Goldeneyes a écrit :
-> Quel(s) roman(s), dans l'hypothèse qu'il y en ait eu un, a été décisif dans l'orientation de votre carrière (d'écrivain puis de directeur de collection) ?
-> Quels sont les écrivains de SF actuels que vous placez en haut du pavé (sans vouloir hiérachiser... Mais une opinion sur Dan Simmons, ou Scott Westerfeld, ou Pierre Bordage, pour ne citer qu'eux, comblerait ma curiosité maladive.)
-> Quel a été et quel est votre rythme de lecture le plus soutenu (en romans par semaine, par exemple, même si ce n'est pas une compétition...).
-> D'où vous est venue l'idée de votre nouvelle Les Virus ne Parlent Pas ?
-> Ecoutez-vous de la musique ? Si oui, quel(s) genre(s) ?
-> Quel est le dernier roman qui vous ait vraiment captivé ?
-> Même question pour le cinéma.
-> S'il ne devait rester qu'un roman pour vous (sans importance de genre), ce serait... ?
Difficile à dire. J'ai été dès ma plus tendre enfance un boulimique de lecture. Pour citer un titre, Les Chroniques Martiennes ont certainement été un choc en 1953 quand j'ai découvert et la collection et le livre. Il y avait un ton, une écriture, rare, voire unique, dans le domaine de la science-fiction. Il paraît que j'en ai subi l'influence. Voir quelques unes de mes premières nouvelles, reprises dans le tout récent Mémoire vive, mémoire morte.
Mais j'ai aussi été très marqué par la littérature américaine, ainsi Penn Warren (Les Fous du roi), Thornton Wilder (Le Pont du Roi Saint-Louis, La Cabale, Les Ides de Mars), Truman Capote, un peu Faulkner, Hemingway (surtout les nouvelles), Melville, Bierce, Twain…
La littérature française, en tout cas de l'époque, très peu. C'est l'époque Sagan, l'Amélie Nothombe du moment…
Sur les écrivains actuels de science-fiction, je me tairai. En tant qu'éditeur et auteur moi-même, je ne peux pas prendre parti.
Je lis probablement plus d'essais, notamment scientifiques, que de romans, lectures professionnelles mises à part. Dernières lectures notables: Les démons de Gödel (excellent) , La conjecture de Poincaré (un peu décevant), Presque la même chose, d'Umberto Eco (en cours).
Souvenez-vous que j'ai sans doute écrit Les Virus… en 1966 et que c'est paru dans Fiction en 1967. Je ne me souviens pas de ma source d'inspiration, s'il y en a eu une. Mais je me tenais au courant des travaux, alors révolutionnaires, en biologie moléculaire. J'ai hésité à introduire dans cette nouvelle une autre idée : celle de l'introduction dans la chaîne ADN de séquences d'une autre espèce via la voie virale. Puis je me le suis interdit, pensant que j'allais vraiment trop loin et que personne ne me croirait. The most considerable blunder of my life, comme disait mon ami Albert Einstein.
Je n'ai pas assez de temps pour écouter de la musique, sur une très bonne chaîne (pour les connaisseurs: Accuphase lecteur, pré et ampli, enceintes Wilson audio Duette) matériel coûteux mais je n'en change que toutes les vingt cinq à trente années. Cela dit, j'écoute du classique, surtout moderne (Berg, Bartok et Webern sont mes grandes admirations pour le siècle dernier), du jazz et naguère de la pop, façon Tangerine Dream, Pink Floyd et alii. J'écoute aussi des trucs bizarres, genre chant des baleines, hurlement des étoiles et percussions de cailloux. J'ai un léger faible pour Diana Krall, surtout en SACD. J'aime son jeu de genoux. Si quelqu'un du site peut me la présenter…
Sans aucun doute, le Quatuor de Jérusalem d'Eward Whittemore, en v.o. et dans la traduction de Jean-Daniel Brèque. Pour moi, le choc du siècle, certes encore jeune.
Je ne suis pas très cinéphile. En général, le cinéma m'ennuie car au bout de dix minutes, je sais à peu près tout ce qui va se passer, et je me trompe rarement. Une exception notable, Kubrick le roublard dont je partage l'admiration pour Nicole Kidman. Si quelqu'un du site peut me la présenter… maintenant qu'un obscur scientologue l'a laissée tomber.
Probablement Tristram Shandy, de Sterne. Mais est-ce vraiment un roman?
A contrario, je suis en train de relire Anna Karénine, et je trouve que c'est du Harlequin. Certes, Le Lys rouge d'Anatole France est encore pire.
À la réflexion, Jonathan Swift est un de mes rares égaux par l'intelligence et le talent. Peut-être même un peu meilleur. Veuillez me pardonner ce moment de faiblesse.