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Pierre Bordage répond à vos questions (2, 3 et 4 juillet)

Posté : lun. juil. 02, 2007 7:07 am
par jerome
Pierre Bordage nous fait l'honneur et l'amitié de venir sur le forum d'Actusf pendant trois jours pour répondre à toutes vos questions.

Il est aujourd'hui l'un des auteurs de science-fiction qui a le plus de succès en France et récolté de nombreux prix. Parmi les romans et cycles qu'il a écrit depuis ses débuts en 1992, il y a La Trilogie des Guerriers du silence, Wang, Les Fables de l’Humpur , La trilogie des prophéties , et plus récemment l'Enjomineur.

Dernier roman en date, Porteurs d’âmes au Diable Vauvert.
"Présentation de l'éditeur
Léonie, achetée enfant au Liberia, séquestrée, prostituée, s'enfuit à vingt ans de son enfer pour se retrouver clandestine et sans papiers dans les rues de Paris. Edmé, inspecteur désenchanté à la Crim', déprimé par tes violences, la misère et le cynisme qu'il côtoie chaque jour, découvre un étrange charnier dans la Marne. Cyrian, fils de famille en mal de raisons de vivre, se prête à un voyage expérimental d'un genre nouveau, pour trouver le frisson de l'extrême : le transfert de l'âme dans un corps d'emprunt. Leur point commun ? Tous trois sont porteurs d'âmes, comme tous les êtres humains. Mais parfois les âmes ne sont pas où elles devraient être... Polar, roman d'amour et anticipation... Pierre Bordage joue ici de tous les genres pour mieux évoquer la rencontre des âmes.
"

Pierre Bordage, c'est aussi de la BD avec l'adaptation des Guerriers du Silence et un peu de cinéma avec la participation à des projets comme Kaena et le futur REZO ZERO, un film fantastique dont la vedette sera Clovis Cornillac...

Et pendant trois jours, sur tous ces sujets, il est notre invité. N'hésitez pas à lui poser des questions.

Posté : lun. juil. 02, 2007 7:16 am
par jerome
Allez hop je lance la première salve de questions dans tous les domaines :-)

- Parle-nous de Porteurs d’âmes. Comment est née l'idée de base qui a donné lieu à ce roman ?

- Comment le situes-tu dans ta bibliographie ? Dans la même lignée que La trilogie des prophéties ?

- Apparemment la construction s'apparente à un puzzle. A-t-il été compliqué à écrire ?

Je passe au cinéma et à la BD.

- Quel regard jetes-tu sur l'adaptation des Guerriers du silence ?

- Parle nous de REZO ZERO. Quel est ton rôle sur ce projet cinéma ?

Merci !

Posté : lun. juil. 02, 2007 7:18 am
par jerome
Et je transmets les questions de Systar :
systar a écrit :Ok Eric. Je serai au boulot lundi, mais je te confie quelques questions à transmettre à PB:
- plutôt Euroleague ou NBA? mécaniques collectives bien huilées ou exploit individuel permanent? (question con puisque l'équipe NBA championne cette année, les Spurs de San Antonio, dépasse cette opposition, en alliant le meilleur 4 au monde, Duncan, un des meneurs les plus rapides balle en main au monde, Parker, et en même temps une culture tactique, défensive comme offensive, inégalée en NBA...)
- Qui sont les références de PB? (à tous les postes de jeu) Dans la nouvelle génération d'Américains (Wade, James, etc.), y en a-t-il qu'il apprécie particulièrement? lesquels?

Voilà pour un début de conversation sportive.
systar a écrit : - Dans "Les enfants de Jules Verne", l'intro de Serge Lehman à l'anthologie Escales sur l'horizon, celui-ci évoque une sorte de renouveau de la SF française dans les années 90, au moins sur le plan commercial, et cite pour appuyer cette idée Dantec (Les racines du mal), Werber (je crois, à vérifier)... Sans doute faudrait-il remonter aussi à l'émergence d'Ayerdhal... et: Bordage. Comment a-t-il perçu cette période? A-t-elle été ressentie par ses protagonistes majeurs (donc PB, en l'occurrence), comme ce renouveau que Lehman décrit pour l'ensemble du genre de la SF?

- Dans la mesure où la trilogie des guerriers du silence a été accueillie comme du space opera de très grande qualité, sinon comme un des chefs d'oeuvre du genre, Pierre Bordage avait-il en tête de relancer ce type de narration précis en France, ou bien est-ce le projet même d'un roman de SF avec un souffle narratif ample qui a dicté l'adoption du cadre du space-opera?
Ma question devient alors plus vaste: a-t-on conscience, et jusqu'à quel point, quand on est auteur, d'appartenir à une génération, à un "courant", ou à un phénomène littéraire qui excèderait le cadre de sa propre oeuvre personnelle?

Voilà, j'ai posé mes petites questions, maintenant je disparais pour laisser les autres poser des questions, et je lirai les réponses du basketteux d'Hyponéros avec plaisir!

Posté : lun. juil. 02, 2007 8:13 am
par Bull
Question qui m'a souvent taraudé en vous lisant Mr Bordage, dans l'élaboration de vos récits, quelle place, quel degré d'importance, ont :

1) La situation géopilitique du monde contemporain, notamment la "sépartion Nord-Sud", le conflit du Proche-Orient ou la place des USA.

2) Les grandes religions


Sincèrement,

Bull

Posté : lun. juil. 02, 2007 8:47 am
par k_tastrof
On sent sous votre écriture des références culturelles solides, pointues et surtout très variées, peut-être plus clairement qu'ailleurs dans les récits contemporains comme la triogie des prophéties et Porteurs d'âmes. Ma question sera donc la suivante: Que lit-on quand on est Pierre Bordage? Ou, plus largement, de quoi se nourrit votre imagination ?


Ketty S.

Posté : lun. juil. 02, 2007 9:08 am
par Invité
Bonjour à tous,
et merci de me recevoir sur votre forum. Je vais essayer de prendre les questions dans l'ordre, mais il est possible que certaines réponses se recoupent. Je demande donc votre grande indulgence, à vous qui me malmenez parfois sur ce même forum (paranoïa d'auteur...)
L'idée de base de Porteurs d'Âmes vient de la vision du film Dans la peau de John Malkovitch. J'ai trouvé le film amusant, mais restant andecdotique, et j''ai eu l'idée de développer le concept, de le systématiser en inventant une machine permettant de transférer les âmes dans les corps, ce qui m'offrait une belle occasion d'explore un thème qui m'est cher : comment les autres voient-ils l'univers dans lequel je me trouve ? De la même façon que moi ? D'une toute autre façon ? Notre vision subjective de l'environnement n'est-elle pas la source de la plupart des conflits humains ? N'est-ce pas ce qui se passe quand vous parlez d'un livre et qu'un autre lecteur n'a pas du tout la même mecture que vous ? C'est donc la relativité des perceptions que décrit Porteurs d'Âmes.
Je le situe à part dans ma bibliographie. Même si, et on rejoint la réponse précédente, on creuse toujours le même sillon (coté obsessionnel de l'auteur !) Je pense aussi qu'il n'est pas vraiment dans la lignée des Prophéties, qui traitaient principalement des religions et de leurs effets sur notre monde. Le rapprochement, c'est l'aspect contemporain, veine que j'explore au Diable Vauvert, tandis que l'Atalante reste pour l'instant mon éditeur d'imaginaire pur.
Non, il n'a pas été compliqué à écrire, je me laisse guider par l'écriture, c'est elle le fil d'Arianne dans mes labyrinthes, elle qui rythme et scande, elle qui me porte. J'ai constaté à plusieurs reprises que l'inconscient organisait mieux que le conscient, enfin pour moi, d'autres auteurs n'ont pas le même fonctionnement. Disons que c'est celui qui me convient le mieux.
L'adaptation des Guerriers en BD ? J'ai beaucoup apprécié le travail d'Algésiras, m'étant rendu compte que ce n'est pas facile de passer du roman à la BD, qu'il faut faire des choix, trahir le mieux possible, et je pense avoir été bien trahi. Quant au dessin, c'était la colonté de Delcourt d'avoir un dessinateur jeune, influencé par le manga. Phil Ogaki a de nombreuses qualités, le sens du décors et de l'action entre autres, mais je crois maintenant qu'il aurait fallu un dessin plus classique pour la série. D'ailleurs, je constate qu'au tome 3, Phil, qui a maintenant les personnages dans le crayon, tend vers le classicisme. Le space opera, je pense, comme la fantaisie (qui va me taper dessus ?) nécessite à mon sens une écriture classique, type mythologique (L'Illiade par exemple), et donc une illustration classique.
Rezo Zero : j'ai été sollicité par Franck, le réalisateur et assistant de Caro sur le tournage de Dante 01, pour participer au scénario. Ça se limite à une participation : j'ai essayé de me couler dans l'unviers de Franck Vestiel et de lui apporter tout ce que je pouvais, mais les conditions de travail, l'éloignement, les aléas de la production ont fait que je n'ai pas pu m'impliquer autant que je l'aurais souhaité. Le film, si'l se monte, sera en tout cas étrange et intéressant sur le plan esthétique et narratif.

Posté : lun. juil. 02, 2007 9:22 am
par Bordage
Rayon basket, je préfère la NBA à l'Euroligue. Et pourtant, je préfère le jeu collectif au défi individuel, dont sont trop friands les joueurs américains. Mais je trouve l'Euroligue un peu triste, pas "flashy" pour un sou. Disons que la victoire de SA en finale NBA concilie les deux : du jeu collectif dans une ligue plus spectaculaire (sauf en play offs, où la prime reste à la défense). La finale en a été l'illustration : une équipe contre une individualité. Mon joueur de réfécence reste Larry Bird, pourtant peu athlétique, mais surnommé Einstein pour sa vision, son intelligence de jeu. Dans la jeune génération, j'aime bien Wade, même si trop individualiste, James aussi, mais on a vu leurs limites lors du championnat du monde contre des équipes européennes ou sudaméricaines super collectives, soudées et bastonneuses (la Grèce par exemple). Pour info, j'ai joué ailier fort en N3 (troisième division à l'époque) avec mes tout petits 1,86m. J'avais souvent en face des gaillards de plus de deux mètres, et j'aimais bien aller les chatouiller sous le cercle.

Posté : lun. juil. 02, 2007 11:24 am
par jerome
Bordage a écrit : Non, il n'a pas été compliqué à écrire, je me laisse guider par l'écriture, c'est elle le fil d'Arianne dans mes labyrinthes, elle qui rythme et scande, elle qui me porte. J'ai constaté à plusieurs reprises que l'inconscient organisait mieux que le conscient, enfin pour moi, d'autres auteurs n'ont pas le même fonctionnement. Disons que c'est celui qui me convient le mieux. .
D'ailleurs, comment travailles-tu ? Cela veut-il dire que tu n'as pas de plan lorsque tu écris ? Où était-ce juste pour ce roman là ?
Bordage a écrit :
L'adaptation des Guerriers en BD ? J'ai beaucoup apprécié le travail d'Algésiras, m'étant rendu compte que ce n'est pas facile de passer du roman à la BD, qu'il faut faire des choix, trahir le mieux possible, et je pense avoir été bien trahi. Quant au dessin, c'était la colonté de Delcourt d'avoir un dessinateur jeune, influencé par le manga. Phil Ogaki a de nombreuses qualités, le sens du décors et de l'action entre autres, mais je crois maintenant qu'il aurait fallu un dessin plus classique pour la série. D'ailleurs, je constate qu'au tome 3, Phil, qui a maintenant les personnages dans le crayon, tend vers le classicisme. Le space opera, je pense, comme la fantaisie (qui va me taper dessus ?) nécessite à mon sens une écriture classique, type mythologique (L'Illiade par exemple), et donc une illustration classique.
Est-ce que ça t'a donné envie d'adapter d'autres oeuvres ou peut-être de faire scénariste pour d'autres BD ? La BD est-elle un mode d'expression qui t'attire en tant qu'auteur ?
Bordage a écrit :
Rezo Zero : j'ai été sollicité par Franck, le réalisateur et assistant de Caro sur le tournage de Dante 01, pour participer au scénario. Ça se limite à une participation : j'ai essayé de me couler dans l'unviers de Franck Vestiel et de lui apporter tout ce que je pouvais, mais les conditions de travail, l'éloignement, les aléas de la production ont fait que je n'ai pas pu m'impliquer autant que je l'aurais souhaité. Le film, si'l se monte, sera en tout cas étrange et intéressant sur le plan esthétique et narratif
C'est un peu la même question. Rezo Zero n'est pas tout à fait ta première expérience ciné. Est-ce un hasard ou le cinéma t'intéresse ?


Tu y as fais référence dans ton premier message, tes romans ont fait l'objet de nombreuses discussions ici, pour ou contre d'ailleurs. Quels sont pour toi ceux qui ont été les plus marquants ? Ou ceux pour qui tu as une tendresse particulière ?

Posté : lun. juil. 02, 2007 12:17 pm
par systar
Bordage a écrit :Rayon basket, je préfère la NBA à l'Euroligue. Et pourtant, je préfère le jeu collectif au défi individuel, dont sont trop friands les joueurs américains. Mais je trouve l'Euroligue un peu triste, pas "flashy" pour un sou. Disons que la victoire de SA en finale NBA concilie les deux : du jeu collectif dans une ligue plus spectaculaire (sauf en play offs, où la prime reste à la défense). La finale en a été l'illustration : une équipe contre une individualité. Mon joueur de réfécence reste Larry Bird, pourtant peu athlétique, mais surnommé Einstein pour sa vision, son intelligence de jeu. Dans la jeune génération, j'aime bien Wade, même si trop individualiste, James aussi, mais on a vu leurs limites lors du championnat du monde contre des équipes européennes ou sudaméricaines super collectives, soudées et bastonneuses (la Grèce par exemple). Pour info, j'ai joué ailier fort en N3 (troisième division à l'époque) avec mes tout petits 1,86m. J'avais souvent en face des gaillards de plus de deux mètres, et j'aimais bien aller les chatouiller sous le cercle.
1m86 ailier fort, ce n'est pas du courage, c'est du masochisme, à ce niveau!!! (réflexion lâche d'un nabot d'1m75 qui préfère shooter de loin...)
L'Euroleague peut être intéressante par les scénarios qu'elle propose, notamment sur le plan tactique. Voir jouer Papaloukas est un régal, pour le fan de tactique et d'intelligence de jeu.
Pour Wade, il faut peut-être dire, à sa décharge, que la faiblesse du roster de Miami l'oblige à faire un peu tout, tout seul... quand Shaq n'est pas là. Et puis il devait tourner à 7 passes décisives par match, sans forcément transcender le jeu collectif de son équipe il est vrai...
James grandira, il lui a manqué un lieutenant de qualité (une sorte de Pippen, d'homme à tout faire).

A quand un roman conciliant SF et basket?

Bien cordialement,

Posté : lun. juil. 02, 2007 12:40 pm
par Y Thiên
justemment je me souviens avoir lu je ne sais ou que Pierre avait une idée de scènar' ou le basket avait une place prépondérente.

Posté : lun. juil. 02, 2007 1:42 pm
par Invité
réponse à systar : je suis arrivé dans le milieu de la SF par hasard. J'ai eu envie d'écrire une histoire en 1985, et ça a été un space opera alors que je n'en avais aucune idée. Il y a donc beaucoup d'innocence dans ma démarche. Je l'ai proposé à divers éditeurs, qui l'ont refusé, jusqu'à ce que en 1993, l'Atalante décide de le publier. Aucune idée du marché de la SF, aucune idée de la place allouée aux auteurs français, je ne connaissais personne, alors, dans ces conditions, je n'avais aucun sentiment de participer à un renouveau, ou de relancer quoi que ce soit. Je me suis seulement basé sur mes références dans le genre, Dune, Les Maîtres Chanteurs, les Fondation. Le cadre me paraissait parfait pour le genre d'aventures que j'avais envie de faire vivre à mes personnages, et c'est tout. Aucune intention de ma part, tout s'est fait spontanément, naturellement. Aucun sentiment d'appartenir à un courant, une génération, une école, un phénomène littéraire ou quoi que ce soit d'autre. Ce n'est qu'après, quand j'ai vu arriver les premières critiques, les premières interviews, que je me suis situé dans un genre, et dans la sous-catégorie d'un genre. Je crois que les auteurs écrivent ce qui leur passe par la tête, pas pour être classés dans un genre.

réponse à Bull (merci au transmetteur)
Oui, évidemment, la situation du monde contemporain m'intéresse. Me passionne même. La géopolitique, la séparation nord sud, la place des USA, l'émergence des futurs géants, les courants religieux, politiques, économiques, l'évolution technologique, écologique, tout m'intéresse. Pas seulement pour le présent, mais pour essayer de dégager les lignes de force de l'avenir. Je lis beaucoup de journaux, de revues, je consulte les sites internet, je regarde certains émissions, j'écoute la radio, le bruit du monde, j'essaie de comprendre cet immense panier de crabes qu'est l'humanité. De comprendre pourquoi on fait toujours les mêmes erreurs, quels sont les mécanismes sous-jacents à l'oeuvre. C'est l'un des rôles de la SF je crois, à supposer qu'elle ait des rôles : être la sentinelle du futur, le garde-fou, l'avant-garde, tout en emmenant le lecteur dans une merveilleuse histoire, dans un fabuleux voyage. Le retour des religions et de leur côté obscur m'alarme beaucoup par exemple. Comme si, un moment ou l'autre, les hommes étaient immanquablement repris par leurs vieux réflexes.

réponse à K tastrof (ouah le pseudo !)
je lis de tout, absolument de tout ! Romans contemporains (un roman russe, récemment, d'Emmanuel Carrère, que j'ai trouvé un tant soit peu pénible), Shantaram (900 pages et passionnant), Petroleum de Bessora, sur les relations d'Elf et du Gabon, hilarant et instructif, des romans de SF bien sûr, dernier en lecture : le Gout de l'Immortalité, de C. Dufour, et puis les ouvrages des amis auteurs dans la mesure où j'en ai le temps, des romans historiques, des essais, des livres d'histoire, des livres sur la spiritualité, une de mes marottes, bref, je n'ai aucun a priori sur les genres et les auteurs. L'imagination se nourrit de tout, d'elle-même, de pensées, de discussions, de voyages, de rencontres, de promenades, de lectures, d'émissions radio et TV, de contemplation, de rêves, de paysages, d'impressions... toutes ces informations qui entrent dans le cerveau et, par une mystérieuse alchimie, se transforment en histoires, en personnages, en écriture. Enfin, je suis mal placé pour en parler, j'ai toujours eu de l'imagination, aussi loin que je me souvienne. Par exemple, il m'arrive d'imaginer les participants à ce forum comme des personnes sympathiques, c'est dire ! :lol:

Posté : lun. juil. 02, 2007 2:06 pm
par oneill
Au vu des thèmes récurant de vos romans, souvent apocalyptique thème que j'apprécie d'ailleurs, l'avenir vous fait il peur?
Je pense notamment aux derniers hommes, Wang et l'ange de l'abime.

Pouvez vous nous parler un peu plus de votre prochain roman (plusieurs tomes?, thèmes?...) qui sera si je ne m'abuse un space opéra?

Et dernière question, travaillez vous en collaboration avec les illustrateurs de vos romans? Ou c'est l'éditeur qui décide?

Merci.
Michael

Posté : lun. juil. 02, 2007 2:08 pm
par Bull
Merci pour votre réponse,

Bull

Posté : lun. juil. 02, 2007 2:36 pm
par Yuli
Bonjour,
Au vu des thèmes récurant de vos romans, souvent apocalyptique thème que j'apprécie d'ailleurs, l'avenir vous fait il peur?
J'ai cru par ailleurs remarquer, dans Les fables de l'Humpur notamment, comme une canine aiguisée contre les scientifiques qui passent leur temps à traficotter d'affreux mutants dans les laboratoires...
Est-ce toujours ce rôle de sentinelle du futur ou une psychose inavouée des blouses blanches? des piqûres...? :wink:

Sinon, à propos des prochaines Utopiales, y aura t-il des changements, nouveautés, avez vous déjà une idée du programme?
Par exemple, il m'arrive d'imaginer les participants à ce forum comme des personnes sympathiques, c'est dire !
Rhoooooo :lol:

Posté : lun. juil. 02, 2007 3:34 pm
par Invité
réponse à Jérôme
Non, je n'ai pas de plan quand j'écris (ça se voit, vont dire les mauvaises langes !) J'ai essayé de faire un synopsis, puis un plan détaillé au bout de 3 ou 4 livres, parce que j'avais l'impression de ne rien maîtriser et que c'était moi le patron, merde, mais je me suis vite rendu compte que ce système ne me convenait pas. Je suis, selon la classification de Francis Bertelot, un scriptural, quelqu'un qui bâtit ses romans avec l'écriture, qui les découvre au fur et à mesure qu'ils s'écrivent. Mon inconscient organise (ou désorganise) mieux que mon conscient, je crois, et ce n'est pas toujours facile à vivre : il faut faire confiance à ce qui se passe, même si on ne voit pas la fin du tunnel. Pour l'anecdote, l'autre catégorie d'auteurs selon Francis sont les structuraux.

Rayon adaptation : je suis en train de faire my self l''adaptation des Fables de l'Humpur en BD, dessinateur O Roman, pour les Humanoïdes Associés. C'est à dire que je me trahis moi-même, c'est bien connu, on n'est jamais mieux trahi que par soi-même. Je me rends compte à l'occasion des différences de narration, des exigences de l'un ou l'autre genre, des priorités, de la nécessité de faire des éllipses, la BD étant l'art par exellence de l'éllipse. J'apprends beaucoup sur les mécanismes profonds d'une histoire. Cette expérience va me servir pour l'écriture romanesque

Ciné : le ciné m'intéresse, prodigieusement, mais en France, pas évident de monter des projets SF ou fantaisie. J'ai donc sauté sur l'occasion quand Marc Caro m'a demandé de collaborer avec lui sur le projet Dante 01, film tourné et probablement dans les salle à l'automne. Même chose pour Rézo Zéro, et pour Kaena, film d'animation auquel j'ai participé comme scénariste et novellisateur. J'aimerais que le genre SF se développe en France, mais ce n'est pas gagné, quand j'ai vu le parcours du combattant qu'a dû effectuer Marc Caro malgré sa réputation pour trouver le (petit) financement de son film.

Romans : jamais je ne me suis habitué à ce qu'on en dise du mal. J'essaie de me blinder, je n'y arrive pas. On sue sang et eau sur ces maisons de mots, et, quand elles sont écroulées d'une phrase assassine, c'est comme si on me portait un coup de couteau au coeur, si, si, je n'exagère pas. Bien sûr que la critique est nécessaire, mais critique ne signifie pas le bon mot qui tue, je l'accepte quand elle est argumentée, qu'elle souligne telle ou telle faiblesse, et, même si je suis désolé d'avoir déplu à un lecteur (lectrice), je me dis alors que je ne peux pas contenter tout le monde, cf ce que je disais à propos des perceptions subjectives. Je ne peux pas choisir entre mes romans, ils m'ont tous coûté et apporté quelque chose, même s'ils sont plus ou moins réussis, ils m'ont tous appris et sont tous sortis de moi, je n'ai donc pas de préférence affective. Chacun d'eux est une pierre, sans jeu de mots, de ma vie littéraire.