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News16:homosexualité, génétique et survie des espèces

Posté : mar. juin 24, 2008 5:47 pm
par Bull
Une constante qui ne cesse de surprendre les biologistes s'intéressant à l'évolution, est la persistance de l'homosexualité, notamment masculine, aux travers les âges, les civilisations et mêmes les espèces animales.

Pour expliquer ce paradoxe Darwinien, trois principales hypothèse sont discutés dans la littérature scientifique quant à l'homosexualité masculine :

1) Hypothèse de "l'overdominance" :
C'est à dire un avantage sélectif aux mâles hétérozygotes, qui seraient plus attractifs auprès des femelles

2) L'hypothèse de l'effet maternelle
C'est à dire que la mère transmet une empreinte génétique à l'enfant mâle

3) L'hypothèse "sexually antagonistic selection "
C'est à dire un avantage pour un sexe et un désavantage pour l'autre sexe.
Autrement dit, un trait génétique présent chez les individus mâles et chez les individus femelles. Avec un effet positif pour un sexe (plus grande fécondité pour les femme) et un effet négatif (du point de vu de la reproduction de l'espèce) pour l'autre sexe : non reproduction du mâle.

Dans le papier dont l'abstract est ci-dessous et dont la lecture de l'article en entier est en accès libre ici :
http://www.pubmedcentral.nih.gov/articl ... d=18560521
ces trois différentes hypothèses sont modélisés
(with N female and M male genotypes, and let (ξ1,…, ξN) be the proportions of the female genotypes 1,…, N, and (η1,…, ηM) the proportions of the male genotypes 1,…, M, in the population at a given generation. For non overlapping generations and infinite population size, the fertility equation yields the genotype proportions (ξ′1,…, ξ′N) and (η′1,…, η′M) at the following generation: (1) with and normalizing factors, and where ψh=fh/fN, μk=mk/mM are the normalized fecundities of the female genotype h and the male genotype k respectively, with fh and mk the female and male fecundities. The product ψhμk may be interpreted as the mating probability of the genotypes h and k, while the coefficients Aihk and Bjhk ETC...)
Puis analysées et discutés.

Il en ressort que les hypothèses 1 et 2 sont contredites à plusieurs reprises.

Alors que l'hypothèse de la "sélection sexuelle antagoniste" répond à tous les paramètres.

Et donc, pour résumer l'essentielle :

L'homosexualité masculine semble être un trait génétique dépendant de deux locus, dont au moins un serait sur le chromosome X, et que l'expression de ce gène se ferait :

-Pour les femmes : une fécondité accrue
-Pour les hommes : une tendance à ne pas se reproduire

Mais au total, un bénéfice pour la reproduction de l'espèce.

A titre personnel, je suis médecin biologiste et non pas mathématicien, et donc, j'attends un gène, ou un locus précis pour finaliser un concept, aussi élégant et aussi intéressant soit-il.

Mais je trouve tout de même ces data intéressantes.
PLoS ONE. 2008 Jun 18;3(6):e2282.

Sexually antagonistic selection in human male homosexuality.

Camperio Ciani A, Cermelli P, Zanzotto G.
Dipartimento di Psicologia Generale, Università di Padova, Padova, Italy. andrea.camperio@unipd
.it

Several lines of evidence indicate the existence of genetic factors influencing male homosexuality and bisexuality. In spite of its relatively low frequency, the stable permanence in all human populations of this apparently detrimental trait constitutes a puzzling 'Darwinian paradox'. Furthermore, several studies have pointed out relevant asymmetries in the distribution of both male homosexuality and of female fecundity in the parental lines of homosexual vs. heterosexual males. A number of hypotheses have attempted to give an evolutionary explanation for the long-standing persistence of this trait, and for its asymmetric distribution in family lines; however a satisfactory understanding of the population genetics of male homosexuality is lacking at present. We perform a systematic mathematical analysis of the propagation and equilibrium of the putative genetic factors for male homosexuality in the population, based on the selection equation for one or two diallelic loci and Bayesian statistics for pedigree investigation. We show that only the two-locus genetic model with at least one locus on the X chromosome, and in which gene expression is sexually antagonistic (increasing female fitness but decreasing male fitness), accounts for all known empirical data. Our results help clarify the basic evolutionary dynamics of male homosexuality, establishing this as a clearly ascertained sexually antagonistic human trait.

Posté : mar. juin 24, 2008 7:12 pm
par Katioucha
Comprends pas. Peux reexpliquer, s'il te plait ?

Re: News16:homosexualité, génétique et survie des espèces

Posté : mar. juin 24, 2008 7:19 pm
par justine
Bull a écrit :3) L'hypothèse "sexually antagonistic selection "
C'est à dire un avantage pour un sexe et un désavantage pour l'autre sexe.
Autrement dit, un trait génétique présent chez les individus mâles et chez les individus femelles. Avec un effet positif pour un sexe (plus grande fécondité pour les femme) et un effet négatif (du point de vu de la reproduction de l'espèce) pour l'autre sexe : non reproduction du mâle.
Je dois dire que je ne comprend pas l'effet positif: puisque ces femmes sont homos, elles ne se reproduisent pas (ou peu), non ? Alors comment ca impacte la fécondité ?

Posté : mar. juin 24, 2008 7:29 pm
par Bull
Pardon, je me suis mal exprimé.

Il y a attirance vers le sexe mâle dans les deux cas.

Les femmes ne sont pas homosexuelles. JElle sont plus "fécondes".

Ceci est également confirmée par plusieurs études épidémiologiques qui montrent que les mère de mâles homosexuels ont un nombre d'enfant significativement plus élevé que la moyenne.

Cette constation épidémiologique étant d'ailleurs à l'origine d'une partie de l'hypothèse n°2 sur l'effet maternel. Par exemple, dans ces grandes fratries :

-Est-ce que les enfants mâles amenés à être homosexuels ont été pris en charge différement des autres enfants ?

Cette hypothèse semblant être démentie dans l'article ci-dessus

Posté : mar. juin 24, 2008 7:30 pm
par Stéphane
Bull explique que le gène en cause a un effet chez les femelles différent de chez les mâles.
Chez les femelles, plus grande fécondité. Chez les mâles, moindre fécondité.
Or, comme le rythme de reproduction chez la plupart des espèces est limité par la gestation de la femelle (je suppose), plus les femelles sont fécondes, mieux c'est. Ce n'est pas grâce chez les mâles car un mâle peut féconder plusieurs femelles.

Bon, mon message et celui de Bull se sont entrecroisés...

Posté : mar. juin 24, 2008 8:06 pm
par justine
Ah ok, si j'ai bien compris, le gène se transmet car il entraine une plus grande fécondité chez les femmes, l'homosexualité masculine qu'il "génère" n'est qu'un "effet de bord" n'ayant que peu d'impact sur sa transmission.

Posté : mar. juin 24, 2008 8:10 pm
par Bull
C'est l'hypothèse des auteurs.

Avec une demonstration assez convaincante du point de vue méthodologique et mathématique.

Mais ils ne proposent pas de gène cible.

Posté : mar. juin 24, 2008 9:38 pm
par Sand
Je me méfie toujours comme de la peste de toutes les études visant à trouver une origine génétique à l'homosexualité.

Ce n'est pas une maladie.

(et en plus pour les lesbiennes, ça rate. Je te dis même pas pour les bi, et le nombre incroyables de gays qui ont femme et enfants pour pas que ça se sache)

Après on se retrouve avec des recherches sur des produits pour "guérir".

Posté : mer. juin 25, 2008 9:14 am
par Daelf
Sand a écrit :Je me méfie toujours comme de la peste de toutes les études visant à trouver une origine génétique à l'homosexualité.

Ce n'est pas une maladie.
L'article ne parle pas de maladie, mais c'est vrai que ça risque de mener à ça.

Moi aussi ça me fait bizarre ce genre de recherche...

Posté : mer. juin 25, 2008 9:33 am
par Lensman
Strictement rien compris non plus. Le principe homo... pardon, anthropique me paraît plus simple, finalement.
Oncle Joe

Posté : mer. juin 25, 2008 10:17 am
par Katioucha
Pour moi, le vice de procédure se situe ailleurs. Homo et hétérosexualité ont une réalité sociale, mais en ce qui concerne les comportements réels individuels, depuis le rapport Kinsey, on est censés être au courant que tout être humain normalement constitué est un gros tas de pulsions sexuelles dont la bisexualité est la plus avouable, avec la lapinophilie, haha.

Posté : mer. juin 25, 2008 10:34 am
par Lensman
En tout cas, en ce qui concerne le comportement humain en société, je vois mal à quel niveau on peut mettre ça une seconde en rapport avec le moindre processus évolutif de l'espèce d'un point de vue biologique. Mais bon, c'est sûrement parce que je n'y entrave que dalle...
Oncle Joe

Posté : mer. juin 25, 2008 11:02 am
par Transhumain
Sand a écrit :Je me méfie toujours comme de la peste de toutes les études visant à trouver une origine génétique à l'homosexualité.

Ce n'est pas une maladie.
Et ? Avoir les cheveux blonds non plus.

Posté : mer. juin 25, 2008 11:07 am
par Daelf
Transhumain a écrit :
Sand a écrit :Je me méfie toujours comme de la peste de toutes les études visant à trouver une origine génétique à l'homosexualité.

Ce n'est pas une maladie.
Et ? Avoir les cheveux blonds non plus.
Oui mais il n'y a pas de blondophobe, alors que des homophobes, oui...

(d'ailleurs étymologiquement ce terme de "homophobe" c'est n'importe quoi. Mais bon, monokini aussi, et personne s'en plaint.)

Posté : mer. juin 25, 2008 11:26 am
par Papageno
Transhumain a écrit :
Sand a écrit :Je me méfie toujours comme de la peste de toutes les études visant à trouver une origine génétique à l'homosexualité.

Ce n'est pas une maladie.
Et ? Avoir les cheveux blonds non plus.
+1
Transhumain à dit, bien, en une seule phrase, exactement ce que je voulais dire, mal, avec une logorrhée de mots.