Je mème moi non plus
Posté : mer. janv. 09, 2008 11:45 am
Ma dernière lecture était Comment les systèmes pondent, introduction à la mémétique, de Pascal Jouxtel.
Et je dois bien admettre que je suis plus que dubitatif.
Comme beaucoup de personnes traînant sur le net et dans le milieu de la SF, j'ai été exposé au concept de mème (le mème des mèmes ou M², comme l'appelle Jouxtel). Pour ceux qui sont passés à travers, en schématisant, la mémétique, c'est l'étude des réplicateurs culturels. Une idée lancée en 76 par le biologiste Stephen Dawkins. Pour la faire courte, c'est dire que les idées ont une vie quasi biologique qui les rapprochent des gènes, et qu'elles tendent à se reproduire de façon similaire en se propageant de cerveaux en cerveaux, en suivant les lois du darwinisme.
C'est évidemment une hypothèse séduisante.
Seulement voilà, la lecture de ce livre m'a laissé sceptique. Très.
Tout d'abord, il n'y a pas une définition du mème, mais plusieurs, que dans un élan d'optimisme Jouxtel considère comme complémentaires, mais que quelqu'un avec un esprit un tant soit peu plus distancié qualifierait volontiers de contradictoires.
Ensuite, ce qui s'annonce comme une science, repose sur un acte de foi absolu : admettre que les mécanismes de darwinisme sont si parfaits, qu'ils ne peuvent se cantonner qu'à la sphère du vivant. Car les mèmes ne sont pas (pour l'instant) observables. On ne peut qu'admettre leur existence.
L'idée, toutefois, pourrait être séduisante, si elle ne se contentait pas, au fond, de réinventer la roue, en reprenant sous un angle un peu différent le matériel de recherche d'autres domaines, comme la sociologie, la psychologie, la biologie, ou même la philo.
Au final le livre ne m'a pas convaincu, et l'approche d'un chercheur comme Dan Sperber, qui préfère parler de contagion des idées me semble a priori plus pertinente. Et du coup, avec mon mauvais esprit caractéristique, je me demande si, ce qui a plu dans la mémétique, ce n'est pas la perspective d'une science nouvelle où tout est à créer, même le corpus de recherche qui est donc ouvert à tout à chacun (comme Jouxtel, qui n'a aucune formation scientifique sérieuse). Nobel pour tous en quelque sorte.
Au fil des pages, je n'ai pas pu m'empêcher de me demander si la mémétique n'était pas qu'un nouveau bras mort des sciences, comme le fût la phrénologie au XIXème siècle.
J'aimerais bien avoir l'avis de ceux qui se sont penché sur la question : la mémétique est-elle, selon vous une science en devenir, une imposture ou comme le dit Jouxtel en parlant des critiques formulées à son encontre, une discipline qui tente d'apporter ses réponses à des questions qu'au mieux personne n'a posée ?
Et je dois bien admettre que je suis plus que dubitatif.
Comme beaucoup de personnes traînant sur le net et dans le milieu de la SF, j'ai été exposé au concept de mème (le mème des mèmes ou M², comme l'appelle Jouxtel). Pour ceux qui sont passés à travers, en schématisant, la mémétique, c'est l'étude des réplicateurs culturels. Une idée lancée en 76 par le biologiste Stephen Dawkins. Pour la faire courte, c'est dire que les idées ont une vie quasi biologique qui les rapprochent des gènes, et qu'elles tendent à se reproduire de façon similaire en se propageant de cerveaux en cerveaux, en suivant les lois du darwinisme.
C'est évidemment une hypothèse séduisante.
Seulement voilà, la lecture de ce livre m'a laissé sceptique. Très.
Tout d'abord, il n'y a pas une définition du mème, mais plusieurs, que dans un élan d'optimisme Jouxtel considère comme complémentaires, mais que quelqu'un avec un esprit un tant soit peu plus distancié qualifierait volontiers de contradictoires.
Ensuite, ce qui s'annonce comme une science, repose sur un acte de foi absolu : admettre que les mécanismes de darwinisme sont si parfaits, qu'ils ne peuvent se cantonner qu'à la sphère du vivant. Car les mèmes ne sont pas (pour l'instant) observables. On ne peut qu'admettre leur existence.
L'idée, toutefois, pourrait être séduisante, si elle ne se contentait pas, au fond, de réinventer la roue, en reprenant sous un angle un peu différent le matériel de recherche d'autres domaines, comme la sociologie, la psychologie, la biologie, ou même la philo.
Au final le livre ne m'a pas convaincu, et l'approche d'un chercheur comme Dan Sperber, qui préfère parler de contagion des idées me semble a priori plus pertinente. Et du coup, avec mon mauvais esprit caractéristique, je me demande si, ce qui a plu dans la mémétique, ce n'est pas la perspective d'une science nouvelle où tout est à créer, même le corpus de recherche qui est donc ouvert à tout à chacun (comme Jouxtel, qui n'a aucune formation scientifique sérieuse). Nobel pour tous en quelque sorte.
Au fil des pages, je n'ai pas pu m'empêcher de me demander si la mémétique n'était pas qu'un nouveau bras mort des sciences, comme le fût la phrénologie au XIXème siècle.
J'aimerais bien avoir l'avis de ceux qui se sont penché sur la question : la mémétique est-elle, selon vous une science en devenir, une imposture ou comme le dit Jouxtel en parlant des critiques formulées à son encontre, une discipline qui tente d'apporter ses réponses à des questions qu'au mieux personne n'a posée ?