Serge Lehman répond à vos questions

Serge Lehman répond à vos questions sur le forum de mardi 23 au jeudi soir 25 octobre 2007.

Modérateurs : Eric, jerome, Charlotte

Lem

Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 3:46 pm

caliban a écrit :Y a-t-il un seul "grand" écrivain dand l'histoire de la SF ? — du calibre Hugo ou Shakespeare, j'entends, de ceux qui font de la littérature un autre moteur de l'histoire. J'ai bien peur que non (et c'est assez logique, d'un simple point de vue statistique : il y a très peu d'écrivains de SF au total...). Est-il alors réellement suicidaire,
culturellement, d'ignorer une littérature qui est tout aussi incapable de changer le monde
que celles qui ne rendent pas compte du phénomène technoscientifique ?
Il va falloir s'accoutumer à ce genre de virtuosité logique méchante comme j'aime. (La réfutation sera pour un autre jour ; là, je me sens paresseux et gentil.)
c'est de la littérature, et plus puissante que tu ne veux bien l'admettre.
Eh bien mais alors bon.

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orcusnf
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Message par orcusnf » jeu. oct. 25, 2007 3:52 pm

allez, quelques questions méchantes pour finir !

A quand un nouveau roman ? ( et pas une antho non inédite)

A quand les souffrances du jeune werther ( blague nulle je sais) ?

Utopiales ou Imaginales ?

CC ou actusf ?

Café ou thé ?

La tour eiffel ou notre dame de paris ?

Roland Wagner ou Alain Damasio ?

Mac do ou Casino cafétéria ?



au fait, c'était pas toi qui avait publié une nouvelle dans le monde 2 il y a quelques mois ?
http://www.fantastinet.com l'actualité de la littérature de l'imaginaire

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Lensman
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Message par Lensman » jeu. oct. 25, 2007 3:55 pm

Malgré les statistiques, il me semble que H.G. Wells est un classique de la littérature mondiale (pour ses romans de SF, d'alleurs).
Mais il pourrait ne pas l'être: est-ce si grave?
Pour moi, Frank R. Paul est un des plus grands illustrateurs de tous les temps. Pas mal de gens très compétants en matière d'art ne doivent même pas connaître son nom. Mais quelle importance, au fond?
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 3:55 pm

Leeming a écrit :Concernant Houellebecq, Dantec, Truong et même Werber dans une certaine mesure, est-ce que leur place dans le paysage éditorial ne tient pas autant (plus) du personnage qu'ils incarnent que de leurs écrits (sans dénigrer).
Il faut apprendre à dénigrer, c'est une preuve d'indépendance.
Je sors Truong de ta liste parce qu'il n'a pas d'image publique. Je sors aussi W…r qui ne mérite pas les signes typographiques de son nom.
Houellebecq et Dantec ont simplement appliqué à la littérature un développement récent de la théorie de l'art contemporain : le discours promotionnel et/ou critique fait partie de l'œuvre (qu'il soit ou non produit par l'auteur).
Dans la création de la réalité du monde de l'édition, si on reprend la métaphore de l'immeuble, il y a une place pour chaque archétype qu'ils représentent.
Il ne faut pas reprendre cette métaphore !

Lem

Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 3:57 pm

orcusnf a écrit :allez, quelques questions méchantes pour finir !
Paresseux et gentil : je ne réponds qu'à la dernière question.
c'était pas toi qui avait publié une nouvelle dans le monde 2 il y a quelques mois ?
Si.

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » jeu. oct. 25, 2007 3:58 pm

Lem a écrit :[Ceci étant, Roland, je reconnais que ça ne répond que partiellement à ton objection.
D'autant qu'on peut se poser la question de la réception.

J'aime beaucoup les deux fans de SF crétins de la pub qui tracent des ronds dans les blés. M'est avis qu'ils ont beaucoup plus d'influence que Dantec et Werber réunis.

Pas génial pour l'image de marque.

Pour une stratégie de communication, m'est avis qu'il est bon de s'appuyer sur la notion de mise en abîme — ou plus exactement de « conceptual breakthrough ». Kestendis ?
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Eric
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Message par Eric » jeu. oct. 25, 2007 3:59 pm

Si, effectivement, Houellebcq sait ce qu'il fait, je suis moins certain que Dantec contrôle son image à ce point.

Je pense qu'il y a de sa part une authentique maladresse médiatique.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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Message par Fabien Lyraud » jeu. oct. 25, 2007 4:07 pm

Houellebecque et Dantec vendent plus à cause des valeurs qu'ils défendent plus que parce que c'est de la SF.
Sinon je pense qu'il y a assez d'individus ouvert d'esprit pour découvrir le genre. le découvrir seul peut être pas. Et c'est aux fans à être des passeurs.
Bienvenu chez Pulp Factory :
http://pulp-factory.ovh


Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com

Lem

Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 4:09 pm

En relisant à toute vitesse ces dix pages de posts, j'ai finalement identifié "l'autre face de l'événement" à laquelle je n'avais effectivement pas fait attention. C'est dans le post de Kibu sur Messac. Ce message a durablement aiguillé mon esprit sur la vieille SF française. J'aime beaucoup Messac et quand, cette nuit, mon regard est tombé sur Le sang vert, je me suis souvenu que Limat avait commencé sa carrière en 1936, l'année de publication de Quinzinzinzili. C'est sans doute pour ça que j'ai pris le roman. Après, les associations d'idées sont venues se ranger les unes à côté des autres – en particulier celle concernant mes arbres parleurs de La Coulœuvre, suscitée par la puissance des scènes finales du Sang vert avec l'arbre géant qui massacre son propre peuple. Comment s'appelle l'éditeur qui vient de rééditer Messac, selon Kibu ?

"L'arbre vengeur".

Lem

Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 4:24 pm

Roland C. Wagner a écrit :Pour une stratégie de communication, m'est avis qu'il est bon de s'appuyer sur la notion de mise en abîme — ou plus exactement de « conceptual breakthrough ». Kestendis ?
C'est une notion qui marche certainement en interne (elle a d'ailleurs été utilisée dans plusieurs tentatives de définition) mais vis à vis du grand public ? Si les gens montent sur leurs grands chevaux dès qu'ils entendent le mot "science", "conceptual breakthrough" va les propulser direct en vitesse-lumière.
Franchement, je ne sais pas.

De toute façon, on parle ici de com. On peut écrire sans stratégie, sans image publique et même sans définition (heureusement)

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orcusnf
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Message par orcusnf » jeu. oct. 25, 2007 4:30 pm

Pour revenir à la question que je te posais sur la théorie de klein sur la sf et les luttes de classe, question à laquelle tu répondais en disant que c'était surtout anglosaxon, je te réponds que klein avait développé en partie sa théorie en s'appuyant sur l'exemple de michel jeury, archétype parfait selon lui. Or, vu ta trajectoire littéraire elliptique, il est drôle de se demander si tu n'es pas atteint du syndrome de michel jeury ? Beaucoup de textes pendant une brève période, grandes vacances, retour dans l'actualité;
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caliban
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Message par caliban » jeu. oct. 25, 2007 4:46 pm

Lensman a écrit :Malgré les statistiques, il me semble que H.G. Wells est un classique de la littérature
mondiale (pour ses romans de SF, d'alleurs).
Mais il pourrait ne pas l'être: est-ce si grave?
Ca n'a rien de grave et c'est de toute façon très relatif. La SF a son lot de classiques
au XXe siècle : Wells, en effet, Orwell, Heinlein et quelques autres.

On peut se disputer à l'infini sur la hauteur de la barre qui détermine le "grand écrivain",
ou le "classique". Mais je me plaçais très spécifiquement dans le cadre de l'argument
de Serge :
Lem a écrit : dans un monde où la technoscience est devenue le moteur de l'Histoire,
il est stupide, sinon suicidaire, de continuer à ignorer la seule littérature qui
rende compte de ce phénomène
Il me semblerait stupide et, en effet, suicidaire, collectivement, d'ignorer Shakespeare
et Mozart. Est-on nécessairement stupide ou suicidaire parce que l'on ignore Wells
ou Heinlein (ou Céline, Camus, ou Sartre...) ? Je ne le crois pas. Notre culture globale
est-elle plus pauvre, ou plus suicidaire, parce qu'elle ne leur reconnaît pas la place que
nous, amateurs de SF, nous leur accordons ? Je ne le crois pas non plus.

Le rapport à la science de la plupart de nos concitoyens se situe au niveau des enjeux
de la révolution galiléenne, pas des vertiges quantiques qu'on peut s'offrir chez un
Greg Egan ou de la « singularité » vingienne, il me semble.

Lem

Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 4:50 pm

orcusnf > Dans le système de Klein, Jeury n'est pas un archétype parfait, il est plutôt un type intermédiaire, inclassable – et c'est précisément pourquoi sa réussite d'auteur de science-fiction est à la fois éclatante et problématique. Il est vrai que le texte est très subtil sur ce point.

Quant à la comparaison qui suit, elle est abusive (hélas). Je ne connais pas beaucoup d'écrivains, d'artistes en général, qui n'aient pas connu un trou à un moment ou à un autre. Je ne suis pas non plus vraiment "de retour" comme l'a fait remarquer Eric mardi. Je n'ai pas encore fait mon Temps Incertain.

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » jeu. oct. 25, 2007 4:56 pm

Lem a écrit :C'est une notion qui marche certainement en interne (elle a d'ailleurs été utilisée dans plusieurs tentatives de définition) mais vis à vis du grand public ? Si les gens montent sur leurs grands chevaux dès qu'ils entendent le mot "science", "conceptual breakthrough" va les propulser direct en vitesse-lumière.
Je ne suggérais pas d'en parler, ou en tout cas pas sous ce nom, mais de s'appuyer dessus. De le faire ressentir.

Si ma mémoire est bonne, il y a une jolie « percée conceptuelle » dans « L'Inversion de Polyphème ». Ça marchait très bien.
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Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 5:01 pm

Classiques & réputations littéraires >
Et si les écrivains majeurs du domaine étaient aussi ceux qui avaient des ambitions du côté de la littérature blanche ? Je veux dire que
Poe
Rosny
Stevenson
Wells
Huxley
Spitz
Orwell
Merle
Dick
Vonnegut
Ellison
Jeury
Wolfe (Gene)
Le Guin
Banks
Simmons
Houellebecq
…pour ne citer qu'eux ont tous écrit, parfois avec grand succès (parfois sans), de la littérature blanche. Ça pourrait être une pilule amère à avaler mais les bons auteurs sont peut-être ceux qui choisissent la science-fiction par goût et non parce qu'ils ne savent rien écrire d'autre (ce qui, jusqu'à preuve du contraire, est mon cas).

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