La migration des chansons
Posté : lun. juin 12, 2006 2:15 pm
Frédéric Kaplan est un chercheur de 31 ans. Il travaille depuis 1997 au Sony Computer Science Laboratory de Paris. Ingénieur Télécom, diplômé de l’Ecole nationale supérieure des télécommunications, docteur en intelligence artificielle, il a été interviewé par Livres Hebdo (LH n° 648 du 2 juin 2006, propos recueillis par Daniel Garcia) à propos du livre électronique.
Mais ce que je vous ai recopié ci-dessous parle plutôt des lecteurs MP3, du WIFI et de chansons « intelligentes ».
« Des chercheurs Viktoria Institute de Göteborg, en Suède, ont ainsi travaillé sur des lecteurs MP3 équipés de connections WIFI ad hoc, qui permettent à ces lecteurs d’établir entre eux des connexions autonomes, sans qu’il soit besoin qu’un humain les active. La technologie est très simple : elle peut à court terme se répandre dans le grand public. Les chercheurs ont ensuite équipé des volontaires de ces lecteurs MP3, qui les ont utilisés comme s’il s’agissait de leur propre lecteur. A cette différence près que, ici, chaque chanson contenue dans le lecteur est à même d’évaluer à quel point elle est appréciée dans l’écologie de l’ensemble du lecteur – là encore, la technique est aujourd’hui assez simple : il suffit d’insuffler un peu d’intelligence artificielle dans le lecteur. Notre chanson est donc capable de savoir si elle est écoutée souvent, ou pas du tout. Capable, aussi, de détecter si elle est systématiquement zappée quand la liste de lecture arrive à elle, et donc d’en déduire qu’elle n’est pas « aimée » ou, à tout le moins, pas adaptée à son contexte d’utilisation. Maintenant, imaginons que deux porteurs de ces lecteurs (je dis deux, mais ça pourrait être cinq ou six) se croisent, dans un bus, par exemple. Les deux lecteurs vont entrer, d’eux-mêmes, en communication l’un avec l’autre et notre chanson, à partir de ce qu’elle sait de sa propre histoire, sera capable d’évaluer si elle ne serait pas potentiellement mieux dans l’écologie de l’autre lecteur MP3.
Les chercheurs du Viktoria Institute ont donné à chaque fichier la possibilité de sauter de lecteur en lecteur. Et c’est ce qu’ils font ! Notre chanson, si elle estime qu’elle serait mieux à sa place dans l’autre lecteur MP3, va quitter la machine qui l’hébergeait pour rejoindre celui-ci. A la descente du bus, nos deux voyageurs, sans avoir rien fait, et sans s’être aperçus de rien, n’auront plus, dans leur lecteur MP3 la même liste de lecture qu’au moment de monter dans le bus. Mais quand l’un des voyageurs s’apercevra du changement – par exemple, arrive dans son casque une chanson qu’il ne se souvient pas avoir chargé lui-même dans son lecteur -, il pourra, s’il le souhaite, savoir à quel moment cette chanson est entrée en sa possession, ou chez combien d’autres humains elle aura séjourné auparavant, car chaque fois qu’elle sautera d’un lecteur à un autre, toute chanson emportera bien sûr son histoire avec elle. »
Mais ce que je vous ai recopié ci-dessous parle plutôt des lecteurs MP3, du WIFI et de chansons « intelligentes ».
« Des chercheurs Viktoria Institute de Göteborg, en Suède, ont ainsi travaillé sur des lecteurs MP3 équipés de connections WIFI ad hoc, qui permettent à ces lecteurs d’établir entre eux des connexions autonomes, sans qu’il soit besoin qu’un humain les active. La technologie est très simple : elle peut à court terme se répandre dans le grand public. Les chercheurs ont ensuite équipé des volontaires de ces lecteurs MP3, qui les ont utilisés comme s’il s’agissait de leur propre lecteur. A cette différence près que, ici, chaque chanson contenue dans le lecteur est à même d’évaluer à quel point elle est appréciée dans l’écologie de l’ensemble du lecteur – là encore, la technique est aujourd’hui assez simple : il suffit d’insuffler un peu d’intelligence artificielle dans le lecteur. Notre chanson est donc capable de savoir si elle est écoutée souvent, ou pas du tout. Capable, aussi, de détecter si elle est systématiquement zappée quand la liste de lecture arrive à elle, et donc d’en déduire qu’elle n’est pas « aimée » ou, à tout le moins, pas adaptée à son contexte d’utilisation. Maintenant, imaginons que deux porteurs de ces lecteurs (je dis deux, mais ça pourrait être cinq ou six) se croisent, dans un bus, par exemple. Les deux lecteurs vont entrer, d’eux-mêmes, en communication l’un avec l’autre et notre chanson, à partir de ce qu’elle sait de sa propre histoire, sera capable d’évaluer si elle ne serait pas potentiellement mieux dans l’écologie de l’autre lecteur MP3.
Les chercheurs du Viktoria Institute ont donné à chaque fichier la possibilité de sauter de lecteur en lecteur. Et c’est ce qu’ils font ! Notre chanson, si elle estime qu’elle serait mieux à sa place dans l’autre lecteur MP3, va quitter la machine qui l’hébergeait pour rejoindre celui-ci. A la descente du bus, nos deux voyageurs, sans avoir rien fait, et sans s’être aperçus de rien, n’auront plus, dans leur lecteur MP3 la même liste de lecture qu’au moment de monter dans le bus. Mais quand l’un des voyageurs s’apercevra du changement – par exemple, arrive dans son casque une chanson qu’il ne se souvient pas avoir chargé lui-même dans son lecteur -, il pourra, s’il le souhaite, savoir à quel moment cette chanson est entrée en sa possession, ou chez combien d’autres humains elle aura séjourné auparavant, car chaque fois qu’elle sautera d’un lecteur à un autre, toute chanson emportera bien sûr son histoire avec elle. »