutions de ce côté ?
Non, pas que je sache. Les chercheurs cherchent puis trouvent, ensuite c'est aux citoyens et au législateur d'imaginer les bonnes solutions pour qu'une nouvelle technologie s'intègre harmonieusement à la société (en théorie, bien sûrWildcat a écrit :Par contre, je n'ai pas vu ou entendu de propostion quant à la rémunération des artistes. L'idée de contourner les maisons de production est ou va devenir à court terme une réalité, mais il faudrait tout de même que les artistes puissent vivre de leur art. Des solutions de ce côté ?

- Eric
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C'est une super vaste question, et toujours très complexe.
D'un point vue technique en tout cas, des solutions de plus en plus viables, du moins pour le repérage, sont au point. Les évolutions du fameux watermarking marchent de mieux en mieux. Si, à l'origine une simple copie via un système analogique suffisait à dé-marqué un fichier, ce n'est plus nécessairement vrai. Maintenant le codage peut parfaitement se faire dans via l'onde audio. Médiamétrie et TDF ont déjà mis au point un récepteur qui ressemble à une grosse montre, ultra sensible, et qui identifie un morceau (même une bribe) dans un rayon d'une vingtaine de mètres. Très impressionnant.
Si les artistes risquent d'avoir de plus en plus de mal à toucher du blé sur les ventes, sur la diff en revanche, ça va être de plus en plus facile, du moins en France où la SACEM a toujours privilégié la rétribution via diffusion (à la différence de l'Angleterre par exemple).
La loi en tout cas va devoir évoluer, et pas à coup d'effets d'annonces ridicules et de lois inappliquables bâclées pour faire plaisir à Pascal Nègre et consorts.
Peut-être qu'on se redirige vers un bizness qui ressemblera à ce qu'il était avant la concentration opérée par les majors, à savoir de multiples éditeurs, bataillant efficacement pour défendre leur catalogue ?
En tout cas, tel que se présente le bizness aujourd'hui, les majors comme nous les connaissons, c'est un peu comme la FM : un cadavre qui marche. Et là encore, c'est bien fait pour leurs gueules, ils récoltent ce qu'ils ont semé.
D'un point vue technique en tout cas, des solutions de plus en plus viables, du moins pour le repérage, sont au point. Les évolutions du fameux watermarking marchent de mieux en mieux. Si, à l'origine une simple copie via un système analogique suffisait à dé-marqué un fichier, ce n'est plus nécessairement vrai. Maintenant le codage peut parfaitement se faire dans via l'onde audio. Médiamétrie et TDF ont déjà mis au point un récepteur qui ressemble à une grosse montre, ultra sensible, et qui identifie un morceau (même une bribe) dans un rayon d'une vingtaine de mètres. Très impressionnant.
Si les artistes risquent d'avoir de plus en plus de mal à toucher du blé sur les ventes, sur la diff en revanche, ça va être de plus en plus facile, du moins en France où la SACEM a toujours privilégié la rétribution via diffusion (à la différence de l'Angleterre par exemple).
La loi en tout cas va devoir évoluer, et pas à coup d'effets d'annonces ridicules et de lois inappliquables bâclées pour faire plaisir à Pascal Nègre et consorts.
Peut-être qu'on se redirige vers un bizness qui ressemblera à ce qu'il était avant la concentration opérée par les majors, à savoir de multiples éditeurs, bataillant efficacement pour défendre leur catalogue ?
En tout cas, tel que se présente le bizness aujourd'hui, les majors comme nous les connaissons, c'est un peu comme la FM : un cadavre qui marche. Et là encore, c'est bien fait pour leurs gueules, ils récoltent ce qu'ils ont semé.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Actuellement, les chercheurs s'orientent plutôt du côté de la recherche génétique. Un laboratoire américain a ainsi réussi à mettre au point un authentique artiste génétiquement modifié qui n'a besoin ni de manger, ni de boire, ni même de dormir. Il se nourrit exclusivement des sons qu'il produit grâce à un procédé novateur intitulé "audiosynthèse". Le chercheur responsable de la mise au point de cet A.G.M. et qui le présente comme une solution au problème du peer-to-peer aurait déclaré : "C'est le premier artiste qui puisse véritablement prétendre vivre de son art."Wildcat a écrit :
Par contre, je n'ai pas vu ou entendu de propostion quant à la rémunération des artistes. L'idée de contourner les maisons de production est ou va devenir à court terme une réalité, mais il faudrait tout de même que les artistes puissent vivre de leur art. Des solutions de ce côté ?
Are you my mummy ?