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Posté : jeu. janv. 15, 2009 9:24 pm
par Bull
Lo G a écrit :
Ferocias a écrit :Tu avais parlé d'un projet de réédition des BR Bruss. Toujours d'actualité?
C'est en cours en effet, mais le programme de TSF étant bouclé pour les 2 ans à venir, il va falloir attendre un peu.

/HS/
Aaaaaaaaaaaaaaah BR Bruss. Je crois bien que je les ai TOUS lu.
Mon PREMIER auteur de SF !!!!
/HS/

Excellente nouvelle !

Posté : jeu. janv. 15, 2009 10:05 pm
par systar
Hello Laurent,

je voudrais évoquer ta thèse Architecture du livre-univers de science-fiction, en te posant quelques questions:

- comment avais-tu délimité le corpus, les 5 oeuvres que tu as analysées? Le choix concernant La Compagnie des Glaces, oeuvre que j'apprécie énormément pour sa générosité et son sens du grand récit populaire, notamment, par quoi fut-il motivé? (car tu aurais pu sélectionner sans doute d'autres oeuvres encore qui avaient l'ampleur d'un livre-univers...)

- comment définirais-tu cette notion de livre-univers, avec le recul? Qu'est-ce qui fait, outre la longueur du texte et la profusion de détails, qu'il y a "univers" et non pas seulement un "monde"?

- Tu avais pu soutenir à l'université une thèse sur la SF. Cela pose, une fois encore, l'éternelle question de la reconnaissance intellectuelle et universitaire du genre SF: celle-ci te semble-t-elle aujourd'hui acquise? compromise? et Si non, te paraît-il important ou urgent d'oeuvrer pour qu'elle s'impose avec une légitimité définitive dans les amphis de lettres, ou bien te semble-t-il préférable qu'elle demeure une littérature des marges, toujours plus ou moins suspecte aux yeux d'un certain public? (ce qui, en un sens, garantirait sa "liberté", en la préservant de l'institutionnalisation...?)

- Si aujourd'hui tu devais choisir un autre corpus, quelles oeuvres relativement récentes intégrerais-tu à ton travail?

Autre question, à propos d'un tout autre thème: il y a sur internet une vidéo où tu devises savamment, avec l'incontournable Serge Lehman, de la théorie de la Singularité, chère à Vernor Vinge. Cette idée d'une sorte de mur absolu auquel toutes les tentatives de prévision de l'avenir (et donc de limite définitive imposée à l'activité de théorisation, de modélisation du réel grâce à des schémas descriptifs et explicatifs) viennent se heurter te semble-t-elle toujours pertinente? Cette idée a-t-elle fait son chemin?

Posté : jeu. janv. 15, 2009 11:46 pm
par Lo G
Bull a écrit :Bonjour Laurent,

Tout d'abord un compliment, ton cycle d'Omale que j'ai lu il y a environ trois ans m'a reconcilié avec la SF française. Et ce qui est amusant quand je lis le début de cet interview, c'est que ma "fâcherie" datait de 1988 et du célébre "opération serrures carnivores" de Brussolo, que j'avais acheté notamment devant le bandeau : Grand Prix de la SF Française. L'élève aurait-il donc ... etc...


Et puis une petite question : comment t'es venue l'idée du personnage principal de Mémoria ?
Non seulement la révélation finale mais en plus le côté tueur pro ?


Bull
Merci d'abord pour ton appréciation d'Omale!

Concernant Mémoria, c'est un peu flou car j'ai écrit ce roman il y a plusieurs années. Le héros était pour moi avant tout le vecteur d'un concept : "1 personnage a une machine pour passer d'individu en individu, se substituant à sa mémoire. La machine tient dans une valise. Quand il a fini de se servir d'un corps, il lui restitue sa mémoire stockée dans la machine au moment du nouveau transfert". C'est mot pour mot la note n°2 du carnet de Mémoria. La révélation finale sur la nature du personnage m'est venue ensuite; à l'origine, j'avais pensé ne pas aborder le sujet, pour laisser le mystère entier.
Le côté "tueur pro" permet de garder au héros son ambivalence. J'aime bien ce genre de personnage difficile. Beaucoup de mes bouquins en abritent... Avec les tueurs, on peut traiter de la violence humaine, car ces personnages n'ont pas d'autorité supérieure ni de dogme pour justifier leurs actes. Ils apparaissent crument.

Posté : jeu. janv. 15, 2009 11:47 pm
par Lo G
Bull a écrit :
Lo G a écrit :
Ferocias a écrit :Tu avais parlé d'un projet de réédition des BR Bruss. Toujours d'actualité?
C'est en cours en effet, mais le programme de TSF étant bouclé pour les 2 ans à venir, il va falloir attendre un peu.

/HS/
Aaaaaaaaaaaaaaah BR Bruss. Je crois bien que je les ai TOUS lu.
Mon PREMIER auteur de SF !!!!
/HS/

Excellente nouvelle !
Les Blondel compris ?

Posté : jeu. janv. 15, 2009 11:52 pm
par Lo G
Patrice a écrit :Salut,

Ca fait quoi d'avoir écrit une thèse dans ce milieu d'ignorants? ;-)

A+

Patrice
Cette ignorance m'évite la honte que soient révélées les mille et une erreurs truffant ma thèse ! :lol:
Sérieusement, il y a vraiment beaucoup de réels connaisseurs de la SF - infiniment plus érudits que moi, simple amateur. TSF est une occasion de les mettre à contribution! :D

Posté : jeu. janv. 15, 2009 11:55 pm
par Bull
Lo G a écrit :
Bull a écrit :
Lo G a écrit :
Ferocias a écrit :Tu avais parlé d'un projet de réédition des BR Bruss. Toujours d'actualité?
C'est en cours en effet, mais le programme de TSF étant bouclé pour les 2 ans à venir, il va falloir attendre un peu.

/HS/
Aaaaaaaaaaaaaaah BR Bruss. Je crois bien que je les ai TOUS lu.
Mon PREMIER auteur de SF !!!!
/HS/

Excellente nouvelle !
Les Blondel compris ?
Non. Les BR Bruss FNA. Tous dénichés à la sueur du front, sur une période étalée sur une dizaine d'année, sur les quais de la Seine...

Posté : ven. janv. 16, 2009 12:20 am
par Lo G
systar a écrit :Hello Laurent,

je voudrais évoquer ta thèse Architecture du livre-univers de science-fiction, en te posant quelques questions:

- comment avais-tu délimité le corpus, les 5 oeuvres que tu as analysées? Le choix concernant La Compagnie des Glaces, oeuvre que j'apprécie énormément pour sa générosité et son sens du grand récit populaire, notamment, par quoi fut-il motivé? (car tu aurais pu sélectionner sans doute d'autres oeuvres encore qui avaient l'ampleur d'un livre-univers...)

- comment définirais-tu cette notion de livre-univers, avec le recul? Qu'est-ce qui fait, outre la longueur du texte et la profusion de détails, qu'il y a "univers" et non pas seulement un "monde"?

- Tu avais pu soutenir à l'université une thèse sur la SF. Cela pose, une fois encore, l'éternelle question de la reconnaissance intellectuelle et universitaire du genre SF: celle-ci te semble-t-elle aujourd'hui acquise? compromise? et Si non, te paraît-il important ou urgent d'oeuvrer pour qu'elle s'impose avec une légitimité définitive dans les amphis de lettres, ou bien te semble-t-il préférable qu'elle demeure une littérature des marges, toujours plus ou moins suspecte aux yeux d'un certain public? (ce qui, en un sens, garantirait sa "liberté", en la préservant de l'institutionnalisation...?)

- Si aujourd'hui tu devais choisir un autre corpus, quelles oeuvres relativement récentes intégrerais-tu à ton travail?

Autre question, à propos d'un tout autre thème: il y a sur internet une vidéo où tu devises savamment, avec l'incontournable Serge Lehman, de la théorie de la Singularité, chère à Vernor Vinge. Cette idée d'une sorte de mur absolu auquel toutes les tentatives de prévision de l'avenir (et donc de limite définitive imposée à l'activité de théorisation, de modélisation du réel grâce à des schémas descriptifs et explicatifs) viennent se heurter te semble-t-elle toujours pertinente? Cette idée a-t-elle fait son chemin?
- Le corpus initial que j'avais proposé à Denise Terrel, ma directrice de thèse, se limitait à Noô. C'est elle qui m'a suggéré de l'étendre au sous-genre que je tentais de définir; voilà pourquoi je l'ai étendu à 5 oeuvres. Je dois dire qu'il ne m'a fallu que quelques minutes pour les trouver, tant les choix me paraissaient évidents.

- Ce serait un peu long de redéfinir ici le livre-univers. La différence avec un "simple" planet opera ou un roman planétaire, se trouve au coeur intime de l'auteur : une thèse, une vision particulière, qui s'exprime à travers le monde décrit et qui fait qu'il ne peut être poursuivi, imité ou décliné par autrui sans qu'aussitôt il se dénature.

- Sur la reconnaissance de la SF à l'université, je ne pourrais te fournir une réponse bien informée. De surcroît, ma soutenance remonte à onze ans. Il faudrait poser la question à un prof en activité, ou un étudiant actuel. Quant au caractère souhaitable ou non du travail universitaire sur la SF... je ne sais pas. Tout ce que je peux dire, c'est qu'étudier la SF a été pour moi un plaisir aussi grand que d'en écrire.

- Aujourd'hui, je crois que le cycle martien de K.S. Robinson répondrait assez bien aux critères.

- Je n'ai moi-même jamais utilisé cette notion de Singularité, qui a quelque chose de tautologique selon moi. Prédire de l'inprédictibilité... En fait, elle a perdu de son sens à force d'être galvaudée. Un peu comme l'effet papillon, théorie mise à toutes les sauces, et à laquelle on a fait dire n'importe quoi. :wink:

Posté : ven. janv. 16, 2009 6:56 am
par jerome
Avec ton expérience, quel rergard portes-tu sur la condition des auteurs de SF aujourd'hui ? La situation a-t-elle évoluée et si oui comment ?

Et qu'est-ce que ça te fait en tant qu'auteur quand tu lis les chiffres de ventes des 10 écrivains les plus lu en France en 2008 ?

Posté : ven. janv. 16, 2009 9:38 am
par Lensman
Lo G a écrit :[
- Ce serait un peu long de redéfinir ici le livre-univers. La différence avec un "simple" planet opera ou un roman planétaire, se trouve au coeur intime de l'auteur : une thèse, une vision particulière, qui s'exprime à travers le monde décrit et qui fait qu'il ne peut être poursuivi, imité ou décliné par autrui sans qu'aussitôt il se dénature.
C'est un problème que rencontrent parfois certaines oeuvres célèbres, pour des raisons commerciales.
La SF est un genre qui a un très vaste côté "populaire" et donc, forcément, "commercial", qui peut entrainer des... affadissements d'une oeuvre (je cherche le bon terme, "dénature" est tout aussi juste). As-tu une position,, quant à ce statut, et aux problèmes que cela pose quant au respect des oeuvres? Tout en étant bien entendu que les auteurs font ce qu'ils veulent de leur oeuvre...

Joseph

Posté : ven. janv. 16, 2009 9:46 am
par Lo G
jerome a écrit :Avec ton expérience, quel regard portes-tu sur la condition des auteurs de SF aujourd'hui ? La situation a-t-elle évoluée et si oui comment ?

Et qu'est-ce que ça te fait en tant qu'auteur quand tu lis les chiffres de ventes des 10 écrivains les plus lu en France en 2008 ?
- Si l'on prend la SF au sens large, on ne pas dire que la guerre soit perdue, bien au contraire : elle a diffusé dans la nouvelle garde de la littérature générale, elle éclate dans le manga et les animes, le jeu vidéo...

Maintenant, si la question ne porte que sur la "littérature estampillée SF" (celle que je fais, quoi), c'est une autre histoire : aujourd'hui, il n'existe plus d'auteur vivant uniquement de ses romans de science-fiction. Tout simplement parce que les supports ont disparu les uns après les autres. On ne peut plus, comme jusqu'aux années 80, construire une oeuvre sur le long terme, à l'abri d'une collection pérenne.
Pour faire bref : si j'avais vingt ans aujourd'hui, il n'y aurait aucune chance que je puisse devenir auteur de SF.

- Je ne connais pas les chiffres de vente des auteurs les plus lus. Et à part Dantec et Houellebecq, qui touchent de près le genre que j'affectionne, je ne lis pas les best sellers. Je ne peux donc répondre à cette question.

Posté : ven. janv. 16, 2009 10:05 am
par Lo G
Lensman a écrit :
Lo G a écrit :[
- Ce serait un peu long de redéfinir ici le livre-univers. La différence avec un "simple" planet opera ou un roman planétaire, se trouve au coeur intime de l'auteur : une thèse, une vision particulière, qui s'exprime à travers le monde décrit et qui fait qu'il ne peut être poursuivi, imité ou décliné par autrui sans qu'aussitôt il se dénature.
C'est un problème que rencontrent parfois certaines oeuvres célèbres, pour des raisons commerciales.
La SF est un genre qui a un très vaste côté "populaire" et donc, forcément, "commercial", qui peut entrainer des... affadissements d'une oeuvre (je cherche le bon terme, "dénature" est tout aussi juste). As-tu une position,, quant à ce statut, et aux problèmes que cela pose quant au respect des oeuvres? Tout en étant bien entendu que les auteurs font ce qu'ils veulent de leur oeuvre...

Joseph
Mon propos excluait toute considération commerciale, laquelle vient se greffer sur ce problème littérairement épineux... Si j'étais méchant, je dirais que certains auteurs devraient être mieux payés, pour éviter qu'ils doivent prolonger artificiellement des cycles déjà exsangues. Mais comme je ne le suis pas - ni méchant, ni mieux payé... :wink:

Posté : ven. janv. 16, 2009 10:34 am
par rmd
Bonjour laurent,
Lo G a écrit :Pour faire bref : si j'avais vingt ans aujourd'hui, il n'y aurait aucune chance que je puisse devenir auteur de SF.
Justement, aujourd'hui, qu'est-ce qui te permet de vivre financièrement : la littérature, le jeu video, d'autres activités de création ? Ou des activités plus "alimentaires" ?

Et ton arrivée dans le monde de la fantasy ? As-tu l'impression de t'adresser à un nouveau public, différent du public SF habituel ?

Posté : ven. janv. 16, 2009 10:43 am
par Lensman
Lo G a écrit :
Lensman a écrit :
Lo G a écrit :[
- Ce serait un peu long de redéfinir ici le livre-univers. La différence avec un "simple" planet opera ou un roman planétaire, se trouve au coeur intime de l'auteur : une thèse, une vision particulière, qui s'exprime à travers le monde décrit et qui fait qu'il ne peut être poursuivi, imité ou décliné par autrui sans qu'aussitôt il se dénature.
C'est un problème que rencontrent parfois certaines oeuvres célèbres, pour des raisons commerciales.
La SF est un genre qui a un très vaste côté "populaire" et donc, forcément, "commercial", qui peut entrainer des... affadissements d'une oeuvre (je cherche le bon terme, "dénature" est tout aussi juste). As-tu une position,, quant à ce statut, et aux problèmes que cela pose quant au respect des oeuvres? Tout en étant bien entendu que les auteurs font ce qu'ils veulent de leur oeuvre...

Joseph
Mon propos excluait toute considération commerciale, laquelle vient se greffer sur ce problème littérairement épineux... Si j'étais méchant, je dirais que certains auteurs devraient être mieux payés, pour éviter qu'ils doivent prolonger artificiellement des cycles déjà exsangues. Mais comme je ne le suis pas - ni méchant, ni mieux payé... :wink:
Voilà une remarque qui ne me paraît pas méchante, mais vraiment frappée au coin du bon sens!

Merci , Laurent!

Joseph

Posté : ven. janv. 16, 2009 2:16 pm
par Patroth
Hello Laurent ... Bruss étant un de mes auteurs fétiches depuis 40 ans ,y aurait -il des manuscrits non édités retrouvés de derrière les fagots...et regrettes - tu la disparition de la collection Anticipation Fleuve Noir ? merci.
:roll:

Posté : ven. janv. 16, 2009 3:29 pm
par orcusnf
- Sur la reconnaissance de la SF à l'université, je ne pourrais te fournir une réponse bien informée. De surcroît, ma soutenance remonte à onze ans. Il faudrait poser la question à un prof en activité, ou un étudiant actuel. Quant au caractère souhaitable ou non du travail universitaire sur la SF... je ne sais pas. Tout ce que je peux dire, c'est qu'étudier la SF a été pour moi un plaisir aussi grand que d'en écrire.
sur ça, bien que je n'étudie pas les lettres, mais vivant dans le milieu étudiant, je peux apporter un peu de réponse. La sf est un peu mieux reconnue, on la voit même apparaître dans les bibliothèques universitaires. Ainsi, à calais, il y a un fonds sfff très impressionnant ( plus de 1000 ouvrages, et ils achètent régulièrement), je suppose qu'il y a donc des recherches sur la sf qui y sont faites. Cependant, à part Barjavel, la sf a du mal à se faire une place dans l'enseignement universitaire. ( dixit une amie en master de lettres)