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Max et les maximonstres

Posté : lun. déc. 28, 2009 1:24 pm
par jlavadou
Etrange que l'on n'en ait pas encore parlé ici (ou alors j'ai loupé un fil). Peut-être parce que le livre de Maurice Sendak dont ce film est l'adaptation n'est pas (plus ?) si connu en France (en tout cas je ne le connaissais pas).

En tout cas, ce film de Spike Jonze est une véritable réussite.

Max est un garçon agité, voire agressif. Sa solitude l'étouffe et il fait des bêtises pour se faire remarquer de sa soeur et de sa mère. Il en devient même méchant. Après avoir mordu sa mère lors d'une dispute, il fuit la maison, embarque sur un petit bateau et finit sur une terre inconnue, où il découvre des monstres. Ceux-ci vont vite l'adopter comme roi, impressionnés par l'air terrible du garçon. Mais Max va se rendre compte qu'être roi n'est pas si simple ni amusant que cela.

Première scène du film, pendant le générique : Max, en habit de loup, poursuit son chien et, quand il l'attrape, il le retient avec un acharnement et une hargne qui fait rire, mais qui fait aussi un peu peur : on comprend tout de suite que Max est un enfant en proie à une haine immense, qu'il fait rejaillir sur son entourage. Une approche assez étonnante pour un film supposé être pour enfants. Personnellement, je ne sais pas comment peuvent réagir des enfants à cela. Il me semble que ceux qui étaient dans la salle n'en ont pas été traumatisés. Peut-être est-ce cela la grande force du film de Spike Jonze : une lecture à plusieurs niveaux, ou plutôt, un même niveau à plusieurs degrés (je ne sais pas si je suis clair...).

Les enfants verront cela comme un jeu grandeur nature, un échapatoire à l'indifférence des grands, une ode à l'imagination ; ils ressentiront le frisson procuré par les visions des monstres, et la jubilation à voir un enfant les diriger, en faire des compagnons de jeu. Les adultes verront tout cela, et plus encore : les ravages de la solitude, l'incompréhension face au monde des grands, la peur de grandir (cet enfant qui "détruit tout de peur d'être géant", pour reprendre une chanson de Pierre Lapointe), les méandres de l'inconscient, la projection de ses multiples personnalités...

Spike Jonze réussit à mélanger tout cela avec une subtilité incroyable, une économie de mots qui laisse la part belle à la compréhension par l'image, par les actes et comportements, plutôt que par les dialogues. Ajoutez à cela une image magnifique : ambiance mordorée du soleil couchant, vastes étendues de sable, forêt à l'aspect magique, monstres tangibles et réels (Jonze a fait appel à la Jim Henson Company - Jim Henson est le créateur du Muppet Show - plutôt qu'à l'image de synthèse) ; moments de contemplation, saisissement de l'expression des visages - remarquable jeu de Max Records, le garçon qui joue... Max -, qui contrastent avec les moments de jeu, de fête, jubilatoires.

C'est beau, c'est intelligent, c'est profond, et ça touchera, à mon avis, petits comme grands. Car on a tous en nous un enfant qui prétend être un loup qui prétend être un roi...

Mais dépéchez-vous, je doute que le film reste très longtemps à l'affiche.

Ah j'oubliais : la bande son de Karen O, sobre, douce, tendre, superbe.

Pour finir, je vous mets l'affiche :
Image

Re: Max et les maximonstres

Posté : dim. janv. 03, 2010 12:30 pm
par Soslan
Tiens, mon gros à priori serait-il injustifié, et il serait possible d'adapter ce court album en long-métrage sans s'essoufler ?
Puis Jim Henson quoi, fallait le dire tout de suite :evil: .
jlavadou a écrit :Etrange que l'on n'en ait pas encore parlé ici (ou alors j'ai loupé un fil). Peut-être parce que le livre de Maurice Sendak dont ce film est l'adaptation n'est pas (plus ?) si connu en France (en tout cas je ne le connaissais pas).
Je sais pas, je ne compte plus les jeunes de ma génération (surtout des jeunes filles) qui l'ont lu enfant. Et cette génération fait jamais qu'une moyenne d'âge de 20 ans, pour un album sorti dans les années 60.
Sinon pour me la péter avec des références fandomique, on en parle dans Cujo de Strephen King, et dans l'interview au Cafard Cosmique qui a fait du bruit sur le fofo en novembre, Fabrice Colin en fait le fondateur possible de sa vocation d'écrivain.

Re: Max et les maximonstres

Posté : dim. janv. 03, 2010 1:56 pm
par jlavadou
Soslan a écrit :Tiens, mon gros à priori serait-il injustifié, et il serait possible d'adapter ce court album en long-métrage sans s'essoufler ?
Il doit y avoir un ou deux moments de flottement, et c'est vrai que le scénar n'est pas super dense. Mais je ne me suis pas ennuyé.

Du coup j'ai acheté l'album et je vais le lire très vite.

Re: Max et les maximonstres

Posté : dim. janv. 03, 2010 4:10 pm
par Mélanie
jlavadou a écrit :Ah j'oubliais : la bande son de Karen O, sobre, douce, tendre, superbe.
Ah tiens, curieuse d'entendre ça, elle donne plutôt dans le rock énergique d'habitude avec les Yeah Yeah Yeahs.
Ton compte-rendu donne vraiment envie de voir le film en tout cas. Et je rejoins ce que dit Soslan, je ne connais le livre que de nom mais c'est bouquin que pas mal de gens de notre génération semblent avoir lu enfants, et qui en a pas mal marqué certains.

Re: Max et les maximonstres

Posté : dim. janv. 03, 2010 4:29 pm
par Soslan
Mélanie a écrit : Et je rejoins ce que dit Soslan, je ne connais le livre que de nom mais c'est bouquin que pas mal de gens de notre génération semblent avoir lu enfants, et qui en a pas mal marqué certains.
Ca s'explique facilement par le fait que l'album était très en avance sur son temps (autour de 1965 si je ne m'abuse). Déjà c'est le premier album à jouer sur les peurs enfantines, sur l'inconscient (thème neuf dans la litté jeunesse, je crois d'ailleurs qu'il gagne seulement le grand public dans tout les domaines, années 1968 tout ça). En plus, Max est en butte à l'autorité parentale ; inutile de dire que ça sera deux objets de scandale.

Et puis, je ne connais pas les éditions américaines de l'album, mais en France, c'est l'un des premiers classiques de l'Ecole des loisirs, cette boite qui a fondé toute la littérature jeunesse moderne en France (celle qui épouse le point de vue des enfants et vise à l'émanciper).

Posté : mar. janv. 05, 2010 4:36 pm
par thomasday
Superbe film.
J'y ai amené mon fils aîné pour son quatrième anniversaire et il a adoré.
Je le reverrai avec plaisir en VO.

TD

Posté : dim. janv. 24, 2010 1:28 am
par Soslan
Vu hier et en VO.

Superbe film effectivement, le scénario est léger mais la force d'émotion du film compense largement, c'est effectivement tout en retenue et très beau plastiquement.
Et ce pour quoi je craignais le plus est réussi l'étoffment de l'intrigue de l'album, qui se fait ici à l'aide de très belles inventions, tel le petit monde construit en allumette et la construction du fort.

En plus j'avais pas pisté que Spike Jonze, c'était Monsieur Dans la peau de John Malkovitch (autre très bon film, malgré un passage à vide au mileu que j'ai moins ressenti dans Max).

Posté : dim. janv. 24, 2010 7:18 am
par Nicky
Et Spike Jonze c'est aussi l'OVNI complètement génial (mais pas évident d'accès, en gros je me suis fait un peu chier tout en étant incapable d'en dire du mal) "Adaptation".

Et Where the Wild Things are était pas mal du tout. Un peu trop convenu à certains moments à mon goût (Jonze s'est fait faire remonter le film et retourner certaines scènes jugées "trop dures" paske des gosses pleuraient dans les projections test... Je vais mettre mes déceptions sur le compte des producteurs, c'est toujours pour leur gueule après tout !), mais une réussite au niveaux humain comme esthétique.

J'ai trouvé le jeune acteur assez épatant aussi.

Re: Max et les maximonstres

Posté : dim. janv. 24, 2010 1:16 pm
par Eric
jlavadou a écrit :Peut-être parce que le livre de Maurice Sendak dont ce film est l'adaptation n'est pas (plus ?) si connu en France (en tout cas je ne le connaissais pas).
Tu rigoles ! C'est carrément un classique !