Re: Mémoire vive, mémoire morte
Posté : mar. nov. 20, 2007 7:53 pm
Supprimé parce que redoublé par erreur. Voir infra.
Le forum de la Science-Fiction et de la Fantasy
http://www.actusf.com/forum/
Désespoir, non, je ne crois pas. Ironie et sentiment de la finitude, sans doute, et mélancolie latente, peut-être, mais quel écrivain et même quel artiste n'est pas porté à la mélancolie ?k_tastrof a écrit :Monsieur Klein
- On trouve dans la plupart des textes qui le composent un désespoir diffus, comme 'une impasse existentielle qu'on ne dépasserait que par une ouverture sur l'univers et ses éventuels habitants.
Est-ce là votre vision de la condition de l'homme?
- Plusieurs des nouvelles contiennent un même cri, un regret de l'insuffisance des mots pour expliquer, décrire, fixer les instants. Votre formulation de cette impossible quête du mot juste me pousse à vous demander si vous pratiquez la peinture et/ou la photographie. Ces arts vous paraissent-ils plus adaptés, plus adéquats pour attraper le temps?
- Comme à chaque fois que je lis un bon recueil de nouvelles, je repense à des réflexions entendues, çà et là sur la forme courte. Les recueils de nouvelles font-ils vraiment perdre de l'argent aux éditeurs?
- Nous avons eu, voilà peu de temps une discussion sur la SF écrite par les femmes, pour prolonger une table ronde des Utopiales. c'est ici
On a pu, parfois, accuser les éditeurs et directeurs de collection d'écarter les manuscrits de femmes pour répondre à une attente supposée du public.
Quelles sont vos pratiques en la matière? Accordez-vous une importance au sexe des auteurs dans vos choix de publication?
Kt
Sammy Davis Jr aurait eu une sœur, novelliste qui plus est, et on ne me dit rien...Gérard Klein a écrit :Et les recueils de nouvelles de naines nègres juives unijambistes, trisomiques, transexuelles, chauves et borgnes, comment se vendent-ils? On n'y réfléchit pas assez.
J'ai évoqué 60 ou 70 titres, science-fiction plus fantasy plus épouvante-terreur, toutes catégories confondues. Mettons 100 pour faciliter la compréhension du calcul de coin de table qui va suivre. Il exige une bonne maîtrise de la règle de trois dont j'admets qu'elle demandait neuf ans d'études au Moyen-âge, et au moins une licence aujourd'hui.orcusnf a écrit :(moi aussi j'abandonne l'obséquiosité, pfff)
Dans votre entretien autohagiographique dans bifrost, vous disiez qu'il y a avait beaucoup trop de livres sf publiés en france chaque année, et qu'il en faudrait plutôt 70 voire 100 pas plus. Qu'entendiez vous par là ? 100 inédits + 100 traductions + 100 rééditions ? 100 les 3 confondus ? 100 sf et fantasy mélangés ? En fait, y a t'il un modèle viable à long terme pour la sf française, vu son évolution actuelle ?
Réponse en attente d'inspiration. Demain.Nébal a écrit :Re-bonjour, donc (bah oui, j'avais bien dit que j'arrêterais de faire le "sycophante glaireux"... tsss, que les modérateurs soient des nazis, passe encore, c'est dans l'ordre des choses, mais qu'en plus ils n'aient pas d'humour... )
Pour en revenir sur "le Parthénon", comment expliquez-vous (talent mis à part, si si, ça n'explique pas tout quand même hein) la "survie" (en bonne santé semble-t-il donc ?) d'A&D, quand même assez unique dans le paysage éditorial français ? Sans doute suis-je naïf, mais j'ai du mal à croire que les gros vendeurs type Dune ou Hypérion suffisent à l'expliquer, du fait des quand même bien moins coûteuses éditions en poche (et en prenant en compte, d'accord, le délai entre la parution en A&D et la reprise en poche). Et là je rebondis sur la question d'orcusnf : j'ai l'impression (mais peut-être me goure-je) que le catalogue d'A&D est relativement restreint quantitativement, si on le compare à d'autres collections, surtout si l'on prend en compte son côté "vénérable" qui en fait un peu une "institution" ; y'a-t-il une volonté délibérée de publier peu pour assurer la pérennité de la collection, ou bien je me plante totalement ?
Autre question, concernant votre sentiment quant aux chroniques dans les revues spécialisées, les forums comme celui-ci et celui de Jules-de-chez-Smith-en-face, etc., et bien plus rarement dans la presse "généraliste", peut-être ? Ont-elles une influence décelable en termes de ventes (j'en doute, mais bon...) ? Ont-elles, au-delà, une influence sur les publications envisagées ? Même question, enfin, pour l'impact en termes de ventes ou de décisions de publication de prix tels que le Hugo et tutti quanti ?
Enfin, je rebondis également sur la question de k_tastrof concernant les recueils de nouvelles : quelle vous semble être aujourd'hui la place de la nouvelle dans la SF, au niveau mondial comme au niveau francophone ?
Merci d'avance.
PS : j'avais oublié de le noter précédemment, mais la sentence sur "la "science-fiction politique française", qui n'avait guère de politique que le cache-sexe", j'ai vraiment adoré... Et j'ai aussi noté plein de bonnes choses dans votre réponse au sieur Goldeneyes qui font plaisir à voir ; s'il ne restait qu'un seul roman, que ce soit Tristram Shandy, je plussoie autant qu'il est possible de plussoyer. Gérard Klein, en plus d'être talentueux et modeste, est de bon goût. C'est admirable.
Comparer les productions britanniques et américaines serait trop long. Mais il me semble que cela saute aux yeux. Il y a à l'heure actuelle plus de créativité chez les Grands-Bretons que chez leurs cousins américains qui me semblent trop souvent essayer, sans y parvenir, de décrocher la timbale du best-seller, sans doute poussés par leurs agents et éditeurs.Eric a écrit :Bonsoir,
Tu disais qu'"il se passe sans doute plus de choses intéressantes en Grande-Bretagne" qu'aux Etats-Unis. Mais que doit-il donc se passer pour dans un roman de SF pour que les choses soient intéressantes ?
Sammy Davis Jr aurait eu une sœur, novelliste qui plus est, et on ne me dit rien...Gérard Klein a écrit :Et les recueils de nouvelles de naines nègres juives unijambistes, trisomiques, transexuelles, chauves et borgnes, comment se vendent-ils? On n'y réfléchit pas assez.
orcusnf a écrit :Aux uto, un auteur dans une conférence ( pierre bordage peut être) disait que la fantasy est l'équivalent des contes d'avant. Or, on connait votre répugnance pour la fantasy, ou du moins pour la majorité des oeuvres de fantasy, que vous inspire donc cette approche de la fantasy ?
Bonjour Monsieur Klein,Gérard Klein a écrit : Sur la fantasy, je donnerai assez volontiers raison à Pierre Bordage. Les contes me semblent destinés surtout aux petits enfants (Voir Bettelheim). La fantasy aussi, généralement en plus bavard.
Quoique j'aie conservé une âme d'enfant, j'ai cessé de sucer mon pouce il y a quelques années.
Sur la durée de vie de la collection Ailleurs et demain, d'un point de vue strictement logique, c'est parce que j'ai commencé il y a longtemps. Si j'avais commencé il y a dix ans, elle n'aurait que dix ans et ainsi de suite, Dans un autre domaine, je suis tout à fait certain, aujourd'hui, de ne pas mourir à cinquante ans. À trente, je ne l'étais pas.Nébal a écrit : Pour en revenir sur "le Parthénon", comment expliquez-vous (talent mis à part, si si, ça n'explique pas tout quand même hein) la "survie" (en bonne santé semble-t-il donc ?) d'A&D, quand même assez unique dans le paysage éditorial français ? Sans doute suis-je naïf, mais j'ai du mal à croire que les gros vendeurs type Dune ou Hypérion suffisent à l'expliquer, du fait des quand même bien moins coûteuses éditions en poche (et en prenant en compte, d'accord, le délai entre la parution en A&D et la reprise en poche). Et là je rebondis sur la question d'orcusnf : j'ai l'impression (mais peut-être me goure-je) que le catalogue d'A&D est relativement restreint quantitativement, si on le compare à d'autres collections, surtout si l'on prend en compte son côté "vénérable" qui en fait un peu une "institution" ; y'a-t-il une volonté délibérée de publier peu pour assurer la pérennité de la collection, ou bien je me plante totalement ?
Autre question, concernant votre sentiment quant aux chroniques dans les revues spécialisées, les forums comme celui-ci et celui de Jules-de-chez-Smith-en-face, etc., et bien plus rarement dans la presse "généraliste", peut-être ? Ont-elles une influence décelable en termes de ventes (j'en doute, mais bon...) ? Ont-elles, au-delà, une influence sur les publications envisagées ? Même question, enfin, pour l'impact en termes de ventes ou de décisions de publication de prix tels que le Hugo et tutti quanti ?
Enfin, je rebondis également sur la question de k_tastrof concernant les recueils de nouvelles : quelle vous semble être aujourd'hui la place de la nouvelle dans la SF, au niveau mondial comme au niveau francophone ?
Merci d'avance.
PS : j'avais oublié de le noter précédemment, mais la sentence sur "la "science-fiction politique française", qui n'avait guère de politique que le cache-sexe", j'ai vraiment adoré... Et j'ai aussi noté plein de bonnes choses dans votre réponse au sieur Goldeneyes qui font plaisir à voir ; s'il ne restait qu'un seul roman, que ce soit Tristram Shandy, je plussoie autant qu'il est possible de plussoyer. Gérard Klein, en plus d'être talentueux et modeste, est de bon goût. C'est admirable.
Chère Justine,justine a écrit :Bonjour Gérard,
Tout d'abord merci d'être venu aux Utopiales, votre participation à la conférence "serge lehman s'interroge sur la science-fiction" était tout à fait intéressante.
Au passage, si ma mémoire ne me trompe pas, c'est votre première venue à ce festival (Vous n'aviez pas été invité avant ?). Que pensez-vous de ce genre de festival ? C'est juste sympa pour boire un coup au bar ou c'est vraiment un truc important pour la SF?
Et parlons du futur: que va devenir Ailleurs & Demain ? N'ètes vous pas lassé de diriger cette collection depuis presque 40 ans ? Avez-vous prévu une succession ?
Justine, qui grace à vous a découvert Michael Coney et vous en doit une reconnaissance éternelle (ou presque)
Consultez la liste des parutions, par exemple sur Noosfere, ou feullletez les plus récentes chez un bon libraire et demandez-vous si tous ces livres étaient vraiment indispensables.orcusnf a écrit :(je plaisantais pour l'autohagiographie, par contre c'est où qu'on envoie les fonds pour la cathédrale ?)
Si on reprend votre démonstration, il faut donc comprendre que les auteurs devront réduire leur production. Vous me répondrez probablement qu'au lieu d'écrire 3-4 livres moyens qui se vendent chacun à 2000 exemplaires, ils en vendront un bon vendu à 8000 exemplaire, ce qui reviendrait au même, voire pourrait leur apporter en plus un prix. Mais si par exemple, en passant par une sorte de convention juridique, on réduisait les publications en sf à 1 livre par an et par auteur, est ce que ce modèle serait viable ? Je n'ai pas compté, mais il me semble qu'avec les rééditions, les traductions et les inédits, on dépasse largement les 100 auteurs. Certes, tous ne sont pas des génies ou n'écrivent pas bien tous les ans, mais faut il pour autant les empêcher de publier ?
Le problème majeur, vous en conviendrez sans peine, réside dans le prix. par exemple, A&D, 23€, c'est assez cher, trop pour moi qui n'en ai jamais acheté. ( heureusement les bibliothèques existent, même si elles boudent whittemore) Vous avez montré les nombreux frais irréductibles auquels sont soumis les éditeurs, d'autant que chez un éditeur comme Laffont, A&D doit dégager un minimum de profits pour continuer à exister, problème que n'ont pas forcément les micro-éditeurs bénévoles. mais ne pourrait on pas essayer de revenir à un modèle de livres vendus moins chers, en espérant qu'il y aura une forte elasticité-prix ? Evidemment, il y a aussi la part des libraires et des distributeurs ce qui pose problème aussi. Et au final, pose la question du rôle de l'état, car à terme, on peut se demander si l'économie du livre ne va pas reposer entièrement sur une aide gouvernementale. ( une sorte de mécène moderne). Qu'en pensez vous.