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Posté : jeu. avr. 20, 2006 12:13 pm
par Roland C. Wagner
DANGER, SPOILER !!!
jlavadou a écrit :A propos de LGM, puis-je me permettre de demander un éclaircissement sur la fin ?
Je crains que tu ne doives reprendre ton raisonnement en prenant en compte les deux points suivants :

1) La psychosphère n'existe pas dans l'univers de L.G.M.

2) Le Martien peut mentir.

Posté : jeu. avr. 20, 2006 12:16 pm
par Roland C. Wagner
rmd a écrit :Quand vas tu arrêter de faire dans le rigolo pour réécrire des textes tristes et sérieux ?
On ne trolle pas pendant l'interview.

Gruf, gruf.

Posté : jeu. avr. 20, 2006 12:47 pm
par rmd
Bon, une sérieuse alors. Le lectorat ayant beaucoup changé depuis 20 ans, peut-on esperer une réédition de tes premiers FNA un jour (notamment l'excellent "les derniers jours de mai") ?

Posté : jeu. avr. 20, 2006 2:02 pm
par Roland C. Wagner
Eric a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :Tout au plus une subculture — un concept à mon sens tout aussi étatsunien que le libertarianisme et les chapeaux à hélice, et donc totalement inapplicable à notre réalité culturelle européenne.
Est-ce que ça veut dire que tu crois en une sorte "d'exception culturelle" de la SF française (ou européenne ) ? Et si oui, qu'est-ce qui la définirait ?
Il y a bel et bien eu constitution entre, disons, le début des années 50 et celui des années 90 d'un noyau subculturel spécifique à la SF. L'arrivée de Philippe Hupp à la tête de la collection Anticipation, fin 1991, me semble marquer l'apogée et l'aboutissement de cette tendance. À ce moment-là, tous les postes de direction des grandes collections sont tenus par des gens issus de ce noyau subculturel : Chambon, Goimard, Hupp, Klein et Sadoul. Certains pourraient duire « issus du sérail », parler de « ghetto ». Ce serait mal connaître le milieu de la SF en France et son histoire. Ces cinq éditeurs partagent une culture commune assez étendue pour être considérés comme un continuum culturel, c'est tout. Avec Dorémieux, Riche et quelques autres, ils étaient en quelque sorte les porte-paroles d'une subculture, mais la greffe n'a pas pris, et le champ culturel de la SF s'est pour ainsi dire désagrégé : J'ai lu publiant le énième produit dérivé d'Asimov effectuait le même travail de sape — et de négation implicite de l'existence d'une subculture — que Denoël en se mettant à flirter avec le fantastique et la littérature générale.

Et, pendant ce temps-là, certaines transmissions culturelles ne se sont pas faites. Il n'y a pas vraiment eu solution de continuité, mais une déperdition d'information — en partie due à l'absence de revue périodique entre la fin de Fiction et la naissance de Cyberdreams, mais d'autres facteurs entraient en jeu. Et le noyau subculturel s'est délité. Parce qu'il reposait sur quelques personnes, quelques dizaines de personnes tout au plus, et que les gens évoluent avec le temps. Ou meurent. Du coup, la SF française n'a ni pensée, ni tradition spécifique ; c'est une littérature très individuelle, ce qui explique les problèmes rencontrés pour la décrire ou la définir. Le réseau de connaissances (sans connotation péjorative) s'est substitué à la subculture avortée.

Posté : jeu. avr. 20, 2006 2:08 pm
par Roland C. Wagner
rmd a écrit :Bon, une sérieuse alors. Le lectorat ayant beaucoup changé depuis 20 ans, peut-on esperer une réédition de tes premiers FNA un jour (notamment l'excellent "les derniers jours de mai") ?
C'est prévu pour le mois de mai 2013. :roll:

Début mai. :wink:

Posté : jeu. avr. 20, 2006 2:19 pm
par Roland C. Wagner
Eric a écrit :Une certaine spiritualité est souvent présente dans tes romans (Le Grand Bol de Soupe :wink: ). Et dans ta vie ?
La musique est divine et ça me suffit comme lien avec le monde transcendantal.
Sous quelle forme ?
Voir ci-dessus.

Plus sérieusement, je préfèrerais croire aux divinités des sources et des bosquets, ou au panthéon hindou, ou au rêve des aborigènes, qu'au dieu d'une religion monothéiste. Notre histoire culturelle façonnée par le christianisme abonde en divinités païennes épouvantables et sanguinaires, sans doute pour mieux masquer la nature fondamentalement autoritaire de le « nos » propres religions.

Encore plus sérieusement, ce n'est pas parce qu'un truc dans notre cerveau nous permet d'atteindre divers états de béatitude où l'on ne fait plus qu'un avec le Grand Tout que les convictions acquises lors ou à la suite de cette expérience possèdent la moindre validité.

Posté : jeu. avr. 20, 2006 2:54 pm
par jlavadou
Roland C. Wagner a écrit :(à propos de LGM)
Je crains que tu ne doives reprendre ton raisonnement en prenant en compte les deux points suivants :
Aïe aïe aïe... je crois que je vais y passer ma soirée :)

Pour enchaîner sur une question moins personnelle :
Que penses-tu du rôle, voire de l'influence, de publications de type fanzine (en papier ou sur le web) dans le monde de la SF, et plus généralement de l'interaction entre le monde amateur et le monde professionnel ?
Par exemple tu as publié une nouvelle dans le premier numéro d'Univers et Chimères, Distorse, Gloire et Chouchen, j'imagine à titre gracieux, et tu donnes cette interview par forum interposé. Quelle importance cela a-t-il pour toi, qui es un auteur reconnu et publié ?

Posté : jeu. avr. 20, 2006 11:13 pm
par Eric
Oui, et pour rebondir sur les questions de jlavandou, le contact direct avec les lecteurs semble important pour toi (et je me souviens même t'avoir vu faire l'article à un lecteur à Sèvres). Jusqu'à quel point ?

Et à ton avis quelle est la perception que les lecteurs ont de ton œuvre ?

Posté : ven. avr. 21, 2006 7:04 am
par Palmer
Salut RCW :wink:

Y-a-t-il quelque chose dont tu regrettes la présence ou l'absence dans la SF aujourd'hui... ?

Quels sont les auteurs hors-sf qui te sont les plus chers (si tu lis autre chose que de la sf, bien sûr :lol: )

Et sinon, quelle onomatopée émets-tu quand je glisse cette photographie ? :
Image

Posté : ven. avr. 21, 2006 9:34 am
par jerome
Palmer a écrit :Et sinon, quelle onomatopée émets-tu quand je glisse cette photographie ?
Pour revenir aux Etats Unis, ils sont assez présents dans tes derniers romans. Que ce soit Pax Américana (où ils sont en difficulté), La saison de la Sorcières, L.G.M. etc. quelles regars portes-tu sur l'Amérique d'aujourd'hui ?

Et plus généralement, ce qui est interessant dans tes romans, c'est la vision du monde que tu développes derrière. Que ce soit dans LGM avec la prédominance du communisme, ou les Mystères où les Etats ont un peu cédés du terrain par rapport aux grandes entreprises. Es-tu un amateur de géographie (au sens un peu sociologique) ? :-) Et plus globalement, suis-tu les infos et ce qui se passe dans le monde ?

On parlait science il y a quelques posts. Même si c'est toujours l'humain qui t'interesse, quel regardl'auteur de SF que tu es a justement sur la technologie à l'heure où elle explose dans notre quotidien ?

Posté : ven. avr. 21, 2006 1:38 pm
par Roland C. Wagner
jlavadou a écrit :Que penses-tu du rôle, voire de l'influence, de publications de type fanzine (en papier ou sur le web) dans le monde de la SF, et plus généralement de l'interaction entre le monde amateur et le monde professionnel ?
Historiquement, les productions « faniques » (les guillemets sont dédiés à tous les Cafards cosmiques persuadés qu'ils n'appartiennent pas au fandom) sont l'un des vecteurs de la subculture. Comme le phénomène subculturel a avorté chez nous, fanzines et éditeurs amateurs ne publient que peu d'études et d'essais et privilégient les nouvelles, voire les romans. En outre, l'informatique, en réduisant les coûts, a gommé la frontière déjà floue entre amateurs et professionnels.

L'existence d'un fandom est essentiel à la survie d'une culture de groupe. Celui d'aujourd'hui n'a rien à voir avec, par exemple, celui des années 70, et il n'existe quasiment aucune passerelle entre eux. Pourtant, ils jouent un rôle à peu près identique en permettant à des amateurs de SF d'en croiser d'autres et d'échanger des idées avec eux. C'est ainsi que se crée un continuum culturel. Les forums sont les dignes successeurs des APA du temps des stencils et du « red corflu ». L'échange est juste beaucoup plus rapide.

Le fandom français n'a constitué à aucun moment un tout cohérent, mais je crois qu'il n'a jamais été aussi divers qu'aujourd'hui. Et je pense que le wèbe y est pour beaucoup, puisque n'importe qui peut s'y exprimer, jusques et y compris pour dire les pires conneries. C'était déjà le cas avec les bons vieux fanzines, mais ça se limitait alors à quelques dizaines ou centaines de personnes. Tandis que de nos jours…

Les gens se regroupent par affinités. Ensuite, parfois, ils font des choses ensemble. En cela, le fandom SF est identique au milieu des pêcheurs à la ligne ou des collectionneurs de ce que vous voudrez. Tout ça, c'est un phénomène tribal.
jlavadou a écrit :Par exemple tu as publié une nouvelle dans le premier numéro d'Univers et Chimères, Distorse, Gloire et Chouchen, j'imagine à titre gracieux, et tu donnes cette interview par forum interposé. Quelle importance cela a-t-il pour toi, qui es un auteur reconnu et publié ?
Le texte d'Univers et Chimères n'est pas vraiment une nouvelle, plutôt un fragment préparatoire à l'uchronie que j'ai évoquée ci-dessus. Si j'avais eu le temps, j'aurais écrit un « vrai » texte, avec une histoire, un début, un milieu et une fin ; je ne l'avais pas.

Pour répondre à ta question, j'éprouve plus de plaisir à répondre à cet interview qu'à réécrire une mauvaise traduction. Ce n'est pas toujours le cas, note bien. D'habitude, je suis très lent à répondre — par écrit, ça peut prendre des mois s'il y a des questions qui ne m'inspirent pas. Mais, là, il y a un certain nombre de choses auxquelles je réfléchis depuis pas mal de temps qui se sont emboîtées avec la parution de L.G.M. — c'est toujours agaçant qu'un livre terminé ne paraisse pas.

Cela dit, est-ce important ? Je n'en sais rien.

Mais je m'amuse bien.

Posté : ven. avr. 21, 2006 1:43 pm
par Roland C. Wagner
Eric a écrit :Oui, et pour rebondir sur les questions de jlavandou, le contact direct avec les lecteurs semble important pour toi (et je me souviens même t'avoir vu faire l'article à un lecteur à Sèvres). Jusqu'à quel point ?
D'une manière générale, j'aime bien discuter avec les gens. Faire l'article, nettement moins. Et puis, je ne catégorise pas les gens comme ça. Si je bavarde avec quelqu'un, je ne me dis pas « je suis en train de discuter avec un lecteur ». D'ailleurs, un auteur est généralement un lecteur lui aussi.
Et à ton avis quelle est la perception que les lecteurs ont de ton œuvre ?
Comme quelque chose qui met de bonne humeur ?

Enfin, j'aimerais bien. :D

Posté : ven. avr. 21, 2006 1:47 pm
par Roland C. Wagner
Palmer a écrit :Y-a-t-il quelque chose dont tu regrettes la présence ou l'absence dans la SF aujourd'hui... ?
Les petits hommes verts.
Quels sont les auteurs hors-sf qui te sont les plus chers (si tu lis autre chose que de la sf, bien sûr :lol: )
Vite fait, je citerai comme ça Arthur Koestler, Albert Camus, Boris Vian et Nabokov.
Et sinon, quelle onomatopée émets-tu quand je glisse cette photographie ? :
Image
Bip !

Posté : ven. avr. 21, 2006 1:50 pm
par DuncanI
Bonjour !
A propos de la littérature dite " de jeunesse " : peut-être que je me trompe, mais je ne crois pas que tu aies déjà publié chez un éditeur ou dans une collection spécifiquement jeunesse.
Y a t-il une ou des raisons à cela ?

Posté : ven. avr. 21, 2006 2:33 pm
par Eric
DuncanI a écrit :Bonjour !
A propos de la littérature dite " de jeunesse " : peut-être que je me trompe, mais je ne crois pas que tu aies déjà publié chez un éditeur ou dans une collection spécifiquement jeunesse.
Y a t-il une ou des raisons à cela ?
Et la Blanche, ajouterai-je. Ce projet d'uchronie que tu as déjà évoqué par exemple, semble être très personnel, ça ne te tenterait pas de ne le mettre sous une forme autre que SF ?