Dialogue en direct du 19 au 21 avril

Modérateur : jerome

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Roland C. Wagner
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Re: Brain Damage

Message par Roland C. Wagner » mer. avr. 19, 2006 7:47 pm

thomas a écrit :Puisqu'on a (un peu) parlé musique, je voulais te demander, Roland, si tu connaissais le groupe de dub Brain Damage :wink: .
Ouaip, excellent groupe. :D

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mer. avr. 19, 2006 7:53 pm

Steve_Austin a écrit :Une question quand même : ta nouvelle série à paraître chez Bragelonne, de quoi s'agira-t-il : fantasy "sérieuse" ?, parodie ?
Allez, je peux bien le dire à un lecteur de Casus Belli : c'est un poisson d'avril, et je n'en suis même pas l'auteur — que j'en profite pour remercier s'il est dans le coin, et même s'il n'y est pas d'ailleurs. :lol:

PierrePaul
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Message par PierrePaul » mer. avr. 19, 2006 8:41 pm

Roland C. Wagner a écrit :un concept à mon sens tout aussi étatsunien que [...] les chapeaux à hélice
Hmmm, tu as vu Henry-Luc Planchat récemment? ;)

Bon, ce n'était pas ça, ma question. Elle concerne une uchronie dont tu m'as parlé plusieurs fois; je me demandais si tu continuais à y réfléchir, voire à y travailler. (Et je comprendrai que tu ne répondes pas à une question sur un projet.)

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Message par jlavadou » mer. avr. 19, 2006 8:44 pm

Salut Roland,

j'enchaîne sur les questions de Jérôme à propos des Futurs mystères de Paris. Je les ai tous lus et j'adore le concept de la psychosphère. Mais voilà : j'ai une mémoire aussi trouée que la surface de la lune et j'ai peur d'oublier des éléments importants des histoires passées lorsque les prochains tomes sortiront. Prévois-tu de faire un "rappel" des points les plus importants, ou bien vais-je devoir me refaire toute la série, ce qui porterait un coup fatal à ma pile de lecture ? :)

Jérôme

thomas
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Message par thomas » mer. avr. 19, 2006 9:01 pm

Puisqu'on parle un peu de contre-culture, la cyberculture elle aussi a entretenu d'étroits rapports avec le monde de la SF, notamment avec le mouvement cyberpunk. Comment te situes-tu vis-à-vis de la cyberculture ? Est-ce que c'est un milieu dans lequel tu te reconnais (j'ai cru comprendre que tu trainais avec Yann Minh et l'e-troubadour marco, et tu as collaboré à laspirale.org) ? Qu'est-ce que t'évoque la cyberculture, qu'en penses-tu et est-ce un sujet qui te passionne ?

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mer. avr. 19, 2006 9:04 pm

jerome a écrit :
Plusieurs petites questions autour des Mystères

Le dernier tome date d'Avril 2003 et il était relativement court (autour de 200 pages si j'ai bonne mémoire). Est-ce qu'il n'y a pas un risque d'usure ou de lassitude pour toi de rester un peu dans le même univers ? Est-ce que ça t'excite toujours autant ? :-)
Pour l'instant, ça va. La brièveté de Kali Yuga était totalement volontaire. J'avais besoin de refaire un livre dans les bonnes vieilles limites du Fleuve Noir, un truc tout simple où je ne me prendrais pas la tête, où il n'y aurait qu'à dévider le fil de l'histoire sans regarder en arrière. Ce n'était pas un symptôme de tarrissement, juste un entremet entre deux plats de résistance. L'auteur a parfois envie de se reposer.
Et pareil, au bout de huit tomes, où en es-tu avec Tem ? C'est toujours l'amour où il commence à te sortir un peu par les yeux ? :-)
Aucun problème de ce côté-là non plus. J'aurais tendance à penser que tous les petits trucs que j'ai employés pour ne pas me lasser trop vite du personnage — comme par exemple le soulager d'une partie de la narration — ont bien marché.
Tu parlais aussi dans une interview de faire éventuellement un autre cycle sur les Mystères. Qu'en est-il ?
Comme je l'ai dit, je suis pour l'instant en train de boucler la première époque. La suivante, quoique clairement délimitée dans mon esprit, demeure encore très brumeuse dans les détails.
Si j'ai bonne mémoire, je sais que tu avais discuté de ton univers, et notamment de la Terreur, avec des scientifiques. Est-ce que tu poursuis le dialogue et quelle importance à la science pour toi ? Est-ce que tu as besoin d'avoir une "base" scientifique dans tes livres ? Qu'avaient-ils dit de ton univers ? Est-il imaginable scientifiquement ? Et le côté génétique, les "talents" ?


Ce n'est pas un besoin. Il me semble simplement que cette « base » scientifique que tu évoques est indispensable quand on écrit de la SF. On ne construit pas à partir de ce qu'on ignore. Et puis, même si ça ne m'arrive pas très souvent, j'aime bien discuter avec des chercheurs. Parce qu'ils sont en général capables de penser comme comme des auteurs de SF. Remarque, peut-être que c'est plutôt nous qui pensons comme eux. La science n'est plus un modèle — si elle l'a jamais été — mais elle demeure une référence.
Les auteurs de voyages extraordinaires des siècles passés peuplaient les zones blanches sur les cartes de pays et de créatures imaginaires. J'ai tâché de construire l'univers des Mystères en comblant certains blancs dans notre représentation théorique du monde. Ce qui impliquait un minimum de compatibilité avec ladite représentation. Au bout du compte, il semblerait que la théorie de la psychosphère ne présente pas de contre-indications majeures. Un professeur de physique m'a même écrit qu'il pourrait, à la rigueur, la faire gober à ses étudiants. Je lui laisse la responsabilité de ses propos.
Il y a un personnage que l'on n'a pas encore évoqué, c'est Gloria (et sa fille). Pourquoi l'avoir fait mourir ?
Joker.
Et euh... Ramirez et sa collection de disque, c'est toi ?


Non. Et je ne suis pas non plus Tem, ni Richard Montaigu, ni Edgar Zyviec, ni aucun autre personnage des Futurs Mystères ou d'un autre de mes textes. À la base, Ramirez est un « composite » où j'ai réunis des traits appartenant à plusieurs personnes. Puis il a évolué. :wink:
Et dernière chose (oui je sais, je me suis un peu lâché là sur mes questions), pour que les gens qui ne t'ont pas encore là ait un petit (tout petit) apperçu de ton humour et de l'utilisation de tes références, est-ce qu'on peut mettre les Trois lois de la sexualité robotiques sur le forum ?
Et même en page d'accueil si ça te chante. :D

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jlavadou
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Message par jlavadou » mer. avr. 19, 2006 9:17 pm

A propos de LGM, puis-je me permettre de demander un éclaircissement sur la fin ? Tu as tout à fait le droit de m'envoyer paître :) car je comprendrais qu'un auteur ne souhaite pas expliquer ses histoires plus qu'il ne le juge nécessaire.

Donc, si tu es d'accord, voici :
(attention, ce qui suit comporte des révélations sur la fin)


De mon point de vue, j'ai compris que les habitants du système solaire (martiens et ceux qu'on voit à la fin) correspondent à l'image que les humains s'en font. J'en déduis que, encore une fois, cette chère psychosphère y est pour beaucoup ! Si le martien a cette apparence, c'est parce que ceux qui l'ont découvert (ou bien l'espèce humaine tout entière ?) en avaient cette image. Idem pour les autres extraterrestres, bien que là il semble que ce soit l'imagination du narrateur qui ait directement influencé leur physique, ce que je ne m'explique pas... Bref, il semble que lorsqu'un observateur humain ouvre la boîte d'une civilisation ET, s'il trouve le schbrouniek vivant il a l'apparence de son archétype dans l'inconscient collectif humain. J'en déduis que les ET ne peuvent exister que si les humains le décident (une prérogative de notre espèce ?).

Mais alors, pourquoi les ET sauveurs à la fin apparaissent-ils, puisqu'aucun humain n'est allé ouvrir leur boîte ? Ca laisse supposer (en fait, c'est même dit) que ces espèces peuvent aussi décider de l'existence ou non de l'humanité (leur schbrouniek). Mais alors pourquoi l'humanité n'est-elle pas le reflet de leur inconscient collectif ? Et même, si plusieurs espèces ouvrent la même boîte, comment leurs inconscients collectifs respectifs pourraient-ils cohabiter ?

Autre problématique amenée par le dernier chapitre, il est dit que les autres martiens sont restés "en arrière". Mais comment l'ambassadeur martien a-t-il pu se séparer de la ligne de potentialité de son peuple ? Si l'ambassadeur est resté dans sa ligne de potentialité propre qui correspond à celle des humains, pour lui ses concitoyens sont morts. Car, dans notre ligne de potentialité, ces martiens-là n'existent pas. Je ne vois pas comment l'ambassadeur peut assurer qu'ils sont ailleurs. Par exemple, comment sait-il que son peuple a survécu à cette séparation de lignes de potentialité ?

Bon, comme tu le vois, ces questions montrent que je n'ai pas vraiment tout compris. Mais c'est pas grave, j'ai apprécié le bouquin quand même :)
Tu es donc en droit de ne pas répondre (en plus j'ai été long, et c'est lourd, sur un forum... désolé !)

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Eric
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Message par Eric » mer. avr. 19, 2006 11:03 pm

Roland C. Wagner a écrit :Tout au plus une subculture — un concept à mon sens tout aussi étatsunien que le libertarianisme et les chapeaux à hélice, et donc totalement inapplicable à notre réalité culturelle européenne.
Est-ce que ça veut dire que tu crois en une sorte "d'exception culturelle" de la SF française (ou européenne ) ? Et si oui, qu'est-ce qui la définirait ?
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

jerome
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Message par jerome » jeu. avr. 20, 2006 4:52 am

Allez, je vous mets Les trois lois de la sexualité robotique de Roland C.Wagner :

Première Loi :
Un robot ne peut accorder d'étreinte à un être humain sans son accord ni, restant passif, laisser cet être humain se consacrer au plaisir solitaire.

Deuxième Loi :
Un robot doit obéir à tous les désirs pervers des êtres humains, sauf si ces désirs sont en contradiction avec la Première Loi.

Troisième Loi :
Un robot doit protéger sa virginité dans la mesure où cette protection n'est pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi.

(Manuel de la Sexualité Robotique, 69e édition, 2058)

Roland C. Wagner
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Message par rmd » jeu. avr. 20, 2006 7:24 am

hello roland,

Quand vas tu arrêter de faire dans le rigolo pour réécrire des textes tristes et sérieux ?

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » jeu. avr. 20, 2006 10:12 am

Charlotte a écrit :Tu parles de Léo Malet comme référence pour les Futurs Mystères de Paris, LGM doit beaucoup à Fredric Brown, ça s'est pour les références facilement authentifiables, quid des autres ?Y'en a beaucoup d'autres ? Quelles sont les autres influences pour ces romans ?
L.G.M. est très influencé par la variété française ringarde, genre Sylvie Vartan, Daniel Balavoine, etc. Je me suis bien amusé à faire une uchronie qui prend en compte cet aspect de la culture populaire que les auteurs de Sf laissent généralement de côté. Sinon, il est clair que le roman doit beaucoup à Norman Spinrad, et pas seulement à cause du Printemps russe. La référence à Fredric Brown, par contre, n'est pas aussi directe et évidente qu'on pourrait le croire. En un sens, L.G.M. ne ressemble pas du tout à Martiens, Go Home ! ; c'est la présence du petit homme vert casse-couilles qui en donne l'impression. Seulement, à l'époque où Brown écrit son roman, les petits hommes verts sont l'un des plus gros, voire le plus gris cliché de la SF, alors qu'ils appartienaient à un passé aussi lointain que le premier 78 tours d'Elvis Presley quand j'ai écrit le mien. Le vilain extraterrestre venu d'on ne sait se crasher à Roswell où a remplacé le petit Martien vert en tant que poncif. J'ai voulu réparer cette injustice flagrante.

Les influences des Futurs Mystères, quant à elles, sont si nombreuses et variées que je ne vais pas me lancer dans une énumération qui serait fastidieuse. Polar, SF, vulgarisation scientifique, rock'n'roll, musique expérimentale, bande dessinée (comics et mangas compris) — un peu de tout ça a filtré dans le texte au fil des histoires. La construction des aspects culturels de cet univers est aussi importante que celle de sa base quantico-psychanalytique. Je citerai tout de même un nom, celui de Carl Gustav Jung, dont les théories m'ont bien aidé à structurer et peupler la psychosphère. Outre les archétypes, incarnés ou non, je lui ai emprunté sa conception de la possession, qui figure en exergue de Mine de rien :
De là résultent des anomalies psychiques, des états de possession dont la gravité peut aller à tous les degrés, depuis les « humeurs » banales et les idées bizarres, jusqu’aux psychoses. Tout ces états sont caractérisés par la même donnée fondamentale, à savoir qu’un quelque chose d’inconnu s’est approprié une part plus ou moins considérable de la psyché. Ce quelque chose d’inconnu impose imperturbablement son existence, au premier abord nocive et repoussante, contre vents et marées, contre les plus grands efforts de bonne volonté, de compréhension, d’énergie et de raison, démontrant ainsi la puissance des plans inconscients de l’être en face du conscient : on ne saurait trouver de meilleure expression que le mot « possession ».

(C.G. Jung — Dialectique du Moi et de l’inconscient.)

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » jeu. avr. 20, 2006 10:24 am

PierrePaul a écrit :Bon, ce n'était pas ça, ma question. Elle concerne une uchronie dont tu m'as parlé plusieurs fois; je me demandais si tu continuais à y réfléchir, voire à y travailler. (Et je comprendrai que tu ne répondes pas à une question sur un projet.)
Si tu fais allusion à l'uchronie algérienne, c'est toujours en projet. En fait, je pense en attaquer la rédaction quand j'aurai terminé mon prochain roman pour L'Atalante, sans doute à l'automne. Quelques échanges de courriels avec Gérard Klein m'ont conduit à modifier certaines données fondamentales par rapport au schéma initial. Sans entrer dans le détail, disons qu'il m'a suggéré une situation uchronique plus excitante sur le plan intellectuel que celle de laquelle j'étais parti. Plus crédible aussi, je suppose, si tant est qu'on puisse parler de crédibilité d'une hypothèse historique alternative. En résultat, cette remise en question m'a apporté des éléments d'intrigue à foison. L'une des raisons pour lesquelles le roman est à l'état de projet depuis plusieurs lustres était que je ne parvenais pas à intégrer une intrigue assez dynamique dans cette uchronie : la documentation et les souvenirs personnels pesaient trop lourd et avaient tendance à dévorer tout le reste. Là, je pense avoir atteint un point d'équilibre.

Et, de toute manière, il est grand temps que j'écrive ce truc.

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Message par Roland C. Wagner » jeu. avr. 20, 2006 10:30 am

jlavadou a écrit :j'enchaîne sur les questions de Jérôme à propos des Futurs mystères de Paris. Je les ai tous lus et j'adore le concept de la psychosphère. Mais voilà : j'ai une mémoire aussi trouée que la surface de la lune et j'ai peur d'oublier des éléments importants des histoires passées lorsque les prochains tomes sortiront. Prévois-tu de faire un "rappel" des points les plus importants, ou bien vais-je devoir me refaire toute la série, ce qui porterait un coup fatal à ma pile de lecture ? :)
Les éléments nécessaires à la bonne compréhension de l'intrigue en cours sont (presque) toujours rappelés dans le volume concerné. Mais, comme j'utilise la technique du saupoudrage d'informations, on peut très bien passer à côté. Et puis, il ne faut pas oublier que toutes les clefs ne se trouvent pas dans les Futurs Mystères : par exemple, lire Tekrock après « Musique de l'énergie » doit être une expérience intéressante…

Mouais, en y réfléchissant, je crains que tu ne doives tout relire.

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Eric
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Message par Eric » jeu. avr. 20, 2006 11:10 am

Une certaine spiritualité est souvent présente dans tes romans (Le Grand Bol de Soupe :wink: ). Et dans ta vie ?

Sous quelle forme ?
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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Message par Roland C. Wagner » jeu. avr. 20, 2006 11:47 am

thomas a écrit :Puisqu'on parle un peu de contre-culture, la cyberculture elle aussi a entretenu d'étroits rapports avec le monde de la SF, notamment avec le mouvement cyberpunk. Comment te situes-tu vis-à-vis de la cyberculture ? Est-ce que c'est un milieu dans lequel tu te reconnais (j'ai cru comprendre que tu trainais avec Yann Minh et l'e-troubadour marco, et tu as collaboré à laspirale.org) ? Qu'est-ce que t'évoque la cyberculture, qu'en penses-tu et est-ce un sujet qui te passionne ?
Comme je ne suis pas un spécialiste de la chose, voici tout d'abord ce que j'ai trouvé sur Wikipédia :
[…] la notion de cyberculture va au-delà d'un genre culturel. Elle désigne aussi, selon Pierre Lévy, l'un de ses principaux théoriciens, un nouveau rapport au savoir, une transformation profonde de la notion même de culture, voire une intelligence collective dont la Wikipédia pourrait justement servir d'exemple.
Sous cet angle, il me semble que la SF continue d'être un vecteur pour la cyberculture — ou, du moins, pour un certain esprit de celle-ci. Comme dans d'autres domaines, il y a ici un phénomène d'aller-retour entre deux champs culturels possédant une intersection notable. Tandis que la cyberculture réalise des idées et emploie des images de science-fiction, la SF se nourrit des avancées de la cyberculture. Plus ou moins.

Le champ cyberculturel m'a l'air très varié. Très riche. Mais je crois qu'il possède un défaut déjà inhérent au cyberpunk : sa focalisation sur les nouvelles technologies. Bien sûr, je pense comme tout auteur de SF qui se respecte que les technosciences sont le principal facteur de changement, à tous les points de vue ; je suis aussi plutôt technophile dans le sens ou je pense qu'il n'y a pas de mauvais outils, seulement de mauvais emplois d'outils qui, eux, sont neutres.

Prenons l'exemple des O.G.M. Dans l'absolu, modifier le génome d'un être vivant est un acte aussi neutre que, par exemple, sélectionner un couple de yorkshires en fonction de critères précis et les faire se reproduire. Après, il y a l'intention derrière la modification. C'est là que ça se corse. Car on sort des technosciences pour entrer dans le domaine du commerce. Je ne m'étendrai pas sur la brevetabilité du vivant, ni sur ses conséquences économiques et sociales, notamment dans les pays « en voie de développement ». Des paysans n'qui n'ont pas le droit de replanter une partie de leur récolte sans payer leur dîme à l'entreprise propriétaire de telle ou telle séquence génétique n'auraient pas déparé dans Planète à gogos !

Je passe aussi sur les choix industriels désastreux, qui débouchent parfois à terme sur des résultats opposés à ceux que l'on escomptait, et donc sur des problèmes touchant à la santé publique.

Malgré tout ce que je viens de citer, je continue à considérer les O.G.M. comme aussi neutres que, disons, le wèbe. Tout est dans l'usage qu'on en fait. Dans l'intention de l'utilisateur.

Une (relative) cyber-anarchie contre-culturelle et la nouvelle économie n'ont pas seulement coexisté pendant quelques années ; elle se sont nourries l'une de l'autre — tout en employant les mêmes outils. En fait, c'est surtout une certaine idéologie ultralibérale qui a sucé une bonne partie de la substantifique moelle de la subculture post-cyberpunk ; certains articles de Wired sont assez édifiants sur ce point. On pourrait résumer ça par : sous l'anarchie, le marché. C'est dans ce contexte que la cyberculture s'est développée — un contexte qui était déjà plus ou moins conventionnel au temps du cyberpunk.

Un monde cyberpunk standard, en très schématique, c'est Planète à gogos (paru au début des années 50 !) avec des ordinateurs et des réseaux. (Et du rock, éventuellement.) L'économie de marché règne sur la planète, c'est le règne de la débrouille. La question que je me pose est de savoir si la cyberculture n'aurait pas pris pour un fait acquis ce qui n'était chez William Gibson qu'une hypothèse d'anticipation à moyen terme.

Verrouillé

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